jeudi 29 mai 2008

Thierry Maugenest : La poudre des rois : Une enquête au XIIIe siècle

polar-historique

" Ils sont revenus ! Ils sont revenus pour se venger ! Ils sont là, tous les deux ! Ils sont revenus pour prendre ma vie... "

L'homme qui parle ainsi fuit seul sur son cheval. Il a quitté le royaume fascinant de Séville et se retourne sans cesse, sa cape noire au vent, agite dans le vide son épée à la lame recourbée, transpire, balbutie et finalement se met à geindre tandis que sa monture avance toujours plus loin dans la campagne d'Andalousie...

Cet homme sera bientôt mort. Comme d'autres marchands, en ce milieu du XIIIe siècle pourtant marqué par les progrès de la médecine, il va être emporté par une fièvre étrange. Sorcellerie ? Malédiction ? Vengeance ?

Le jeune Aguirre, proche du médecin du roi, va enquêter sur cette maladie sélective qui ne touche ni les femmes ni les enfants. Tout le ramènera, quinze années plus tôt, sur une nef marchande faisant route vers l'Orient...
Biographie de l'auteur :
Écrivain et traducteur ayant séjourné plusieurs années dans la région de Venise, Thierry Maugenest vit en Provence et est l'auteur de plusieurs romans policiers dont Venise.net ; Manuscrit ms 408 Voynich et Audimat cirrus, traduits dans une dizaine de langues et tous publiés aux Éditions Liana Levi.

Editeur :
http://www.lianalevi.fr/auteurs/maugenest.htm

Autres titres :

Manuscrit ms 408 Voynich
Venise.net
Audimat circus
Bab El Bahar la Porte de la Mer
Note 1 :
choisi par hasard à la bibliothèque... sur une table de présentation... la 4ème de couverture m'a fait songer au "pendule de Foucault" de Umberto Eco ou "le livre de saphir" de Gilbert Sinoué...
Note 2 : le 31 mai 2008
j'avais espéré un genre "le livre de saphir" de Sinoué ou "le pendule de Foucault" d'Umberto Eco...
tous les éléments semblaient y être...
hélas...
je le trouve un peu poussif ce roman... bien l'impression d'avoir trouvé pire que le "da Vinci code"...

mardi 27 mai 2008

Boualem Sansal : Le Village de l'Allemand

Les narrateurs sont deux frères nés de mère algérienne et de père allemand.
Ils ont été élevés par un vieil oncle immigré dans une cité de la banlieue parisienne, tandis que leurs parents restaient dans leur village d'Aïn Deb, près de Sétif.
En 1994, le GIA massacre une partie de la population du bourg.
Pour les deux fils, le deuil va se doubler d'une douleur bien plus atroce : la révélation de ce que fut leur père, cet Allemand qui jouissait du titre prestigieux de moudjahid... Basé sur une histoire authentique, le roman propose une réflexion véhémente et profonde, nourrie par la pensée de Primo Levi.
Il relie trois épisodes à la fois dissemblables et proches : la Shoah, vue à travers le regard d'un jeune Arabe qui découvre avec horreur la réalité de l'extermination de masse ; la sale guerre des années 1990 en Algérie ; la situation des banlieues françaises, et en particulier la vie des Algériens qui s'y trouvent depuis deux générations dans un abandon croissant de la République.
" A ce train, dit un personnage, parce que nos parents sont trop pieux et nos gamins trop naïfs, la cité sera bientôt une république islamique parfaitement constituée.
Vous devrez alors lui faire la guerre si vous voulez seulement la contenir dans ses frontières actuelles. "
Sur un sujet aussi délicat, Sansal parvient à faire entendre une voix d'une sincérité bouleversante.

Biographie de l'auteur :

Né en 1949, Boualem Sansal vit à Boumerdès, près d'Alger. Depuis son premier livre, Le serment des barbares, il est considéré comme l'un des écrivains algériens les plus importants. Le village de l'Allemand est son cinquième roman.
Article de presse :
Il existe des auteurs qui méritent de vrais lecteurs, des lecteurs qui méritent qu'on écrive pour eux, y compris ceux qui ne lisent pas, y compris ceux qui sont juste occupés avec le tracas de la vie et n'ont jamais une seconde pour parcourir une page. Ces auteurs et ces lecteurs-là peuvent ne jamais se rencontrer mais ce n'est pas grave, la possibilité existe. Si les vrais auteurs ont tous un peu de Sisyphe, Boualem Sansal n'est pas loin d'en incarner le mythe.
A l'occasion de la mort de leurs parents massacrés par le GIA près de Sétif en 1994, deux frères, Malrich et Rachel Schiller qui ont été élevés en France par un oncle immigré, découvrent que leur père, un Allemand converti à l'islam, marié à une Algérienne, était un bourreau nazi qui a mis ses compétences au service du FLN.
Rachel est ingénieur, plus qu'intégré, marié à Ophélie. Et, le nom de sa femme le dit, il est un nouvel Hamlet, un qui va enquêter sur le passé de son père, partir sur les traces de la vieille barbarie et découvrir qu'il y a bien quelque chose de pourri dans beaucoup de royaumes, que les fascismes sont encore à l'œuvre. Et il va ressentir la nécessité de racheter cela, d'assumer la part d'ombre de l'humanité. Malrich, petit zonard en voie de réinsertion par la mécanique auto, parvient au même niveau de conscience en jetant un regard lucide sur sa banlieue. Et lui aussi décide de se battre, même si, peut-être, c'est perdu d'avance.
Les journaux croisés des deux frères nous disent, au ras du quotidien, à hauteur de petits destins, à la fois notre innocence à tous et nos complicités tacites avec les crimes commis au nom des idéologies.
Regulus est ce général romain, capturé par les Carthaginois, envoyé à Rome pour négocier la paix, avec promesse de revenir, et qui a conseillé au Sénat de poursuivre la guerre. A la suite de quoi il est retourné se faire torturer à Carthage, honorant sa parole. Tu es un requin, Boualem. Il faut plus que du courage pour publier un roman qui opère un rapprochement entre les intégrismes islamistes – l'international, celui du terrorisme, et le petit, celui du noyautage des cités –, et retourner ensuite chez toi, près d'Alger. - Michel Quint (Écrivain), Texte recueilli par Jacqueline Artus
http://bibliobs.nouvelobs.com/romans
Note :
Dès les premières pages j'ai su que je lisais un roman exceptionnel. Probablement le meilleur de l'année 2008... a mi-parcours, j'en suis persuadée.

samedi 24 mai 2008

Envie de lire... Gilbert Sinoué

Je profite de la lecture de "l'Egyptienne" de Gilbert Sinoué, pour faire un court tour d'horizon de son oeuvre... et des livres qui me tentent...


Gilbert Sinoué est un écrivain français né au Caire le 18 février 1947.


Après des études chez les Jésuites et une formation de professeur de guitare classique à l'École normale de musique de Paris-Alfred Cortot, il écrit plusieurs romans historiques, parmi lesquels :
Avicenne ou la route d'Ispahan (1989), biographie romancée du grand médecin persan né en 980 près de Boukhara (Ouzbékistan) et mort en 1037 à Hamadan (Iran).
Le livre de
saphir (1996), récit de la quête d'un manuscrit sacré par un trio de lettrés ésotéristes des trois monothéismes dans l'Espagne de l'Inquisition à la veille de la chute de Grenade en 1492. Livre qui a été récompensé du prix des Libraires en 1996.
Deux autres romans ont aidé à sa renommée de merveilleux conteur: La Pourpre et l’olivier ou
Calixte Ier le pape oublié, écrit en 1987 et qui remporte le prix Jean d'Heurs pour meilleur roman historique, et l'Égyptienne, premier tome d'une saga qui décrit une Égypte encore mal connue, celle des XVIIIe et XIXe siècles, qui remporte le prix littéraire du Quartier Latin. En 2004, "Les Silences de Dieu", reçoit le Grand prix de littérature policière.
Gilbert Sinoué est également scénariste et dialoguiste. L'un de ses romans, "Des Jours et des Nuits" a fait l'objet d'une adaptation télévisuelle, en deux parties, mis en scène par Thierry Chabert, avec Stéphane Freiss, Claire Nebout et Caterina Murino dans les rôles principaux. Gilbert Sinoué est également scénariste et dialoguiste. Il aussi collaboré à l'écriture d'un feuilleton : La Légende des Trois clés, diffusée en décembre 2007. (source : wikipédia)

Site officiel de l'auteur : http://www.sinoue.com/










Le dernier pharaon mehemet-ali 1770-1849


1801, Un homme, né dans un port de Macédoine, petit négociant en tabac, ne sachant ni lire ni écrire, débarque dans la vallée du Nil.
Se hissant à la tête de l'Egypte, il devient en quatre ans, quelque trente siècles après Ramsès II, le dernier pharaon.
Maître absolu, il réalise l'impossible, arrache le pays aux ténèbres, crée un empire qui s'étend du golfe Persique au désert de Libye, du Soudan à la Méditerranée, soit dix fois la France - la moitié de l'Europe -, se rapprochant ainsi des nues où trône son idole : Napoléon Bonaparte.
D'une terre sans forêts, il tire une marine.
Il fonde des écoles, des hôpitaux, un arsenal, des industries, une armée - la plus puissante de tout l'Orient -, importe les premières machines à vapeur, dote l'Egypte de plus de cent soixante kilomètres de canaux, d'un télégraphe aérien, fait planter plus de cent mille pieds d'oliviers et dix millions de mûriers aux frontières du désert.
Et tout cela, il l'accomplit avec la France et grâce aux Français.
On peut dire alors que l'Egypte de Méhémet-Ali n'est pas loin d'être une province française.
A l'apogée d'un règne de près de cinquante ans, il aura fondé Khartoum, conquis l'Arabie et la Syrie, sera parvenu jusqu'aux portes d'Istanbul, aura fait trembler sur ses bases le vieil Empire ottoman...
L'Europe entière est debout.

C'est ce dernier pharaon - celui à qui la France doit l'obélisque de la Concorde - que Gilbert Sinoué fait revivre sous nos yeux. Il le fait, avec l'extrême rigueur de l'historien et le grand talent de conteur qu'on lui sait.



Avicenne ou la route d'Ispahan (Poche)

biographie romancée d'Ib'n Sina, cet homme prodige qui est aujourd'hui encore un des plus grands noms de la philosophie islamique.
Né près de Boukhara en août 980, médecin à 18 ans, philosophe qui s'est impliqué dans la constitution de la théologie et théosophie de l'ismaélisme, branche du shiisme, mais aussi dans la philosophie de l'art, de la musique... Mathématicien, astrologue, poète...



Les Silences de Dieu

Clarissa Gray, célèbre auteur de romans policiers, s’est retirée du monde pour vivre sur une île aux confins de l’Ecosse.
Une nuit de juin, sa vie bascule : un homme, la gorge tranchée, meurt dans son salon en lui laissant un carnet codé qu’elle va déchiffrer avec l’aide de l’un de ses amis, Maclean. Car Clarissa Gray veut savoir.
Elle doit savoir.
Jour après jour, la romancière réunit les pièces du puzzle pour se retrouver devant une évidence que tout son être aura refusé jusque-là d’envisager.
Comment un esprit cartésien pourrait accepter que l’auteur du carnet codé ne soit autre que l’archange Gabriel ?
Comment croire qu’un tueur en série sévit au paradis et qu’il a pris les anges pour cibles ?
Et pour couronner le tout, comment imaginer que les coupables, comme le soupçonne avec horreur Gabriel, puissent être Jésus, Mahomet ou Moïse ? Mrs Gray décide alors de mener son enquête.

Dans ce roman au suspense hallucinant, Gilbert Sinoué poursuit ses réflexions sur le thème des trois religions et renoue ici avec l’alchimie qui fit le succès du Livre de saphir. Un livre totalement iconoclaste et plein d’humour. Un regard sur ce qui divise notre planète : le paradoxe religieux


L'enfant de Bruges (Poche)
Bruges, 1441. Arborant un air mystérieux, l'index posé sur les lèvres, Jan Van Eyck avait chuchoté : Petit, il faut savoir se taire, surtout si l'on sait.
Qui pouvait se douter alors que, derrière la recommandation du maître flamand, se cachait le Grand Secret ?
À travers les brumes de Flandre et la luminosité éclatante de la Toscane, un enfant de treize ans va se retrouver confronté à une effroyable conspiration.
Un monde occulte, empli de ténèbres qu'il lui faudra affronter avec l'innocence pour toute arme. Pourquoi veut-on sa mort ?
Que sait-il qu'il n'aurait jamais dû connaître ?
Pour quelle raison des peintres de génie, des apprentis, des orfèvres, des penseurs, des architectes sont-ils la cible de meurtriers invisibles ?
Quels sont les fils mystérieux qui les relient entre eux et les tirent insensiblement au bord de l'abîme ?
Autant de questions auxquelles l'enfant de Bruges devra s'efforcer de répondre s'il ne veut pas disparaître à son tour dans la nuit.
Moi, Jésus
19 avril de l'an 30 de notre ère.
Trahi par Hérode, abandonné de tous ses apôtres, condamné par le Sanhédrin qui arrache à Pilate une sentence de mort, un Galiléen agonise au terme d'un effroyable supplice.
Cet homme, que l'on appelle Jésus, est mis au tombeau le soir même.
Pourtant, lorsque, à l'aube du troisième jour, les femmes se rendent auprès de sa dépouille, elles ne retrouvent que son linceul.
Gilbert Sinoué " ressuscite " Jésus de Nazareth et sonde l'une des plus grandes énigmes de l'Histoire. Mais, au-delà du récit iconoclaste et captivant, l'auteur du Livre de Saphir propose un éclairage totalement inédit sur cet épisode fondateur.

Gilbert Sinoué : Des jours et des nuits

roman


Argentine, Buenos Aires, années trente.

Le fortuné Ricardo Vacarezza a un problème de taille : depuis peu, des rêves récurrents l'assaillent, où il s'exprime avec la voix d'un autre homme dans une langue inconnue et fait l'amour avec une femme mystérieuse…

La rencontre de l'indien Yanpa le désignant comme chaman malgré lui n'arrange rien à l'affaire ;

et voilà notre héros condamné à se confronter à une psychanalyste d'obédience jungienne afin d'interpréter propos oniriques et visions impromptues !

En est-il des songes de Ricardo comme des remous politiques qui secouent l'Argentine d'alors ?

De fait, à la tête de l'État comme dans les interstices du psychisme, "il y a des remises en ordre plus assassines que les plus grands désordres".

Pour redevenir "maître dans la maison", Ricardo doit entamer un voyage jusqu'en Grèce où l'attend selon lui l'élue de son cœur, dont il est séparé depuis rien moins que trois mille ans...

*

Gilbert Sinoué surprend par ce récit plus "moderne", sinon moins enlevé, que ses précédents opus, l'inoubliable Livre de Saphir et L'Enfant de Bruges.

Chacun jugera sur pièces cette histoire qui mêle, jusqu'au vertige, temporel et existentiel, réincarnation et amour absolu.

En gardant à l'esprit une phrase dont la passion humaine vient ici sublimer la facture anodine : "Nous rêvons tous. Combien sommes-nous à réaliser nos rêves ?"


Quatrième de couverture :

« Essayerais-tu de me dire que l'on peut entrevoir l'avenir? demanda Ricardo.

- L'avenir et le passé.

- Nous connaissons tous notre passé. Où est l'intérêt?

- Le passé dont je parle, c'est celui d'avant le passé et de tous les autres passés. Serais-tu donc assez naïf pour imaginer que l'on vive une seule existence? On naît, on meurt, on vit, on meurt... à l'infini. »




site de l'auteur : http://www.sinoue.com/






note :
souvenir de lecture
Enfin, souvenir est un bien grand mot...
je me souviens surtout que je n'avais pas aimé...



à l'époque...


A lire à l'occasion : Le Rire de Sara (suite de : Des jours et des nuits) (Poche)

Gilbert Sinoué : Un bateau pour l'enfer

roman historique,
shoah,

13 mai 1939.
A Hambourg, le SS Saint-Louis, paquebot battant pavillon nazi, largue les amarres.

A son bord, 937 passagers, dont 550 femmes et enfants.

Tous sont des juifs allemands.

Tous sont munis de visas.

Destination : La Havane.

Le 23 mai, alors que le bateau est à la veille de pénétrer dans les eaux territoriales cubaines, Gustav Schröder, capitaine du Saint-Louis, reçoit un câble expédié par le gouvernement de La Havane : Mouillage en rade - Stop -Ne pas tenter d'approcher port.

Puis ordre lui est transmis de faire demi-tour et de ramener sa " cargaison " à Hambourg. Schröder décide de passer outre et prend contact avec les gouvernements du monde dit libre en leur demandant d'accueillir ses passagers.

Roosevelt, le premier sollicité, refuse.

Le Canada refuse.

Toutes les nations d'Amérique latine refusent.

A Berlin, Goebbels exulte : personne n'en veut!

C'est ainsi que commence l'effroyable errance du Saint-Louis.

Gilbert Sinoué retrace ici, heure par heure, une épopée dont on pourrait se dire qu'elle n'a pu exister tant elle semble inconcevable.


site de l'auteur : http://www.sinoue.com/


note : souvenir de lecture, l'un des meilleurs de Sinoué.

Gilbert Sinoué : La reine crucifiée

roman historique

Elle s'appelle Inès de Castro.
Il s'appelle dom Pedro, héritier de la couronne du Portugal.
Ils ont vingt ans. Ils s'aiment.

Nous sommes en 1340. Ils, vont se retrouver pris au piège d'une effroyable machination, broyés entre raison d'État et raison du cœur.

Du Portugal à la plaine vénitienne, de la Castille au palais des Papes, Gilbert Sinoué nous entraîne au cœur d'une fabuleuse fresque historique où la pureté des sentiments se heurte à la cruauté des temps, l'amour dévorant aux ambitions politiques.


Entre fiction et réalité, tragédie et conspiration, il ressuscite, dans la lignée de L'enfant de Bruges, l'histoire célèbre et mythique d'une folle passion : celle de deux êtres que même la mort ne parviendra pas à séparer.






site de l'auteur : http://www.sinoue.com/










note : souvenir de lecture...






Me fait penser que je dois relire "la reine morte" de Montherland...

vendredi 23 mai 2008

Gilbert Sinoué : Le Livre de saphir

roman historique

Eblouissant d’érudition, éblouissant de maîtrise historique, éblouissant de connaissance religieuse, éblouissant de qualité romanesque servie par une brillante intrigue. Réussir un ouvrage réunissant toutes ces qualités est un tour de force, que l’auteur a réalisé pour notre plus grand plaisir.
En 1487, sous l’inquisition espagnole, créée en 1478 par Fernando d’Aragon et Isabelle de Castille souverains d’Espagne, trois hommes, que tout oppose en apparence, vont partir en quête d’un mystérieux livre de saphir sensé contenir la parole Divine.
Pour cela ils devront suivre un parcours semé d’embûches, guidés par les énigmes laissées par un non moins énigmatique érudit, mort sur le bûché du grand inquisiteur Torquemada.
Ces trois hommes, brillants lettrés, sont les dignes représentants des trois religions d’Abraham.
Chacun attend, à la lecture du livre de saphir, avoir la révélation que sa religion est la vrai, la seule et l’unique. Qu’en sera-t-il ?
Au cours de ce périple les trois personnages vont nous donner une très grande leçon de respect, de tolérance, d’ouverture d’esprit, de fraternité et d’espoir qui ne sont pourtant pas monnaie courante en ces temps troublés de l’inquisition.

















Note :
Probablement le livre que j'ai le plus aimé de cet auteur...
Le style est magnifique : riche, profond, transmettant les émotions et les idées avec force.
Les thèmes traités sont toujours riches d’enseignement.
Le romanesque et l’historique toujours de grande qualité.

Gilbert Sinoué : La pourpre et l'olivier, ou, Calixte 1er, le pape oublié

roman historique
L'auteur nous conte, avec son talent habituel, le parcours étonnant de Calixte, l'esclave d'origine grecques, qui devint en 217 le seizième successeur de Pierre, alors que rien ne le prédestinait à cette suprême charge.
Alors que les chrétiens sont encore persécutés et que l'Eglise est déjà divisée, les légions romaines l'enlèveront à sa Thrace natale et le vendront comme esclave à Rome. Il travailla au service d'un haut fonctionnaire de l'empereur Commode, nommé Carpospore, qui était lui aussi chrétien, et qui en fit son banquier.

Il sera condamné au bagne : les mines de soufre de Sardaigne. Il y endurera trois longues années de dur labeur à l'extraction du minerai, faisant preuve d'un dévouement hors du commun auprès de ces compagnons bagnards.
Marcia, la concubine de l'empereur Commode, connaissant et appréciant le jeune Calixte, obtint qu'il fût libéré et affranchi. En 199 à la suite son élection au trône de saint Pierre, Zéphyrin, l'appela à ses côtés, et en fit son secrétaire personnel et l'archidiacre de la ville.

Et malgré les efforts et les manœuvres de son rival Hippolyte, un prêtre cultivé et d'une grande intelligence, candidat lui-même à la succession de Zéphyrin, c'est Calixte qui aura la préférence des suffrages du conclave et qui sera élu à l'évêché de Rome.

C'est Calixte 1er qui créa le premier cimetière chrétien, et dans ces biens faits, il reconnut la validité des mariages entre esclaves et femmes libres, et autorisa le remariage des veufs ainsi que leur entrée dans le clergé pour ceux qui le désiraient.
Plus discutable, c'est aussi Calixte 1er qui instaura l'usage de l'absolution de tous les péchés. Et c'est en banquier expérimenté qu'il apporta une grande prospérité à l'Eglise romaine.

L'histoire mouvementée et pleine de rebondissements d'un destin hors du commun, retranscrite par le talentueux narrateur qu'est Gilbert Sinoué : un cocktail délicieux à déguster sans aucune modération

Note :
superbe fresque, un bon moment de lecture...

jeudi 22 mai 2008

Barbara Chase-Riboud : Le nègre de l'Amistad

roman historique

En 1839, en Sierra Leone, des négriers enlèvent des guerriers du pays mendé. Vendus comme esclaves, embarqués pour Cuba, ceux-ci se mutinent et prennent la barre de l'Amistad, navire de leurs maîtres espagnols.
Ils échouent alors en Nouvelle-Angleterre, en pleine controverse nationale entre partisans et adversaires de l'esclavage, et vont lutter pour leur dignité au cours de trois procès retentissants.
Sont-ils des Noirs libres ou des esclaves? Doit-on les considérer comme des hommes ou des marchandises ?

Superbe guerrier dont la noble stature impressionnera le monde américain, représentant de l'antique tradition africaine, Joseph Cinque, leur chef, va découvrir une Amérique en pleine constitution, avec ses abolitionnistes, ses féministes, ses conservateurs blancs jaloux de leurs privilèges et ses Noirs émancipés, dont la belle Vivian Braithwaite, ardente et passionnée.

Avec Le Nègre de l'Amistad, Barbara Chase-Riboud réunit dans une éblouissante épopée historique le vieux continent africain et le Nouveau Monde.

Après La Grande Sultane et La Virginienne, elle évoque ici avec émotion les racines noires de la culture américaine, à travers le destin exceptionnel d'une grande figure de l'émancipation africaine.


biographie de l'auteur :

Sculpteur et poète, diplômée de l'université Yale, Barbara Chase--Riboud vit à Paris depuis dix-huit ans, elle est l'épouse du photo-graphe Marc Riboud. Aux Etats-Unis, les critiques et le public se sont enthousiasmés pour La Virginienne, ainsi que de nombreu-ses personnalités parmi lesquelles Mary McCarthy, John Galbraith et Kate Millett. Le livre a également été primé comme le meilleur ouvrage de fiction écrit par une femme américaine en 1979.
Note :
souvenir de lecture... anciens... le sujet est intéressant, mais... je n'ai pas aimé le livre... tout à gagner de voir plutôt le film...

Barbara Chase-Riboud : La virginienne

Roman historique

L'une des plus, grandes histoires d'amour de l'Amérique est aussi l'une des moins connues et des plus controversées. Thomas Jefferson, le troisième président des Etats-Unis et l'auteur de la Déclaration d'Indépendance, eut pendant trente-huit ans une maîtresse, la belle et mystérieuse Sally Hemings, qu'il aima et avec laquelle il vécut jusqu'à sa propre mort à l'abri des murs de Monticello, la plantation qu'il possédait en Virginie.

Mais ce qui choqua ses contemporains ne fut pas simplement que Jefferson eût une maîtresse. Le vrai scandale vint de ce que Sally Hemings était une esclave quarteronne et de ce que Jefferson engendra avec elle une famille d'esclaves dont de nombreux descendants, connus et inconnus, vivent de nos jours.
Cette liaison étrange et passionnée commença dans le Paris de 1787, où Jefferson était ambassadeur de la jeune république américaine auprès de la Cour. Sally n'avait pas alors plus de quinze ans.
Du royaume de France, cet extraordinaire récit romantique entraîne le lecteur dans les antichambres du pouvoir à Philadelphie et Washington, puis le fait participer à la vie quotidienne, à la magnificence de Monticello.
Pour recréer cette « love story » émouvante et fatale, Barbara Chase-Riboud s'est basée sur les documents et témoignages d'époque, tout en lâchant la bride à sa prodigieuse imagination de romancière, Elle a brossé ainsi un étonnant tableau de l'Amé-rique esclavagiste de la fin du XVIIIe siècle, une fresque grandiose mais toujours fidèle aux données de l'Histoire.
Grâce à La Virginienne, le lecteur partagera tous les débordements de la passion et toutes les grandes couleurs imaginés par une brillante romancière qui se penche sur l'histoire de son pays.
biographie de l'auteur :
Sculpteur et poète, diplômée de l'université Yale, Barbara Chase--Riboud vit à Paris depuis dix-huit ans, elle est l'épouse du photo-graphe Marc Riboud. Aux Etats-Unis, les critiques et le public se sont enthousiasmés pour La Virginienne, ainsi que de nombreu-ses personnalités parmi lesquelles Mary McCarthy, John Galbraith et Kate Millett. Le livre a également été primé comme le meilleur ouvrage de fiction écrit par une femme américaine en 1979.
Note :
Souvenir de lecture... de jeunesse... roman historique par le sujet, mais vraiment très romancé...

Barbara Chase-Riboud : La grande sultane



roman historique,




Après l'immense succès international de La Virginienne, Barbara Chase-Riboud nous donne avec La Grande Sultane un autre prodigieux destin de femme.




L'aventure singulière et grandiose d'une jeune esclave blanche qui devint la mère de Mahmud II, Ombre d'Allah sur Terre et sultan des Ottomans au XIXe siècle, rejoint ici celle d'une des institutions les plus mal connues de toute l'histoire de la condition féminine : le harem, à la fois lieu sacré et lieu de servitude, où les femmes complotent pour le pouvoir et tuent pour survivre.




Pendant les quarante années de guerres avec la Russie et la France napoléonienne, Naksh-i-dil, Reine des Têtes voilées, va présider aux destinées de l'Empire et gouverner cette société de femmes qu'est le Grand Harem de Topkapi, aussi strictement régie qu'un couvent, sous la surveillance de l'Ombre du sultan, l'ambigu et terrifiant Grand Eunuque noir.


biographie de l'auteur :

Sculpteur et poète, diplômée de l'université Yale, Barbara Chase--Riboud vit à Paris depuis dix-huit ans, elle est l'épouse du photo-graphe Marc Riboud. Aux Etats-Unis, les critiques et le public se sont enthousiasmés pour La Virginienne, ainsi que de nombreuses personnalités parmi lesquelles Mary McCarthy, John Galbraith et Kate Millett. Le livre a également été primé comme le meilleur ouvrage de fiction écrit par une femme américaine en 1979.
Note :
souvenir de lecture déjà ancien... mais sur un sujet identique à l'Egyptienne de Gilbert Sinoué que je lis actuellement et que La nuit au sérail de Michel de Grèce... lecture facile et romanesque, mais de moindre intérêt que le livre de Sinoué...

Michel De Grèce : La nuit du sérail

Roman historique

Aimée Dubuc de Riverie, cousine de la future impératrice Joséphine, naquit à la Martinique à la fin du XVIIIè siècle.




Capturée par les pirates barbaresques à l'âge de quinze ans, offerte par le Dey d'Alger au Sultan de Constantinople, elle verra dès lors toute son existence se dérouler dans le Sérail.




Favorite du vieux Sultan, amoureuse et aimée de son successeur, mère adoptive d'un troisième Sultan, elle détiendra un pou-voir occulte de plus en plus important.




Rédigeant ses Mémoires alors que ses jours sont comptés, Aimée revit l'incroyable aventure de l'enfant qui croyait en son destin : comment l'adolescente réduite en esclavage devint, à travers l'amour et les larmes, une jeune femme passionnée puis une Sultane au sommet de la puissance dans le monde clos, violent, fastueux et fascinant de la cour de Turquie.


biographie de l'auteur :

Né à Rome en 1939, il est le fils du prince Christophe de Grèce (lui-même fils du roi Georges Ier de Grèce) qui meurt alors que Michel n'a qu'un an. Sa mère est la princesse Françoise de France, sœur de la Comtesse de Paris.


Il passe sa petite enfance au Maroc et en Espagne, avant de s'installer à Paris où sa mère meurt en 1953. Il fait des études de sciences politiques en France (1956-1960) puis s'engage pour quatre ans dans l'armée grecque. Il épouse en 1965, une roturière, Marina , mais fille d'un riche industriel grec. Le couple aura deux enfants.


« De 1965 à 1972, Michel et Marina de Grèce vivent aux environs d'Athènes, et c'est à cette époque que le prince écrit son premier ouvrage, Ma sœur l'histoire, ne vois-tu rien venir ?, publié en France chez Julliard et couronné par le prix Cazes.


Sa femme, Marina Karella, est peintre et sculpteur. Elle a dessiné des décors et des costumes pour le théâtre grec, participe à de régulières expositions à Paris, Athènes et New York, et ses œuvres sont exposées dans de très nombreux musées à travers le monde. » (XO) Michel de Grèce s'est spécialisé dans l'écriture de romans historiques en rapport avec son histoire familiale : la Grèce, la France, la Russie (il descend des Romanov)… Il vit aujourd'hui entre Paris et New York.
Note :
Souvenir de lecture... assez ancien... mais puisque je suis en pleine lecture de l'Egyptienne de Gilbert Sinoué...

Gilbert Sinoué : L'Egyptienne

roman historique





Août 1790 ... "La Terre vibrait sous elle comme un être assoupi, nourri d'on ne sait quel rêve.



Cette terre d'Egypte dont Schéhérazade, treize ans, savait toutes les senteurs, les moindres frémissements..." Schéhérazade c'est l'Egyptienne.

Autour d'elle tente de survivre une Egypte exsangue, province ottomane que se déchirent depuis des siècles les pachas turcs et les beys mamelouks.

Juillet 1798... Un certain général Bonaparte, aveuglé par son "rêve oriental", débarque à Alexandrie à la tête de quarante mille hommes.

Dès lors, Schéhérazade et les siens sont pris dans un tourbillon meurtrier tandis qu'agonise l'Expédition française dans des bains de sang qui souilleront le sable du désert et les flots majestueux du Nil.

C'est une prodigieuse fresque qui défile sous nos yeux, avec les espoirs, les passions, les tourments d'une femme, d'une famille, et, à travers eux, le destin de l'un des plus vieux peuples du monde.

L'auteur vu par l'éditeur :

Gilbert Sinoué est né en Egypte en 1947. Après sa splendide évocation du médecin Avicenne dans La Route d'Ispahan (Denoël), il renoue avec le talent pour évoquer à travers la vie de Schéhérazade l'Egyptienne la trouble ambiguïté d'un Bonaparte fasciné par l'Orient et les bouleversements d'une Egypte à la recherche de son identité.



site officiel de l'auteur : http://www.sinoue.com/









Note :

grande fresque historique... très agréable à lire, comme toujours avec Gilbert Sinoué... pas tant pour l'histoire de l'égyptienne, mais surtout pour l'expédition égyptienne de Bonaparte... un bon moyen de rafraîchir ses connaissances sur cette période.


Suite a lire à l'occasion :
L'histoire continue avec cette famille chrétienne dans l'Egypte du 18eme et 19eme siècle.
Le roman ne manque pas de rebondissement et nous tient en haleine grâce à des personnages romanesques attachants qui croisent des personnages historiques.
Gilbert Sinoué a su, comme à son habitude, construire l'intrigue dans un paysage historique bien documenté.
On côtoie Ferdinand de Lesseps, le courant des Saint simoniens, le vice roi Mohamed Ali Pacha francophile fidèle.
La scène du premier bateau sur le canal de Suez clôture cette fresque en beauté et nous plonge dans le climat politique international de l'époque.

samedi 3 mai 2008

Björn Larsson : Le Capitaine et les rêves








En cours de lecture... j'en suis à mi-parcours... et je le trouve passionnant, un peu intrigant... avec un vague parfum de "navire fantôme" ou de "hollandais volant"... très beau...




Quand un capitaine accoste dans un port, on sait qu'il va repartir.
Mais son bref passage peut bouleverser la vie des personnes qu'il a rencontrées.
Lorsque Marcel débarque avec son charisme dévastateur, son charme irrésistible, certains destins basculent. Rosa Moreno, la jeune serveuse qui végète dans un petit village ; Mme Le Grand, qui tient le fichier de tous les marins qu'elle a connus ; Peter Sympson, féru de pierres précieuses ; Jacob Nielsen, informaticien à la retraite qui surfe avec passion sur le web ; tous quatre partent quelque temps après, chacun de son côté, à sa recherche et se retrouvent dans un bar de Kinsale en Irlande, où Marcel finit par revenir.
Il entraîne alors ces terriens invétérés et individualistes à bord d'un bateau à voile dont il leur confie la manœuvre. Ils apprendront la solidarité, comprendront la vanité de certaines choses et la beauté de la vie.
Marcel pourra repartir : ses amis se seront trouvés, ils vivront enfin leurs rêves.
courte biographie :
Björn Larsson est né en Suède en 1953. Il est professeur à l'Université de Lund. Il est aussi traducteur du danois, de l'anglais et du français, philologue et critique.
Il a commencé l'exercice du métier d'écrivain en 1980 lorsqu'il publia un recueil de récits. Il fit éditer son premier roman en 1992.
Il s'est mérité le prix Médicis étranger en 1999 pour son roman Le capitaine et les rêves.
Björn Larsson est aussi un navigateur chevronné et possède un voilier sur lequel il vit la plupart du temps.




Bibliographie :
La Véritable histoire d'Inga AnderssonÉditions Grasset, 2004
La sagesse de la mer : Du cap colère au bout du mondeÉditions Grasset, 2002
Le Mauvais oeilÉditions Grasset, 2001
Le Capitaine et les rêvesÉditions Grasset, 1999
Long John SilverÉditions Grasset, 1998
Le Cercle celtiqueGallimard, 1998


1er chapitre du "capitaine et les rêves" :
Il y avait des jours, sur l'Atlantique, où l'horizon s'étendait à l'infini, où la mer et le ciel étaient du même bleu clair et profond. Ces jours-là, un soleil acéré éclairait des masses d'eau en fureur, le vent frangeait d'écume la crête des vagues, blanche comme de la craie, le bateau était ballotté sur ces énormes montagnes aquatiques et la tempête soulevait à la surface de la mer une vapeur qui faisait briller des arcs-en-ciel fugitifs autour de la proue. C'était le genre de journées pour lesquelles certaines personnes étaient prêtes, fût-ce au sens figuré, à donner leur vie. Mais la plupart des autres auraient sûrement donné n'importe quoi pour ne pas avoir à les vivre, même si ce n'était que par peur de la mort. Ou de la vie.
C'est par une pareille journée qu'ils passèrent au large de l'île Salvore, à l'entrée de la Ría Arousa, et se trouvèrent enfin à l'abri. Les dernières heures de la traversée avaient été grandioses, mais aussi difficiles. Le vent n'avait cessé de forcir, lentement mais sûrement, pendant toute la matinée, et avait fini par souffler en tempête vers midi. Les vagues de l'Atlantique s'étaient changées en monstres difformes jouant avec ce navire de trois mille tonneaux comme avec une coquille de noix.
Ils avaient eu de la chance d'être à pleine charge, la cargaison solidement arrimée dans la cale selon toutes les règles de l'art. Si chacun s'acquittait de sa tâche, à bord, il n'y avait aucune raison de s'inquiéter.Sundgren, le second, avait piloté le navire de façon fort avisée. Pas une seule fois son jugement n'avait été pris en défaut. Il avait magistralement embouqué la Ría Arousa : de façon à la fois précise, rapide et nette, au moyen de quelques coups de gouvernail donnés au moment qu'il fallait, entre deux séries de vagues particulièrement hautes et abruptes.
C'est pourquoi il aurait été injuste que Marcel, le capitaine, le remplaçât à la barre maintenant que le pire était passé. Il fallait laisser à Sundgren le temps de sentir qu'il avait accompli la mission qui lui avait été confiée : les mener à bon port.
Cela faisait près de quinze ans que les deux hommes naviguaient ensemble. Marcel avait même été le second de Sundgren jusqu'au jour où celui-ci avait été rétrogradé, à sa propre demande. C'était un marin de premier ordre, commettant rarement une erreur - voire jamais.
Mais à quel prix ? Chaque manœuvre ou décision était, pour lui, la cause d'une sourde angoisse, d'une inquiétude dévorante à la pensée de tous les accidents ou risques possibles, à bord, et d'une anxiété doublée d'impatience à propos de ce qui pouvait se passer à quai ou pendant l'accostage.
Le profane aurait pu croire que Sundgren était du genre à prendre sur lui tous les malheurs du monde, mais ce n'était nullement le cas. Les vrais accidents, en particulier ceux qui avaient lieu à terre, il les prenait en général avec équanimité. Seuls ceux qui risquaient de se produire lui inspiraient des craintes ou de sombres pressentiments.
Sundgren était capable de toucher le quai au millimètre dans n'importe quel port et dans n'importe quelles conditions. Mais, pour la paix de son âme, il préférait que Marcel prenne sa place aux moments de responsabilité pleine et entière.
Sundgren regarda le capitaine comme s'il le voyait pour la première fois. Il avait rencontré bien des hommes, au cours de sa longue existence de marin, mais il n'avait encore jamais vu quelqu'un paraître aussi insouciant que Marcel. Comment pouvait-il faire, bon sang ?
C'était certes un commandant très capable, et même l'un des meilleurs, mais on aurait dit que rien n'avait de prise sur lui. Marcel était tel un enfant, lorsque ceux-ci ressemblent à l'idée qu'on se fait d'eux. Les deux rejetons de Sundgren n'étaient pas très bien lotis sur ce chapitre. Mais ce n'était peut-être pas si étonnant que cela. Il n'avait jamais été un gai luron, pour sa part.- Tu prends les choses trop à cœur, lui avait souvent dit Marcel.- Peut-être, avait tout aussi souvent répondu Sundgren. Mais comment faire pour m'en empêcher ?
Marcel n'avait rien trouvé d'autre à répliquer que ceci, précisément : il suffit de ne pas prendre les choses à cœur, un point c'est tout. Et c'était l'impression qu'il donnait toujours. Il était officier de marine, avec les galons qu'il fallait, dûment appointé et pleinement responsable, mais on aurait dit que cela ne lui faisait ni chaud ni froid et qu'il aurait pu quitter son poste à tout moment pour aller vivre dans une hutte sur une île de la mer des Caraïbes ou en n'importe quel autre endroit au monde.
Sundgren ne comprenait pas cet homme et ne savait presque rien de sa vie ni d'où il venait, sinon qu'il était né à Jakarta et était à moitié hollandais, mais il l'appréciait énormément. Sans la présence de Marcel à bord, il aurait été un paquet de nerfs, un fruit vert et un tyran apeuré, et il se serait détesté pour toutes ces raisons.
Que possédait Marcel qui fît défaut aux autres, se demandait Sundgren en regardant ce dernier, debout en bras de chemise au bout de l'aile de la passerelle, pour être capable de faire accoster leur navire au plus fort d'une tempête sans donner le moindre signe d'inquiétude ou de nervosité ? Comment diable Marcel pouvait-il prendre les choses aussi à la légère, comme si la vie n'était qu'un jeu, une bonne histoire de marin à raconter devant le grand mât ?
Sundgren n'aurait pas pu le dire et ne désirait peut-être même pas le savoir. Pour sa part, il préférait une vie revêtant des formes beaucoup plus stables et prévisibles, connaître sa place et ne pas chercher autre chose. Il se contentait fort bien d'avoir le privilège de naviguer avec Marcel. Il n'avait pas besoin d'être comme lui, en plus.


premiers pas...


Début de blog ici... après abandon du 360 chez Yahoo...

en espérant y retrouver l'ami Gilles et ses livres... et d'autres, pourquoi pas...


autres blogs :

Marc, Bergamote, Eve, Mélocat, Ana, etc...



Chamallow, la gitane, etc...



mon livre de cuisine : http://www.ipernity.com/home/34923


divers :