mardi 14 avril 2009

curiosité de lecture : LA CULTURE AZTÈQUE DANS LA PLUS LIMPIDE RÉGION DE CARLOS FUENTES


En lisant Carlos Fuentes... bien qu'il s'agisse d'un livre différent, on y retrouve certains thèmes communs...

" En 1958, la publication de La región más transparente constitue davantage qu'un événement littéraire. Le roman de Carlos Fuentes est le constat d'une nouvelle métamorphose, à l'origine de l'agglomération d'aujourd'hui. "

Ces quelques lignes que l'on doit à Serge Gruzinski mettent l'accent sur la place fondamentale de la ville dans le premier roman de Carlos Fuentes [1]. S'il est vrai qu'elle y joue un rôle très important en ce sens qu'elle peut en être considérée comme le personnage principal [2], ce n'est là qu'un aspect de ce roman qui est d'une richesse extraordinaire. Il serait tout à fait loisible de l'analyser sous de multiples facettes, chacune apportant sa pierre à l'édifice d'une étude globale et complète de ce monument de la littérature mexicaine. Néanmoins, il me semble qu'une attention toute particulière doit être apportée aux éléments précolombiens.
En effet, mon analyse tend à démontrer que La plus limpide région [3] met en scène une véritable quête ontologique du Mexique et de la mexicanité, et prône par l'omniprésence de la culture aztèque à tous les niveaux de la narration – même si cela peut être de manière plus ou moins cachée comme dans le cas de la structure – la récupération d'un passé tombé dans l'oubli mais qui constitue pourtant l'essence du Mexique.

La permanence des valeurs mexicas
Rappel historique
À l'arrivée des Espagnols, la Méso-Amérique
[4] était occupée par de nombreux peuples, parmi lesquels se détachaient les Mexicas, plus connus par le grand public sous le nom d'Aztèques. Leur ascension fut extrêmement rapide car en l'espace d'à peine quelques centaines d'années, ils réussirent à créer un véritable empire.
Vers 1200, des tribus du nord de l'actuel Mexique, les Chichimecas, conquirent la ville de Tula [5], provoquant l'exil de ses habitants qui menèrent désormais une vie de semi-nomadisme. Les Mexicas faisaient partie de ces peuples chassés.
À partir de 1250, ils servirent les différents seigneurs des villes bordant le lac de Texcoco, jusqu'au jour où ils virent sur un nopal un aigle dévorant un serpent : il s'agissait du signe que leur avait donné leur dieu pour s'installer. Bien que le lieu soit lugubre et infesté de serpents, les Mexicas prirent quand même le dessus sur l'environnement, et finirent par vaincre les peuples alentours et s'emparer de leurs biens et de leur culture.
En 1519, date de l'arrivée de Hernán Cortés et de ses hommes à Tenochtitlán, la capitale mexica, les Espagnols rencontrèrent donc un Empire jeune mais florissant. Comment s'explique alors la rapidité de la Conquête? Dans un premier temps, les Mexicas crurent reconnaître dans les traits de Cortés, la figure mythique de Quetzalcóatl [6], "le serpent à plumes", l'un des dieux parmi les plus importants du panthéon aztèque. Ce dernier aurait dit qu'il reviendrait un jour par l'ouest.
Or, 1519 correspondait à la fin d'un "siècle" mexica (52 ans). Le passage d'un siècle à l'autre était un moment redouté car pouvait arriver le meilleur comme le pire. La venue de grands hommes blancs et barbus, vêtus de métal, dont on ne savait pas s'ils étaient hommes ou dieux, engendra beaucoup de confusion dans l'esprit mexica.
La tâche des conquérants espagnols fut d'autant plus aisée. Ils s'emparèrent des biens, des richesses et du pouvoir et éliminèrent la culture des habitants mexicains.

La caractérisation des personnages
Dans le premier fragment (pp. 143-147), Ixca Cienfuegos décline son identité. Son nom est intéressant pour deux raisons : d'une part, il est le fruit d'une double culture car "Ixca" est un nom náhuatl signifiant "cuire sous les cendres", allusion au feu que l'on retrouve aussi dans son nom de famille hispanique, "Cienfuegos"
[7] ; et d'autre part, parce qu'il est ambigu. En effet, chez les Mayas, le préfixe "Ix" servait à composer les noms féminins comme Xquic ou Xbalanque, deux personnages que l'on retrouve dans la "bible" maya-quiché, le Popol Vuh [8]. De même, en espagnol le "a" final marque le féminin.
Rien de surprenant à ce que Norma Larragoiti lui dise lors de leur première rencontre : " – Tu sais, Ixca, quand Federico m'a dit que tu venais dîner, j'ai cru que tu étais une femme, avec un tel nom ! " (p. 419).
Ixca Cienfuegos va tâcher tout au long du roman de rafraîchir la mémoire des autres personnages et leur rappeler leur passé oublié pour enfin poser le problème de l'origine de la mexicanité.
Tel un personnage magique et omniscient, Ixca possède une fonction d'"ouvreur de parole" qui est parfois difficile à accepter au regard de la vraisemblance. On a quelquefois du mal à admettre en effet que les personnages puissent parler sans retenue.
Certains s'y refusent toutefois comme Gabriel (p. 314), ou bien Mercedes Zamacona qui refuse de le recevoir (pp. 509-510). Par ailleurs, Teódula évoque quant à elle le passé sans qu'on ait besoin de l'y inciter (pp. 322-339).
Élément fondamental – c'est lui qui est chargé d'ouvrir le récit (pp. 143-147) et de le fermer (pp. 546-565) –, Ixca traverse le roman pour essayer de reconstruire en premier lieu l'image du Mexicain [9].
Il ressemble en cela au dieu Tezcatlipoca, le soleil du nord, qui connaissait les secrets les plus intimes des gens [10].
Tezcatlipoca avait la possibilité de sonder les cœurs des humains en regardant par l'œil jaune de son tlachialoni (p. 476), disque en or, poli comme un miroir. Il allait partout (Ciel, Terre, Inframonde) et était invisible. Il donnait les richesses et les prospérités et les enlevait quand il le désirait [11].
Cette attitude se vérifie avec Federico Robles qu'Ixca conduit à la déchéance, et avec Rodrigo Pola à qui il ouvre les portes de la réussite quand il comprend qu'il ne se sacrifiera pas. Tezcatlipoca signifie " Miroir qui enfume, qui fait apparaître les choses " [12].
Or, Ixca est un fumeur invétéré de cigarettes dont il rejette lentement la fumée [13] (pp. 158, 236, 258, 368, 377, 382, 383, 436, 459, 538, 541) et il contemple les personnages comme dans un miroir. Il est comme un miroir dans lequel se reflètent les facettes cachées des personnages. En ce sens, il n'est pas étonnant que Cienfuegos symbolise la ville toute entière : " Cienfuegos était, dans ses yeux d'aigle de pierre et de serpent d'air, la ville, ses voies, souvenirs, rumeurs, pressentiments. " (p. 545).
La couleur associée à Tezcatlipoca était le noir. On retrouve cette référence à différents endroits : " – Tu es noir, fils, noir et violet comme les nuits d'antan, celles dont je me souviens. " (p. 446), " Brun, avec les yeux noirs, très obscurs. " (p. 509). De même, l'animal totémique de Tezcatlipoca était le jaguar et les dents d'Ixca ressemblent précisément à celles du fauve.
Sa parole, quant à elle, rappelle un sifflement de serpent : " Ixca sifflait les mots entre les dents, brillantes, sculptées, qui s'allongeaient hors de la bouche rigide. " (p. 381), " Ne veux-tu pas le destin de ton père et de ta mère ? – siffla Ixca. " (p. 382).
Enfin, l'iconographie mexica contribue à l'élaboration du personnage d'Ixca Cienfuegos avec la comparaison de son profil à la lame d'une hache, instrument cérémoniel que l'on utilisait dans le cadre du jeu de balle : " Le visage de Cienfuegos, affilé et brillant comme une lame de hache. " (p. 474) [14].
Le nom de Teódula Moctezuma est aussi le fruit d'un métissage. Il renvoie à la fois au Catholicisme avec le préfixe "teo" (celui qui adore Dieu) et aux Mexicas : Moctezuma fut le nom de deux rois aztèques dont Moctezuma II (1466-1520) qui fut l'empereur du peuple mexica de 1502 à 1520, c'est à dire jusqu'à l'arrivée des conquérants espagnols à Tenochtitlán [15].
La gardienne rappelle la Coatlicue, la mère des dieux et la déesse de la terre. Coatlicue qui signifie "jupe de serpent" – " [...] ah jupe de serpents, [...] " (p. 333), " Je voulais me faire une jupe de fête avec des peaux de serpents " (p. 334) – était traditionnellement associée au fait de balayer dont on trouve une image dans le roman (p. 332).

Le temps du récit et la structure
Le temps du récit, en plus d'être linéaire, est aussi circulaire " comme le serpent sur le socle des temples toltèques, sur le socle de Xochicalco, c'est un serpent qui se mord la queue. "
[16] : la troisième partie en témoigne. En effet, le texte revient à son point de départ où Ixca posait les problèmes, aucune solution n'ayant été apportée (pp. 147/565). On assiste même à une régression dans l'histoire du pays car on revient aux circonstances qui provoquèrent la Révolution.
Cette circularité du roman que l'on retrouve aussi dans les paroles de Bobó (pp. 157/533) correspond à la vision méso-américaine du monde et de la nature cyclique de l'existence. Le temps n'est pas continu, le terme réintègre inexorablement l'origine [17].
Le soleil meurt chaque jour et ressuscite à la fin de la nuit [18] : le temps se répète et recommence. On peut aussi considérer le temps du récit comme étant spiralé. Avant de mettre un point final au roman, la voix tourbillonnante et torrentielle des personnages résonne. Comme le fait remarquer Yves Aguila [19], ce sont à chaque fois les mots les plus caractéristiques de leur personne qui reviennent (p. 564).
En ce qui concerne la structure du roman, l'on peut remarquer quelques coïncidences troublantes. On sait – j'y ai d'ailleurs déjà fait allusion – que le "siècle" mexica comptait cinquante-deux années, nombre obtenu par la combinaison des deux calendriers, solaire et rituel [20]. Or, ce nombre correspond au nombre de séquences qui séparent la première apparition physique de Teódula Moctezuma (p. 332) et la mort de Norma Larragoiti (p. 505) que la gardienne attribue précisément à un acte rituel mexica.
Par ailleurs, on peut remarquer que la séquence où Norma Larragoiti reçoit des rayons du soleil (p. 250), astre symbolique, est liée, toujours par ce nombre de cinquante-deux séquences, à sa rencontre avec Pimpinela de Ovando (p. 459) où la parvenue lui révèle ses origines et retrouve sa vraie identité.
De même, la séquence qui ouvre la deuxième partie (p. 280) et qui présente un vieil homme qui parle à son petit-fils de la grandeur passée de Porfirio Díaz a son pendant page 480 où l'on voit Federico Robles âgé de trente-neuf ans qui, par ses actions, se met à ressembler de plus en plus au général [21].
La séquence FEDERICO ROBLES (p. 227) renvoie à celle intitulée POUR MONTER SUR LE NOPAL (p. 458) où Ixca réfléchit à la véritable identité de Robles. La séquence page 339 met en scène Rosa Morales qui laisse son fils malade pour aller travailler et la séquence page 507 montre la mort d'un autre de ses fils, Jorgito, et l'esquisse de son futur qui va prendre la forme d'un mariage avec Ixca Cienfuegos. Toujours de la même façon, Rodrigo Pola fait le bilan de sa vie (p. 362) où il expose ce que sont ses vrais sentiments et page 537 commence la séquence intitulée RODRIGO POLA dans laquelle on le voit triomphant, heureux d'appartenir désormais au groupe futile de Bobó.
Tous ces exemples montrent, à mon avis, combien les valeurs et croyances mexicas structurent l'œuvre de manière symbolique. Enfin, des références mexicas servent à intituler des chapitres : LE LIEU DU NOMBRIL DE LA LUNE [22] (p. 155) qui est la traduction du mot "Mexico" ; MACEHUALLI (p. 311) qui fait référence aux gens du peuple et aux sacrifiés ; et LA DIVISION DES EAUX (p. 442). Cette expression qui renvoie à la séparation des eaux douces des lacs de Xochimilco et de Chalco d'avec les eaux salées du lac de Texcoco, et qui est prononcée par Teódula (pp. 448-449) introduit les changements qui vont se produire dans la vie des principaux protagonistes, notamment dans celle de Norma et de Robles qu'Ixca entrevoit dans leur sommeil (p. 449).
Cette référence à la division des eaux était déjà apparue page 385 en même temps que L'AIGLE RAMPANT qui est la dernière allusion mexica à donner son nom à un chapitre (p. 524). Ce chapitre qui clôt la deuxième partie est entièrement dédié à Federico Robles et à sa déchéance, si on peut l'appeler ainsi car il s'agit en fait d'une récupération de son identité. Il n'est pas étonnant que cette expression ait été choisie. En effet, comme le rappelle à juste titre Dorita Nouhaud, "rampant" signifie étymologiquement "qui grimpe" mais renvoie aussi à celui qui s'abaisse [23]. Il ne faut pas s'étonner non plus que la chute de Robles soit comparée à celle du "vaincu" Cuauhtémoc qui, entre parenthèses, est le personnage historique mexica le plus cité dans le roman [24], car le nom de ce monarque signifie littéralement "aigle qui tombe" [25]. Federico Robles est donc assimilé à Cuauhtémoc. Ayant tout perdu, Robles se met à déambuler dans les rues de la ville qui le conduisent à la veillée funèbre de Gabriel. C'est là qu'il prend conscience qu'il a été à l'origine de nombreux sacrifices qui l'ont abreuvés et qu'il décide de se repentir en vivant avec Hortensia Chacón. Il sera ainsi à sa place et servira mieux la communauté.

Les discours d'Ixca et de Teódula
La culture mexica est aussi très vivante dans le roman dans la mesure où les discours et les actes de deux personnages, Ixca Cienfuegos et Teódula Moctezuma, expriment clairement la persistance des valeurs liées à cette culture. Leur fonction, telle qu'elle est énoncée dans le tableau des personnages qui fut ajouté par Carlos Fuentes en 1973, est celle de " gardiens " (p. 142). Bien que les noms de ces deux personnages symbolisent le métissage, le terme "gardien" suppose la protection de quelque chose qui ne doit pas disparaître : ici, la culture mexica. Celle-ci n'est pas morte malgré les différentes étapes historiques qu'a connues le Mexique depuis cinq cents ans. C'est ce qu'affirme Teódula Moctezuma, arguant qu'elle a survécu sous terre, dans les profondeurs chthoniennes [26] mais qu'elle n'a jamais disparu. S'adressant à Ixca qui doute suite aux tentatives de sacrifice ratées, elle lui dit que les valeurs mexicas sont présentes bien qu'aujourd'hui elles se manifestent de façon différente. Elles se sont adaptées à " l'air du temps " (pp. 447-448). Mis à part le moment de doute dont j'ai parlé, Ixca partage les idées de sa "mère" lorsque, par exemple, il explique à Rodrigo Pola l'ordre du monde (p. 380), lorsqu'il évoque le tonalli [27] (p. 379) ou bien quand, dans la vision hallucinée du zócalo, il voit ce qu'était la ville au temps de la splendeur mexica (pp. 370-371). De même, lorsqu'il se promène dans la ville au point du jour (pp. 458-459), il ne peut que se demander si le soleil va pouvoir renaître. Cette permanence des valeurs mexicas se vérifie à travers le rêve commun que font Beto et Gladys (pp. 330-302). Ces deux personnages qui n'ont, semble-t-il, aucun lien avec cette culture passée, font pourtant le même rêve étrange dont le contenu rappelle explicitement les chroniques préhispaniques (l'usage de l'anaphore, par exemple, est propre à ce type de "littérature"), notamment l'arrivée des Mexicas dans la vallée de Mexico et les croyances relatives à la mort. " Symboliquement, – nous dit Yves Aguila [28] – il s'agit de dire la permanence, dans l'inconscient des individus, les plus humbles du peuple mexicain, d'une mémoire collective enterrée, profonde, nostalgique qui émerge à la faveur du sommeil et permet de rétablir un lien intime avec un passé occulte mais présent, disparu mais non détruit. " La mémoire que Nietzsche qualifiait de "plaie purulente" car elle peut être source de ressentiment, constitue pourtant une fonction psychologique de l'identité.
Ce processus doit être cultivé car l'homme se donne grâce à la mémoire des références utiles pour conduire ses pensées et son existence. La connaissance du passé, au-delà de sa seule remémoration, permet de faire preuve de plus de lucidité et de vigilance à l'égard du présent.
Une autre manifestation de la permanence des valeurs mexicas dans le roman se rencontre au niveau des pratiques funéraires de Teódula, et particulièrement la référence à Mictlan qui, dans la cosmologie mexica, est le lieu de destination des morts. Le voyage jusqu'à cet endroit qui se trouve au cœur du monde chichimèque (c'est-à-dire la région originelle) durait quatre ans (pp. 507-508). On a l'impression que Teódula réclame le sacrifice pour qu'elle ait quelqu'un qui l'accompagne lors de son propre voyage (p. 334). Cette survivance culturelle implique que l'on continue à respecter et pratiquer les rites, et en particulier le plus important d'entre eux : le sacrifice.

Le sacrifice obligatoire
Le symbolisme du sacrifice

Dans la cosmologie mexica, quatre Soleils, c'est-à-dire quatre ères dont on ne connaît pas exactement la durée, s'étaient succédés et avaient tous été détruits par un cataclysme. Selon La Légende des Soleils [29] qui sert de source de référence à Carlos Fuentes, les habitants du premier Soleil (Soleil de Jaguar) furent dévorés par des jaguars (p. 119) ; ceux du deuxième (Soleil de Vent) furent balayés par un ouragan et changés en singes (p. 119) ; ceux du troisième (Soleil de Pluie) furent transformés en poules après une pluie de feu (p. 119) ; et ceux du quatrième (Soleil d'Eau) furent changés en poissons après un déluge qui dura cinquante-deux ans (pp. 119-120).
Un seul couple, Tata et Nene, fut sauvé par Tezcatlipoca [30]. À l'abri dans un tronc d'arbre avec pour seule nourriture un épi de maïs chacun, Tata et Nene survécurent au déluge. Une fois la tempête passée, ils pêchèrent un poisson et le mangèrent ce qui déclencha la colère des dieux car, par ce geste, ils instituèrent le sacrifice humain [31]. Tezcatlipoca les décapita et leur colla la tête sur leur postérieur, les transformant ainsi en chiens [32](p. 120). Le cinquième Soleil dans lequel vit actuellement l'humanité est le Soleil du Mouvement. Destiné à disparaître à cause de tremblements de terre qui provoqueront une disette mondiale et la mort du genre humain [33], ce Soleil fut créé par les dieux réunis à Teotihuacán alors que le monde était plongé dans les ténèbres. La légende raconte qu'après la destruction du quatrième soleil, Quetzalcóatl ramena des Enfers quelques ossements anciens et les dieux acceptèrent, pour la cinquième fois, le principe d'un recommencement. Or, il fallait que quelqu'un se sacrifiât pour devenir le Soleil. Comme personne ne se proposait, c'est un dieu pustuleux, Nanahuátzin, qui fut désigné et il s'immola dans le feu non sans quelques scarifications rituelles qui durèrent quatre jours. Ixca rappelle cet épisode dans le roman (p. 380). Or, comme le nouveau soleil ne bougeait pas, réclamant du sang pour pouvoir suivre son cours, tous les autres dieux durent aussi se sacrifier pour qu'il reprenne son mouvement. Mais comme ce mouvement peut sans cesse s'arrêter, il faut perpétuellement l'alimenter de cette substance chargée de puissance et de fécondité qu'est le sang [34]. C'est aux hommes qu'incombe directement cette responsabilité car il n'y a pas de dieu du soleil qui pourrait servir d'intermédiaire comme c'est le cas avec la pluie et le dieu Tláloc par exemple. Si c'est le sang qui est important, pourquoi ne pas se limiter aux sacrifices d'animaux ? La réponse à cette question tient au fait que, pour les Mexicas, seul l'organisme humain concentre une énergie qui se libère à la mort de l'individu. Comme le précise Christian Duverger " dans des conditions de décès naturelles, cette énergie se tellurise, elle se disperse dans les profondeurs de la terre, cessant d'être utilisable par la société des vivants. Il faut donc trouver le moyen d'enrayer son évasion au moment de la mort afin de pouvoir capter et recycler ses vertus dynamiques. " Le sacrifice apparaît donc comme la seule façon d'empêcher cette perte d'énergie [35].

Les différentes tentatives
Le lendemain d'une fête chez Bobó où Rodrigo Pola a été, comme toujours, ridicule, Ixca rend visite au jeune homme et sent une odeur qu'il prend pour celle du gaz bien qu'il s'agisse, en réalité, de l'odeur d'une ceinture en cuir qui a brûlé. Ixca pense alors que Rodrigo a voulu attenter à ses jours (p. 193) et que, peut-être il ferait un bon "sacrifié".
En conséquence, il le presse de se souvenir de sa vie parsemée de problèmes et de frustrations pour le convaincre que sa mort sera utile à la communauté (p. 204). Il veut lui faire comprendre que devenir "quelqu'un" n'est pas une fin en soi car ce qui est important ce n'est pas l'individualité mais la collectivité. Ixca va même jusqu'à lui proposer directement le sacrifice (" – Tu veux le sacrifice. ", p. 381) mais il s'est trompé dès le début : ce qui importe par dessus tout à Rodrigo Pola, ce n'est pas la mort mais au contraire le triomphe social. Après cet échec, Ixca entame une relation amoureuse avec Norma Larragoiti [36]. Cette séduction, cette étreinte mortelle pourrait-on dire, qui peut surprendre, est pourtant une des modalités du jeu présacrificiel qui avait lieu notamment lors de la fête de Tezcatlipoca [37]. La dépense sexuelle permettait au sacrifié d'oublier sa tristesse. Mais, de nouveau, Ixca interprète mal les paroles de la parvenue (" Je ferai ce que tu voudras, mais tu me feras tienne encore une fois, pas vrai ? ", p. 422) et essaye d'exécuter le sacrifice en noyant Norma à Acapulco [38]. Cette dernière résiste fortement et se sauve (p. 438). Pour Teódula, le sacrifice de Norma aura bien lieu car elle périra brûlée dans l'incendie de sa maison (p. 506) et rejoindra Nanahuátzin (pp. 505-507). Pour la remercier de ce sacrifice et aussi parce que Robles voulait lui soutirer ses bijoux juste avant l'incendie (pp. 494-496), Teódula lui jette dans les flammes les bijoux qu'elle possédait depuis l'âge de quatorze ans et dont elle ne se séparait jamais, pas même pour faire l'amour avec Celedonio (pp. 334-336).

La quête ontologique
À la recherche de la mexicanité
La Conquête espagnole va supposer un changement radical dans la vie des indigènes. Si la Colonie se construisit sur un champ de ruines, il ne faut pas avoir non plus une lecture par trop manichéenne comme le fait remarquer Octavio Paz dans l'essai qui a inspiré Fuentes [39]. Le roman va énoncer la problématique de la mexicanité et poser la question suivante : est-ce que les problèmes du Mexique actuel (les années 50) ne proviendraient pas de ce métissage forcé que fut la Conquête espagnole ? En d'autres termes, est-ce que cette première violation n'a pas déterminé les suivantes ? L'identité profonde du Mexicain est définie par le métissage, mais celui-ci s'étant fait dans la violence, rien de positif n'en est sorti : l'oubli du passé précolombien fut patent pour que l'on s'applique mieux à ressembler aux blancs ; l'Indépendance n'a été qu'une course à des modèles d'organisation institutionnelle et de production économique étrangers ; et la Révolution, qui aurait pu donner au Mexicain l'opportunité de reconquérir son identité après une longue ère de domination étrangère, n'a rien apporté dans ce domaine [40].

Les solutions proposées
Trois analyses de l'Histoire mexicaine apparaissent donc dans le roman à travers les personnages de Federico Robles, Manuel Zamacona et Ixca Cienfuegos, et il est intéressant de voir comment chacun de ces personnages l'appréhende. Federico Robles est un ex-révolutionnaire qui représente la trahison des idéaux de ce mouvement populaire. À l'âge de 39 ans, il fait partie de la jeune société mondaine et il côtoie même le fascisme ; il va provoquer l'assassinat d'un leader syndical, Feliciano Sánchez ; il refusera un poste ministériel mais acceptera des terres en échange de ses bons et loyaux services. Il perd ainsi tous ses idéaux révolutionnaires (pp. 479-483). Rien n'a véritablement changé avec la Révolution [41], si ce n'est le triomphe de la bourgeoisie qui oublia bien vite les valeurs populaires de la Révolution. Durant le Porfiriat, le régime avait favorisé l'émergence des classes moyennes comme garantie de la stabilité politique. En effet, classe sociale intermédiaire entre les riches et les pauvres, elle masque les inégalités criantes et préserve même les intérêts de la classe dominante. Robles reprendra les mots de Díaz ce qui témoigne assez clairement de son identification avec le général (p. 249). Ce discours provient d'un entretien [42] avec le journaliste américain James Creelman dans lequel le dictateur mexicain annonçait qu'il ne solliciterait pas un septième mandat lors des prochaines élections présidentielles de 1910. Cette promesse ne fut bien évidemment pas tenue. Robles prône l'imitation des puissances occidentales et le capitalisme pour faire avancer le pays socialement et politiquement (p. 391) et il glorifie aussi la Révolution et les progrès qu'elle a amenés. Mais des personnages comme Gabriel, Beto, Fifo, Tuno ou bien Gladys pour ne citer qu'eux contrastent avec la version idéalisée que Robles veut bien donner. Robles n'est pas un artisan du développement économique du pays mais plutôt un spéculateur qui sera d'ailleurs puni par où il a péché. La Révolution a tout simplement sacrifié ceux de toujours et a servi à maintenir en place les mêmes puissants. Subsiste toujours cette opposition entre les riches et les pauvres que l'on retrouvera notamment dans la confrontation finale (Tu/Vous). Les revendications agraires par exemple qui constituaient l'essentiel de l'idéologie révolutionnaire n'ont pas été satisfaites et le pouvoir révolutionnaire tourne le dos au peuple rural qui migre en masse à Mexico. Federico Robles refuse donc de se tourner vers le passé et ne regarde que le futur, persuadé que son action a un sens historique (p. 391). Manuel Zamacona est d'accord avec lui, à la différence près qu'il reconnaît que le passé est important et qu'il ne faut pas oublier ses racines et son métissage. Zamacona lit l'histoire des peuples précolombiens (p. 197) mais pour lui " il n'est pas possible de la ressusciter " (p. 198). Aussi, il préfère se tourner vers le futur (pp. 196-197) car vivre dans le souvenir constant du passé, c'est régresser et revenir au stade du chimpanzé (pp. 198-199). À l'opposé des deux autres personnages, Ixca soutient au contraire que le passé préhispanique est la seule réalité solide sur laquelle peut s'appuyer le Mexique : " Là-bas, à l'origine, se trouve toujours le Mexique, ce qu'il est, non pas ce qu'il peut être. Le Mexique est quelque chose de figé pour toujours, incapable d'évolution. Une roche mère inamovible qui tolère tout. Tous les limons peuvent croître sur cette roche. Mais la roche en soi ne change pas, elle est la même, pour toujours. " (p. 263). Il propose donc comme solution la prise en compte du passé mexica et un sacrifice purificateur et nécessaire en raison de l'impureté des puissants. Le sacrifice semble avoir ici un double rôle : d'une part, servir de cadeau à Teódula avant sa mort (p. 334) et d'autre part, être un acte permettant de maintenir vivant l'esprit indigène qui, selon la gardienne, ressuscitera à nouveau prochainement (pp. 448-449). Seule la reconnaissance de ce passé et sa récupération hors de l'oubli permettra au Mexique d'aller de l'avant. Cette idée est clairement explicitée par Carlos Fuentes dans son entretien avec Claude Dumas et résume toute la portée socio-politique de La plus limpide région : " Le futur peut offrir beaucoup de choses, mais le passé offre aussi beaucoup de choses qui ne sont pas accomplies, qui ne doivent pas mourir, qu'il faut sauver. Pour cette raison, le sens de la culture et de la civilisation au Mexique n'est pas, ne peut être une course effrénée vers le futur, le futur, le futur, vers la nouveauté, mais doit constamment garder la conscience d'un passé récupérable, d'une série de promesses, d'une série de graines semées dans le passé que nous n'avons pas su faire fructifier, et cela il faut le sauver pour créer une communauté authentique au Mexique, et non un simple calque, une simple copie, d'une civilisation qui, à son tour, est contestée, est en crise et est en train de se changer en ruine dans ses pays d'origine, en Europe et aux États-Unis. " [43] Fuentes répète cette même idée plus récemment : " Les indiens du Mexique sont une partie de notre communauté polyculturelle et multiraciale. Les oublier c'est nous condamner nous-mêmes à l'oubli. " [44] La plus limpide région m'apparaît donc comme un véritable plaidoyer – certes romanesque – prônant la prise en compte et l'étude, qui ne fera que grandir dans la deuxième moitié du XXe siècle, de la culture du peuple originel. C'est la seule voie possible pour comprendre la mexicanité et essayer d'apporter des solutions aux problèmes que traverse le Mexique.
Nicolas BALUTET

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1 Gruzinski, Serge, Histoire de Mexico, Fayard, Paris, 1996, p. 367.
2 Il n'y a pas à proprement parler dans ce roman de personnage central. Ils ressemblent plus à des prototypes qu'à des personnes. Voir Carballo, Emmanuel, Protagonistas de la Literatura Mexicana, Ediciones del Ermitaño, Mexico, 1989, p. 544. À propos des personnages, il convient de remarquer que malgré leurs origines diverses et leurs différences, ils se rencontrent et se retrouvent liés entre eux.
3 Plus qu'une allusion à la pollution tristement célèbre de la ville de Mexico, le titre fait référence à la dégradation des mœurs de la ville et à la mauvaise qualité de vie qui y règne. Il s'agit donc d'un titre ironique. Il renvoie aussi à un essai d'Alfonso Reyes, La visión de Anáhuac, Cultura Sep, Mexico, 1983. L'édition de référence est: Fuentes, Carlos, La región más transparente, Georgina García Gutiérrez (ed.), Cátedra, Letras Hispánicas n° 145, Madrid, 1994. Les traductions françaises sont les nôtres.
4 Le terme "Méso-Amérique" fut créé en 1943 par Paul Kirchhoff. Il désigne une aire supra-ethnique qui s'étend du nord du Mexique (états de Sinaloa et de Sonora) jusqu'au Honduras et au Salvador. Voir Kirchhoff, Paul, " Mesoamérica: sus límites geográficos, composición étnica y caracteres culturales ", dans Tlatoani (supplément), Mexico, 3, 1960.
5 Tula (Hidalgo) était la capitale des Toltèques, peuple nahua qui occupa le Mexique central vers le neuvième siècle.
6 Pour parler de Quetzalcóatl, plus d'un livre serait nécessaire. En effet, le serpent à plumes était déjà un dieu très important à Teotihuacán, cité située au nord-est de Mexico, et occupa une place privilégiée dans la religion mexica. Le mythe qui nous est parvenu évoque un roi de Tula, Ce Acatl Topiltzin Quetzalcóatl, qui serait parti vers l'orient après avoir été vaincu par ses ennemis, et dont les successeurs, ayant repris le même nom, s'installèrent dans la péninsule du Yucatán. Les Mayas l'appelèrent Kukulcán, traduction littérale de Quetzalcóatl. Voir Rivera Dorado, Miguel, Los mayas de la antigüedad, Editorial Alhambra, Madrid, 1985, pp. 212-213 et Florescano, Enrique, " La serpiente emplumada, Tláloc y Quetzalcóatl ", dans Cuadernos Americanos, Mexico, 23, 1964, pp. 121-166. Sur Teotihuacán, voir Cabello Carro, P., " Panorama de las culturas antiguas de México y Centroamérica ", dans Tierras. Hombres. Dioses. La América de un tiempo lejano, catalogue de l'exposition présentée au Musée archéologique de Séville du 20 décembre 1996 au 31 janvier 1997, Séville, Caja Sur, Junta de Andalucía, Universidad Internacional de Andalucía, 1996, pp. 33-37.
7 García Gutiérrez, op. cit., p. 143 (note).
8 Voir Saénz de Santa María, Carmelo, El Popol Vuh, Crónicas de América n° 47, Historia 16, Madrid, 1989 ; et Balutet, Nicolas, "Etude d'un document ethnographique : " Le Popol Vuh et le jeu de balle dans l'aire maya "", Cahiers Ethnologiques. Histoires et Cultures, " Sentiers sans Maîtres ", Bordeaux, n° 21 (Nouvelle Série), 1999, pp. 15-28.
9 José Vasconcelos, Antonio Caso, Octavio Paz ou bien Leopoldo Zea, se sont aussi posés le problème de la mexicanité. Tous condamnent l'influence du positivisme d'Auguste Comte et de l'utilitarisme anglo-saxon sur la classe moyenne mexicaine, et ils défendent une indépendance culturelle nationaliste. Mexico n'a pas encore trouvé son identité et se trouve coincé entre le passé préhispanique et le futur tourné vers l'Occident.
10 Caso, Alfonso, Le peuple du soleil, Guy Trédaniel, Paris, p. 52.
11 González Torres, Yolotl, Diccionario de Mitología y Religión de Mesoamérica, Larousse, México, 1996, pp. 167-169.
12 León-Portilla, Miguel, La pensée aztèque, Seuil, Paris, 1985, p. 288.
13 Notons que dans les codex précortésiens, les volutes s'échappant de la bouche symbolisent les paroles émises.
14 Sur les haches, voir Balutet, Nicolas, Le symbolisme du jeu de balle dans l'aire maya, Université "Michel de Montaigne", Bordeaux, 1998, pp. 38-40.
15 Graulich, Michel, Moctezuma ou l'apogée et la chute de l'empire aztèque, Fayard, Paris, 1994.
16 Dumas, Claude, "La región más transparente (1958). Entretien avec Carlos Fuentes (1971)" dans Écrire le Mexique: Carlos Fuentes et Paco Ignacio Taibo II, Jean Franco (ed.), Ellipses, Paris, 1998, p. 18.
17 Duverger, Christian, L'origine des Aztèques, Seuil, Paris, 1983, p. 142.
18 Balutet, Nicolas, op. cit., pp 74-75.
19 Aguila, Yves, Écrire le Mexique: Carlos Fuentes La región más transparente, Éditions Messene, Paris, 1998, p. 27.
20 L'année solaire comprend 365 jours divisés en dix-huit mois de vingt jours auxquels s'ajoutent cinq jours néfastes. Le calendrier divinatoire comprend quant à lui 260 jours. À la fin de cette période de cinquante deux ans, pouvait se produire, soit la dissolution du monde, soit la répétition du même cycle.
21 On peut interpréter cette coïncidence par le fait que le terme d'un cycle pouvait entraîner le recommencement de ce cycle – comme il vient d'être dit – et donc créer " des symétries génératrices de permanence et de pérennité. " Duverger, Christian, L'origine des Aztèques, op. cit., p. 137.
22 Le cinquième soleil est appelé l'époque du nombril.
23 Nouhaud, Dorita, " La ciudad más transparente : jeux de rites oubliés et paroles mortes ", dans Écrire le Mexique : Carlos Fuentes et Paco Ignacio Taibo II, op. cit., 1998, p. 75.
24 pp. 192, 199, 261, 278, 281, 291, 320, 385, 401, 547, 550, 563.
25 Cuauhtémoc fut le dernier empereur mexica qui gouverna à la mort de Cuitláhuac, le successeur de Moctezuma II. Capturé par les Espagnols, il fut pendu le 28 février 1525.
26 Carlos Fuentes reprend cette idée récemment dans son Nuevo tiempo mexicano, Aguilar/Nuevo Siglo, México, 1995, p. 44)
27 Le tonalli est le système de calendrier, assez compliqué, dans lequel à chaque jour correspond un signe qui détermine la vie de l'individu.
28 Aguila, Yves, op. cit., p. 89.
29 Velázquez, Primo Feliciano, Códice Chimalpopoca (Anales de Cuauhtitlan. Leyenda de los Soles), Instituto de Historia, U.N.A.M., México, 1945.
30 On retrouve une allusion à Tata pp. 334 et suivantes.
31 Duverger, Christian, La fleur létale. Économie du sacrifice aztèque, Seuil, Paris, 1979, pp. 263-264.
32 Ce chien rappelle celui de Mictlan.
33 Ibid., p. 32.
34 Voir Soustelle, Jacques, La vida cotidiana de los aztecas en vísperas de la conquista, FCE, Mexico, 1956, pp. 101-108.
35 Duverger, Christian, La fleur létale. Economie du sacrifice aztèque, op. cit., pp. 125-126.
36 Norma symbolise la figure de la "parvenue". Son mariage avec Robles ne constitue pour elle que le moyen d'arriver à être ce qu'elle désire : riche et présente dans tous les événements mondains. La figure du "parvenu" renvoie à la notion d'argent qui mène aux milieux de décision. Il entend remplacer ses prédécesseurs par des voies autres que l'héritage et les vertus présumables d'un patronyme.
37 Duverger, Christian, La fleur létale. Économie du sacrifice aztèque, op. cit., p. 135.
38 La mort que propose Cienfuegos à Norma est une mort "privilégiée". En effet, il lui offre l'accès à l'immortalité dans le Tlalocán, cette sorte de paradis tropical appartenant au dieu de la pluie Tláloc.
39 Paz, Octavio, El laberinto de la soledad, FCE, Mexico, p. 90.
40 Octavio Paz dans Le labyrinthe de la solitude (NRF essais, Gallimard, Paris, 1999) dit ainsi que " La Révolution Mexicaine fait irruption dans notre histoire comme une véritable révélation de notre être. " (p. 128).
41 La révolution de 1910 éclata après une série de grèves et de révoltes qui poursuivaient l'objectif d'améliorer la condition des travailleurs et d'en finir avec le régime de Porfirio Díaz qui niait une participation effective du peuple. Nombreux sont les leaders révolutionnaires comme Francisco Indalencio Madero, Emiliano Zapata, Venustiano Carranza, Alvaro Obregón, etc. qui lutteront jusqu'à l'adoption de la Constitution de 1917.
42 Publié dans le Pearson's Magazine de New York en date du 3 mars 1908.
43 Dumas, Claude, op. cit., p. 23.
44 Fuentes, Carlos, op. cit., p. 39.




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