jeudi 21 janvier 2010

À quoi servent ces bandes de papier, rouges le plus souvent, qui entourent les livres ?

En lisant la presse, je me suis arrêtée sur un article du figaro... sur les fameux "bandeaux"...
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qui me semblent de plus en plus utilisés et qui m'agacent lorsqu'ils entourent autre chose qu'un livre primé (snobisme ?)... me fait souvent penser a des produits promotionnel, 2 pour le prix d'un... et autres publicités dans le même genre...
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Quoi que primés ou pas, bandeaux ou sans bandeaux... l'envie d'acheter un livre me vient plus de la confiance que j'accorde a l'auteur... et pour les auteurs que je connais pas encore, je préfère souvent les découvrir en bibliothèque... avant de dépenser mes sous... et le bandeaux terminent le plus souvent dans la poubelle jaune... recyclage oblige...
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illustration : de l’illustrateur Alireza Darvish,
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Chaque libraire a, un jour, vécu cette scène : un client entre dans la librairie pour réclamer le prix Goncourt qui vient tout juste d'être décerné ;
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on lui apporte le roman couronné, mais le lecteur n'est pas satisfait ! Pourquoi ? lui demande-t-on.
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Parce qu'il veut le livre avec le bandeau : «C'est pour offrir !»
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Comme si Trois femmes puissantes de Marie NDiaye n'avait pas la même valeur sans son célèbre bandeau rouge…
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Ces bouts de papier qui emballent de plus en plus souvent les romans font-ils vraiment vendre ? À jeter un coup d'œil sur la production actuelle, il semblerait qu'aucun éditeur ne puisse s'en passer.

Il y en a pour tous les goûts et tous les genres.

On trouve le bandeau sobre avec le nom de l'auteur comme pour Jean-Jacques Schuhl ou Philippe Sollers ;
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le passe-partout un brin paresseux, «Un grand roman américain», «Une fille simple» ;
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l'informatif sommaire assénant sa vérité, «Inédit» ou «Rentrée littéraire» ;
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le bandeau vaguement racoleur : «L'héritier des rois de France nous parle», « Le témoignage posthume d'un auteur vivant ».
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Et le provocateur, qui ne laisse personne indifférent. On a vu dernièrement un ouvrage de Christian Authier, Deuxièmes séances (Stock), sur le septième art ceint de son bandeau crème inspiré de Godard : «Si vous n'aimez pas le cinéma, allez-vous faire foutre.»
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Jean-Marc Roberts, le directeur de Stock, assure : «Celui-là, c'est l'auteur qui l'a choisi, mais en général, je prends la décision nécessaire d'habiller la couverture bleue de Stock. J'alterne les genres. Quand les auteurs sont connus, leur nom suffit. Parfois le bandeau s'impose de lui-même comme pour Le Rapport de Brodeck, de Philippe Claudel. La première phrase “Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien” a fait un bandeau parfait. Parfois, il n'est pas nécessaire, comme pour le livre de Jean-Louis Fournier. Cela a changé quand il a eu le prix Femina, que nous avons mentionné. Là, c'est automatique et rapide, un bandeau se fabrique en effet en quelques heures.»
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L'adaptation au cinéma, un argument de vente


L'éditeur se souvient aussi d'avoir été épinglé par ses confrères pour avoir usé - et peut-être abusé - des photographies d'auteurs, en l'occurrence des femmes, plutôt jolies. « Le but recherché n'était évidemment pas de créer une galerie de mannequins, mais certains l'ont interprété comme cela, comme une faute de goût. Du coup, certains auteurs féminins n'ont plus voulu mettre leur photo » , déplore l'éditeur, mi-figue mi-raisin.
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Ces bandeaux tant pensés ont-ils un effet auprès des lecteurs potentiels ? «À coup sûr, oui, les bandeaux ont un effet», répond Laurence Deschamps, chef de produits «Littérature» à la Fnac.
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Mais la libraire s'empresse d'ajouter : «En revanche, tous les bandeaux ne se valent pas. Prenez l'exemple des prix littéraires : certaines récompenses ont peu d'impact… On continue toujours à vendre le Goncourt et les grands prix ; mais il est plus difficile de dire que tous les autres prix ont un véritable effet. En fait, cela dépend souvent du livre.»
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Laurence Deschamps ajoute qu'il existe un effet bien plus efficace : quand le roman est adapté au cinéma, l'affiche du film en couverture décuple les ventes. Elle ne trouve pas d'intérêt à afficher le nombre d'exemplaires écoulés, du genre «1 million d'exemplaires vendus dans le monde», ce n'est pas très parlant pour les clients, juge-t-elle.
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De son côté, Corinne Crabos, directrice du livre à la librairie Mollat (Bordeaux), estime que les bandeaux sont utiles quand ils sont informatifs : «Plus c'est simple, plus c'est efficace », souligne-t-elle, comme nombre de ses consœurs libraires. «Un bon bandeau doit être clair, précis et respecter la charte graphique de la maison d'édition, il est le reflet de la couverture», estime-t-elle. Elle fait une remarque importante : «Mais il y a actuellement une telle prolifération… Trop de bandeaux nuit au bandeau
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Quand le nom de l'auteur devient une marque


Il existe une tendance extraordinaire des éditeurs à mettre à tout prix le nom de l'auteur en gros, même si c'est un illustre inconnu… «Ce n'est pas très utile» , disent les libraires.
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À moins que l'on veuille faire croire que l'écrivain inconnu gagne à l'être, mais jouer sur cette fibre-là est à double tranchant et peut faire, au contraire, fuir le lecteur…
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D'autres professionnels du livre affirment également qu'il faut faire attention à ne pas jouer avec la provocation. Il faut qu'elle ait un lien avec le contenu, dans le ton comme dans le récit.
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Pour Marcel Botton, président de Nomen (leader européen de la création de marques), « un bandeau doit donner des réponses plutôt que poser des questions - le lecteur n'a pas à s'interroger pour savoir s'il connaît, ou non, le nom de l'auteur inscrit en gros ; ce n'est pas très efficace.
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En revanche, lorsque l'écrivain est connu, il constitue une formidable marque : Modiano, Le Clézio, Dan Brown… C'est comme Danone ! Les lecteurs savent ce qu'ils vont trouver…»
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Et d'appuyer cette argumentation : « Le nom, comme une marque, est une garantie de qualité, un repère pour les lecteurs - l'univers, le style de l'auteur… - on ne risque pas d'être trompé sur la marchandise ! »
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Et selon lui, les éditeurs oublient un principe bien connu du marketing : on ne fait la promotion que d'un bon livre - la meilleure publicité ne fera pas vendre un mauvais roman. Ce que Corinne Crabos explique à sa manière : le bandeau n'est qu'un élément ; généralement, après s'être saisi du livre, le lecteur potentiel regarde la quatrième de couverture, feuillette, demande conseil… Et repose ou achète le roman.


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Des machines à emballer



Il suffit de quelques minutes à l'imprimeur après l'annonce du prix Goncourt pour lancer les machines qui fabriqueront le bandeau rouge. À Saint-Amand-Montrond, l'imprimerie du groupe CPI possède trois machines à poser les bandes.
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Cette réactivité et cette force de frappe permettent d'obtenir des livres en tenue de gala le jour même de l'annonce du Goncourt. Prévoyant, l'éditeur qui compte un ouvrage dans la toute dernière sélection aura auparavant envoyé les fichiers adéquats.
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Article de Mohammed Aïssaoui et Françoise Dargent
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3 commentaires:

soukee a dit…

Super intéressant cet article, merci Mazel ! L'argument marketing est évident, ce bandeau est une sorte de preuve... Les livres sont des produits de consommation, et si nous on l'oublie parfois, certains non...

Mélopée a dit…

Très intéressant cet article ! Je fulminais sur le dernier livre que j'ai revendu et que j'avais approché comme une bonne poire faisant confiance au bandeau (qui le vantait comme un Twilight bis). Je ne m'y ferai pas reprendre. Pour indiquer un prix, soit ! Mais pour comparer à un autre livre (toujours un gros succès évidemment), là non !

Alex-Mot-a-Mots a dit…

Le pire, c'est quand on lit le livre avec son bandeau : il glisse, alors on l'enlève et après, on est bien embêté !