vendredi 27 février 2009

curiosité de lecture : Mo Hayder - rituel

une ambiance des plus glauques
Un rite ou rituel est une séquence d'actions stéréotypées, chargées de signification (action « symbolique »), et organisées dans le temps.
Le rite n'est pas spontané: au contraire, il est réglé, fixé, codifié, et le respect de la règle garantit l'efficacité du rituel. Les deux mots rite et rituels sont issus du latin "ritus" pour le premier et de "rituales libri" (livre traitant des rites) pour le second. Le rite est un élément d'un rituel.

Les rituels peuvent intervenir dans la plupart des circonstances de la vie.
On distingue ainsi des rituels sacrés (messe, prière...) et des rituels profanes (voeux de Nouvel An, manifestations sportives...);
des rituels sociaux (rites de politesse, discours de promotion ou de fin d'année...) et des rituels privés (rites de la toilette, de la séduction...).
Cette situation explique que les sciences humaines dans leur ensemble s'intéressent à la question: sociologie, psychologie sociale, psychopathologie, anthropologie, histoire...

On pourrait dire que tout rite est "religieux" (donc sacré) si l'on se fie au double sens étymologique de "relier" et "se recueillir", s'unir volontairement à la tradition que le rite consacre.


L'iboga (Tabernanthe iboga) est un petit arbuste de la famille des apocynacées qui se rencontre en Afrique dans la forêt équatoriale. Il peut atteindre six mètres de hauteur.


L'utilisation de la racine d'iboga est connue des Pygmées depuis des temps immémoriaux.
L'archéologue Richard Oslisly a confirmé en avoir retrouvé la trace par anthracologie dans des charbons de bois de plus de deux mille ans.Pourtant les Pygmées semblent n'avoir ouvert leur connaissance du « Bois » aux groupes les plus proches qu'au milieu du XIXe siècle.

Dans les
années 1950, le laboratoire Houdé commercialise le Lambarène, un dérivé pharmaceutique de l'iboga exploitant son caractère stimulant. Il est vendu jusqu'en 1967 et finalement retiré du marché du fait de stimulations cardiaques excessives chez certains usagers.

Dans certains pays, comme la
France depuis mars 2007, les tabernanthes sont classés comme stupéfiants du fait de la présence d'ibogaïne. Leur détention, culture ou consommation y sont donc interdites.

les effets

L'ibogaïne a des effets psychostimulants et euphorisants à doses modérées (10 à 50 milligrammes), doses pour lesquelles elle est peu toxique surtout en administration orale.

À des doses plus élevées (de quelques centaines de milligrammes jusqu'à un gramme) elle provoque un délire hallucinatoire souvent accompagné d'
anxiété.
Les nausées et les vomissements ne sont pas rares et on observe parfois des manifestations de type épileptique.
La phase d'hallucination est souvent suivie d'une longue phase de sommeil lorsque les effets se sont dissipés.

À de très fortes doses elle peut déclencher des
convulsions, voire la paralysie, et peuvent même être létales (qui entraîne la mort).

utilisation traditionnelle

Son usage est traditionnel dans certaines tribus africaines, notamment dans le rituel Bwiti des Mitsogo du Gabon central et des Fang du Nord Gabon et du Cameroun où toute une mythologie de retour au pays des ancêtres s'est développée à partir de cette pratique.
Cet arbre est utilisé dans la religion Iboga boutiste , selon laquelle il est l'Arbre de la connaissance dont la Bible parle.


Cérémonie du Bwiti

« L'utilisation de la racine d'iboga est connue des Pygmées [...] mais ils semblent n'avoir ouvert leur connaissance du « Bois » aux groupes les plus proches qu'au milieu du XIXe siècle.
Les premiers auraient été les Apinji, littéralement la forêt, et plus précisément le clan des Apinji Mokodo.
Le mythe veut que les Apinji aient cherché à entrer en contact avec le royaume des morts.
Pour ce faire, ils auraient absorbé des quantités plus importantes de « Bois », et auraient conséquemment créé les premières formes rituelles du culte afin de se protéger des risques accrus »

Le Bwiti (ou Bwete) est un rite initiatique originaire des populations Mitsogo et Apinzi du Gabon central.
Sa date d'origine est indéterminée, mais remonte au-delà du XIXe siècle, puisque Paul Belloni Du Chaillu, premier explorateurs européen de l'intérieur du Gabon, a déjà pu observer sa présence dans le centre du pays.

Le Bwiti est aujourd'hui largement répandu au Gabon, aussi bien parmi les populations du sud du pays que chez les
fang du Nord (diffusion autour de 1910 chez les fang), aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain. A travers les Fang, le Bwiti s'est également diffusé en Guinée équatoriale et au sud Cameroun.

Le
rite de passage du Bwiti est centré sur la manducation par le néophyte d' écorces de racines de l'arbuste appelé iboga ou eboga (Tabernanthe iboga). Divers alcaloïdes présents dans cette plante (notamment l'ibogaïne) possèdent des propriétés psychodysleptiques de type hallucinogène.
Pendant le rite de passage, l'absorption d'une dose massive d'iboga permet ainsi au néophyte d'obtenir des visions spectaculaires dont le récit aux initiateurs serviront à valider son initiation.

La branche originelle du rite initiatique parmi les Mitsogo est appelée Bwiti Dissumba. Il s'agit d'un rite de passage pubertaire, strictement masculin. Le Bwiti Dissumba s'appuie sur le culte des ancêtres, notamment à travers des reliquaires contenant les ossements des ascendants défunts.

Le Bwiti Misoko constitue une branche initiatique dérivée et postérieure au Dissumba.
Le Bwiti Misoko possède une fonction avant tout thérapeutique (rite d'affliction): le néophyte choisit de se faire initier en cas d'infortune inexpliquée, dont on suspecte la plupart du temps qu'elle a été causée par un sorcier malveillant.
Les initiés du Bwiti Misoko sont appelés les nganga-a-Misoko, ou plus simplement nganga. Ils ont une fonction de devins-guérisseurs. Contrairement au Bwiti Dissumba des Mitsogo et des Apinzi, le Bwiti Misoko accepte souvent (et de plus en plus) les femmes en son sein.
source : wikipédia et divers

Mo Hayder - rituel

Troisième livre de Mo Hayder que je lis... assez "gore"... préféré "Tokyo" pour le côté "historique".
difficile de dire si j'aime ou non, me mets juste mal à l'aise.



Dans le port de Bristol, le sergent " Flea " Marley, plongeuse de la police, récupère une main humaine, tranchée net. L'autopsie de cette découverte macabre entraîne un constat terrifiant : l'amputation a eu lieu alors que la victime était encore en vie. Flea en fait part à Jack Caffery, commissaire de la brigade criminelle récemment muté de Londres. Tous deux se lancent à corps perdu dans l'enquête, au risque de réveiller leurs propres démons. Le retour du héros de Birdman dans une hallucinante plongée en eaux troubles. Dévastateur et éblouissant.

Les Muti : sorciers et sacrifices rituels

En Afrique du Sud, les remèdes traditionnels sont légion et les Sangoma (sorciers et guérisseurs) sont rois.
Des pratiques qui seraient de l'ordre du folklore s'il n'était aussi question de sacrifices rituels humains...»
Dates : XXe siècle»
But : guérison de maladies diverses»
Moyen : plantes, chair animale... et humaine

En Afrique du Sud,
on a volontiers affaire aux Sangomas pour se guérir de ses maux : si de nombreux sorciers se contentent de prescrire des remèdes à partir de plantes et parfois de chair animale, certains pensent que la chair humaine a aussi ses vertues.
Muti, qui signifie en langue zoulou "médecine", désigne cette forme de sorcellerie.
Certains Sangomas n'hésitent pas à fabriquer des médicaments à base de cadavres et réclament pour cela le sacrifice d'enfants, réputés plus purs que les adultes.
C'est qu'en effet les parties de corps humains sont douées de bien des bienfaits :
les parties génitales auraient le pouvoir d'accroître la virilité ou la fertilité ;
les yeux d'un enfant donneraient une vue perçante ;
la graisse de l'estomac garantirait de bonnes récoltes.
Par ailleurs, le traitement aurait davantage d'effet lorsque les prélèvements sont effectués sur des victimes vivantes, leurs cris éveillant les puissances surnaturelles.
En Afrique du Sud, les disparitions étranges se sont pour cette raison multipliées ces dernières années.

Les Muti : de l'Afrique du Sud à la Grande-Bretagne

En Afrique du Sud, le sacrifice rituel est longtemps resté un sujet tabou, dont personne ne voulait s'occuper.
Peur des représailles des sorciers, perçus comme très puissants par la majorité de la population ?
Manque d'intérêt pour des disparitions qui peuvent passer inaperçues dans un pays où l'on enregistre 22 000 homicides par an ?
Volonté de laisser dans l'ombre un aspect de la culture sud-africaine, traditionnel et barbare ?
En 1995, le gouvernement sud-africain a entrepris de lutter contre ces meurtres rituels en lançant des enquêtes sur la violence des pratiques de certains sorciers. Mais ces enquêtes sont restées dans l'ombre tandis que la vaste campagne d'information qui devait prendre leur suite n'a jamais eu lieu.
Dans les zones rurales, les coutumes tribales et les superstitions restent très fortes : on a encore inculpé récemment des personnes mangeant des organes humains, tandis que de nombreux enfants ont été agressés.
Des pratiques qui ne se cantonnent pas à l'Afrique du Sud : dans le reste du continent et même en Angleterre ont été découverts des sacrifices mutis. Jusqu'à Londres, où, en septembre 2001, le corps atrocement mutilé d'un enfant a été retrouvé, flottant dans la Tamise.

mardi 24 février 2009

curiosité de lecture : Salim Bachi - le silence de Mahomet


Juste quelques points que je désirai voir après la lecture du livre de Salim Bachi... pas que je doute de ses sources, seulement pour l'ordre chronologique.
(sur wikipédia)



Mahomet (La Mecque 570, Médine 632), fondateur de l'islam, est un chef religieux puis politique et militaire arabe. Il est considéré par les musulmans comme le sceau des prophètes.
Il dicte les versets, ou âyats du Coran, qu'il présente comme la parole de Dieu (Allah en arabe) transmise via l'archange Gabriel, à ses premiers compagnons (sahaba) qui les apprennent et les retranscrivent sur des supports divers. Il est par ailleurs l'initiateur de la chaîne de tradition (« silsilah »), à la base de la sunna.
Le nom complet de Mahomet est Abu-l-Qâsim Mouhammed ibn `Abd Allâh ibn `Abd Al-Mouttalib ibn Hâchim (أبو القاسم محمّد بن عبد الله بن عبد المطلب بن هاشم).
Le nom proprement dit y est précédé par la kunyah marquant la paternité (père de Al-Qâsim) et suivi par le nasab, c'est-à-dire la généalogie (fils de `Abd Allâh, le fils de `Abd Al-Muttalib, le fils de Hâchim).
De nombreux autres noms lui ont été attribués, soit de son vivant, soit par la tradition islamique.
On en compte 201, dont Al-Mustafâ et Al-Mukhtâr qui signifient « l'élu », Al-Amine qui signifie « le loyal », Ahmad et Mahmoud qui sont dérivés de la même racine que Mohammed.

Dans le
Coran et les hadiths, Mahomet est habituellement appelé le messager de Dieu (rasoul) (الرَّسول, ar-rasūl, « le messager », « l'envoyé »), plus de 200 fois dans le Coran. Il est également désigné par l'expression (Nabi) (النَّبيّ, an-nabīy, traduit « le Prophète »).
Ces deux appellations renvoient à une distinction faite en islam entre deux catégories de personnes investies d'une mission apostolique ; les messagers de Dieu, appelés aussi envoyés de Dieu, sont d’après la terminologie islamique les personnages ayant reçu la révélation de lois abrogeant les lois des messagers qui les auront précédés, avec l'ordre de le transmettre aux hommes, tandis que les prophètes reçoivent une révélation par les mêmes voies ainsi que l'ordre de transmettre un message aux hommes, mais ce message ne leur est pas propre, il est celui du messager qui les aura précédés.
Selon cette classification, tout messager est un prophète, mais ce n'est pas tout prophète qui est messager. Les uns comme les autres reçoivent la révélation, mais seuls les messagers reçoivent un livre ou une loi nouvelle.
Selon la tradition musulmane il y aurait 124 000 prophètes et 313 messagers, le premier d'entre eux étant Adam, le premier des humains, et le dernier, Mahomet, l'un comme l'autre étant des prophètes messagers.

Lorsque les musulmans prononcent ou écrivent le nom de Mahomet, ils ajoutent généralement une bénédiction, « le salut soit sur lui.
Mahomet naît à la fin du VIe siècle, vers 570, à La Mecque, cité caravanière vivant du commerce de marchandises transitant de l'Inde vers l'Occident via Aden puis la Syrie, en traversant le désert de la péninsule arabique. Il est né précisément un lundi soir, le douzième jour du rabî`a premier, troisième mois lunaire du calendrier arabe .

L'année de naissance de Mahomet est appelée traditionnellement « Année de l’éléphant » en référence aux évènements qui s'y seraient déroulés. Le général chrétien éthiopien et vice-roi du
Yémen, Abraha, aurait attaqué en vain La Mecque avec une troupe d’éléphants pour démolir le sanctuaire vénéré par les Arabes (la Ka`ba).
Le Coran rapporte ce récit (Le Coran, L’Éléphant, CV (ar)‎الفيل‏), et il est dit que l'attaque fut repoussée par la riposte miraculeuse d'oiseaux jetant des pierres brûlantes. La tradition musulmane dit que des témoins oculaires de cette attaque étaient encore en vie lors de la révélation de cette sourate.

Mahomet appartient à la tribu de
Quraych (ou Koreish), une très ancienne tribu arabe. Il descend de Ghâlib, fils de Fihr, surnommé Quraych, guerrier puissant et redouté. Son père `Abd Allâh ibn `Abd Al-Muttalib est fils de `Abd Al-Muttalib, fils de Hâchim, prince des Quraychites, gouverneur de La Mecque et intendant de la Ka`ba.

La famille de Mahomet est
hachémite par référence à son arrière-grand-père Hâchim ibn `Abd Manaf. Les Quraychites se réclament de descendances de Ismaël, fils d'Abraham et ont la garde de la Ka'ba, sanctuaire reconstruit par Abraham et son fils Ismaël, selon la tradition musulmane, et désigné par le père des trois monothéismes comme un lieu de pèlerinage.

Mahomet est issu du mariage de `Abd Allâh ibn `Abd Al-Muttalib et Amina (Amina ou Aamina bint Wahb) fille de Wahb, chef du clan médinois des Banû Zahrah. Elle accouche de Mahomet à La Mecque dans la maison de son oncle paternel Abû Tâlib du clan des Banû Hâchim, le lundi 12 rabî`al-awwal. Son accoucheuse est Ash-Shifâ', la mère de `Abd Ar-Rahmân ibn `Awf .

La mort de son père `Abd Allâh survient avant la naissance de Mahomet à Yathrib, qui depuis a pris le nom de Médine. Le septième jour après sa naissance, son grand-père `Abd Al-Muttalib donne un nom à son petit-fils : Mahomet, ce qui signifie « Le Loué ».

D'après Tabari, le lendemain de la naissance du prophète, Abdou'l-Mottalib donna le nom de Mohammed, car son père était mort depuis quatre mois. Le prophète a été gardé par Halîma, fille d'Abou Dsouwaib appelé Abdellah ben al Harith et son mari était Harith fils d'abdou l Ozza fls e Rifa. Les deux personnes faisaient partie de la famille des Beni Sa`d . C'était une famille pauvre qui devait élever le prophète . La coutume arabe préconisait que les enfants soient élevés à la campagne .

Conformément à la coutume des familles nobles de Quraych, sa mère Amina le confie à une nourrice, d'abord à Thuwaybah, la servante de son oncle Abû Lahab, puis à Halîma bint Al-Hârith As-Sa`diyyah (de la tribu des Saadites, Banû Sa`d), qui emporte le nourrisson dans le désert où son mari vit avec la tribu des Saadites à l'écart du reste de la population.

La vie dans le désert, au milieu des Bédouins réputés pour la pureté de leur langue, était censée prodiguer aux enfants santé et force d'expression.

Selon la légende, alors que Mahomet et l'un de ses frères de lait avaient la garde de quelques bêtes à proximité des habitations, Halîma et son mari Abû Kabshah sont alertés par leur fils de lait que Mahomet a été pris à parti par deux hommes de blanc vêtus, qu'ils l'ont couché sur le sol et lui ont ouvert le torse. Accourant sur les lieux, Halîma et son mari trouvent leur enfant debout tout pâle.

Le jeune Mahomet leur explique que deux hommes vêtus de blanc étaient venus et l'avaient couché par terre, et qu'ils lui avaient ouvert le torse et en avaient extrait quelque chose.

Selon la tradition musulmane, les deux hommes vêtus de blanc seraient deux anges, envoyés pour purifier le cœur de l'enfant, destiné à être prophète, et pour apposer le sceau de la prophétie entre ses épaules.

Craignant pour la santé de l'enfant, Halîma s'empresse de rendre l'enfant à sa mère Amina qui meurt trois ans plus tard. Mahomet n'a alors que six ans. Son grand-père paternel `Abd Al-Muttalib le prend alors dans sa maison. Deux ans après, sur son lit de mort, `Abd Al-Muttalib charge Abû Tâlib, l'aîné de ses enfants, frère utérin de `Abd Allâh, de prendre soin de Mahomet. Son oncle Abû Tâlib — le père d'Ali — l'élève comme ses propres enfants .

Jusqu'à l'âge de 40 ans, il y a peu de détails écrits sur sa vie, elle est reconstituée d'après la tradition orale, mise par écrit 140 ans après sa mort, grâce aux témoignages de ceux qui avaient connu ses premiers compagnons.

Il aurait été berger puis caravanier avant d'entrer au service de Khadija, une riche veuve qui organisait des caravanes marchandes. Malgré leur différence d'âge (Khadija avait 40 ans et Mahomet environ 25), ils se marient et auront deux (ou trois, selon les sources) fils qui moururent en bas âge, Al-Qâsim et Tayeb, et quatre filles, Zaynab, Ruqayyah, Umm Kulthûm et Fâtima la future épouse d'Ali.

la mission


Mahomet effectue de nombreuses retraites spirituelles.
C'est en 610 que, pour la première fois, l'ange Gabriel (Jibril) lui serait apparu dans la grotte de Hira où il avait coutume de se recueillir et lui aurait transmis la révélation, la parole de Dieu.
Mahomet, qui a alors 40 ans, commence à transmettre des versets qu'il déclare être révélé par Allah et dicté en arabe par l'ange Gabriel, cette dictée durera vingt-trois ans.
Les révélations se sont accomplies ponctuellement ou régulièrement selon les péripéties de la vie du prophète et de la communauté des croyants. Ils formeront le Coran, que Mahomet prend soin d'enseigner oralement dès le début.

La tradition rapporte que, effrayé par la première visite de l'ange Gabriel, Mahomet se réfugie auprès de son épouse et lui raconte ce qui vient de lui arriver.
Khadija couvre Mahomet, à sa demande, (d'où l'intitulé de la sourate : Al-Muzzammil, « l'Enveloppé ») et s'enquiert de son état auprès de son cousin, Waraqah ibn Nawfal, qui lui annonce que son époux est le prophète attendu.
Plus tard, Khadija retournera voir son cousin, en compagnie de Mahomet. Waraqah lui confirme qu'il est un prophète de Dieu et que l'apparition de la grotte de Hira n'est autre que l'ange Gabriel. Il annonce à Mahomet des difficultés, qu'il va endurer dans l'accomplissement de sa mission, notamment un bannissement de sa tribu.
D'emblée Khadija croit en son époux et lui apporte un soutien inconditionnel, elle est, de ce fait, considérée comme la première croyante.
Mahomet aurait fait part secrètement de son message à ses proches, et avec eux il fonde un groupe de croyants qui s'appelleront les musulmans : nommés ainsi en référence au prophète Abraham (muslim, celui qui se donne, qui se soumet volontairement à Allah « Dieu »). Puis, la prédication devient publique et s'étend à l'ensemble des Quraych

Selon Tabari, Khadija, la femme de Mohamed, était la première à se convertir à l'Islam. Le deuxième homme qui a connu l'histoire de Mohamed, était un savant chrétien du nom de Waraqua, il sera le premier homme à suivre Mohamed parce qu'il savait qu'un prophète allait apparaître d'après l'Évangile.
Après sa femme Khadija et Waraqua, les premiers convertis à l'Islam sont par ordre chronologique : Abou-Bekr; puis Zaid, fils de Harith (qui était un esclave de Mahomet) ; Bilal (esclave d'Abou-Bekr). Par la suite, plusieurs se convertiront de l'idolâtrie à l'Islam. Au départ, les compagnons de Mohamed étaient au nombre de trente-sept qui tenaient au secret leur confession.

Bien que ses contemporains acceptent difficilement d'abandonner leurs croyances et leurs pratiques ancestrales , en trois ans, il réussit à s'entourer d'une petite cinquantaine de disciples. Ils sont une centaine au bout de cinq ans.
La croissance du groupe inquiète les Mecquois et les persécutions contre Mahomet et les siens se font de plus en plus vives après la mort de Khadija et d'Abû Tâlib.
Une première vague d'immigration emmène une partie des musulmans en Éthiopie où ils vivent quelque temps sous la protection du Négus, le roi chrétien d'Éthiopie. Mahomet profite de la saison du pèlerinage qui voyait affluer vers La Mecque les Arabes de toutes les régions de la péninsule arabique pour prêcher le message de l'islam.
Il conclut un pacte avec un groupe de médinois qui acceptent son message. L'année suivante, la communauté musulmane médinoise est plus nombreuse. Soixante-dix hommes se rendent en pèlerinage à La Mecque pour prêter allégeance au prophète et lui proposer leur protection s'il s'installait à Médine .
L'ordre est donné aux musulmans mecquois d'émigrer (hégire) à Yathrib (future Médine) en 622, année de l'hégire, à l'origine du calendrier musulman.

Selon la tradition, Mahomet aurait été le dernier à partir, en compagnie de son fidèle ami et futur calife
Abou Bakr. Ali, quant à lui, reste sur place avec pour mission de restituer les dépôts, dont Mahomet avait la garde, à leurs propriétaires.

Mahomet et les femmes
Selon ses biographes, Mahomet aurait eu en tout quinze épouses tout au long de sa vie.
Tabari dans son livre La Chronique signale qu'il aurait convoité cinq femmes et qu'il avait deux esclaves dont l'une « Maria fille de Siméon le Copte », lui donna un fils, Ibrahîm, qui mourut à l'âge de deux ans.
« Il avait parfois en même temps onze femmes, parfois neuf et parfois dix.
Quand il mourut, il laissa neuf veuves. » .
Un peu plus loin, Tabari signale que selon d'autres traditions, le prophète aurait épousé vingt femmes et qu'« il y a en outre cinq femmes que le prophète a convoitées, mais qu'il n'a pas épousées ».


Après le décès de Khadija, sa première épouse, il épouse la veuve Saouda, puis, pratique conforme aux normes et aux valeurs de l'Arabie de l'époque, épouse Aïcha fille d'Abu Bakr âgée de 6 ans (trois ans plus tard il consomme le mariage ; elle n'a alors que 9 ans seulement).
En 627, il se marie avec Rayhana une juive, puis Myriam en 629 une chrétienne ;
la même année, il se marie avec Safiyya une juive, en accord avec les règles de mariage de l'islam.

À la fin de sa vie, Mahomet aurait eu douze femmes et deux concubines , dont une esclave chrétienne copte qui lui avait été donnée par le roi d’Égypte.
Selon le Coran, ce statut spécial de Mahomet lui fut révélé par l'ange Gabriel :
« Ô prophète! il t'est permis d'épouser les femmes que tu auras dotées, les captives que Dieu a fait tomber entre tes mains, les filles de tes oncles et de tes tantes maternels et paternels qui ont pris la fuite avec toi, et toute femme fidèle qui aura donné son âme au prophète, si le prophète veut l'épouser. C'est une prérogative que nous t'accordons sur les autres croyants ».
« Nous connaissons les lois du mariage que nous avons établies pour les croyants. Ne crains point de te rendre coupable en usant de tes droits. Dieu est indulgent et miséricordieux. » ( Sourate al Ahzab, versets 49-51)

Les détracteurs de Mahomet pointent souvent du doigt l'âge d'Aïcha lorsque Mahomet eut une relation charnelle avec celle-ci (neuf ans), le nombre de ses femmes (il avait neuf femmes à sa mort), alors que l'islam limite le nombre d'épouses qu'un homme peut avoir simultanément à quatre (ainsi que d'autres conditions restrictives) ainsi que l'âge très jeune Aïcha (les autres étaient toutes veuves lorsque Mahomet les épousa.
L' accusation que Mahomet se maria avant que cette règle fût instaurée par le Coran et même si les hommes de l'époque durent se séparer de certaines de leurs femmes pour respecter la règle, le Coran a instauré une exception pour le prophète -lire supra.

Même si les nombreux mariage de Mahomet sont étonnantes à notre époque et sont une source de virulentes critiques, une étude plus approfondie des mariages de celui-ci fait surgir très vite plusieurs choses non négligeables. Pour ne pas faire d'anachronisme il est nécessaire de souligner que Mahomet a vécu en plein Moyen-âge en Arabie et n'a pas inventé la polygamie, il l'a limitée en fait à quatre épouses.

Ensuite, l'illustre prophète ne s'est marié qu'avec Aïcha en tant que fille vierge, étonnant étant donné que le Coran lui autorisait de se marier avec un nombre de filles non limité -qui dura plusieurs mois- et que ses fidèles compagnons auraient été honorés de donner leurs filles à leur prophète.

Toutes les autres épouses de Mahomet étaient veuves, pour certaines plusieurs fois... L'une de ses épouses perdait même continuellement du sang. Les mariages sont tous liés à un intérêt diplomatique comme le veut la tradition arabe de l'époque. Chaque mariage établissait un lien de sympathie avec la tribu de la mariée...

L'esprit chrétien de la monogamie en Occident fait forcément que la personne de Mahomet qualifiée de prophète et étant polygame provoque de vifs débats dans cette partie du monde.
La polygamie continue d'être pratiquée dans d'autres régions du monde, pas forcément islamisée... Selon les démographes et les ethnologues, 80% des sociétés connues et étudiées sont polygames de droit et, parmi elles, seulement 1% polyandriques. Néanmoins, au sein des sociétés majoritairement polygyniques on constate que 60 à 80% des foyers sont monogames de fait (et non de droit).




illustrations :


1-Mahomet recevant le Coran de Gabriel. Tiré du Jami' al-Tawarikh (Histoire du Monde) de Rashid al-Din,, Tabriz, Perse, 1307.


2-calligraphie du nom de Mahomet sur une assiette


4-Mort de Mahomet Istanbul, 1595


voir autres illustrations : http://www.zombietime.com/mohammed_image_archive/


voir également : "la légende mahométane" de Jacqueline Chabbi (Sciences & Avenir/janvier 2003 ) http://www.charlatans.info/mahomet.shtml

Salim Bachi - le silence de Mahomet


terminé hier soir...
J'attendais beaucoup de ce livre, mais il me semble qu'il ne m'ai pas accepté comme lectrice...
L'impression d'avoir rencontré un petit homme opportuniste, plein de contradictions, pas vraiment ce que l'on attend d'un "prophète"... vraiment peu sympathique.
Sûrement pas vraiment ce que l'auteur avait en tête, mais c'est l'impression que j'ai eu.
Sans compter que le glossaire est vraiment pauvre... et très incomplet pour qui ne connait pas ou mal le monde musulman. Il aurait été tellement plus facile d'avoir des notes de bas de page.
Côté style, pas désagréable, il faudra que je lise autre chose de cet auteur, qui me semble intéressant.
Reste juste, que je suis restée sur ma faim et que j'envisage de lire autre chose sur Mahomet... afin de ne pas rester sur une impression aussi négative.
Mahomet fut un homme passionné avant d'être le prophète de l'islam.
C'est à présent un personnage de roman. Un roman qui se déploie aux alentours de l'an 600 après J.-C., entre La Mecque et Médine, des sables du désert d'Arabie aux abords de Jérusalem.
Nous voyons Mahomet naître, vivre et mourir à travers les confessions de sa première femme, Khadija, de son meilleur ami, le calife Abou Bakr, du fougueux Khalid, le général qui conquit l'Iraq au cours de batailles épiques, et enfin de la jeune Aicha, devenue son épouse à l'âge de neuf ans.
Homme singulier, contesté par les siens au début de sa prédication, Mahomet est un orphelin enrichi par son mariage avec Khadija, bien plus âgée que lui.
Marchand et caravanier prospère visité par Dieu à quarante ans, prophète et homme d'État visionnaire à cinquante, amant et conquérant impitoyable, Mahomet ne cesse de fasciner et d'embraser les âmes plus de quatorze siècles après sa mort à Médine sur les genoux d'Aïcha, son dernier amour.
biographie (wikipédia) :
Voir le blog de l'auteur : http://cyrtha.canalblog.com/
Salim Bachi est né en 1971 à Alger. Il vit et travaille à Paris.
Il a publié trois romans aux éditions Gallimard dans la collection blanche, Le Chien d’Ulysse, La Kahéna et Tuez-les tous qui ont été salués par la critique et ont obtenu plusieurs prix litttéraires.
Il a également publié un recueil de nouvelles intitulé Les douze contes de minuit chez le même éditeur et un récit de voyage, Autoportrait avec Grenade, aux éditions du Rocher.
Ses livres ont obtenu le prix Tropiques, le prix de la Vocation, la bourse Goncourt du premier roman et la bourse prince Pierre de Monaco de la découverte.

Bibliographie :
2008
Le silence de Mahomet, Roman, éditions Gallimard
2007 Les douze contes de minuit, nouvelles, éditions Gallimard, février 2006.
2006 Tuez-les tous, roman, éditions Gallimard, janvier 2006.
2005 Autoportrait avec Grenade, récit, éditions du Rocher, janvier 2005.
2003 La Kahéna, roman, éditions Gallimard, septembre 2003. Prix Tropiques 2004.
2001 Le Chien d’Ulysse, roman, éditions Gallimard. Prix de la Vocation / Goncourt du Premier roman / Bourse de la découverte Prince Pierre de Monaco.
Avis d'autres LCA :
kouskoul - Lu, apprécié le coté littéraire mais détesté le contenu et l’histoire, qui met plus l’accent sur des rivalités, des haines et la discorde supposé entre les Kalifs plus qu’elle ne raconte l’histoire du Prophète des musulmans.
GANGOUEUS - Salim Bachi est un auteur audacieux, courageux qui a parfaitement réussi son projet de réaliser une fiction sur Mahomet, le prophète de l’Islam. Il utilise magnifiquement son talent pour construire ce texte.
Rencontre avec Salim Bachi
Mahomet à quatre voix - Par Bernard Loupias

Retrouvant la grâce des contes, «le Silence de Mahomet» brosse un portrait subtil du prophète de l'islam, vu par ses proches. Splendide

Le 18 août dernier à New York, «sur le conseil d'experts de l'islam pour qui cette publication pourrait offenser certains membres de la communauté musulmane et inciter à des actes de violence de la part de certaines minorités radicales», l'éditeur Random House annonçait qu'il renonçait à publier «le Joyau de Médine», de Sherry Jones (1).
Une vie romancée d'Aïcha, la troisième épouse de Mahomet, tout juste retirée de la vente en Serbie en raison des menaces à peine voilées (sans jeu de mots...) d'un mufti local. «Nous espérons que cette affaire servira de leçon pour que ce genre de choses ne se produise plus jamais», avait commenté le saint homme, grand ami de la liberté d'expression.
Quand on évoque ces faits, Salim Bachi ne cache pas son malaise: «Je trouve triste pour un éditeur de renoncer à sa vocation. Ce qui me fait le plus peur, c'est ce type d'autocensure.»

L'intolérance, la violence, Salim Bachi les connaît bien, lui qui a dû fuir l'Algérie en 1995. Entre terrorisme et contre-terrorisme impitoyables, ce n'était plus supportable. «La vie et l'Algérie sont incompatibles», confiait-il alors à Didier Jacob [voir «l'Obs» du 25 janvier 2001: «Je ne crois plus en l'Algérie»].
Des mots derrière lesquels on entendait résonner ceux de Kundera: «Le roman est incompatible avec l'univers totalitaire.» Depuis ses brillants débuts («le Chien d'Ulysse», paru justement en 2001), Salim Bachi n'a donc fait que ça: écrire des romans. Rien de mieux pour tenter de démêler les fils du chaos général, ou se glisser dans les cerveaux les plus malades.
Comme celui du «héros» de «Tuez-les tous», son précédent roman. Difficile d'oublier Pilote - c'est un nom de code -, un des kamikazes du 11-Septembre dont Bachi décrit les dernières heures avant l'attaque. Terré dans un hôtel de Portland, bourré d'alcool et de pilules pour oublier ses doutes, avec à ses côtés une femme ramassée dans la rue qu'il n'arrive même pas à toucher...

«Après avoir montré le pire, il fallait que je mette en lumière ce qu'il y avait de mieux dans l'islam à travers la figure du Prophète. Maintenant, l'interprétation qu'on fera de mon travail ne m'appartient pas...»
Un travail splendide. Fluide et précise, la langue de Salim Bachi retrouve les tonalités du conte, les parfums de la grande poésie arabe comme des chroniques classiques (Al-Sîra, Tabari...), longuement relues pour rendre les plus subtiles nuances de l'univers d'où a surgi le prophète de l'islam et fondateur de la nation arabe (les sources judéo-chrétiennes de l'islam sont notamment finement suggérées).

«Raconter l'histoire de cet homme exceptionnel me tenait à coeur, poursuit l'auteur, mais il me semblait nécessaire que les musulmans - et les non-musulmans -, qui entendent toujours parler de lui par des spécialistes ou des agitateurs, puissent se faire leur propre idée de ce personnage.
Je n'ai rien inventé, j'ai cherché à le cerner à travers les textes, mais j'ai pensé qu'un roman apporterait nécessairement un éclairage plus apaisé sur la figure de Mahomet. Mais je rêve peut-être...»
On voit mal en tout cas ce que le plus sourcilleux des croyants trouverait à redire à ce récit lumineux, à cette polyphonie qui rend à celui qui rêva d'être pour les Arabes à la fois Moïse et Alexandre le Grand tout son poids de chair et de passions bien humaines par le biais de quatre voix. Celles de deux de ses épouses, sans doute les plus aimées, Khadija et Aïcha, d'Abou Bakr, son ami depuis l'enfance et futur premier calife, et de Khalid Ibn al-Walid, ancien ennemi de la nouvelle foi qui après sa conversion devint «le glaive de l'islam».

«Le Coran est un livre très paradoxal, qui apporte à la foi une Révélation et une Loi pour les musulmans. Et c'est peut-être ça qui pose problème actuellement», glisse Salim Bachi. D'ailleurs, les dernières lignes du roman montrent le Prophète sur son lit de mort, entrevoyant ce que certains feront un jour de son message: «Ils prétendront des choses fausses sur ma vie. Ils dresseront le portrait d'un autre homme qu'ils nommeront Mohammad et qu'ils agiteront selon les circonstances. Ils justifieront ainsi leurs turpitudes et dissimuleront leurs faiblesses. Ils seront hors de la sphère de Dieu.»

illustration : la liseuse de Nancy Arbolito