samedi 31 octobre 2009

curiosité de lecture : samain et halloween

Dans plusieurs pays ne célébrant traditionnellement pas Halloween, son introduction a suscité une opposition plus ou moins forte.
Certaines voix se sont élevées pour dénoncer une américanisation croissante du monde, ou pour craindre que les fêtes religieuses autour du 31 octobre, comme la Toussaint, ne soient balayées par cette fête.
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Pas vraiment passionnée par cette fête, mais tout de même acheté quelques bonbons pour les enfants du voisinage..
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Par contre, je m'intéresse beaucoup plus aux légendes celtiques et aux fêtes de Samain et Beltaine... alors direction ma bibliothèque et un souvenir de lecture...
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La Mythologie celtique de Yann Brekilien,
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Nos ancêtres, les Gaulois ou les Celtes, possédaient un riche patrimoine de croyances religieuses, de mythes, de légendes, d'épopées et de poèmes, dont seuls quelques fragments épars nous sont parvenus.
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Les Celtes n'écrivaient pas : les druides le leurs interdisaient.
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Il est cependant possible de reconstituer d'importants morceaux de puzzle celtique à partir d'un certain nombre de sources qui se recoupent et se complètent les unes aux autres : les légendes populaires, les rites encore vivants dont le sens caché peut être retrouvé, les récits consignés à une époque tardive dans les monastères d'Irlande, d'Écosse et du Pays de Galles, les romans bretons - cycle arthurien, cycle de Tristan et Iseult - et l'iconographie antique, celles des monnaies gauloises et de divers monuments gallo-romains.
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En puisant à toutes ces sources, Yann Brekilien expose d'une façon vivante et claire les grands thèmes de cette mythologie d'une prestigieuse richesse. Par un curieux paradoxe, les citoyens de l'Hexagone connaissent infiniment mieux les mythes grecs et latins que ceux de leurs propres ancêtres ; désormais ils vont pouvoir parler en connaissance de cause de Teutatès, de Cernunnos, de Belenos, d'Ésus ou d'Épona et comprendre ce qu'ils représentent.
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Dans la mythologie celtique irlandaise, Samain, (le mot s'écrit Samhain en Irlande, Samhuinn en Ecosse et Sauin sur l'île de Man), est la fête religieuse qui célèbre le début de la saison « sombre » de l’année celtique (pour les Celtes, l’année était composée de deux saisons : une saison sombre et une saison claire).
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C’est une fête de transition - le passage d’une année à l'autre - et d’ouverture vers l’Autre Monde, celui des dieux.
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Elle est mentionnée dans de nombreux récits épiques irlandais car, de par sa définition, elle est propice aux évènements magiques et mythiques.
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Son importance chez les Celtes est incontestable, puisqu’on la retrouve en Gaule sous la mention Tri nox Samoni (les trois nuits de Samain), durant le mois de Samonios (approximativement le mois de novembre), sur le Calendrier de Coligny.
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illustration : Elaineor, The Lily Maid of Astolat de Sophie Anderson
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Les moines irlandais qui ont mis par écrit les coutumes celtiques, à partir du VIIIe siècle, ont précisé que le jour de Samain est (selon notre calendrier moderne) le 1er novembre.
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La fête elle-même dure en fait une semaine pleine, trois jours avant, et trois jours après. Pour les Celtes, cette période est entre parenthèses dans l’année : elle n’appartient ni à celle qui s’achève ni à celle qui va commencer ; c’est une durée autonome, hors du temps.
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C’est le passage de la saison claire à la saison sombre, qui marque une rupture dans la vie quotidienne : la fin des conquêtes et des rafles pour les guerriers et la fin des travaux agraires pour les agriculteurs-éleveurs, par exemple.
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La fête religieuse

Le nom de Samain signifie « réunion », c’est une fête obligatoire de toute la société celtique qui donne lieu à des rites druidiques, des assemblées, des beuveries et des banquets rituels ; son caractère religieux la place sous l’autorité de la classe sacerdotale des druides et la présidence du roi, toute absence est punie de mort.
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Il faut souligner que, selon l’idéologie tripartite des indo-européens définie par Georges Dumézil, les trois classes de la société (sacerdotale, guerrière et artisanale) sont associées aux cérémonies.
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Cette assemblée religieuse et sociale a progressivement disparu avec la christianisation, mais reste attesté jusqu'au XIIe siècle dans la littérature médiévale irlandaise.
La notion de passage se retrouve aussi à ce moment, entre le monde des humains et l’Autre Monde résidence des dieux (le
Sidh).
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illustration : Les Cavaliers du Sidh (John Duncan, 1911)
On a relaté l’aventure de héros, ou d’hommes exceptionnels, qui se rendent dans le Sidh (généralement à l’invitation d’une Bansidh), et y passent quelques agréables heures. Le temps des dieux n’étant pas le même, leur séjour est, en fait, de plusieurs siècles et, quand ils reviennent chez eux, ils ne peuvent vivre puisqu’ils sont morts depuis longtemps.
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illustration : Take the Fair Face of Woman… de Sophie Anderson
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La
fête folklorique d’Halloween est anglo-saxonne avec une origine irlandaise, sans aucun rapport avec la mythologie celtique (voir bibliographie, Les fêtes celtiques de Guyonvarc'h & Le Roux).
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Citrouille

Au moment de la Samain, on vidait des navets ou des betteraves pour les tailler en forme de tête de mort, que l’on plaçait au bord des routes ou vers les cimetières.
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Dans l'imaginaire allemand, la rave était associée au diable car, en tant que plantes du sol, on imaginait qu’elle reliait le monde souterrain, celui des morts, au monde des vivants.
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Les Irlandais émigrés aux Etats-Unis adoptèrent plutôt les citrouilles, car elles y sont plus abondantes. La coutume des navets, raves ou citrouilles évidées avait pour but d’effrayer les esprits.
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Mais elle est aussi liée à la légende de Jack O’Lantern, un homme obligé d’errer sur terre après sa mort car ni Dieu, ni le Diable ne voulaient de lui. Les citrouilles illuminées dans la nuit permettrait à Jack de retrouver son chemin. Jack O’Lantern a d’ailleurs donné son nom à une variété de citrouilles.
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L’histoire de Jack O’Lantern

Jack était un ivrogne et un joueur de cartes, et le diable aurait tenté d’avoir son âme.
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Il existe deux versions de cette histoire.
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Selon la première, il battut le diable aux cartes et, en échange, lui arracha la promesse de ne jamais aller en enfer.
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Selon la seconde, le diable vint le chercher et Jack demanda la faveur de boire un dernier verre avant de le suivre.
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Le diable se transforma en une pièce de 6 pence pour qu’il paie sa consommation, il la jeta dans une tirelire dont l’ouverture était en forme de croix et ne libéra le Malin qu’en échange d’une année de vie supplémentaire.
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Après un an, le diable revint le chercher et Jack demanda cette fois la faveur de manger une dernière pomme. Tandis que le diable l’aidait à grimper sur un pommier, il tailla une croix sur le tronc. Roulé une fois de plus, le diable s’en alla .
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Quand il vint à mourir, Jack alla aux portes du paradis, dont Saint-Pierre le chassa. Il alla ensuite voir le diable qui, effrayé, ne voulu pas de lui en enfer. Jack obtint cependant une braise du diable, qu’il introduisit dans une citrouille évidée, afin de guider sa marche dans les ténèbres.
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illustration : Une jack-o'-lantern traditionnelle irlandaise du début du XXe siècle exposée au Museum of Country

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Les Dieux de la Gaule de Paul-Marie Duval

Après les campagnes de César, la Gaule pacifiée connaît, pour la première fois, l'unité politique et administrative.

Pendant plus de trois siècles, dans la paix et la prospérité, deux peuples, deux styles de vie, vont s'associer, fusionner même, sans pour autant perdre leur caractère propre, et créer ainsi une civilisation originale dont nous sommes les héritiers.

partout les villes se construisent, des monuments s'élèvent et, la verve gauloise venant revigorer le classicisme latin, un art nouveau apparaît, puissant et humain, souvent presque familier, car il puise son inspiration dans les scènes de la vie quotidienne.

C'est cette vie de chaque jour que Paul-Marie Duval nous fait connaître, nous entraînant aussi bien dans les villes que dans les campagnes, chez les riches ou chez les pauvres, les intellectuels ou les artisans, les paysans ou les esclaves. Tout un monde surgit. Il a la France pour cadre et nos ancêtres pour peuple.

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Albert Grenier, Les Gaulois,

Celtes, Galates, Gaulois - ils sont arrivés en Europe occidentale aux temps préhistoriques et ils ont très vite construit une civilisation originale.

Leur histoire est complexe, leur culture brillante, leur influence se fera sentir bien longtemps après la conquête romaine.

Souvent, ils sont méconnus, et de nombreuses idées fausses ont circulé sur leur compte.

Albert Grenier brosse ici un panorama complet de l'univers des Gaulois, analyse dans le détail leur histoire, leurs structures sociales, leur art, leur religion. Dans une langue élégante et précise, il propose une synthèse exceptionnelle sur le sujet.

sites divers pour découvrir d'autres légendes :

http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/fiche-2110.htm .

http://mythologica.fr/celte/samain.htm .http://www.secret-de-sorciere.com/ .

jeudi 29 octobre 2009

Jim Holt - Petite philosophie des blagues et autres facéties


Grace à Blog-o-book nous avons été sélectionnées pour le lire : 4nn3, Fée de passage, Theoma, Velvet

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Attention pour ceux qui se méprendraient sur le titre, ce n'est pas un recueil de blague, même s'il y en a quelques unes à titre d'exemple, ce livre est plus a classer dans la catégorie essai.
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Une histoire définitive de la blague et de ses implications philosophiques ne pourra jamais être écrite puisque Jim Holt affirme que la blague n’est pas en soir un idéal immuable, mais une tradition historique qui évolue avec le temps.
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Il tente tout de même d’en saisir l’évolution.
Un ouvrage érudit et plaisant, tonique et réjouissant. C'est intelligent et bienvenu, un très bon moment de lecture !
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Les blagues et histoires drôles et leur évolution au fil du temps et des siècles.
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L'auteur montre que les blagues évoluent plus qu'elles ne se créent et permettent d'expulser l'agressivité contenue en chacun.
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Holt remonte le temps et fait débuter le premier recueil de blagues connu en Occident à l'antiquité avec le Philogéros . Contenant environ 265 blagues en grec ancien.
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Certaines blagues reviennent sous plusieurs versions différentes, signe qu’il s’agit bien d’un recueil tiré en grande partie de sources orales.
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De nombreux personnages sont moqués, dont les « intellectuels » dont la formation uniquement livresque cache mal la stupidité mais grossit la prétention, les avares, les charlatans, les femmes, les gens à la mauvaise haleine, etc...
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Mais qu'est ce qu'une histoire drôle ?
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Elle s'articule, en deux parties. Il y a d'abord la montée d'une tension. La seconde partie de l'histoire drôle est appelée la chute : le danger est passé, ou un changement de perspective dans l'histoire révèle que le danger était faux ou ridicule. La relâche brutale de la tension déclenche le rire.
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Il y a deux ingrédients important dans une histoire drôle :
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La tension : plus elle est forte plus le rire sera fort. Pour instaurer une tension forte, on peut utiliser des sujets tendus, comme la politique, la religion, les relations homme-femme, le sexe. L'homme pouvant s'identifier à n'importe quel personnage, la mise en place de situations tendues n'est pas limitée.
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La chute : la relâche brutale de la tension. Une histoire drôle expliquée fait rarement rire. La personne à qui on l'explique peut même être vexée de ne pas l'avoir comprise sans aide.
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Dans la presse :
On ne badine pas
avec l’humour
Une Philosophie des blagues, fût-elle Petite, c’est l’idéal : on cumule le plaisir de lire des histoires drôles avec la gratification de ne pas être là pour rigoler mais de s’instruire - un peu comme, à l’époque où le magazine plein de jeunes filles dénudées s’introduisit en France, il y avait des gens prétendant acheter Playboy pour les textes plutôt que pour les photos.
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Même le Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, de Freud, on y retourne voir en diagonale pour retrouver les meilleures histoires.
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C’est dire que, tout en étant attentif à son étude et ses commentaires, on attend surtout de Jim Holt et sa Petite Philosophie des blagues et autres facéties des histoires drôles de qualité : il sera aussi jugé à cette aune.
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On n’est pas déçu, dans l’ensemble. Il y a déjà quelque chose d’amusant à voir l’auteur, collaborateur du New York Times et du New Yorker, ressusciter les érudits de la blague et les divers scientifiques de l’humour. «Une étude de 13 804 blagues recensées à New York en 1963 révélait que 17% d’entre elles touchaient au sexe et 11% aux "négros".»
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Jim Holt s’intéresse aussi aux cas d’école, aux performances humoristiques, telle la blague en une phrase («J’étais si laid à ma naissance que la sage-femme a giflé ma mère») et même en deux mots («Prétentieux ? Moi ?»).
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Il prend soin de placer l’humour jusque dans sa recherche, quand il étudie la façon dont circulent les blagues.
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«"Il existe deux théories traditionnelles, me dit Dundes. L’une qu’elles viennent des agents de change, qui disposent de temps entre les ventes et de puissants réseaux de communication pour les diffuser. L’autre qu’elles seraient inventées par les prisonniers, qui disposent également de temps libre et d’un auditoire captif. […] Ces deux théories n’en font probablement plus qu’une aujourd’hui."»
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C’est l’histoire drôle à travers les âges qui inspire Jim Holt. «Bien que nous considérions les blagues comme une constante culturelle, il s’agit d’une forme d’humour qui fluctue avec la montée et la chute des civilisations.»
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A partir d’une blague d’écolier («Pourquoi les pets sentent-ils ? Pour que les sourds puissent en profiter»), il remonte les siècles pour la retrouver sous une autre forme dans les Mille et Une Nuits.
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Celle-ci, en revanche, n’est compréhensible que pour nos générations et peut s’appliquer à chaque anniversaire de Monica Lewinski : «Tu te rends compte ! Monica a déjà 30 ans ! Je la revois encore marcher à quatre pattes dans le bureau ovale de la Maison Blanche.»
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Il y a aussi toutes les blagues ratées, celles qui sont juste racistes, misogynes, salaces, homophobes, dépourvues du moindre humour. .
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L’auteur cite à ce sujet la remarque de la comédienne juive Sarah Silverman : «L’Holocauste n’est pas toujours drôle.» «Les blagues sont le fruit d’une ingéniosité humaine qui, au plus tendu et au plus épuré, confine à l’art», écrit Jim Holt.
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On voit bien que ce n’est pas forcément par paresse ou une sorte de poujadisme intellectuel qu’on s’intéresse souvent plus aux blagues qu’à leur étude. Les blagues réussies elles-mêmes sont déjà une étude.
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Il y a des incongruités qui ne font rire personne seulement évoquées, telles les êtres mourant de faim au milieu d’une planète d’abondance. Leur éventuel succès vient de la façon dont elles surmontent les pulsions sexuelles, racistes, antisémites ou scatologiques qui les animent.
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«Leur fonction première est de déjouer notre autocensure», écrit Jim Holt en résumant Freud et rappelant aussi leur «différence fondamentale» avec les rêves : celles-là demandent à être comprises tandis que celui-ci peut demeurer impénétrable au rêveur.
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Voici une blague «recueillie en Belgique en 1960» qui montre aussi comme Américains et Français ont une vision différente de l’histoire belge : «Pourquoi les Américains ont-ils les Noirs, et les Belges les Flamands ? Parce que les Américains ont choisi en premier.»
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Sur ce thème du racisme, Jim Holt a au demeurant ce qu’il appelle une «métablague» et qui ressemble en effet à une critique sociale à elle toute seule : «Par quoi commence une blague sur les Noirs racontée par un Blanc ? Par un coup d’œil par-dessus l’épaule.»
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Il y aussi la blague à vocation philosophique que Jim Holt appelle «le contre-exemple spontané» et dont le type est «- Tout le monde sait tout sur tout. / - Je ne savais pas.» Le philosophe du langage John Langshaw Austin affirmait dans une conférence qu’il connaissait des langues où une double négation valait affirmation, où une double négation renforçait la négation mais aucune où une double affirmation vaudrait une négation, alors, «du fond de la salle, avec un accent appuyé de Brooklyn fusa le commentaire : "Ouais, ouais."»
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On doit au philosophe, logicien et mathématicien britannique Alfred North Whitehead cette remarque qui n’est pas drôle mais a tout pour intéresser les spécialistes de l’écriture : «L’absence totale d’humour de la Bible demeure la chose la plus singulière de toute l’histoire de la littérature.»
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Autre lecteur, pour compléter... (extraits): http://www.hemcel.fr/2009/10/petite-philosophie-des-blagues-et.html
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Journaliste pour le New Yorker, Jim Holt se voit un jour confier la mission d'écrire un article sur l'histoire des blagues et de leurs collectionneurs.
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Cette recherche que l'auteur restitue d'une plume légère et fort agréable l'a ramené... aux calendes grecques, plus précisément à Palamède, légende antique de la blague.
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Les collectionneurs contemporains de blagues se nomment Legnan, Schmulowitz ou encore Alan Dundee, prof de blagues à Berkeley...
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La seconde partie de l'ouvrage est consacrée spécifiquement à la philosophie de la blague. L'essence de ces bons mots tiennent en quelques ficelles que décelèrent des penseurs aussi fameux que Kant ou Bergson.
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sur wikipédia, voir également : Blague,


mercredi 28 octobre 2009

Un nouveau challenge littéraire... chez Audouchoc...

Pratique le google-reader décidemment, c'est ainsi que je viens de découvrir le tout nouveau challenge...
pour le découvrir, cliquez sur le lien !
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http://www.audouchoc.com/article-non-si-encore-un-challenge--38300624-comments.html#c

curiosité de lecture : La loi de Godwin

pour cet article... j'emprunte la bannière du site
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voilà plusieur fois que je rencontre ce terme, et comme je ne suis pas trop habituée au language du net, j'ai eu envie en effet de me coucher ce soir un peu moins inculte...
j'ai donc fait appel a wikipédia.
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La loi de Godwin est un adage, partie du folklore Usenet, énoncé en 1990 par Mike Godwin :
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« Plus une discussion sur Usenet dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler s'approche de 1. »
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Dans un débat, atteindre le point Godwin revient à signifier à son interlocuteur qu'il vient de se discréditer en vérifiant la loi de Godwin.
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Concept

Cette « loi » s'appuie sur l'hypothèse selon laquelle une discussion
Usenet qui dure dans le temps amène peu à peu les esprits à s'échauffer et à remplacer les arguments par des insultes, ou à utiliser des arguments ou des analogies extrêmes.
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L'exemple le plus courant consiste à effectuer un rapprochement avec le nazisme, soit en comparant le thème de la discussion avec une idéologie extrémiste, soit en traitant son interlocuteur de nazi.
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Si le sujet de la discussion était très éloigné d'un quelconque débat d'idéologies, une comparaison inappropriée de ce genre est considérée comme le signe de l'échec de la discussion. On estime alors qu'il est temps de clore le débat, dont il ne sortira plus rien de pertinent, pour repartir sur des bases saines : on dit que l'on a atteint le « point Godwin » de la discussion.
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Parfois, ce sera le cas suite à l'intervention d'un troll, notamment sous la forme d'un sophisme.
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Un message de troll, ou une suite de tels messages menant à une vérification de la loi de Godwin sont un exemple de thought-terminating cliché.
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Les francophones jouent
souvent sur deux sens du mot « point » : il peut désigner soit le moment de la discussion auquel le dérapage survient – dans ce sens du terme, on atteint le point Godwin – soit le point en tant que récompense.
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Ainsi, un point Godwin est un point (en langage scolaire, on dirait un mauvais point) attribué au participant qui aura permis de vérifier la loi de Godwin en venant mêler Adolf Hitler, le nazisme ou toute idéologie extrémiste à une discussion dont ce n'est pas le sujet ; dans ce sens du terme, on marque ou gagne un point Godwin.
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En
rhétorique, l'existence de la pseudo-locution latine Reductio ad Hitlerum est attestée depuis les années 1950.
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Dans le folklore Usenet, on considère que vérifier la loi de Godwin revient à « perdre » le débat.
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Cependant, certains considèrent que le fait de clore un débat en invoquant cette loi n'est qu'une façon de fuir la discussion avec ceux qui n'ont pas utilisé ce genre de comparaisons.
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D'autres remarquent que cette loi peut être difficile à invoquer dans une discussion, car cela reviendrait à tenter de jeter le discrédit sur l'interlocuteur.
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Quand on attribue le point à un autre intervenant, on peut simplement lui dire « vous avez gagné un point Godwin », ou bien dessiner un point en Art ASCII, comme s'il s'agissait d'un document établi sur papier.
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Certains contributeurs ajoutent par dérision que ledit point doit être découpé sur l'écran au moyen d'un burin et d'un marteau.
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Le point Godwin
Dans les forums Internet
Le point Godwin, qui a originellement le sens de limite dans l'acception anglaise du terme — point de non-retour — est devenu dans les forums une sorte de mauvaise note, de « mauvais point ». Ainsi, un participant peut donner à un autre un « point » Godwin si celui-ci laisse un message vérifiant la loi de Godwin.
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Dans les médias
La presse emploie également cette expression. La comparaison, par l'homme politique
Yves Leterme, de la Radio-Télévision belge de la Communauté française à la Radio Télévision Libre des Mille Collines – cette dernière ayant encouragé le génocide au Rwanda – a été qualifiée par Jean Quatremer de point Godwin.
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En
Allemagne, l'humoriste Harald Schmidt a présenté le Nazometer comme instrument de mesure ; dire Autobahn, Volkswagen ou gaz dans une émission télévisée donne ainsi des résultats significatifs. Le point Godwin pourrait être utilisé comme unité de mesure pour cet instrument.
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À l'Assemblée nationale

En
France, Christine Albanel, alors ministre de la culture et de la communication, s'est vue décerner un point Godwin par plusieurs journaux en ligne lors de l’examen de la loi Création et Internet à l'Assemblée nationale le 12 mars 2009 quand elle a déclaré : « Je suis accablée par toutes les caricatures sur tous les bancs et par l’obstination qui consiste à présenter l’Hadopi comme une sorte d’antenne de la Gestapo, c’est particulièrement ridicule. » . source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Godwin*

mardi 27 octobre 2009

prix Virilo, seconde édition : hormone XY et moustaches

En passant sur http://www.actualitte.com/actualite/14494-prix-virilo-XY-hormone-moustaches.htm, l'un des sites littéraires que je préfère...
suis restée étonnée par l'un des candidats à ce prix : Valéry Giscard d'Estaing !
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Tout de même accorder un prix de ce genre a une bluette même présidentielle, c'est un comble !
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La littérature est vraiment mise à mâle.
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illustration : une fois n'est pas coutume, mais là, "UN lectueur" s'impose... une toile Carl Spitzweg
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Avec supplément monocle pour les plus classieux de ces messieurs...
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Avec « un poil dans la main, un livre dans l'autre », le prix Virilo a tout de même pu trouver le temps de renouveler sa liste de sélectionnés pour une seconde édition de ce contrepoint littéraire du Fémina.
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Un prix qui « a prouvé au monde qu'il fallait mettre un genre au talent, donner un sexe au génie ».
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Et le 9 novembre prochain, le prix Virilo remettra à prompt renfort de moustaches, non loin du Crillon, où le Femina récompensera son lauréat, son prix, à 11 h 30, au Café de l'Ambassade.
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Mais il remettra également le prix Trop Virilo, qui récompense « la poussée de testostérone littéraire la plus vivace ».Muy macho, si !Si le Virilo Prize a disparu, au profit d'une seule littérature francophone cette année, d'autres accessits, comme le Prix de la plus mauvaise quatrième de couverture seront remis, uniquement sur le blog.
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Pour le prix Virilo, sont sectionnés

Loin des bras de Metin ARDITI (Actes Sud)
Nous autres de Stéphane AUDEGUY (Gallimard)
Assortiment pour une vie meilleure de Thomas GUNZIG (Au Diable Vauvert)
Jan Karski de Yannick HAENEL (Gallimard)
Dans les ombres sylvestres de Jérôme LAFARGUE (Quidam)
Des hommes de Laurent MAUVIGNIER (Minuit)
Trois femmes puissantes de Marie NDIAYE (Gallimard)
La Vérité sur Marie de Jean-Philippe TOUSSAINT (Minuit)
Yanvalou pour Charlie de Lyone TROUILLOT l (Actes Sud)
Les Insomniaques de Camille de VILLENEUVE (Philippe Rey) Et pour le prix Trop Virilo,
Parquet flottant de Samuel CORTO (Denoël)
L'hyper Justine de Simon LIBERATI (Flammarion)
La Princesse et le Président de Valery G. d'ESTAING (De Fallois/ X.O)
La Confession négative de Richard MILLET (Gallimard)
Cadence de Stéphane VELUT (Ch. Bourgois)
Kata Sutra, la vérité crue… de N.DAAM, E. DEFAUD, T. LECOQ J. SABROUX, E. PHILIPPE (Ja. Duvernet)
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Toujours doté de 11 € pour accompagner la réussite du lauréat et son talent hormonal, le Virilo n'attend plus que vous.
source : actualitté - Rédigé par
Clément S., le mardi 27 octobre 2009 à 08h46

En 2008, les lauréats ont été :

* Prix Virilo à Robert Alexis, pour "Les Figures" (Editions José Corti)
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* Prix Trop Virilo à Pierre Bisiou, pour "Enculée" (Editions Stock)
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illustration : softlab.ece.ntua.gr
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On y pense pas assez souvent, mais les Championnats du monde de barbe et moustaches ont eu lieu le 23 mai 2009. - source : http://www.tribords.com/?championnats-monde-barbe-moustaches

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idées de lecture :

La Moustache de Emmanuel Carrère
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Ayant vidé la poubelle sur le trottoir, il trouva vite le sac qu'on plaçait dans la salle de bains, en retira des coton-tiges, un vieux tube de dentifrice, un autre de tonique pour la peau, des lames de rasoir usagées. Et les poils étaient là.
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Pas tout à fait comme il l'avait espéré : nombreux, mais dispersés, alors qu'il imaginait une touffe bien compacte, quelque chose comme une moustache tenant toute seule.
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Il en ramassa le plus possible, qu'il recueillit dans le creux de sa main, puis remonta. Il entra sans bruit dans la chambre, la main tendue en coupelle devant lui et, s'asseyant sur le lit à côté d'Agnès apparemment endormie, alluma la lampe de chevet.
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Elle gémit doucement puis, comme il lui secouait l'épaule, cligna des yeux, grimaça en voyant la main ouverte devant son visage. " Et ça, dit-il rudement, qu'est-ce que c'est? "
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La moustache de Tahsin Yücel
Un baiser sans moustache de Catherine Simon
L'été de la moustache de François Gravel
La moustache du biographe de Kingsley Amis
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Un peu de littérature classique

LA MOUSTACHE
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Château de Solles, lundi 30 juillet 1883.
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Ma chère Lucie,
rien de nouveau. Nous vivons dans le salon en regardant tomber la pluie. On ne peut guère sortir par ces temps affreux; alors nous jouons la comédie.
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Qu'elles sont bêtes, ô ma chérie, les pièces de salon du répertoire actuel. Tout y est forcé, grossier, lourd.
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Les plaisanteries portent à la façon des boulets de canon, en cassant tout. Pas d'esprit, pas de naturel, pas de bonne humeur, aucune élégance.
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Ces hommes de lettres, vraiment, ne savent rien du monde. Ils ignorent tout à fait comment on pense et comment on parle chez nous. Je leur permettrais parfaitement de mépriser nos usages, nos conventions et nos manières, mais je ne leur permets point de ne les pas connaître.
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Pour être fins ils font des jeux de mots qui seraient bons à dérider une caserne ; pour être gais ils nous servent de l'esprit qu'ils ont dû cueillir sur les hauteurs du boulevard extérieur, dans ces brasseries dites d'artistes où on répète, depuis cinquante ans, les mêmes paradoxes d'étudiants. Enfin nous jouons la comédie.
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Comme nous ne sommes que deux femmes, mon mari remplit les rôles de soubrette, et pour cela il s'est rasé.
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Tu ne te figures pas, ma chère Lucie, comme ça le change! Je ne le reconnais plus... ni le jour ni la nuit. S'il ne laissait pas repousser immédiatement sa moustache je crois que je lui deviendrais infidèle, tant il me déplaît ainsi. Vraiment, un homme sans moustache n'est plus un homme.
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Je n'aime pas beaucoup la barbe; elle donne presque toujours l'air négligé, mais la moustache, ô la moustache! est indispensable à une physionomie virile. Non, jamais tu ne pourrais imaginer comme cette petite brosse de poils sur la lèvre est utile à l'oeil et... aux... relations entre époux.
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Il m'est venu sur cette matière un tas de réflexions que je n'ose guère t'écrire. Je te les dirai volontiers... tout bas. Mais les mots sont si difficiles à trouver pour exprimer certaines choses, et certains d'entre eux, qu'on ne peut guère remplacer, ont sur le papier une si vilaine figure, que je ne peux les tracer.
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Et puis, le sujet est si difficile, si délicat, si scabreux qu'il faudrait une science infinie pour l'aborder sans danger. Enfin! tant pis si tu ne me comprends pas.
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Et puis, ma chère, tâche un peu de lire entre les lignes. Oui, quand mon mari m'est arrivé rasé, j'ai compris d'abord que je n'aurais jamais de faiblesse pour un cabotin, ni pour un prédicateur, fût-il le père Didon, le plus séduisant de tous! Puis quand je me suis trouvée, plus tard, seule avec lui (mon mari), ce fut bien pis.
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Oh! ma chère Lucie, ne te laisse jamais embrasser par un homme sans moustaches ; ses baisers n'ont aucun goût, aucun, aucun !
Cela n'a plus ce charme, ce moelleux et ce... poivre, oui, ce poivre du vrai baiser. La moustache en est le piment.
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Figure-toi qu'on t'applique sur la lèvre un parchemin sec... ou humide. Voilà la caresse de l'homme rasé. Elle n'en vaut plus la peine assurément.
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D'où vient donc la séduction de la moustache, me diras-tu ? Le sais-je ?
D'abord elle chatouille d'une façon délicieuse. On la sent avant la bouche et elle vous fait passer dans tout le corps, jusqu'au bout des pieds un frisson charmant. C'est elle qui caresse, qui fait frémir et tressaillir la peau, qui donne aux nerfs cette vibration exquise qui fait pousser ce petit "Ah !" comme si on avait grand froid.
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Et sur le cou ! Oui, as-tu jamais senti une moustache sur ton cou ? Cela vous grise et vous crispe, vous descend dans le dos, vous court au bout des doigts. On se tord, on secoue ses épaules, on renverse la tête ; on voudrait fuir et rester ; c'est adorable et irritant ! Mais que c'est bon !
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Et puis encore... vraiment, je n'ose plus ? Un mari qui vous aime, mais là, tout à fait, sait trouver un tas de petits coins où cacher des baisers, des petits coins dont on ne s'aviserait guère toute seule. Eh bien, sans moustaches, ces baisers-là perdent aussi beaucoup de leur goût, sans compter qu'ils deviennent presque inconvenants !
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Explique cela comme tu pourras. Quant à moi, voici la raison que j'en ai trouvée. Une lèvre sans moustaches est nue comme un corps sans vêtements ; et, il faut toujours des vêtements, très peu si tu veux, mais il en faut !
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Le créateur (je n'ose point écrire un autre mot en parlant de ces choses), le créateur a eu soin de voiler ainsi tous les abris de notre chair où devait se cacher l'amour. Une bouche rasée me paraît ressembler à un bois abattu autour de quelque fontaine où l'on allait boire et dormir.
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Cela me rappelle une phrase (d'un homme politique) qui me trotte depuis trois mois dans la cervelle. Mon mari, qui suit les journaux, m'a lu, un soir, un bien singulier discours de notre ministre de l'agriculture qui s'appelait alors M. Méline. A-t-il été remplacé par quelque autre ? Je l'ignore. Je n'écoutais pas, mais ce nom, Méline, m'a frappée.
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Il m'a rappelé, je ne sais trop pourquoi, les scènes de la vie de Bohème. J'ai cru qu' il s'agissait d'une grisette. Voilà comment quelques bribes de ce morceau me sont entrées dans la tête.
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Donc M. Méline faisait aux habitants d'Amiens, je crois, cette déclaration dont je cherchais jusqu'ici le sens : "Il n'y a pas de patriotisme sans agriculture ! " Eh bien, ce sens, je l'ai trouvé tout à l'heure ; et je te déclare à mon tour qu'il n'y a pas d'amour sans moustaches. Quand on le dit comme ça, ça semble drôle, n'est-ce pas ? Il n'y a point d'amour sans moustaches ! "Il n'y a point de patriotisme sans agriculture", affirmait M. Méline ; et il avait raison, ce ministre, je le pénètre à présent !
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A un tout autre point de vue, la moustache est essentielle. Elle détermine la physionomie. Elle vous donne l'air doux, tendre, violent, croquemitaine, bambocheur, entreprenant !
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L'homme barbu, vraiment barbu, celui qui porte tout son poil (oh! le vilain mot) sur les joues n'a jamais de finesse dans le visage, les traits étant cachés. Et la forme de la mâchoire et du menton dit bien des choses, à qui sait voir. L'homme à moustaches garde son allure propre et sa finesse en même temps.
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Et que d'aspects variés elles ont, ces moustaches !
Tantôt elles sont retournées, frisées, coquettes. Celles-là semblent aimer les femmes avant tout !
Tantôt elles sont pointues, aiguës comme des aiguilles, menaçantes. Celles-là préfèrent le vin, les chevaux et les batailles.
Tantôt elles sont énormes, tombantes, effroyables. Ces grosses-là dissimulent généralement un caractère excellent, une bonté qui touche à la faiblesse et une douceur qui confine à la timidité.
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Et puis, ce que j'adore d'abord dans la moustache, c'est qu'elle est française, bien française. Elle nous vient de nos pères les Gaulois, et elle est demeurée le signe de notre caractère national enfin.
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Elle est hâbleuse, galante et brave. Elle se mouille gentiment au vin et sait rire avec élégance, tandis que les larges mâchoires barbues sont lourdes en tout ce qu'elles font.
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Tiens, je me rappelle une chose qui m'a fait pleurer toutes mes larmes, et qui m'a fait aussi, je m'en aperçois à présent, aimer les moustaches sur les lèvres des hommes.
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C'était pendant la guerre, chez papa. J'étais jeune fille, alors. Un jour on se battit près du château. J'avais entendu depuis le matin le canon et la fusillade, et le soir un colonel allemand entra chez nous et s'y installa. Puis il partit le lendemain.
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On vint prévenir père qu'il y avait beaucoup de morts dans les champs. Il les fit ramasser et apporter chez nous pour les enterrer ensemble. On les couchait, tout le long de la grande avenue de sapins, des deux côtés, à mesure qu'on les apportait; et comme ils commençaient à sentir mauvais, on leur jetait de la terre sur le corps en attendant qu'on eût creusé la grande fosse.
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De la sorte on n'apercevait plus que leurs têtes qui semblaient sortir du sol, jaunes comme lui, avec leurs yeux fermés. Je voulus les voir; mais quand j'aperçus ces deux grandes lignes de 6gures affreuses, je crus que j'allais me trouver mal ; puis je me mis à les examiner, une à une, cherchant à deviner ce qu'avaient été ces hommes.
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Les uniformes étaient ensevelis, cachés sous la terre, et pourtant tout à coup, oui ma chérie, tout à coup je reconnus les Français, à leur moustache !
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Quelques-uns s'étaient rasés le jour même du combat, comme s'ils eussent voulu être coquets jusqu'au dernier moment ! Leur barbe cependant avait un peu repoussé, car tu sais qu'elle pousse encore après la mort.
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D'autres semblaient l'avoir de huit jours; mais tous enfin portaient la moustache française, bien distincte, la fière moustache, qui semblait dire : "Ne me confonds pas avec mon voisin barbu, petite, je suis un frère."
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Et j'ai pleuré, oh! j'ai pleuré bien plus que si je ne les avais pas reconnus ainsi, ces pauvres morts. J'ai eu tort de te conter cela. Me voici triste maintenant et incapable de bavarder plus longtemps.
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Allons, adieu, ma chère Lucie, je t'embrasse de tout mon coeur. Vive la moustache !
- Guy de Maupassant
- Texte publié dans Gil Blas du 31 juillet 1883, sous la signature de Maufrigneuse, puis publié dans le recueil Toine