Elle est journaliste et écrivain.
En 1969 elle intègre le Centre Mexicain d'Écrivains où elle y côtoie des grandes figures de la littérature mexicaine comme Juan Rulfo et Salvador Elizondo.
Depuis 1975 elle vit à Paris où elle est correspondante de presse écrite et audiovisuelle, dont le quotidien mexicain La Jornada où elle collabore régulièrement.
traduit de l’espagnol (Mexique) par Ugné Carvelis, aux éd. La Différence(1988).
Gloria,
traduit de l’espagnol (Mexique) par Virginie Gatti et Maxime Gaffiero, aux éd. LaDifférence (1990)
L’Autobus de Mexico – Seize quartiers de la ville d’un enfant
traduit de l’espagnol(Mexique) par Claude Bleton aux éd. Actes Sud (1995).
King Lopitos
traduit de l’espagnol (Mexique) par Émile et Nicole Mrtel aux éd. Les Allusifs(2001).
L’Autobus de Mexico – Seize quartiers de la ville d’un enfant
traduit de l’espagnol(Mexique) par Claude Bleton dans la collection Babel aux éd. Actes Sud (2008).
Claude Couffon lors de la parution de son premier livre en français, La Castañeda écrivait : “Elle est mexicaine. Elle vit à Paris. Elle est journaliste. Mais qu'on ne s'y trompe pas : ce premier roman, s'il a le rythme fougueux d'un grand reportage, n'est pas un livre de journaliste.
Il y a là, constante, une pulsation intime, une petite musique originale d'authentique romancière. Une musique triste, lancinante.
La narratrice – Vilma Fuentes ? – a vécu une double expérience : un séjour volontaire dans l'enfer d'un hôpital psychiatrique mexicain et l'enthousiasme puis la frustration du mouvement estudiantin qui fut l'écho dramatique des événements de mai 68 en Europe.
La répression gouvernementale mexicaine fut de toutes la plus sauvagement meurtrière (...). Une écriture ardente recrée avec un crescendo dans l'horreur ces heures, ces jours où la narratrice vit “le pouvoir assassiner sa génération”.
Elle démonte les rouages politiques d'un pays qu'une Révolution – la première en date de l'époque moderne – qui s'est institutionnalisée autour d'un parti unique, le PRI, n'a jamais pu sortir des fléaux de la misère, de la corruption, de la toute-puissance égoïste de quelques fortunes.
La folie qui environne ensuite la narratrice dans un hôpital psychiatrique facilite une comparaison.
Le Mexique ressemble à cet ancien asile d'aliénés de triste mémoire, la Castañeda (la Châtaigneraie), dont le “seul nom évoquait l'absolue absence d'espoir des internés”.
King Lopitos
Cette histoire est la réponse à une question jamais formulée, une confession que personne n’avait pourtant demandée, un aveu motivé par on ne sait quoi : peut-être par le remords ou simplement l’urgence de rétablir les faits.
Un vieil homme, désormais gardien d’un jardin d’enfants mais autrefois tueur à gages et homme de main de King Lopitos, raconte la vie de ce bandit mexicain qui, pendant quelques décennies, régna sur la ville d’Acapulco en véritable héros populaire, malgré les exactions auxquelles il se livrait, malgré les crimes qu’il commettait.
Idole de toute une population de déshérités et de laissés-pour-compte, King Lopitos faisait fléchir le pouvoir officiel, qui, las de l’ascendant démesuré du personnage, fit appel à des tueurs pour le liquider.
Tout en racontant de sa voix sans émotion la vie de King Lopitos et sa mort sous les balles qu’il a tirées sur lui, le gardien nous dresse un portrait étonnant d’une ville et d’une époque. Confondant la vie de King Lopitos avec la sienne propre, il nous entraîne dans un monde peuplé de personnages pittoresques et inclassables.
Écrit par une auteure à l’esprit d’observation d’une incroyable finesse, King Lopitos appartient, par le foisonnement de ses personnages et son ton presque surréaliste, à la littérature latino-américaine dans ce qu’elle a de plus réussi, de plus envoûtant.
À la parution d’un précédent roman, un critique avait d’ailleurs observé qu’une « voix comme celle de Vilma Fuentes crée des affinités électives que l’on perçoit et reconnaît, au-delà de toutes les barrières, dès les premières pages d’un livre que l’on va aimer, qu’on aime ».
Il faut par ailleurs souligner l’admirable travail de Nicole et Émile Martel à qui l’on doit la version française de King Lopitos, écrit d’abord en espagnol.
Une gare routière plantée sur un terrain vague aux abords d’Acapulco. Des cars déglingués y déversent les loqueteux fuyant les bidonvilles de Mexico. Lumière ocre sur les collines, soleil au zénith, grondement des vagues : paradis et enfer.
Un garçon de quinze ans orgueilleux et frondeur y lie son destin à celui d’un étrange binôme formé par un architecte et un promoteur alcoolique et visionnaire. Les hommes brûlent de la même fièvre : transformer ce no man’s land en un nouvel Eden. Et l’adolescent de lever une armée pour défendre les laissés-pourcompte du vieux port d’Acapulco apprêté, pour la jet-set, en arrogante putain.
Mais la misère gâte le paysage, et le héraut des opprimés devient l’homme à abattre. A qui profite le crime ? Un jésuite d’un orgueil luciférien, une ex-reine de beauté convertie dans les affaires, de riches communistes rêveurs de l’autre rive du río Bravo ?
La liste est longue de ceux qui veulent à toute force construire leur paradis. Ce sont pourtant ses pistoleros qui appuient sur la détente, eux qui lui doivent la vie et ne peuvent s’acquitter qu’ainsi d’une si lourde dette.
Chronique de la fondation d’un empire touristique et critique d’une société inégalitaire jusqu’au délire, ce roman violent et poétique porte une brillante réflexion philosophique sur le pouvoir et la peur.
Boulevard des Mystères, route de l’Enfant-Perdu, ruelle du Secret, venelle du Diable, avenue de l’Eveil, impasse de l’Amitié… : c’est en rebaptisant ainsi les quartiers de Mexico que la jeune Vilma Fuentes s’annexait le territoire de sa ville natale.
Dès lors, chaque chapitre de ce roman ambulatoire est comme une station sur le parcours d’un magique voyage dans les lieux de mémoire.
De déménagement en changement d’école, de la fréquentation des pauvres du voisinage à celle des intellectuels amis de sa famille, de l’enfance à l’adolescence, Vilma Fuentes réinvente l’immense métropole mexicaine.
Alliant le charme des récits d’enfance à l’élaboration d’une géographie initiatique, L’Autobus de Mexico capte ce dont nul guide de voyage ne saurait rendre compte : la mystérieuse aura d’une des plus fascinantes cités du monde.
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