jeudi 30 avril 2009

Les Etats-Unis s'emballent pour Irène Némirovsky

revue de presse - Le Monde...
Cher amour, ne t'inquiète pas de moi. Je suis bien arrivée. Il y a un peu de désordre mais la nourriture est très bonne. Surtout ne t'en fais pas. Ça se passera mon cher aimé." La lettre date de juillet 1942.
Irène Némirovsky vient d'arriver au camp de Pithiviers.
Elle a tout de suite été fichée :
"Nom : Epstein née Nemirovsky.
Prénoms : Irène, Irma.
Date de naissance : 11 février 1903 à Kiev.
Profession : Femme de lettres."
Sait-elle exactement ce qui l'attend ?
Elle s'emploie en tout cas à rassurer son mari, Michel Epstein : "Ça se passera..." Quelques mois plus tard, elle est déportée à Auschwitz.
Michel Epstein, désespéré, écrit à Otto Abetz, alors ambassadeur d'Allemagne à Paris. Il fait valoir que sa femme "souffre d'asthme" et qu'"un internement dans un camp de concentration serait pour elle mortel". Il le sera.



Des documents officiels, des lettres, des carnets couverts de notes à l'encre bleue des mers du Sud, un sac à main, des plans pour des livres à venir, une carte du Musée Rodin, l'un de ses lieux parisiens favoris, et bien sûr la mythique valise ayant servi à transporter le manuscrit de Suite française... : telles sont quelques-unes des précieuses archives que l'on peut voir actuellement au Museum of Jewish Heritage de New York, dans le cadre d'une exposition intitulée "Woman of Letters.
Irène Némirovsky and Suite française".
Initialement prévue jusqu'en mars, cette exposition, victime de son succès, a été prolongée jusqu'au 30 août. Elle aura ainsi duré près d'un an.
Un record pour un événement de cette nature aux Etats-Unis. Un fait marquant aussi, alors qu'au moment de sa préparation, en 2007, le Musée d'art et d'histoire du judaïsme n'avait pas souhaité l'accueillir, arguant du fait que la romancière, dans les années 1930, aurait fait preuve d'une vraie ambiguïté à l'égard de l'antisémitisme.

PLUS D'UN MILLION D'EXEMPLAIRES

Les Américains, quant à eux, ne se lassent pas d'entendre parler d'Irène Némirovsky.
Quand ils découvrent Suite française en 2006, c'est "love at first sight", le coup de foudre.
A peine le livre est-il publié par Knopf que les journaux s'enflamment.
Presque trois pages dans la "Book Review" du New York Times, du jamais-vu ! Une surprise ? Pas totalement, note Lucinda Karter, directrice de la French Publishers'Agency, qui a participé, de New York, à la négociation des droits de traduction entre l'éditeur Denoël et le monde anglophone.
"Quand j'en ai entendu parler pour la première fois, j'ai pensé que Suite française contenait tous les ingrédients pour devenir ici un succès énorme : une histoire vraie, tragiquement inachevée ; les pérégrinations incroyables d'un manuscrit miraculeusement sauvé de la destruction et que, pendant des années, les filles d'Irène Némirovsky n'ont pas osé ouvrir. Et enfin, l'histoire de sa publication et de son accueil posthume."

Depuis 2006, le succès d'Irène Némirovsky aux Etats-Unis ne faiblit pas.
Avec plus d'un million d'exemplaires vendus, Suite française, qui est toujours dans la liste des best-sellers en poche, a même entraîné dans son sillage des titres de Némirovsky publiés de son vivant - David Golder (1929), Le Bal (1930), L'Affaire Courilof (1933)... - dont on voit des exemplaires dans les vitrines de l'exposition.
"Tout récemment, le département édition de la New York Review of Books a acheté les droits du Mirador, la biographie imaginaire d'Irène Némirovsky par sa fille Elisabeth Gille, souligne Lucinda Karter. Irène Némirovsky fait aujourd'hui partie des rares écrivains français connus du très grand public américain, aux côtés de Camus ou de Proust... !"

"LA VÉRITÉ DÉRANGEANTE"

La controverse sur son rapport au judaïsme ?
Elle a fait l'objet d'un débat au musée en décembre 2008 et The New Republic a publié un long article (30 janvier) sous-titré "La vérité dérangeante sur une nouvelle héroïne littéraire", où sont notamment mentionnées les sommes que Némirovsky a gagnées en publiant dans l'hebdomadaire d'extrême droite Gringoire.
"L'exposition n'occulte rien : elle est faite précisément pour susciter et affronter ces questions, note Emmanuelle Lambert, de l'Institut mémoire de l'édition contemporaine (IMEC), qui a coproduit l'événement avec le Museum of Jewish Heritage.
Les Américains ont courageusement fait oeuvre d'historiens, en sortant d'une logique communautariste, et en acceptant de prendre l'histoire dans ce qu'elle a de complexe."

Devant le fac-similé du manuscrit de Suite française - l'original est actuellement à la New York Public Library -, le public se presse, fasciné par ces lignes fines et serrées, écrites quelques heures encore avant l'arrivée de la police de Vichy.
On y lit l'urgence et le manque - de papier, d'encre, de temps... Au moment où Denoël annonce pour mai un nouveau recueil de Némirovsky, Les Vierges et autres nouvelles, le succès de cette exposition conduira-t-il la France à la monter finalement ? "Oui, répond Emmanuelle Lambert. Nous sommes en discussion avec le Mémorial de la Shoah, à Paris.
L'exposition devrait y être présentée dans une version remaniée et développée." Mais pas avant 2010.
source : le monde - Florence Noiville

Nathalie Michau - Yvelines Grandes Affaires Criminelles



Les Yvelines sont connues pour des affaires célèbres comme celles de Landru et de Weidman qui eut le triste privilège d'être le dernier exécuté sur la place publique en France.

Mais, au cours des XIXe et XXe siècles, les Assises de Versailles ont vu passer bien d'autres crimes qui ont fait aussi beaucoup de bruit à l'époque.

Qu'il s'agisse de l'assassinat odieux des époux Fenayrou à Chatou, d'un crime crapuleux dans la forêt de Saint-Germain ou du meurtre des sœurs Kretzinger à Achères, les mobiles et les genres sont variés.

Archives judiciaires et journaux anciens racontent ainsi, dans le détail, l'enquête sur le cannibale de Versailles, les rebondissements les plus étonnants concernant l'étrangleur d'Andrésy ou le parricide de la femme Haulard à Septeuil.

L'auteur a sillonné le département pour retracer avec fidélité ces Grandes Affaires Criminelles des Yvelines.
Le résultat est saisissant : les 27 histoires relatées composent une lecture digne des meilleurs polars... - ISBN-10: 284494597X




Nathalie Michau mène l’enquête
A 38 ans, cette passionnée de romans à suspens a recensé les vingt-sept faits divers les plus sanglants des Yvelines dans un ouvrage intitulé « Les Grandes Affaires criminelles des Yvelines ».

Nathalie Michau présente 27 histoires qui se sont déroulées dans le département entre 1832 et 1975.


1855 dans le hameau de Corbeville à Septeuil. Anastasie Laroque est inquiète. Elle s’en veut. Qu’est-ce qui lui a pris de se confier à Pelletier ? Il va le répéter à sa femme, c’est sûr.
Et comme celle-ci la déteste, elle va aller voir les gendarmes. Quelques jours plus tôt, son père a été volé et assassiné. C’est Anastasie qui est derrière tout cela. Elle doit assurer une rente de 400 francs pour son père mais elle en a assez « de donner son argent à un ivrogne qui le dilapide dans les cabarets ».
Elle décide alors de l’assassiner. Mais elle manque de courage.
Elle parle de ses desseins à son mari et son fils qui se défilent. C’est un de ses nombreux amants, Frédéric Haulard qui le fera pour 200 francs et deux setiers de blé.
Dénoncés tous les deux dans une lettre anonyme certainement envoyée par la femme de Pelletier qui déteste Anastasie, les deux amants ne cessent de s’accuser l’un l’autre au cours du procès.
Le verdict tombe : travaux forcés à vie pour elle, peine de mort pour lui. Il sera exécuté sur la place publique le 14 juillet 1855.

Les Yvelines sont connues pour des affaires célèbres comme celles de Landru ou de Weidman, dernière exécution sur la place publique en France.
Mais, en un peu plus d’un siècle, les Assises de Versailles ont vu passer bien d’autres crimes. Qu’il s’agisse de l’assassinat des époux Fenayrou à Chatou, d’un crime crapuleux dans la forêt de Saint-Germain ou du meurtre des sœurs Kretzinger à Achères, les mobiles et les genres sont variés.

Cannibalisme…

À 38 ans, elle est l’auteur de deux ouvrages : « Secrets de famille », publié par les éditions Le manuscrit en 2004, et « Répétitions » en 2006.
C’est après des études de sciences éco et une période de chômage qu’elle décide de se mettre à écrire : des poèmes, des nouvelles et un roman policier.
Mais c’est le roman à suspense qui la passionne : « Dans le roman policier, l’intrigue est simple. Avec le suspense, on peut faire ce qu’on veut, on est beaucoup plus libre », explique-t-elle.

Crimes passionnels…

Alors quand on lui propose de recenser les grands faits divers des Yvelines, cette enfant du pays (elle est née à Fontenay-le-Fleury) saute sur l’occasion.
Elle passe deux ans à consulter les archives et les journaux de l’époque qui « donnent beaucoup d’infos. Ils étaient très précis dans les détails », continue-t-elle. Elle mène une enquête approfondie, méticuleuse et sélectionne vingt-sept histoires entre 1832 et 1975.

Crimes passionnels, cannibalisme ou encore meurtre d’argent, le moins que l’on puisse dire c’est que les Yvelines ont été le décor de faits divers sanglants : « La cour de Seine et Oise (qui regroupait le Val d’Oise, l’Essonne et les Yvelines) était très dure.
Beaucoup plus que les autres. Peut-être parce qu’on était dans un département bourgeois, très catholique.
On tuait beaucoup dans les Yvelines surtout pour l’argent », pense-t-elle.
Les méthodes et les crimes ont changé. « Entre 1832 et 1975, les crimes et les mobiles sont complètement différents.
Aujourd’hui, ils sont plus élaborés.
Au XIXe siècle, les assassins ne pensaient pas toujours à nettoyer l’arme du crime et tuaient pour vingt francs », raconte-t-elle.

Loin d’être juste un livre documentaire, elle romance quelque peu ses nouvelles, y ajoute des dialogues et des anecdotes pour mieux les ficeler et capter le lecteur.
Et tremble encore quand elle repense à certaines histoires terrifiantes. Mais notre romancière n’en a pas fini avec le fait divers. La victime est tombée dans un traquenard. Elle se prend de passion pour la chronique judiciaire et prépare en collaboration avec Sylvain Larue un ouvrage sur les grandes affaires criminelles de l’Essonne. Adélaïde Haslé
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Pour en savoir plus sur l'auteur : http://www.polarnoir.fr/interview.php?auteur=m18
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illustrations :
1- "la lectrice" de Kijiro Ota
3- la fameuse cuisinière de Landru

Jorge de Sena - Le physicien prodigieux,

Découvrez Le physicien prodigieux de Jorge de Sena... nous dit Nicolas de "Actua litté"... et j'ai bien envie de suivre sont conseil...

Une pincée de ceci, une dent de ça, de la poudre de cela... Et BOUM !

Allez, depuis combien de temps n'aviez-vous pas lu d'histoire d'amour qui se déroule dans un château avec une sorte de princesse, un truc qui se rapproche d'un prince, mais non, pas de crapaud ni de baguette magique ?


Un de ces contes de fées dans lequel les personnages vivent longtemps, heureux et ont des tonnes d'enfants dans un grand palais ? Pas tout à fait. Le livre dont nous vous parlerons aujourd'hui tient plutôt du conte philosophique et mystique que de l'histoire rêvée...

« Il venait d'avoir dix-huit ans, il était beau comme un enfant, fort comme un homme... » Comprenez-moi : si ce type de mise en bouche n'a rien de métaphysique - encore qu'à bien y réfléchir... - elle permet de fixer d'ores et déjà le protagoniste de ce conte gnostique.
Car nous avons ici à faire à un cas flagrant de prince charmant aux pouvoirs étranges et n'ayons pas peur des mots, diaboliques.
L'histoire en elle-même s'inspire d'ailleurs de récits anciens, puisés dans des textes religieux portugais, destinés à illustrer les préceptes bibliques.
Loin du conte de fées, où le merveilleux rivalise avec les animaux sapés en godasses Prada, le lecteur étourdi va remonter aux racines des textes médiévaux, et retrouver une ambiance à mi-chemin entre Tristan et Yseult et Chrétien de Troie.
En quelques mots, un cavalier errant décide de se baigner dans une rivière quand il est remarqué par trois pucelles. Affriolées par sa beauté, elles lui racontent que leur maîtresse souffre de mille morts et que pour la tirer de ses tourments, seul un physicien, beau et vierge a ses chances. Ce qui tombe bien puisque c'est le cas de notre bonhomme.
Il se rend donc au château où se meurt la dame en question, fait préparer un bain chaud dans lequel il verse quelques gouttes de son sang, et y fait immerger, jusqu'à la tête, alouette, la souffrante.
Pendant ce temps, il s'allonge nu sur le lit et attend la septième immersion. Bien évidemment, la châtelaine guérit, tombe follement amoureuse de lui, mais ils ne se marient ni n'ont beaucoup d'enfants.
De fait, elle se donne à son sauveur, qui grâce à un bonnet magique peut se rendre invisible : dans ces conditions, elle fait de lui un homme, mais qui restera un peu vierge tout de même puisqu'invisible.
La suite se déroule sur fond de mysticisme, de vie de château maudit ou hanté, puis de dénonciation aux autorités religieuses incompétentes et de procès...
La traduction faite par Michelle Giudicelli m'intrigue : est-ce elle qui a donné au texte cette sensation de récit médiéval ou le texte de Jorge la portait-il en lui ?
Pour l'amateur, nul doute que cette alchimie transformera la lecture en une véritable machine à remonter le temps.
Le récit est minimaliste, et s'épargne les descriptions lourdes pour n'être finalement qu'action et dialogues.
Les miracles et coups de magies s'y enchaînent, mais personne n'est dupe.
Une autre vérité semble soutenir le récit, et l'on sent qu'une symbolique forte se tisse entre les lignes une présence permanente.
Les signes ne nous échappent pas toujours, bien que leur sens métaphorique file régulièrement entre les doigts, mais la magie opère sans peine et l'on reste en permanence sous le charme.
Le diable, qui est dans les détails, ne manque d'ailleurs pas de nous imposer sa présence discrète et cependant totale : chaperon du cavalier, il préside à sa vie et ses actions en toutes circonstances...
En somme, voilà un livre qui donne envie de retrouver dans sa bibliothèque les textes anciens et de savourer de nouveau quelques passages de la littérature médiévale. Vive les trouvères et les troubadours. Et Jorge de Sena est des leurs !
Offrez-vous Le physicien prodigieux de Jorge de Sena
source : actua litté - Rédigé par Nicolas G, le jeudi 30 avril 2009
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illustration : la liseuse d'Albert Edelfelt

mercredi 29 avril 2009

Ake Edardson : chambre n° 10

Terminé hier soir ce polar venu du froid...
Sans être exceptionnel, plutôt agréable à lire.



En cette fin d'été indien, la police criminelle suédoise de Gôteborg est appelée sur une scène de crime où une certaine Paula Ney a été retrouvée pendue dans la chambre numéro 10 de l'hôtel Revy.
La thèse du suicide ne convainc guère le commissaire Winter qui est déjà venu sur les lieux, dix-huit ans auparavant, lors de la disparition non résolue d'une autre jeune femme.
Persuadé comme l'est Winter d'être autrefois passé à côté d'un indice capital, cette nouvelle enquête, est l'occasion pour lui de rétablir la vérité.
A quelques semaines d'un congé sabbatique bien mérité, Erik Winter devra compter autant sur son équipe que sur ses souvenirs pour déterrer d'impensables secrets de famille et mettre fin à une série de meurtres plus horribles les uns que les autres.
*
illustration : "la lectrice" de Manuel Merello

mardi 28 avril 2009

souvenir de lecture : les Borgia

souvenir de lecture... en suivant l'éphéméride... des personnages de légende...
Lucrèce Borgia (Lucrezia Borgia en italien), née à Rome le 28 avril 1480 et morte à Ferrare le 24 juin 1519, est une femme qui a marqué son époque.




Fille naturelle du cardinal espagnol Rodrigo Borgia (futur pape Alexandre VI) et de Vanozza Catanei, une patricienne romaine ; sœur peut-être incestueuse de César Borgia, célèbre pour sa beauté autant que pour ses mœurs dissolues. Outil politique de son père et de son frère, elle ne commença à vivre l'existence tranquille à laquelle elle aspirait qu'après son troisième mariage.








1493 : premier mariage, avec Giovanni Sforza annulé en 1497 par son père le Pape, pour des raisons diplomatiques : changement d'alliance. Officiellement, l'annulation est due à la non-consommation de l'union. Sforza, vexé, sera le premier à faire courir le bruit de rapports incestueux entre Lucrèce Borgia, son père et son frère.
1498 : deuxième mariage, avec Alphonse d'Aragon, assassiné en 1500 par son beau-frère César Borgia car le couple ayant eu un enfant, l'annulation pour non-consommation n'était plus possible.
*

illustration : Les armes de la famille Borgia se blasonnent ainsi :d'or au taureau de gueules, sur une terrasse de sinople, à la bordure du champ chargée de huit flammes du troisième
e mariage, avec Alphonse Ier d'Este, futur duc de Ferrare (en 1505).


À Ferrare, elle devient protectrice des arts (célébrée par L'Arioste et Pietro Bembo).



Elle meurt à 39 ans d'une septicémie consécutive à la naissance d'une fille (qui ne survécut pas non plus).









Le mythe de Lucrèce Borgia :
A partir du XXe siècle, de nombreuses biographies remettent en question les accusations d'immoralité portées contre Lucrèce Borgia (d'aucuns lui ont prêté un fils né de ses amours incestueuses avec son frère César, quelques bâtards, une activité d'empoisonneuse, etc.) et présentent le personnage comme la victime d'une époque plutôt cruelle pour les femmes.

La réputation de Lucrèce Borgia a souffert des agissements de ses proches, mais les historiens s'accordent aujourd'hui à la considérer comme innocente des multiples crimes et méfaits qui lui ont été imputés.

Enfin, il ne faut pas la confondre avec Lucrèce, la légendaire héroïne romaine, violée par le fils de Tarquin le Superbe et dont le suicide aurait provoqué l'avènement de la République romaine en 509 avant J.-C.
illustration : Lucrèce Borgia d'après Le Gerchin, ph. Giraudon.

Quelques livres lus...

Dans le secret des Borgia de Ivan CLOULAS

Alexandre VI, pape retors et corrompu.
Sa fille, Lucrèce, beauté prisonnière de ses passions.
Son fils, César, vil fratricide…
La famille Borgia a, dès le pontificat d'Alexandre (1492-1503), été l'objet des plus noirs propos.
Or, nous disposons sur ces années troublées d'une source impartiale ; le journal de Johannes Burckard (v. 1450-1506), maître des cérémonies au Vatican, de 1483 à sa mort.
Côtoyant le pape Borgia dans son intimité, il a noté scrupuleusement les entorses au protocole, les fastes et les frasques d'une famille parvenue au sommet du pouvoir temporel et spirituel.
Au jour le jour, apparaissent ainsi les cadavres repêchés dans le Tibre, les négligences des cardinaux, les messes troublées par des courtisanes, les masques obscènes du Carnaval romain, les combats de taureaux sur la place Saint-Pierre, et jusqu'au banquet des cinquante courtisanes, donné au Vatican en présence du pontife…
Ivan Cloulas et Vito Castiglione Minischetti ont choisi et commenté les passages les plus significatifs de ce texte, livrant une passionnante chronique.
Le lecteur y découvrira les sources d'une légende noire : les travers et l'intelligence d'Alexandre VI, étrange chef spirituel, à la fois souverain temporel et père de famille ; les malheurs conjugaux de Lucrèce, l' « enfant gâtée » à la somptueuse beauté ; le triste sort de Juan, duc de Gandie, assassiné et jeté dans le fleuve ; la brutalité et le génie de César ; et Le Prince de Machiavel.

Borgia de Michel Zévaco

À partir de personnages et de faits réels, l'auteur a imaginé une formidable épopée: celle d'un chevalier français, pauvre mais plein d'audace, le jeune Ragastens qui, après s'être mis au service de César Borgia, deviendra son rival et son ennemi le plus acharné.
Pour la belle Béatrix, surnommée Primevère, qui hait ouvertement le tout-puissant seigneur romain mais adore en secret le vaillant petit français dont rêve aussi Lucrèce Borgia, l'Italie sera mise à feu et à sang.
Le courage et l'astuce de Ragastens provoqueront le dépit et la chute des Borgia.
La justice, le droit et la légitimité triompheront. Ainsi que l'amour de Béatrix et Ragastens, sous le regard complice d'un peintre qui se fera un prénom, Raphaël, et d'un écrivain que le pouvoir inspire, Machiavel.
Les Borgia 1492-1507 d'Alexandre Dumas

Encore et toujours, les Crimes célèbres (1839-1840) d'Alexandre Dumas continuent à exercer a leur pouvoir de fascination sur l'esprit du lecteur contemporain.
Etayés par un vaste travail de documentation, ils l'entraînent dans les coulisses de l'Histoire, sur les traces de figures aussi flamboyantes que la marquise de Brinvilliers, Marie Stuart ou l'Homme au masque de fer.
Envoûtants tout autant ces Borgia, virtuoses du pouvoir et des poisons.
Ressuscitant les fastes de la vie florentine en plein cœur de la Renaissance, Dumas s'attache plus particulièrement à César Borgia.
Homme d'Etat habile et sans scrupule - Machiavel le prit comme modèle pour Le Prince -, César traça impitoyablement son chemin, sans craindre d'assassiner ses ennemis ni même de trahir ses amis -ne le tient-on pas pour responsable du meurtre de son frère ?
Raymond Dumay, fin connaisseur de Dumas, exprime sans ambiguïté aucune son plaisir à la lecture de ces pages : " Un Dumas tel que nous ne l'avons jamais lu. Il laisse parler les faits. Il ne tire pas à la ligne, mais au but et fait mouche à tout coup. "


Lucrèce Borgia de Geneviève Chastenet

Fille du pape Alexandre VI, soeur de César Borgia, Lucrèce naquit à Rome en 1840, elle mourut à Ferrare en 1519.
Sa vie, on le voit, se situe en plein coeur de la Renaissance - explosion artistique, raffinement des lettres, splendeur des fêtes, mais aussi temps de violences, de trahisons, d'assassinats.
En somme somptuosité et barbarie.
Un halo sulfureux entoure Lucrèce.
Les calomnies répandues par les ennemis de son père - elle fut notamment accusée d'un double inceste - ont longtemps séduit les imaginations.
S'il est vrai qu'elle fut la fille chérie du pape, que pour des raisons politiques son frère poignarda le premier homme qu'elle ait aimé et étrangla son deuxième époux, elle ne doit sa légende qu'à sa beauté, à son intelligence, à son sens politique, à ses talents de mécène.
A Ferrare ses sujets l'appelaient "la mère du peuple", elle fut admirée par les plus grands esprits de son temps : Bembo, le Titien, Arioste ou le chevalier Bayard.
Bruits et fureurs, ombres et lumières, lui dessinent une destinée shakespearienne.
Lucrèce Borgia de Victor Hugo

Lucrèce Borgia est une pièce de théâtre en prose de Victor Hugo, représentée pour la première fois au Théâtre de la Porte Saint-Martin le 2 février 1833.
Elle raconte l'histoire de Lucrèce Borgia.
Plus encore que dans les autres pièces de Hugo, le « grotesque » est poussé à l’extrême.
Touché par l'échec du Roi s'amuse l'année précédente, Hugo écrivit cette nouvelle pièce en quatorze jours.
C'est lors d'une lecture privée à ses connaissances que Hugo rencontra pour la première fois Juliette Drouet.
La pièce, dans laquelle cette dernière joua un rôle secondaire, fut représentée le 2 février 1833, avec Frédérick Lemaître et Mademoiselle George dans les premiers rôles, et remporta cette fois-ci un grand succès, au point que Donizetti en tira un opéra cette même année, Lucrezia Borgia, Felice Romani s'inspirant de la pièce pour le livret.

dimanche 26 avril 2009

Daniel Defoe : Moll Flanders et Robinson Crusoë

souvenir de lecture... en suivant l'éphéméride...

Daniel Defoe, de son vrai nom Daniel Foe, était un aventurier, commerçant, agent politique et écrivain anglais, né le 10 octobre 1660 à Stoke Newington (près de Londres), mort le 26 avril 1731 à Ropemaker’s Alley, Moorfields (près de Londres).

Il est notamment connu pour être l’auteur de Robinson Crusoé et de Moll Flanders.

L’histoire d'une femme, Moll Flanders, « qui naquit à Newgate [une prison], et, durant une vie continuellement variée de trois fois vingt ans, outre son enfance, fut douze ans prostituée, cinq fois mariée (dont l’une à son propre frère), douze ans voleuse, huit ans félonne déportée en Virginie, finalement devint riche, vécut honnête, et mourut repentante ».
Ce roman a été publié en 1722 sous le titre The Fortunes and Misfortunes of the Famous Moll Flanders.


biographie (wikipédia) :
Sa famille était originaire des Flandres.
Son père, James, qui tenait une boutique de chandelles dans le quartier populaire de Cripplegate, était un protestant qui était à l’écart des puritains.
Il confia l’éducation de son fils au révérend Charles Morton, qui dirigeait une institution privée à Newington Green, près de Londres.

Entraîné par son goût pour la politique et la littérature, il ne s’occupa guère que d’écrire.
Appartenant au parti des Whigs et des Non-conformistes, il combattit dans plusieurs pamphlets virulents le gouvernement impopulaire de Jacques II d'Angleterre, et prépara de tout son pouvoir la glorieuse révolution de 1688.
Il jouit de quelque faveur auprès de Guillaume III d’Orange, et obtint alors des emplois lucratifs.
Il propose à Robert Harley, comte d’Oxford et speaker des Communes, un projet de services secrets, l’ébauche d’une police politique qui donnerait au gouvernement un état de l’opinion publique.

Mais sous le règne moins libéral de la reine
Anne, il fut condamné en 1704 au pilori et à la prison pour avoir écrit contre l’intolérance de l’Église anglicane.
Il publia de sa prison une Revue, ouvrage périodique qui eut un grand débit, entre 1704 et 1713.
Une fois que Defoe eut retrouvé sa liberté, Harley l'envoie dans tout le pays durant l’été 1704 sous le pseudonyme d’Alexander Goldsmith.
Deux ans plus tard, le même Harley lui confie la tâche capitale de travailler à l’union de l’Écosse et de l’Angleterre. Il s’agissait de se rendre à Édimbourg pour préparer les négociations pour l’union des parlementaires anglais et écossais. Defoe, presbytérien comme beaucoup d’Écossais, devient rapidement un « ami de l’Écosse » et réussit dans cette mission.
D’autres missions lui seront confiées par la suite en tant qu’agent secret. Il organisera l’infiltration réussie des jacobites, les partisans des Stuarts, qui conspirent pour la restauration de cette maison.
C’est lui également qui avertira en 1717 le ministre Charles Townshend de l’imminence d’une insurrection dans laquelle est impliquée la Suède.
Mais des pamphlets lui ayant attiré de nouveau la disgrâce, il fut alors dégoûté de la politique et ne s’occupa plus que de littérature.
Autre livre, lu : Robinson Crusoé
*
Le titre complet de l'ouvrage est, traduit en français, "a Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé de York, marin, qui vécut 28 ans sur une île déserte sur la côte de l'Amérique, près de l'embouchure du grand fleuve Orénoque, suite à un naufrage où tous périrent à l'exception de lui-même, et comment il fut délivré d'une manière tout aussi étrange par des pirates. Écrite par lui-même."


Après quelques premières expéditions, Robinson Crusoé, marin d'York, s'embarque pour la Guinée le 1er septembre 1659.
Mais le bateau essuie une si forte tempête qu'il dérive pendant plusieurs jours et finalement fait naufrage au nord du Brésil.
Seul survivant, Robinson parvient à gagner une île située au large de l'Orénoque où il va peu à peu s'assurer une subsistance convenable : il y restera près de vingt-huit ans, d'abord seul, puis accompagné d'un fidèle indigène qu'il baptise Vendredi.
Inspiré de l'aventure réelle d'un marin écossais, le roman que Defoe fait paraître en 1719 connaît un succès foudroyant qui ne s'est plus démenti.
Si James Joyce fera plus tard de Defoe le " père du roman anglais ", ce n'est pas seulement que l'auteur innove en prétendant offrir un authentique manuscrit retrouvé par l'éditeur.
C'est aussi qu'il crée un héros différent : homme ordinaire qui raconte son histoire extraordinaire simplement, comme il l'a vécue, Robinson touche tous les lecteurs. Et cette histoire devient un mythe que d'innombrables écrivains s'attacheront à récrire.


Robinson Crusoé aurait été inspiré par l'histoire du marin écossais Alexandre Selkirk qui survécu 4 ans 1/2 sur une île déserte.
Il existe d'autres récits ou légendes à propos de naufragés solitaires.
Réduits à des conditions de vie très primitives, ils perdent généralement l'usage de la parole au bout de quelques années.
Ainsi, un Français aurait déchiré tous ses vêtements, ayant perdu la raison après deux années passées sur l'île Maurice à manger des tortues crues.
De désespoir, un marin hollandais, banni et abandonné sur l'île Sainte-Hélène, déterra un de ses compagnons et se lança sur l'océan dans son cercueil.
Selon Laura Secord, un autre naufragé, Pedro Serrano, a été retrouvé après sept ans de solitude.

Robinson passe 28 ans seul sur son île.
illustration : Statue représentant Alexandre Selkirk.

biographie : Alexandre Selkirk

(ou Alexander Sel Craig) (1676 - 1721) est un marin écossais dont l'aventure inspira le célèbre roman Robinson Crusoé de Daniel Defoe (1719).

Selkirk débute sa carrière de marin en 1695. En 1703, il rejoint une expédition corsaire dans l'océan Pacifique sous le commandement du capitaine William Dampier. Le navire de Selkirk est dirigé par le capitaine Thomas Stradling.

Après une campagne décevante sur les bateaux et les villes des Espagnols, les marins se séparent en plusieurs groupes. Le capitaine Stradling fait escale aux îles Juan Fernandez, au large de Valparaiso, pour approvisionner le bateau en bois et en eau avant de repartir vers l'Angleterre.

Le bateau ayant subi des dommages dans les batailles et étant à moitié mangé par les vers, Selkirk veut le réparer avant de franchir le cap Horn.

Devant le refus obstiné du capitaine, Selkirk, sous le coup de la colère, refuse de poursuivre la route et exige qu'on le laisse sur l'île Mas-a-Tierra, dans l'archipel Juan Fernández, à quelque 400 milles des côtes chiliennes.

Le capitaine ne fut que trop heureux de cette occasion de se débarrasser d'un marin qui avait été au centre de toutes les tentatives de mutinerie dès le départ d'Angleterre.

Ce n'est que lorsqu'il se retrouve seul sur l'île que Selkirk réalise l'énormité de ce qu'il avait fait. Il tente sans succès de convaincre le capitaine de le rembarquer, et doit rester seul sur l'île. En réalité il avait eu raison d'exiger d'être débarqué, car le bateau coule par la suite, noyant la majorité de l'équipage, mais il ne le savait pas alors.

Après deux années de solitude, entouré seulement des chats et des chèvres qu'il apprivoise, il aperçoit un navire et l'« appelle ». Cependant, ce navire est espagnol et loin de le sauver, l'équipage l'aurait abattu s'il ne s'était enfui et caché à temps.

Il doit encore patienter près de deux années et demie supplémentaires avant que William Dampier ne le secoure, au cours d'une expédition menée par le capitaine Woodes Rogers. Celui-ci lui donne le commandement d'un navire capturé, et Selkirk reprend avec eux les raids sur les côtes chiliennes et péruviennes.

Lorsqu'il rentre enfin à Londres en 1711, il est riche. Il rencontre l'écrivain Richard Steele, qui écrit son histoire et la publie dans le journal The Englishman la même année. Par la suite, il rentre chez lui en Écosse, où il devient une célébrité locale. Cependant, il ne se remet jamais parfaitement de son séjour solitaire sur l'île : il passe beaucoup de temps seul et est mal à l'aise à l'intérieur. Il se construit une sorte de case sur la propriété de son père. Enfin, il reprend le large à bord d'un négrier et périt de la fièvre en 1721 au large des côtes d'Afrique.

En 1966, l'île chilienne Mas-a-Tierra, en hommage conjoint à Alexandre Selkirk et au roman Robinson Crusoé inspiré par son aventure, a été rebaptisée île Robinson-Crusoé.


Un cas de survie dans une ile déserte encore plus extraordinaire que celui de Selkirk fut celui de
Pedro Serrano.

source : wikipédia et autres...