L'écrivain Nicolas Genka, dont deux romans avaient été interdits par la censure au début des années 1960, est mort à l'âge de 71 ans.
De son vrai nom Eugène Nicolas, Nicolas Genka était né le 3 décembre 1937 à Quimper, d'un père breton et d'une mère allemande.
A son retour de la guerre d'Algérie, il écrit «L'Epi monstre», l'histoire d'un inceste entre un père et ses filles dans la France profonde. L'ouvrage, préfacé par Marcel Jouhandeau, est publié en 1961 chez Julliard par l'éditeur Christian Bourgois.
Intéressé par le style lyrique de l'auteur, Jean Cocteau crée pour lui le prix «Enfants terribles» Pier Paolo Pasolini, Yukio Mishima et Vladimir Nabokov s'intéressent alors à la traduction de l'ouvrage.
Mais en juillet 1962, le livre est interdit par le ministère de l'Intérieur au nom de la protection des mineurs, ce qui interdit la vente, la traduction et l'exportation du livre. La maison de Genka en Bretagne est mise à sac et le scandale débouche sur un procès familial. Il mènera pendant des années l'existence d'un clandestin.
Deux ans plus tard, Nicolas Genka publie «Jeanne la pudeur», l'histoire d'une prostituée qui revient dans son village natal «fière, au bras d'un nègre puis d'un jaune».
Mais l'interdiction du ministère de l'intérieur est étendue à «Jeanne la pudeur» par le biais d'un procès intenté à l'auteur.
Un troisième livre paru en 1968 passe inaperçu et Genka cesse de publier pour vivre de divers métiers. Il sombre alors dans l'oubli, jusqu'à ce que deux maisons d'édition décident à la fin des années 1990 de rééditer ses romans, toujours interdits en vertu de la loi de 1949 sur la protection de la jeunesse. «La censure s'ingénie à s'abolir elle-même dans la perfection de ses méthodes», expliquait-il au «Nouvel Observateur» en septembre1999, alors que la maison d'édition Exils venait de rééditer «L'Epi monstre».
Et il ajoutait:
«Annoncer en France, sous le général de Gaulle, la charge pédophile de cette fin de siècle, c'est se voir, dans tous les procès lâché par les éditeurs dits d'avant-garde. Réclamer sur le procédé d'épuration couvert par l'article 14 l'abrogation de la plus scélérate des lois, c'est ajouter à la disgrâce. Or, dans l'un comme dans l'autre cas, qu'est-ce faire d'entrée, sinon son métier d'écrivain?»
«Annoncer en France, sous le général de Gaulle, la charge pédophile de cette fin de siècle, c'est se voir, dans tous les procès lâché par les éditeurs dits d'avant-garde. Réclamer sur le procédé d'épuration couvert par l'article 14 l'abrogation de la plus scélérate des lois, c'est ajouter à la disgrâce. Or, dans l'un comme dans l'autre cas, qu'est-ce faire d'entrée, sinon son métier d'écrivain?»
Selon Philippe Thureau-Dagin, directeur des éditions Exils, chez qui «L'Epi monstre» est reparu en 1999, Nicolas Genka affirmait alors qu'il avait de nombreux manuscrits en réserve.
source :BibliObs.com
Jeanne aux robes de Pigalle et aux cigarettes trop longues.
Dans le village où elle revient, fière, au bras d'un nègre puis d'un jaune, on la hait.
Elle est le scandale, la passion charnelle, la honte.
Après le suicide de son père, Jeanne cache sa décrépitude dans la maison de sa naissance.
Rongée par ses souvenirs, crucifiée par les hommes du pays, la paria crie son horreur et son désespoir d'être prisonnière d'un corps pourri.
Elle est l'amour et la solitude.
Un homme encore, pourtant, est sur les traces de Jeanne. Animé par une rage froide, expiatoire, il rendra son honneur à la putain qui va mourir.
Les échos de la guerre mêlés à une rumeur de blues, l'ivresse poétique du corps dans un univers d'absolue violence... Une expérience bouleversante et purificatrice.
Note :
magnifique livre que celui-là. Je l'ai lu avec grand plaisir... et n'ai rien trouvé qui justifie la censure... lu pire que ça et moins bien écrit...
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