La sélection, par "Le Monde des livres", des meilleurs ouvrages, français ou étrangers, publiés lors de la rentrée littéraire de janvier.
Un écrivain, en manque d'inspiration
et ses deux enfants, laissés seuls, face à eux-même, au vide, à l'absence d'une femme
et d'une mère partie, disparue, morte peut-être…
Au cœur du désespoir, Olivier Adam trace avec finesse et sensibilité le destin de ce trio en perdition parti chercher l'apaisement et la consolation à Saint-Malo.
Et l'esquisse d'un bonheur fragile à reconstruire.
(L'Olivier, 254 p., 20 €)
Après un Homme accidentel, Philippe Besson reprend la route des Etats-Unis pour suivre le destin de Paul et Thomas, deux amis, inséparables depuis l'enfance jusqu'à leur rencontre avec Claire, une jeune femme libre et intrépide.
Dès lors une faille s'ouvre entre eux que les soubresauts de l'histoire (guerre du Corée, du Vietnam, Maccarthysme) ne fera qu'agrandir jusqu'à la trahison.
(Julliard, 270 p., 19 €)
En 1942, à Payerne en Suisse,
là-même où est né en 1934 Jacques Chessex,
Arthur Bloch, commerçant juif est assassiné et dépecé par un groupuscule nazi aux ordres du pasteur Philippe Lugrin, idéologue, proche de Légation nazie à Berne.
Longtemps hanté par cette affaire, le romancier revient en une poignée de pages denses, tranchantes sur ce "fait divers" terrifiant. (Grasset, 102 p., 11,90 €)
Maurice G. Dantec nous entraîne dans un road-movie des plus détonnants où il met en scène un couple de braqueurs en cavale, porteurs d'un neuro-virus qui les connecte à la station Mir et à leur Ange Gardien, le jazzman Albert Ayler.
Un technothriller mâtiné de mystique qui s'inscrit dans la lignée de La Sirène rouge.
(Albin Michel, 224 p., 26 €)
"Les listes peuvent devenir une forme de littérature", affirme Charles Dantzig.
Un digne héritier de Remy de Gourmont, du prince de Ligne ou de Rivarol, il en donne une brillante et impertinente démonstration avec ces listes sérieuses, loufoques ou inutiles. Des miscellanées entre lesquelles se dessinent en pointillé l'autoportrait de ce dandy fin et cultivé.
(Grasset, 792 p., 24,90 €)
Après Pura Vida qui se situait en Amérique latine, Patrick Deville nous entraîne cette fois en Afrique.
Prenant le prétexte du transfert de la dépouille de Savorgnan de Brazza d'Alger à Brazzaville, il revisite l'histoire de l'exploration, de la colonisation et des indépendances tumultueuses de certains pays de ce continent.
ur la ligne de l'équateur, chemin faisant, il croise les fantômes de Brazza, Stanley, Jonas Savimbi (chef de l'Unita), Emin Pacha, Céline, Schweitzer dont il brosse les portraits à travers un récit de voyage, intime et poétique.
(Seuil, "Fiction&Cie", 336 p., 22 €)
Quittant les Etats-Unis, après avoir mis un point final à sa série Doggy Bag, le romancier nous entraîne cette fois dans le sud de la France, au Pays basque plus précisément où réside Francis, son narrateur.
Ecrivain meurtri par la vie, il a perdu sa femme et l'une de ses deux filles dans un accident de voiture, il retrouve malgré tout peu à peu l'apaisement.
Jusqu'au jour où son autre fille, Alice, une jeune comédienne, disparaît mystérieusement.
(Gallimard, 17,50 €, en librairie le 22 janvier)
En bas les nuages, de Marc Dugain
Dans un roman-nouvelles, Marc Dugain suit le destin de sept hommes, vivant en Dordogne, au Maroc, aux Etats-Unis ou dans une île.
Doux, rêveurs, cyniques, tous sont plongés dans les affres du quotidien et tentent de surnager.
A travers ces antihéros, Marc Dugain explore les vices et incertitudes du temps.
(Flammarion, 316 p., 20 €)
Dominique Fernandez, dans une grosse biographie familiale, où l'on retrouve tous les débats et la vie littéraire française de l'entre-deux guerres, affronte l'énigme qui a hanté son existence : comment son père, le brillant critique et essayiste littéraire Ramon Fernandez, mort à 50 ans en 1944, est-il passé de la gauche à l'extrême-droite, dans les années 1930, et à la collaboration avec l'occupant nazi pendant la seconde guerre mondiale ?
(Grasset, 810 p., 24,90 €)
A travers le portrait de trois personnages, Philippe Labro il donne à voir l'incessant ballet de la comédie humaine et à entendre les bruits du monde.
Il y a la sublime Maria, violée par son père adoptif ;
Caroline, l'amante blessée ;
et Marcus Marcus, la terreur du PAF, monstre mégalo et "monument de solitude".
Leur point commun ? Le manque d'amour et la recherche de repères dans ce monde qui est le nôtre.
Mais ce théâtre des vanités est aussi l'occasion pour Philippe Labro de dépeindre, avec un bel humour et une rare justesse, "ses" deux pays : la France et l'Amérique.
(Gallimard, en librairie le 29 janvier)
C'est en archéologue que Mathieu Lindon revient sur son enfance. En de brèves séquences, il dissèque ses souvenirs :
de la découverte de la sexualité, à l'apprentissage de la natation,
de l'étrangeté de la nourriture au vol des bonbons dans la boulangerie,
de la vision de la sa mère nue sur une plage aux premiers cauchemars,
à la bar-mitsva le romancier remet ainsi ses pas dans ceux du petit garçon qu'il fut.
Avec une délicatesse et une infinie délicatesse.
(POL, 352 p., 20 €)
Digne représentant de la société des ambianceurs (Sapeur), Fessologue, Congolais résidant à Paris est un homme heureux près de Couleur d'origine sa compagne, jusqu'au où celle-ci le quitte.
Pour surmonter sa peine et sa colère, Fessologue commence à déverser sa rage et sa rancune dans son journal.
A travers les déboires de son héros, Alain Mabanckou stigmatise racismes de toutes sortes, communautarismes et livre après Verre cassé, son livre sinon le plus drôle, du moins le plus émouvant et le plus intime.
(Seuil, 246 p., 18 €)
Même si ça sonne mal, on dit "Les Cheval", pour parler du père et fils et héros du roman de Richard Morgièvre.
Forains de profession, faisant tourner manège, ils sont aussi inséparables, sur leur tandem, qu'indissociables par leur nom, au grand dam du fils.
Deux êtres pour un même nom. C'est de cela qu'il s'agit dans ce roman d'apprentissage émouvant et drôle, un roman duel entre un père et un fils, en l'absence de la mère ignorée.
(Denoël, 232 p., 18 €)
C'est une sorte de temps retrouvé, une manière pour Sollers, qui répondra aux questions des internautes lors d'un "chat" sur Le Monde.fr, le 20 janvier, de se concentrer sur l'essentiel.
Une méditation poétique, musicale, religieuse aussi.
Une défense de la pensée, contre la volonté commune de réduire les écrivains à des raconteurs d'histoires.
Sur les traces de Breton et de Nadja, le narrateur déambule dans Paris, singulièrement dans le 7e arrondissement, près des éditions Gallimard et retrouve les "voyageurs du temps" qu'il admire, Rimbaud, Lautréamont, Kafka, Dante, et quelques autres.
(Gallimard, 250 p., 17,90 €)
C'est à nouveau à Brest que Tanguy Viel a planté le décor de son roman.
Dans l'air confiné et vicié d'un appartement où une vieille dame couve son argent, aidé en cela de son petit fils. Ou presque.
Sur fond d'héritage usurpé, d'identités mal assumées, de lutte des classes, le romancier entretient le suspens jusqu'au bout de ce récit au dénouement des plus étonnant. Sinon libérateur.
(Minuit, 190 p., 14 €)
LE MONDE DES LIVRES 12.01.09 15h04 •
LE MONDE DES LIVRES 12.01.09 15h04 •
Un Juif pour l'exemple, de Jacques Chessex
Autres tentation :
Encyclopédie capricieuse du tout et du rien, de Charles Dantzig
Ramon, de Dominique Fernandez
Equatoria, de Patrick Deville
Des vents contraires, d'Olivier Adam
Black Bazar, d'Alain Mabanckou
illustration 1: la liseuse de Colin Dean
illustration 2 : Alexandra Nikolaevna Prégel
illustration 3 : la liseuse de Amy Bright Unfried
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