vendredi 31 juillet 2009

Le journal d'Anne Frank au registre UNESCO de la Mémoire du Monde

Journal d’Anne Frank (Pays-Bas)

Le Journal d’Anne Frank raconte la vie quotidienne pendant la Seconde Guerre mondiale aux Pays-Bas à travers le regard d’une adolescente et montre l’impact de l’occupation nazie.
Il décrit sa vie pendant les deux ans où elle, sa famille et quatre autres personnes, tous juifs, ont vécu cachés de la persécution nazie, avant d’être trahis et déportés.
Son journal est l’un des dix livres les plus lus dans le monde.
Avec 34 autres documents mondialement primordiaux.

Le Journal d'Anne Frank,
la Magna Carta - ses quatre exemplaires datés de 1215 -
mais également, d'autres documents précieux pour l'histoire de l'humanité viennent d'être classés dans le patrimoine mondial de l'UNESCO, apprend-on dans un communiqué.
On comptera aussi les archives du musée du génocide de Tuol Sleng, au Cambodge,
le registre des esclaves des Antilles britanniques 1817-1834 (Bahamas, Belize, Dominique, Jamaïque, St Kitts, Trinité-et-Tobago et Royaume-Uni),
ou encore la Chanson des Nibelungen, poème héroïque de l'Europe médiévale (Allemagne)
ou les célèbres Tablettes de bois de la dynastie des Nguyen (Vietnam),
voilà parmi les prestigieux document qui sont désormais inscrits au Registre de la mémoire du monde, qui compte, depuis sa création en 1997, 193 documents.
C'est le directeur général de la boutique, Koïchiro Matsuura, qui a annoncé « l’inscription de ces éléments sur recommandation des experts réunis à Bridgetown (La Barbade) depuis le 28 juillet dans le cadre du Comité consultatif international (CCI) du Programme de l’UNESCO Mémoire du Monde ».

Le chant des Nibelungen,
crédit photo Art DailyPhotographies, archives cinématographiques, et bien d'autres éléments encore sont donc entrés dans cette collection de documents, destinée à « préserver le patrimoine documentaire, mémoire du monde, qui reflète la diversité des langues, des peuples et des cultures, et de sensibiliser le public à son importance ».
« Le Registre de la Mémoire du Monde rassemble le patrimoine documentaire identifié par le Comité consultatif international et approuvé par le Directeur général de l’UNESCO comme répondant aux critères de sélection d’intérêt universel », rappelle-t-on.
info vue chez actua-litté - Rédigé par Cecile Mazin, le vendredi 31 juillet 2009 à 10h49

jeudi 30 juillet 2009

Le Man Booker Prize révèle sa première liste

en passant par livres Hebdo...

Pour moi, tous d'illustres inconnus, sauf bien entendu mon favori : JM Coetzee...


Publié le 29 juillet 2009 par vt
(Photo : A.S. Byatt, Hilary Mantel, J.M. Coetzee, Colm Tóibín)

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J..M. Coetzee et A. S. Byatt, déjà récompensés, se retrouvent parmi les 13 nommés.
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Random House domine la liste avec cinq livres retenus.
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Le Man Booker Prize est le prix le plus attendu dans le milieu littéraire britannique. Comme chaque été, il révèle une première liste de prétendants, avant la seconde sélection, qui sera connue le 8 septembre et l’élection du gagnant, qui cette année aura lieu le 6 octobre.
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Parmi les 13 sélectionnés, James Naughtie, président du jury, note qu’il y a deux auteurs déjà primés par le Booker Prize, quatre qui ont été dans remarqués dans les deuxièmes sélections, et trois primo-écrivains.
Le sud-africain J.M. Coetzee a déjà reçu le prix en 1983 et 1999 tandis que la britannique A. S. Byatt l’a obtenu en 1990.


Du côté des maisons d’édition, Random House domine la liste avec cinq livres, devant Penguin / Viking (trois), Fourth Estate et Little, Brown (deux chacun) et l’indépendant Faber (un).

Cette sélection devrait permettre de dynamiser les ventes de ces romans.


Aucun n’était dans le Top 50 des meilleures ventes au Royaume Uni la semaine dernière.
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- Antonia Susan Byatt, The Children's Book (Chatto)

- John Maxwell Coetzee, Summertime (Harvill Secker)
- Adam Foulds, The Quickening Maze (Jonathan Cape)
- Sarah Hall, How to Paint a Dead Man (Faber)
- Samantha Harvey, The Wilderness (Jonathan Cape)
- James Lever, Me Cheeta (Fourth Estate)
- Hilary Mantel, Wolf Hall (Fourth Estate)
- Simon Mawer, The Glass Room (Little, Brown)
- Ed O'Loughlin, Not Untrue & Not Unkind (Penguin - Ireland)
- James Scudamore, Heliopolis (Harvill Secker)
- Colm Toibin, Brooklyn (Viking)
- William Trevor, Love and Summer (Viking)
- Sarah Waters, The Little Stranger (Virago)

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illustration : "la liseuse" de John Beahme

mercredi 29 juillet 2009

Une exposition encourage les visiteurs à dégrader la Bible

« on arrive à un point où l'on appelle la profanation de la Bible de l'art moderne »

Vu cet info sur "zigodunet"... je n'arrivais pas a y croire...
l'article d'actua-litté m'avait échappé... Décidemment, il y a un "certain art" que je n'arriverais jamais à comprenre !
Glasgow, Écosse -


Une exposition où les personnes sont invitées à écrire sur une Bible a permis à ses visiteurs d'inscrire des obscénités sur ces pages sacrées.

L'
exposition Untitled 2009 montre également la vidéo d'une femme arrachant les pages d'une Bible et les enfonçant dans son soutien-gorge, sa culotte et sa bouche.


Près d'une copie de la Bible exposée à la Gallery of Modern Art de Glasgow, un pot à crayons a été installé avec une note disant :

"Si vous avez le sentiment d'avoir été exclus de la Bible, n'hésitez pas à vous y remettre

." Ainsi les pages ont été recouvertes de commentaires injurieux comme "F*** the Bible" ou "Je suis Bi, Femme et Fière. Je ne veux pas d'un dieu que cela déçoit".

Cette exposition a été créée par les artistes Anthony Schrag et David Malone, en collaboration avec des organisations représentant les Chrétiens et Musulmans gays.

Si les producteurs ont d'ores et déjà prévenu que la plupart des pages offensantes seraient retirées, les opposants au projet, comme l'Église d'Ecosse ou le Vatican s'interrogent pour comprendre comment cette exposition a pu être autorisée.
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Michael Chabon - Le Club des policiers yiddish

Début de lecture ce soir... si j'arrive à tenir jusque là...
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Ce qu'en dit "chronicart" :

Le Club des policiers yiddish appartient à la catégorie des strudels littéraires, un peu informes à l'extérieur mais épicé et presque capiteux lorsqu'on y goûte.
Sucrerie juive en somme que ce roman plus ambitieux qu'il n'y paraît à première vue, qui s'assume et se déploie en versant à la fois dans la farce et le tragique.
*
Pour décrire ces Juifs qui cohabitent dans l'amour, la méfiance, le respect et le dégoût mutuels, Chabon use et abuse de la métaphore, jusqu'à l'indigestion parfois.
*
Le Club des policiers yiddish fourmille de descriptions cocasses d'un concentré d'humanité déplacée en terre hostile où l'on croise ici un « loubavitch » au visage « aussi pâle qu'une page de commentaire », là un rabbin qui ressemble à «une montagne informe, un dessert géant dévasté, une maison de B.D. aux fenêtres condamnées et à l'évier qui fuit » qu'un enfant « a dû modeler » en réunissant « la pâte de ses bras et de ses jambes à celle de son corps » avant de « coller sa tête par-dessus » .

Le district de Sitka, en Alaska, est le nouvel Israël. Y vivent deux millions de Juifs parlant le yiddish.

L'inspecteur Meyer Landsman, de la brigade des homicides, est chargé de faire régner la paix dans cette communauté désobéissante et encline aux mystères.
Ainsi, dans un hôtel minable, Landsman découvre un junkie assassiné qui s'avère être le fils du plus puissant rabbin de Sitka, le chef des verbovers, des Juifs ultra-orthodoxes.
Des ordres venant de l'étranger exigent la clôture de l enquête mais Landsman s'obstine : ce mort lui plaît et il refuse de laisser son assassinat impuni...
Le rabbin aurait-il commandité le meurtre de son fils ?
Dans quel but ?
Et quels liens entretient la communauté verbover avec d'étranges commandos parlant hébreu ?
Dans une tradition typiquement américaine, Michael Chabon emprunte à tous les genres avec allégresse :
- légendes des émigrés juifs d'Europe de l'Est,
- roman noir, roman d'anticipation,
- critique politique de l'après - 11 Septembre
- et réflexion morale sur les dérives religieuses.
Hommage à Chandler et à Charyn, Le Club des policiers yiddish, lauréat du prix Hugo 2008 va être adapté au cinéma par les frères Coen (The Big Lebowski, Fargo, No Country for Old Men...) et a reçu un accueil enthousiaste aux États-Unis : « Une réussite, comme si Raymond Chandler et Philip K. Dick avaient fumé un joint en compagnie d Isaac Bashevis Singer... » New York Review of Books.
Michael Chabon est un écrivain, essayiste et scénariste américain d'origine juive, né le 24 mai 1963 à Washington D.C. (États-Unis).

Michael Chabon a grandi à Columbia (Maryland) dans une famille juive, et est diplômé en art à l'Université de Pittsburgh et en écriture créative à l'Université de Californie à Irvine.

Ses parents se séparent alors qu'il n'a que 7 ans, et de fait, les thèmes du divorce et de la monoparentalité sont profondément ancrés dans ses obsessions d'écrivain.
*
De la même manière, citoyen américain, il est de religion juive et le
judaïsme est ainsi au centre de nombre de ses écrits (Les Extraordinaires aventures de Kavalier & Clay notamment, qui traite indirectement de la Shoa).
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Enfin, la présence de personnages homosexuels (notamment les deux personnages principaux des
Mystères de Pittsburgh) ont amené de nombreux journalistes à s'interroger sur son orientation sexuelle.
Dans une réédition des Mystères de Pittsburgh, Michael Chabon a déclaré qu'il avait effectivement eu par le passé de telles relations. Pourtant il vit aujourd'hui avec sa femme Ayelet Waldman - elle-même écrivaine - et leurs quatre enfants, à Berkeley (Californie, États-Unis).

Michael Chabon collabore depuis quelques années avec le monde du cinéma.
Un de ses romans, Des Garçons épatants, a déjà été adapté pour l'écran en 2000 par le scénariste Steven Kloves, et réalisé par Curtis Hanson, sous le titre Wonder Boys.
Michael Chabon a participé directement à l'écriture de Spider-Man 2 (2004), dont environ un tiers de l'histoire serait de son ressort.
Enfin, il a lui-même adapté Les Extraordinaires aventures de Kavalier & Clay pour le grand écran, et le tournage devrait commencer sous peu sous la direction de Stephen Daldry.

Le personnage de l'Artiste de l'évasion super héros de bande dessinée créé par Kavalier et Clay dans
Les Extraordinaires aventures de Kavalier & Clay, a donné lieu à la création de véritables bande dessinées narrant ses aventures.
Celles-ci ont reçu de nombreux prix aux États-Unis, notamment un Eisner Award de la meilleure anthologie en 2005.
Ce qu'en disent les autres...


À l'instar de l’enquêteur archétypal du roman noir, Meyer Landsman est un flic têtu, solitaire et meurtri par l’existence.
La carcasse percluse de douleurs, l’haleine parfumée à l’alcool, il crèche dans une chambre anonyme d’un hôtel qui a connu son heure de gloire, il y a bien longtemps.
Meyer est juif, libre-penseur, laïc et athée.
Assurément, un marginal aux yeux de tous en ce début de XXIe siècle. Le genre de type à considérer qu’il n’y a pas de bien ou de mal ; juste des gens, à son image, qui disent non, et qui boivent un coup parce que, quand même, c’est dur.
Le genre de noz [un flic en yiddish] à ne connaître que deux états : le travail et la mort.
Seul, Meyer l’est incontestablement depuis qu’il vit séparé de sa femme et que sa sœur, pilote chevronnée d’hydravion, est décédée dans un accident aérien.
Ne lui reste comme famille que celle de son coéquipier, Berko Shemets, un métis, indien par sa mère et juif par son père.
En somme, une autre anomalie dans le paysage mais une anomalie taillée dans un roc et qui fait montre d’une générosité désarmante en toutes circonstances. Car il en faut beaucoup de la générosité pour supporter la vie à Sitka, Alaska.
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Sur ce bout de territoire concédé, en guise de terre promise, par le gouvernement de Franklin D. Roosevelt afin d’accueillir les Juifs d’Europe de l’Est, le climat est rude, la promiscuité permanente et le voisinage avec les tribus indiennes, pollué par le souvenir d’émeutes déclenchées jadis par les plus extrémistes des Yids.
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Et puis, il y a ce spleen institutionnalisé, caractéristique essentielle de l’âme juive, que des millénaires de pogroms et de diaspora ont contribué à façonner.
Difficile de résister à cet atavisme ancestral surtout lorsqu’il est réactivé par une rétrocession territoriale imminente.
Pourtant, alors qu’il n’est même pas sûr, ni d’être encore flic dans deux mois, ni d’être autorisé par les anciens propriétaires à demeurer sur place, une fois la rétrocession effectuée, Meyer s’entête à faire son boulot.
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Un inconnu a été exécuté d’une balle dans la nuque dans une autre chambre de l’hôtel où il réside.
Une illustration de la violence ordinaire pour Meyer si ce n’est que cette fois-ci, c’est un voisin. Et lorsque l’identité du pisher s’avère être celle du fils du rebbè des verbovers, une des plus puissantes communautés fondamentalistes juives, Meyer revit par bribes son passé familial ; véritable condensé de l’histoire du peuple juif en Alaska.
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En dépit des apparences, Le Club des Policiers Yiddish n’est pas un banal roman policier élaboré comme un hommage talentueux à Dashiell Hammett ou à Raymond Chandler.
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Non, le roman de Michael Chabon transcende la routine des codes du roman noir pour finalement revenir à sa source : la description du monde sous l’angle de la critique sociale. Il en restaure même toute la charge politique.
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Toutefois, ce monde décrit par Michael Chabon n’est pas exactement le nôtre. Une divergence historique, introduite aux alentours des années quarante, l’a fait bifurquer sur une ligne alternative.
Pour reprendre la terminologie de Eric B. Henriet, l’uchronie est ici pure et elle s’apparente à un biais dont les effets se conjuguent à ceux du roman noir pour en renforcer l’impact.
En effet, impossible de faire l’impasse sur le sous-titre politique qui sous-tend l’intrigue.
Impossible de ne pas reconnaître derrière les agissements du gouvernement des États-Unis dans le roman, l’idéologie néo conservatrice à la manœuvre.
Difficile également d’ignorer cette collusion entre la communauté juive d’Amérique et les fondamentalistes chrétiens ; collusion qui a fondé toute la politique états-unienne depuis au moins les années quatre-vingt-dix.
Face à cet Empire qui crée sa propre réalité, modifie celle-ci pour la faire correspondre à sa volonté et se proclame acteur d’une histoire qu’il donne à étudier, il fallait bien opposer le procédé de l’uchronie.
Ainsi, Le Club des Policiers Yiddish apparaît comme le récit fait par une conscience révoltée et désillusionnée d’un monde où, quelles que soient les voies suivies par l’Histoire, l’ordre qui règne est haïssable.
Fort heureusement, la pesanteur de la charge est délibérément désamorcée par un humour aigre-doux omniprésent.
Car Le Club des Policiers Yiddish est un roman formidable, chaleureux et emprunt d’une grande dignité.
La narration prend le temps d’installer une atmosphère et des personnages qui se distinguent de la simple épure archétypale pour revêtir la chair d’êtres humains en proie au doute, à la fatigue et au sentiment de ne rien pouvoir changer à la marche du monde.
Le contexte uchronique se révèle par allusions successives au travers des souvenirs familiaux de Meyer, au point de se faire littéralement oublier.
Et puis, il y a ces termes d’argot dérivés du yiddish, dont Michael Chabon avoue avoir puisé l’idée de départ dans un guide de conversation. Loin de nous égarer ou de constituer un quelconque obstacle à la compréhension de l’intrigue, il renforce la vraisemblance de l’histoire et participe à l’humour délicieusement décalé du roman.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, Le Club des Policiers Yiddish est assurément le roman du début de l’année 2009 à ne pas rater.


La grande réussite de ce livre tient à la l'invention de toute une Histoire, un folklore, un argot -un langage même- d'un Etat imaginaire mais rendu parfaitement plausible. Avec ses sectes-mafias ultra-orthodoxes, ses flics et ses espions, son histoire marquée par l'exil et les souffrances, et la tragique incertitude d'être encore et toujours un "peuple sans terre"...
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C'est aussi brillamment écrit, avec un humour irrésistible et un don de l'image surprenante et drôle : "Alors pourquoi son coeur cogne-t-il sur les barreaux de sa cage thoracique comme le quart métallique d'un récidiviste ? Pourquoi le lit parfumé de Bina lui fait-il soudain l'effet d'un caleçon qui remonte ou d'un costume de laine par un après-midi torride ?"
Bon, voilà, il faut le lire, quoi.

Voir également :

http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/05/27/michael-chabon-le-juif-delirant.html
http://www.chronicart.com/livres/
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Quelques envies de lire...
Les extraordinaires aventures de Kavalier & Clay
New York, 1939 : Josef, jeune Juif ayant fui Prague occupée par les nazis, et son cousin de Brooklyn, Sammy, unissent leur talent pour inventer un héros de bande dessinée : l’Artiste de l’évasion.
Pourfendeur des forces du mal, spécialiste des évasions, celui-ci combat le nazisme sous toutes ses formes. Il incarne ainsi la tentative désespérée de Joe de libérer sa famille restée à Prague, en même temps qu’une dérisoire volonté de réveiller la conscience des jeunes Américains.

Profondément attachants, les deux cousins de génie, si différents l’un de l’autre et si complices, embrassent toute une page de l’histoire du monde.
Avec un talent époustouflant, Chabon nous emmène d’un univers à l’autre à travers le regard d’un jeune Juif éloigné de sa famille.
À la frénésie de consommation de la jeunesse américaine répond l’angoisse des populations victimes de la guerre en Europe, à la légèreté religieuse américaine les risques que prennent les Juifs de Prague pour sauver le Golem, au sadisme ou à l’indifférence des responsables politiques du pays libre l’héroïsme de ceux qui risquent leur vie pour faire sortir les Juifs d’Europe.
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Chabon allie avec délectation fiction et réalité, romanesque pur et documentaire sur les années 1940-1950, sur la naissance d’un nouvel art qui fit fureur auprès des jeunes générations : les Comics.
Joe et Sammy sont des personnages fictifs qui évoquent Siegel et Schuster, les créateurs de Superman, ainsi que Simon et Kirbey, ceux de Captain America.
L’Artiste de l’évasion est une pure invention de l’auteur, inspiré de Flash Gordon, Super Man, Batman.
Les références aux faits historiques parsèment le récit : apparition de Orson Welles et de Salvador Dali, par exemple.
Le livre soulève des problèmes historiques rarement abordés dans le roman américain : l’extrême droite américaine pendant la guerre, qui soutient activement Hitler, les difficultés des réfugiés dans un pays en pleine effervescence consumériste, le rôle des BD dans la représentation de la seconde Guerre Mondiale aux États-Unis…
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Les Extraordinaires Aventures de Kavalier et Clay a été récompensé en 2001 par le plus prestigieux des prix littéraires américains : le Pulitzer.
Avec ce roman captivant, débordant d’imagination et de rebondissements l’auteur, atteint à sa pleine maturité. Les aventures de l’Artiste de l’évasion vont être adaptées sous forme de BD.

Les Mysteres de Pittsburgh
Cet été-là, le dernier de ses quatre années passées sur le campus de l université de Pittsburgh, Art Bechstein avait bu, fumé, écouté de la bonne musique, couché avec un homme qu'il aimait et appris à en aimer un autre si fort qu'il ne lui serait jamais venu à l'idée de coucher avec lui.
Entre d'un côté le triangle amoureux qu il forme avec Arthur Lecomte le dandy ainsi que la jolie Phlox Lombardi et, de l'autre, son amitié naissante avec le charismatique criminel en devenir Cleveland Arning, le narrateur Art Bechstein magnifie ses amis, ses amours et en fait des légendes vivantes.
Mais pourra-t-il longtemps repousser l'inévitable collision avec le monde en apparence raisonnable et respectable des adultes ?
Avec la publication des Mystères de Pittsburgh, écrit en 1987 pour son mémoire de maîtrise alors que Michael Chabon étudiait à l'université Irvine de Californie, les lettres américaines ont trouvé leur nouveau prodige.
Instantanément propulsé en tête des listes de best-sellers, ce premier roman suscite toujours un fort engouement puisqu un film adapté des Mystères de Pittsburgh est sorti aux États-Unis en janvier 2008.
La Solution finale

Linus Steiman, petit garçon juif ayant fui l'Allemagne nazie, est accueilli dans une famille anglaise.
Il n'a qu'un seul ami : Bruno, un perroquet merveilleusement doué, qui chante en allemand d'une bouleversante voix de femme et récite de longues séries de chiffres mystérieux.
Ces chiffres sont-ils les clefs d'un code ultra-secret de l'armée allemande?
Ceux des comptes bancaires suisses de la famille de Linus, disparue dans les camps d'extermination?
Les secrets dont Bruno est le dépositaire déchaînent les curiosités. Bientôt un crime a lieu, et l'oiseau disparaît.
*
Pour l'amour du petit garçon solitaire, un vieux détective, célèbre en son temps pour son flair infaillible et ses méthodes peu orthodoxes, accepte de se charger de l'enquête.
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Michael Chabon rend ici un hommage aussi savoureux qu'émouvant à Conan Doyle.
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Profondément attaché à la mémoire de l'une des plus grandes tragédies du XXe siècle, il lie l'enquête policière au drame des enfants exilés durant la dernière guerre. Il dote ainsi d'une dimension historique poignante les brillantes investigations de son vieux détective.
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illustration : "la liseuse" de Janice Webb

Karine Naccache - Chana tova, Barbara

Entre rire et larmes, récit de l'année mouvementée de la famille de Barbara Mandel, rythmée par les fêtes juives et leurs rituels.


la romancière humanise les rites, brosse pour les néophytes un tableau touchant mais sans complaisance de ce que certains appelleraient au singulier (et donc mal à propos), la "famille juive".

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illustration : vitrail de la Grande Mosquée de Jérusalem représentant les Tables de la Loi, dessiné par Annie Montariol
*Bonne année Barbara, mais Barbara ne viendra pas.

Une année à la table d'une famille juive pratiquante, fragilisée par l'attitude de rejet de l'une des leurs et qui guette son retour.

Chana tova : bonne année, en hébreu.

C'est le voeu qu'il est d'usage de se souhaiter à l'occasion de Roch Hachana, le nouvel an juif, point de départ de cette histoire.
D'un Roch Hachana au suivant, une année s'écoule. Pareille à toutes les autres dans le cycle immuable du calendrier des fêtes juives.
Et semblable à aucune autre dans la vie des Mandel, la famille de Barbara, qui s'est éloignée des siens et n'assiste plus aux fêtes rituelles du clan pour des raisons mystérieuses.
Récit de leur année mouvementée, ce roman explore aussi la multiplicité des temps qui habitent nos existences.
Temps d'hier et d'aujourd'hui, temps sacré et temps profane, temps du rire et temps des larmes, les temps se télescopent en chacun des personnages de cette histoire, pour le meilleur et parfois pour le pire.
Nous les suivons dans l'aventure de leur quotidien, tandis que les textes sacrés, qui s'invitent dans la structure même du roman, nous accompagnent au rythme des fêtes juives et de leur rituel.
Comme dans la tragédie grecque, la voix des dieux s'impose. Mais là où la tragédie condamne les êtres à une destinée déjà écrite, cette antitragédie drôle et émouvante révèle la part de liberté, infime mais précieuse, qui est à notre portée.

La famille Mandel a l’habitude de passer les fêtes juives en famille.
Cette année, autour de la table de Roch Hachana :
- le grand-père sceptique aux blagues lourdes, voire antisémites,
- son épouse, dynamique agente immobilière et grand-mère scrupuleuse dans la préparation des rites,
- Marc, juif traditionaliste qui ne saurait transiger le nettoyage de Pessah,
- Valérie, la narratrice, maîtresse d’école au caractère bien trempé qui, sans l’avouer, comprend le scepticisme de son père…
A ce noyau dur, il faut rajouter conjoints et conjointes, enfants (ou petits-enfants).
Seule manque à l’appel Barbara. Pour la première fois, la fille aînée des Mandel n’est pas à table avec les siens pour Roch Hachana.
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Devant sa photo, sa cadette (et narratrice), Valérie, broie du noir…
Sa grande soeur a toujours été son modèle, à 10 ans à 20 et 30 ans, elle admirait secrètement sa beauté lumineuse, « naturelle » sans être “nature“, sa silhouette fine, son regard frondeur et son « élégance décontractée ».
Elle aimait que sa grande et protectrice soeur vienne la secouer quand elle, pendant les fêtes, végétait sur le canapé.
L’enthousiasme de Barbara, sa gaîté, son tempérament de leadeuse contraste aujourd’hui avec sa soudaine disparition.
Certes, les Mandel sont plutôt pudiques, mais de là à garder le silence pendant plusieurs semaines, plusieurs mois….

Avant la disparition de Barbara, les fêtes du calendrier juif étaient une manière de rassembler les membres du troupeau dispersés.
En dépit des divergences entre sceptiques et traditionalistes, les rites soudaient les Mandel, rassemblaient petits et grands autour d’une histoire commune, de croyances partagées ou de rassurantes habitudes.
Si bien qu’en l’absence de Barbara, Valérie commence à douter de la nécessité de ce partage….
Bien plus pesants que l’absence, les non-dits : la narrtrice ne sait combien de temps elle pourra se composer un visage de bonne mère, d’adulte responsable, quand les enfants, eux, ont la chance, pour Pourim, d’être véritablement déguisés.
*
Comme son personnage principal, Karine Naccache est une pédagogue maîtresse.
Tout en racontant avec tendresse l’histoire de la famille Mandel, elle présente les différentes fêtes du calendrier juif, explique, citations à l’appui, leurs origines historiques, leurs fondements théologiques.
Et, en enserrant ce « cours de religion » dans l’histoire de Valérie, la romancière humanise les rites, brosse, pour les néophytes, un tableau touchant mais sans complaisance de ce que certains appeleraient au singulier (et donc mal à propos), la “famille juive”.
source : Alliance
Autre livre à lire :
Mauvaise conscience de Karine Naccache
Comment réagir lorsqu'on vient de se faire plaquer et que l'on n'arrive pas à se raconter des histoires ?
C'est là le défi de Laurence, une jeune femme de 28 ans, flanquée d'une lucidité qui lui pourrit la vie.
Ce livre est une fable drôle et mordante.


Les fêtes juives en 2009 et 2010




et
*

L'écrivain Armel de Wismes est mort

C'était une figure bretonne
L'écrivain Armel de Wismes est décédé dans la nuit de lundi à mardi à Nantes, à l'âge de 87 ans.
Il était romancier, historien mais aussi peintre.
Il a notamment écrit sur Nantes à l'époque de la traite négrière.
Il est l'auteur notamment de :
- La vie quotidienne dans les ports bretons au XVIIe et XVIIIe siècles,
- Corsaires et aventuriers bretons,
- Les chevaliers de Malte
et
- Ainsi vivaient les Français des Croisades à la Troisième république.
*
En 2007, il était à l'origine avec le réalisateur Pierre Mathiote de deux séries de documentaires sur l'histoire de Nantes.

source : actua litté - Rédigé par
Christophe Payet, le mercredi 29 juillet 2009 à 03h04
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Souvenir de lecture...
Histoire générale de la piraterie, de l'Antiquité au XXe siècle, des Caraïbes à la Mer de Chine, autour de grandes figures de la flibuste au destin fabuleux :
Jean Bart, Drake, Duguay-Trouin, Surcouf,...
des héros qui inspirent encore aujourd'hui écrivains et cinéastes.

Quatrième de couverture

La piraterie a existé sur toutes les mers depuis les temps les plus reculés.
Les marins de l'Antiquité considéraient le pillage et le trafic des esclaves sur des rivages étrangers comme un acte de guerre tout à fait licite.
Plus tard, les Vikings scandinaves et les Barbaresques d'Afrique du Nord ne se conduisirent pas mieux.
Au Moyen-Age et lorsque la découverte des Indes Occidentales et Orientales offrit aux navigateurs européens un large champ d'action, le brigandage maritime conserva le caractère d'une piraterie admise qui se prolongea dans la flibuste.
C'est seulement au XVIIe siècle, et en France, qu'une législation sévère du droit de course permettra de distinguer nettement le corsaire du pirate.
Par leurs exploits, de glorieux corsaires occuperont une place importante dans l'Histoire.
D'où le choix par l'auteur de mettre surtout en évidence dans ce livre l'histoire moins connue de la piraterie sous ses deux aspects aussi passionnants : piraterie de forbans isolés arborant le pavillon noir en Atlantique ou dans l'Océan Indien, et piraterie de grands écumeurs de mers capables de rassembler de véritables flottes en Méditerranée, en Orient ou en Extrême-Orient.
En nous offrant une série de portraits de ces personnages, Armel de Wismes s'est attaché à nous révéler ce monde pirate dans son extraordinaire diversité.
Si la plupart des pirates furent de redoutables bandits, cupides et cruels, on trouve aussi parmi eux des héros, des explorateurs, des idéalistes, des hommes ayant tenu un rang élevé dans la société de leur temps, et même des femmes extrêmement belles et séduisantes.
Pirates et corsaires : le titre de ce livre porte en lui-même le souffle des grands espaces... Riche de faits et d'anecdotes, il présente à la fois les qualités d'un document d'histoire et d'un grand roman d'aventure.

mardi 28 juillet 2009

Je sais cuisiner de Ginette Mathiot traduit en anglais

- Plus de 2 000 recettes pour toutes les occasions : une cuisine traditionnelle raffinée, des menus équilibrés, des recettes de terroir et des plats exotiques.



- Beaucoup de recettes allégées (farine et matières grasses) et adaptées aux saveurs d’aujourd’hui (poissons cuits moins longtemps par exemple).
- Clair, pratique, complet et entièrement remis à jour, le livre du savoir-cuisiner et du bien-manger indispensable à toutes les familles.

Ce qui a fait l’immense réputation de Je sais cuisiner depuis cinq générations, c’est qu’il s’agit d’un VRAI livre de cuisine pour FAIRE une vraie cuisine.

Ginette Mathiot avait réalisé toutes les recettes et vérifié les pesées et les temps de cuisson pour chacune d’entre elles.



Fini la mauvaise cuisine anglaise, vive la gastronomie française !

Je sais cuisiner aura connu une très belle vie de livre, avec des éditions collectors, version luxe, rééditions, et on en passe, et on en oublie.
Et après des millions de ventes en France, plus de 6 manifestement, le livre s'assure une voie royale vers l'Angleterre avec une traduction, qui pourrait mettre dans les assiettes d'outre-Manche un petit peu de bonheur.
Ginette Mathiot, l'auteure, publiée pour la première fois en anglais va-t-elle sauver la gastronomie du pays, en envahissant furieusement les cuisines de nos voisins ?
Avec 1400 recettes, sa Bible de la cuisine a commencé son parcours en 1932, et aujourd'hui encore, on la considère comme un indispensable, pour lequel son auteure a reçu la Légion d'honneur.
Sa parution en novembre prochain reconnaît définitivement la force de notre sacro-sainte gastronomie, dixit Emilia Terragni, directrice de la rédaction de la maison Phaidon : « La cuisine française est à la base de toutes les cuisines occidentales : que ce soit la mayonnaise, la béchamel (NdR : Beurk !) ou les ragoûts, les techniques de bases sont françaises. »
Mais pour ne pas perdre nos petits Anglais dans leurs fourneaux, des éléments supplémentaires sont présents pour quelques variations gustatives bienvenues, assure Emilia.
Or, avant toute chose, l'éditeur souhaite « préserver l'intégrité de l'édition originale du livre et l'authenticité de la cuisine ».
On y trouvera tout ce qu'il faut cependant pour réaliser des plats aussi divers que le coq au vin, les crêpes Suzette ou l'omelette la plus exquise qui soit.
D'ailleurs, preuve que la gastronomie anglaise est défaillante : pour écrire un livre de cuisine, on est obligé de faire appel à Gordon Brown et ses recettes...
source : actua litté - Rédigé par
Clément S., le mardi 28 juillet 2009 à 09h27

mardi 21 juillet 2009

Un roman inédit et inachevé de Graham Greene publié

Bonne nouvelle... il y a quelques jours j'étais justement en compagnie de Graham Greene... avec "le rocher de Brighton"...
Je suppose que ce livre, bien qu'inachevé sera publié...



Découvert dans une université, dans la section archive

C'est toujours un bonheur incroyable que de dénicher un inédit, tout particulièrement d'un auteur comme Graham Greene :



son écriture si proche du gribouillage intempestif où se mêlent les thèmes de prédilection de l'auteur...


Mais ici, problème, le roman est inachevé.

Intitulé The Empty Chair, écrit en 1926, il fut retrouvé dans les archives de l'université du Texas, l'an passé. Il avait 22 ans quand il rédigea ce manuscrit, comportant cinq chapitres, et prochainement, The Strand Magazine en publiera l'intégralité.
Dans les pages de ce journal, des noms comme Conan Doyle ou Agatha Christie, Kipling ou HG Wells y ont été publiés.
Le texte commence avec Lady Alice Perriham, actrice mariée qui organise une soirée chez elle.
Ses hôtes découvriront alors le corps de Richard Groves, avec un couteau dans la poitrine.
Du polar, somme toute assez classique, dans une maison de campagne traditionnelle, où tous les ingrédients se retrouvent.
Selon Andrew Gill, rédactrice en chef du magazine, on trouve là tous les éléments qui caractérisent les oeuvres de Greene, et « le travail d'un écrivain mature ».
C'est au cours de l'année de rédaction de ce livre que l'auteur s'est également converti au catholicisme et a débuté un travail dans un quotidien de Londres. Rapidement, Graham décide que la carrière d'écrivain est bien plus intéressante.
Avec 22.000 mots, ce texte met en avant une maîtrise claire de l'écriture, autant qu'une certaine assurance dans l'intrigue.
source : actua litté - Rédigé par
Clément S., le mardi 21 juillet 2009 à 11h16
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illustration : "la liseuse" de Fabienne Petit