mercredi 15 avril 2009

Jean Paul Sartre - Huis clos

souvenir de lecture en suivant l'éphéméride...

15 avril 1980 décès de Jean-Paul Sartre, écrivain et philosophe, prix Nobel de litterature en 1964.


Garcin, révolutionnaire lâche et mari cruel : douze balles dans la peau ;
Inès, femme démoniaque qui rendra folle de douleur sa jeune amante : asphyxie par le gaz ;
Estelle, coquette sans coeur qui noie son enfant adultérin : pneumonie fulgurante.
Morts, tous les trois.
Mais le plus dur reste à faire. Ils ne se connaissent pas, et pourtant, ils se retrouvent dans un hideux salon dont on ne part jamais.
Ils ont l'éternité pour faire connaissance : quelques heures leur suffiront pour comprendre qu'ils sont leurs bourreaux respectifs. "L'enfer, c'est les autres".

Tous les thèmes sartriens sont là, orchestrés avec brio : la valeur de l'engagement, le poids des actes, les limites de la responsabilité.
Avec Huis clos, le grand prêtre de l'existentialisme signait l'une des ses pièces les plus fortes : la scène se prêtait bien à ces réquisitoires concis et percutants, que l'on retrouvera dans Les Mouches et surtout Les Mains sales.

Une oeuvre phare du répertoire français.
Jean-Paul Sartre (1905 - 1980)
Un philosophe «engagé»

Jean-Paul Sartre a régné sur la pensée française après la Seconde Guerre mondiale et jusqu'aux premières atteintes de la vieillesse. Sa personnalité à multiples facettes a suscité, en France mais aussi à l'étranger, de nombreuses cabales d'une violence dont on a peu idée aujourd'hui.-Camille Vignolle.
Un parcours chaotique
Le philosophe est né à Paris le 21 juin 1905 dans une famille bourgeoise. Après des études brillantes à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm (Paris), il devient professeur de lycée.
Il poursuit ses travaux d'écriture et ses réflexions philosophiques pendant l'occupation de la France par les nazis.
Indifférent à la situation du pays pendant cette période, il obtient des autorités d'occupation le droit de faire jouer sa pièce Les Mouches.
Jean-Paul Sartre change d'attitude après la Libération du pays par les Alliés. Il se révèle un militant acharné de la future révolution socialiste et se range parmi les «compagnons de route» du communisme soviétique. Il fonde en 1945 la revue philosophique Les Temps modernes.
Fidèle du café de Flore, un établissement à la mode du quartier de Saint-Germain-des-Prés où il avait coutume d'écrire pendant l'Occupation, Jean-Paul Sartre devient, aux côtés de sa compagne, Simone de Beauvoir, l'idole de la jeunesse bourgeoise d'après-guerre.
Jean-Paul Sartre milite activement contre l'intervention militaire en
Indochine. Il devient une figure emblématique de la gauche mais n'échappe pas à de troubles contradictions. En 1946, il publie entre autres ouvrages un petit essai à succès : Réflexions sur la question juive.
On peut y lire : «Formé par son action quotidienne sur la matière, l'ouvrier voit dans la société le produit de forces réelles agissant selon des lois rigoureuses... Les bourgeois, au contraire, et l'antisémite en particulier ont choisi d'expliquer l'histoire par l'action des volontés individuelles... L'antisémitisme, phénomène bourgeois, apparaît donc comme le choix d'expliquer les événements collectifs par l'initiative des particuliers...» (
*) L'antisémitisme se confond peu ou prou avec la pensée libérale et un travailleur manuel ne saurait être antisémite !
En 1952, dans un essai intitulé Saint-Genet, comédien et martyr, le philosophe célèbre Jean Genet, truand et poète à ses heures, homosexuel en révolte contre la société. Il occulte soigneusement ses sympathies pro-nazies dans les années trente.
Jean-Paul Sartre s'oppose avec fracas à Albert Camus, en philosophie comme en politique. La guerre d'Algérie met à jour la différence entre le dogmatisme du premier et l'approche compassionnelle du second.
Tandis que Camus accueille avec reconnaissance le prix Nobel de littérature (avant de mourir prématurément en 1961 dans un accident de voiture), Sartre, conséquent avec lui-même, refuse avec hauteur le même prix.
Prématurément usé par ses nuits de veille et l'usage d'amphétamines, Jean-Paul Sartre s'engage avec quelque maladresse aux côtés des révolutionnaires de
Mai 68 et s'associe au lancement du quotidien Libération.
Il écrit en 1972 à propos de la Révolution française : «Un régime révolutionnaire doit se débarrasser d'un certain nombre d'individus qui le menacent et je ne vois pas là d'autre moyen que la mort; on peut toujours sortir d'une prison; les révolutionnaires de 1793 n'ont probablement pas assez tué.»
Dans les années 70, Jean-Paul Sartre, déjà très malade, s'associe à son ancien condisciple de Normale Sup, Raymond Aron, dans la condamnation des dictatures communistes du Cambodge et du Viêt-nam. Il s'éteint le 15 avril 1980 et repose depuis lors au cimetière Montparnasse (Paris), où l'a rejoint sa compagne Simone de Beauvoir.

2 commentaires:

kali a dit…

As-tu vu le film, avec Arletty? Il m'a marquée...

mazel a dit…

bonjour Kali,
Un film avec Arletty ? connais pas. Juste vu cette pièce avec des acteurs "inconnus" mais talentueux.