vendredi 29 janvier 2010

Décès de l'écrivain américain J.D. Salinger

Il restera comme l'énigmatique auteur de "L'Attrappe-Coeurs".
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L'écrivain américain J.D. Salinger, aussi célèbre pour son roman-culte que pour le mystère qui entourait sa vie de reclus, est mort, a annoncé jeudi son fils. Il avait 91 ans.
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Jerome David Salinger s'est éteint de mort naturelle dans sa maison de Cornish, dans le New Hampshire (nord-est des Etats-Unis), où il vivait retiré du monde depuis plusieurs dizaines d'années, a précisé son fils dans un communiqué envoyé par l'agent de l'écrivain.
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J.D Salinger est l'homme d'un roman: "L'Attrape-Coeurs" ("The Catcher in the Rye", NDLR), publié en 1951, dans un monde où la Guerre Froide alimente les peurs et les soupçons, et encourage le conformisme aux Etats-Unis.
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Roman initiatique sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte, l'antagonisme entre la candeur de la jeunesse et la corruption des adultes, le livre aura un impact considérable sur des générations de lecteurs et d'artistes. Il a aujourd'hui franchi la barre des 60 millions d'exemplaires vendus dans le monde.
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"la liseuse" de Nella Marchesini
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La chronique de Frédéric Beigbeder
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J.D. Salinger est mort, à 91 ans. Parmi ses admirateurs français, Frédéric Beigbeder qui, il y a deux ans, signait deux déclarations d'amour (avec celle-ci) à l'auteur du cultissime Attrape Coeur.
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Devant nous, à trois mètres, un panneau indique: "No trespassing".
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C'est donc là. Je suis dans le New Hampshire avec Jean-Marie Périer pour tourner un documentaire sur Jerome David Salinger.
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Il y a un petit cimetière blanc à droite de la route, un chemin de terre qui serpente vers le haut de la colline où une maison domine la forêt; la description concorde avec nos informations ultrasecrètes.
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L'idée est malade: il s'agit d'aller rendre visite à l'écrivain le mieux caché du monde. L'auteur de L'attrape-coeurs (60 millions d'exemplaires vendus depuis 1951) est mon écrivain préféré, il a 88 ans et j'en ai marre qu'il soit mon contraire absolu. Quand il avait mon âge, Salinger était une star qui draguait les filles, dînait au Stork Club, jouait au poker, fréquentait les journalistes, et se saoûlait au Chumley's avec des écrivains et des éditeurs.
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Et puis, un beau jour, il a complètement disparu. C'était le 19 juin 1965, après la publication de sa nouvelle Hapworth 16, 1924 dans le New Yorker. Trois mois après, je naissais: cela ne peut pas être un hasard. Son célèbre héros Holden Caulfield, l'éternel adolescent fugueur, a changé ma vie: un garçon qui s'enfuit de son école, ment sur son âge pour entrer dans des bars, harcèle une pute, prend des taxis qui puent le vomi, se demande où vont les canards de Central Park en hiver, dit "nom de Dieu" tout le temps avant de tomber amoureux d'une bonne soeur ne pouvait que devenir mon meilleur copain.
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Selon moi, Salinger a écrit une Odyssée de la même importance que celles de Joyce ou Homère, à une différence près (qui rend son "bildungsroman" bien supérieur à mes yeux): son chef-d'oeuvre est beaucoup plus court.
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En Amérique, The Catcher in the Rye est un peu l'équivalent de L'étranger de Camus, publié dix ans plus tôt (si Albert Camus n'avait pas eu d'accident de voiture en 1960, il aurait aujourd'hui à peu près le même âge que Salinger - à peine six ans de plus).
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Après des mois d'enquête, j'ai trouvé l'adresse de J.D. Salinger: Sander Hill Road, Cornish, New Hampshire, 03745. En allant sur Google Earth, on peut même apercevoir sa ferme cachée dans les arbres.
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La technologie de surveillance actuelle par satellite est tellement efficace que même Salinger ne peut plus lui échapper. Oui, je sais ce que vous pensez: c'est ignoble, il faut foutre la paix à ce vieux misanthrope. Mais si Albert Camus vivait toujours, ne voudriez-vous pas lui parler?
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Je veux juste demander à Salinger pourquoi il a coupé tout contact avec le monde extérieur.
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Est-ce parce que John Updike a descendu Dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers dans le New York Times en 1963?
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Parce qu'il a été dégoûté de l'humanité lors de son débarquement en Normandie le 6 juin 1944 avec le 12e régiment d'infanterie US?
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Par calcul marketing, pour devenir plus mystérieux?
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Parce qu'il ne pouvait plus écrire (sa fille Margaret affirme pourtant qu'il a dix romans enfermés dans un coffre-fort)?
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Par agoraphobie, mégalomanie, bartlebysme aigu?
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Pourquoi ne respecte-t-on que les écrivains cachés?
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On connaît le son de deux mains qui applaudissent mais quel bruit fait une seule main qui applaudit?
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Les poissons qui mangent trop de bananes sont-ils une raison valable de se tirer une balle dans la tempe droite?
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Il faut que je sache car j'ai bientôt 42 ans: Salinger en avait quarante-six quand il est parti. Si je veux lui emboîter le pas, il ne me reste que quatre années de fiesta avant de jouer à Greta Garbo. Je vous raconterai le mois prochain le résultat de mon pèlerinage à Cornish chez l'ermite absolu. Salinger est ma statue du Commandeur. Le moment est venu de mon grand face-à-face avec le Silence. - source : l'express-lire
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L'Attrape-cœurs (The Catcher in the Rye) est un roman de J. D. Salinger. Publié aux États-Unis en 1951, plus de 60 millions d'exemplaires ont été vendus à ce jour et il s'en vendrait environ 250 000 chaque année.
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Il constitue l'une des œuvres les plus célèbres du
XXe siècle et un classique de la littérature, à ce titre enseigné dans les écoles aux États-Unis et au Canada, bien qu'il soit critiqué en raison de certains des thèmes abordés (prostitution, décrochage scolaire, obsession de la sexualité) et du niveau de langue (langage familier et souvent injurieux). La notion d'anti-héros débute alors et choque le grand public.
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Écrit à la première personne, le roman relate les deux jours durant lesquels Holden Caulfield vit seul dans New York, après avoir été expulsé de Pencey Prep.
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Dans les premiers chapitres, il nous raconte ses différends avec les étudiants de Pencey (en particulier Stradlater et Ackley), qu'il qualifie de superficiels. Après avoir été viré du collège, Holden fait rapidement ses bagages et quitte l'école en plein milieu de la nuit. Il prend un train pour New York, mais refuse de rejoindre directement l'appartement familial; il réserve une chambre dans un hôtel sordide, "the Edmont Hotel".
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Il passe la soirée à danser avec trois jeunes filles de Seattle (dont seulement une est jolie selon lui) et rencontre une prostituée, avec qui Holden aura un léger malentendu: il refuse de faire quoi que ce soit avec elle, mais la paye quand même pour lui avoir accordé son temps.
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La prostituée, Sunny, revient plus tard dans la soirée pour lui demander plus d'argent qu'il était convenu et lorsque Holden refuse de payer, il reçoit un coup violent de la part de son proxénète.
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Holden passe deux jours en ville, largement caractérisés par l'ivresse et la solitude. Au point qu'il finit dans un musée, où il compare sa vie avec celles des statues, qui sont fixées et ne changent jamais.
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Il est clair pour le lecteur, mais pas pour Holden, que l'adolescent est effrayé et nerveux à l'idée de grandir, de devenir adulte. Il se pourrait que ces doutes aient, en partie, été causés par la mort de son frère, Allie.
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À la fin du roman, Holden finira par faire un tour chez lui, pendant l'absence de ses parents, pour prendre des nouvelles de sa petite sœur Phoebé, "une petite crevette" de 10 ans qui se trouve être la seule personne qu'il aime littéralement et avec qui il peut communiquer aisément.
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L'explication du titre est donnée dans ce chapitre, lorsque Holden et Phoebé parlent du poème de Robert Burns Comin' Through the Rye. Il s'imagine dans un champ de seigle avec des milliers de petits "mômes", il est au bord d'une falaise et doit seulement les empêcher de tomber, s'ils ne regardent pas où ils vont, s'ils s'approchent trop près du bord. Il serait "l'attrape-cœurs" ("the catcher in the rye"). On peut comprendre ce passage comme étant la plus grande envie de Holden: empêcher les enfants de grandir, de tomber de la falaise.
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Après avoir quitté l'appartement, Holden décide d'aller rendre visite à un ancien professeur d'anglais, M. Antolini, qui lui propose de rester chez lui pour la nuit. Ils discutent tout deux de longs moments et le professeur pressent la "chute" de l'adolescent. Mais durant la nuit, Holden se réveille brusquement et surprend M. Antolini qui lui caresse la tête d'une façon qui lui semble "perverse". Il quitte l'appartement de son ancien professeur et passe son dernier après-midi en ville. Il se demandera plus tard si son interprétation du geste de M. Antolini n'était pas exagérée.
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Holden décide alors de s'en aller de New York, pour partir loin à l'ouest, et confie son désir à Phoebé, qui insiste pour partir avec lui, peu importe où il ira. Il refuse de l'emmener, ne voulant pas lui avouer que lui-même ne pourrait jamais le faire. Ils vont ensuite au zoo; Holden regarde sa petite sœur sur un manège, admiratif et nostalgique à la fois.
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À la fin du livre, Holden ne veut pas parler de son présent, le trouvant sans importance. Il devient clair que l'adolescent âgé de 17 ans se trouve dans une sorte d'hôpital psychiatrique (il se qualifie de "malade" et parle "du psychanalyste d'ici"). Il nous précise qu'il entrera dans un nouveau lycée au mois de septembre, et avoue que les personnes dont il a parlé dans le roman lui manquent. - wikipédia

2 commentaires:

Marie a dit…

Je n'ai jamais lu cet auteur, il faut vraiment que je me plonge dans L'attrape-coeurs...

mazel a dit…

une lecture bien lointaine pour moi... sais pas encore si j'aurai le courage d'une relecture... peur que ça ait mal vieillit...

je tenterai peut-être un autre, puisque tous ces livres vont être réédités.

bises Marie