dimanche 30 novembre 2008

Béatrix Beck, auteure de "Léon Morin, prêtre", est morte

Béatrix Beck s'est éteinte cette nuit à l'âge de 94 ans, a annoncé dimanche 30 novembre sa petite-fille, Béatrice Szapiro.

Née en Belgique en 1914, fille de l'homme de lettres Christian Beck, cette licenciée en droit a été professeur au Petit Collège de l'Ile-de-France, puis secrétaire de l'écrivain André Gide, journaliste, membre du jury du Prix Femina.
La romancière française laisse une trentaine d'oeuvres, des romans pour l'essentiel, mais aussi des contes, poèmes et pièces radiophoniques.
photo : Beatrix Beck,, accompagnée de sa fille, dédicace "Léon Morin prêtre", le 1er décembre 1952 à Paris.
Léon Morin, prêtre l'avait rendue célèbre et lui avait offert en 1952 le prix Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français.

Ce roman, qui évoque le dialogue sous l'Occupation entre la jeune veuve de guerre d'un juif communiste et un prêtre, réflexion sur la vie et la grâce, avait été porté avec succès à l'écran par Jean-Pierre Melville, avec, dans les rôles principaux, Jean-Paul Belmondo.


Biographie (wikipédia)
Béatrix Beck était une écrivaine française d'origine belge née le 30 juillet 1914 à Villars-sur-Ollon (Suisse) et morte le 30 novembre 2008[1].
Fille du poète Christian Beck, elle était devenue la secrétaire d'André Gide qui l'avait incitée à écrire sur ses expériences, le suicide de sa mère, la guerre, la pauvreté.

La belge Béatrix Beck est née le 30 juillet 1914 (par hasard en Suisse) d'un père belge d'origine mi-lettonne/mi-italienne et d'une mère irlandaise. Elle a grandi en France.
Ayant obtenu une licence en droit, elle devient communiste.
Mariée en 1936 avec un Juif apatride, Naun Szapiro, elle perd son mari à la guerre et, veuve avec une petite fille, elle fait des petits boulots pour gagner sa vie.
Elle publie en 1948 son premier roman, Barny, à la suite duquel André Gide l'engage comme secrétaire. Gide meurt en 1951, mais grâce à Une mort irrégulière (1950) et Leo Morin, prêtre (1952, Prix Goncourt) elle peut s'acheter un appartement dans le même immeuble que Sartre.
Elle est naturalisée française en 1955.
Suivent encore quelques romans, puis elle part pour les États-Unis (1966), où elle est professeur à Berkeley, en Virginie, à Laval et puis au Canada à Sherbrooke, Québec, et à l'université Laurentienne.
Ce n'est que de retour en France, en 1977, qu'elle se remet à publier des romans, entre autres Noli, sur la vie universitaire au Canada. Mais c'est avec La Décharge qu'elle gagne une nouvelle renommée et le Prix du Livre Inter.
Béatrix Beck a obtenu le Prix littéraire du Prince-Pierre-de-Monaco pour l'ensemble de son œuvre.
En 2006 une adaptation pour le théâtre d'un choix de ses textes par Virginie Lacroix sous le titre "l'Épouvante L'Émerveillement"est montée par la compagnie HYBRIDE .

son oeuvre :

1948 Barny
1950 Une mort irrégulière
1952
Léon Morin, prêtre - Prix Goncourt
1954 Des accommodements avec le ciel
1963 Le Muet
1967 Cou coupé court toujours
1977 L'Épouvante, l'émerveillement
1978 Noli
1979
La Décharge - Prix du Livre Inter
1980 Devancer la nuit
1981 Josée dite Nancy
1983 Don Juan des forêts
1984 L'Enfant-chat -
Prix littéraire de Trente millions d'amis
1986 La Prunelle des yeux
1988 Stella Corfou
1989 Une
1990 Grâce
1991 Recensement
1993 Une Lilliputienne
1994 Vulgaires vies
1994 Moi ou autres (nouvelles)
1996 Prénoms (nouvelles)
1997 Plus loin, mais où
1998 Confidences de gargouille
2000 La Petite Italie (nouvelles)
2001 Guidée par le songe (nouvelles)
Contes à l'enfant né coiffé
La mer intérieure
La grenouille d'encrier
Mots couverts (poèmes)

Envie de lire :
D'une vieille marginale des campagnes à un jeune marginal des villes se transmet le secret de l'existence: être plus méchant que la vie pour éviter qu'elle ne vous piétine.
Un roman qui vous rentre dans le chou, vitupère contre la condition humaine, la dépiaute pour en extraire la substantifique moelle : une raison d'être envers et contre tout.
Aux quatre vérités qui ne sont pas toutes bonnes à dire, Mme Beck en ajoute quelques autres, de plus vertes encore qu'elle a glanées, hors des sentiers battus, au cours de ses quatre-vingt-sept ans. A cet âge, on ne se refait plus. Tant mieux. En 1952 déjà, Léon Morin prêtre, qui valut à son auteur le prix Goncourt, entamait avec fracas une brillante carrière littéraire. Par goût du défi? Certes pas. Par sincérité absolue. Et cette rage de vider son sac (et le nôtre par la même occasion) ne semble pas près de s'éteindre.

Voyez Valentine Lantier, dite la mère Lanturlu, la risée du village.
Que lui importe! «Mon Dieu, faites-les tous crever», marmonne-t-elle, appuyée sur sa trique à vaches. Cahin-caha, elle se rend en forêt, cueillir les orties de sa soupe.
Un inconnu l'aborde, Yann Rosengold, étudiant roux, en quête de documents pour sa thèse sur «La marginalité en milieu rural». Plus marginale que Valentine, ça n'existe pas. Exclue de naissance, elle en remet comme pour mériter son sort. Nul ne l'a aimée, pas même sa mère, et puis après? Sa propre compagnie lui suffit.
Enfant, elle berçait en guise de poupée une chaussette remplie de chiffons qu'elle avait baptisée Reine. La fille du maire en avait une vraie de poupée, «qui causait du ventre tout le temps pareil. A cause d'un ver solitaire? Je n'y croyais pas. Les vers n'ont jamais su parler».
Elle, Valentine, elle sait et ne s'en prive pas. Sur l'universitaire subjugué, elle déverse un flot de sarcasmes. Les coups portent d'autant mieux qu'ils visent une âme sœur, un marginal hors jeu par ses origines et à qui il convient d'apprendre par l'exemple qu'une offensive rondement menée est la plus efficace des défenses.
Loin de riposter, le garçon plie l'échine, se voue au service de la dompteuse qu'il dorlote, lave, nourrit, dont il recueille avec le dernier souffle cet unique éloge: «T'es un bon fils.»
Le voici comme réhabilité, lui, l'orphelin qui n'a jamais connu ses parents. A sa propre surprise, sa thèse a du succès, sa personne aussi, les filles se jettent à sa tête. Il choisira la plus sage, deviendra bon père, bon époux, professeur éminent, mais n'oubliera pas pour autant les leçons de Valentine, cette hargne dont il s'étonne d'entendre l'écho dans la bouche de sa petite fille de trois ans.
Peut-être faut-il être plus méchant que la vie pour éviter qu'elle ne vous piétine. Montrez-lui les dents et elle vous sourira. Oui mais M. Rosengold, en pur intello, pratique plus volontiers le détachement que le pugilat. Il préfère la paix aux joies de la victoire.

Lorsque Valentine lui cède la parole et le terrain, le rythme se ralentit, la plume s'assagit et le lecteur risquerait d'être déçu si les enfants ne faisaient le relais d'un monde à l'autre. Et nul n'ignore que, depuis ses Contes à l'enfant né coiffé, Béatrix Beck a partie liée avec Zazie et consorts.
Elle écrit pour eux, dans leur langue et même lorsqu'elle s'adresse aux adultes, sa spontanéité crève la page. Quelle santé! Née en 1914, mariée en 1936, secrétaire d'André Gide en 1951, elle roula sa bosse jusqu'en Californie où elle enseigna la littérature, et jalonna sa route d'une vingtaine de romans. A l'écart des monstres sacrés que furent les deux Marguerite, Duras et Yourcenar, elle s'obstine à gambader au gré de son inspiration.
Son secret? La mère Lanturlu nous le livre: «Plantez une gousse d'ail au jardin. L'ail guérit tout et tient tête aux malins.» Pourtant, elle a de la malice à revendre, une occasion à saisir par les temps qui courent. Quelque part au vert, sa couleur, une vénérable petite dame nous cligne de l'œil l'air de dire: «A vous de jouer.» C'est ainsi qu'on gagne la partie.

source : http://www.lire.fr/critique.asp/idC=32962&idTC=3&idR=218&idG=3
illustration : la liseuse de Thimoty Reynolds

Les tours Eiffel en plastique défigurent les bouquinistes de Paris

Ah, le tourisme, le nerf de la guerre et de la pollution urbaine...

Sur les quais de Seine, on les trouve qui proposent des ouvrages anciens : on ne dénichera pas toujours la perle rare, mais avec un peu d'obstination, il n'est pas rare de mettre la main sur une édition intéressante, et parfois même, rare...

Mais voilà, les bouquinistes parisiens, institution s'il en est font face à un ennemi implacable, un concurrent déloyal : la Tour Eiffel en plastique.
Car pour affronter les mutations de ce monde, beaucoup d'entre eux ont eu à ajouter à leurs étals, quelques bibelots touristiques infâmes.
La Marie de Paris est alertée de ces actes nuisibles « au paysage culturel français », et c'est à l'Hôtel de Ville qu'on a réuni les bouquinistes, pour les avertir et discuter.
Ils étaient 200 vendeurs au début du siècle dernier à offrir près de 30.000 livres, mais cet hiver ; désormais ils sont 240, proposant 500.000 livres, à redouter tous de ne pas faire plus de 20 € de ventes par jour.
Les règles sont pourtant strictes : quatre cases de couleur vert foncé : les trois premières contiennent des livres, la dernière recueille au choix timbres, cartes postales, ou vinyles, voire souvenirs.
Or, on constatera par soi-même que dans certains quartiers, et tout particulièrement Saint-Michel, on trouve dans les étals des trucs qui tiennent plus du gadget touristique que du livre d'art...
Mais pourquoi ? La cause est simple : auparavant, la Seine constituait une balade digestive du dimanche après-midi, et les Parisiens qui l'empruntaient traditionnellement fouinaient parmi les étals.
Aujourd'hui que les touristes sont majoritaires, et qu'ils ne lisent pas forcément, et moins encore peut-être en français, il faut adapter la marchandise. Le bibelot intéresse plus que le livre, quand on ignore la langue...Pour nombre d'entre eux, il est impossible de vivre seulement des livres malgré les velléités de la mairie qui souhaite se débarrasser des souvenirs moches qui peuvent nuire à l'image de la bouquinerie.
Source : The Guardian - Nicolas.G, http://www.actualitte.com/actualite/6315-bouquinistes-Paris-quais-Seine-livres.htm

citation

"En littérature comme en amour, nous sommes toujours étonnés de ce que choisissent les autres."
André Maurois

illustration : Christopher Stott

samedi 29 novembre 2008

Percival Everett - Glyphe

envie de lire
Déjà lu un livre d'Everett, et franchement très bon...

Polar ? Science-fiction ? Essai littéraire ? Tout à la fois, évidemment, puisque l'auteur n'est autre que l'irrévérencieux Percival Everett.
Glyphe, son quatrième roman traduit, est un pot-pourri, loufoque, hilarant, des genres littéraires.
L'écrivain américain, professeur de philosophie, spécialiste de Jacques Derrida, a l'imagination débridée.
Il met en scène ici un bébé dont le QI défie la raison. Ralph est le fils d'un universitaire médiocre et d'une ar­tiste peintre refoulée. Il porte encore des couches, mais a tout lu, tout compris, sciences dures, philosophie, littérature.
Vite lassé par l'imposture ambiante, le bébé décide de ne plus parler. Il raconte par écrit sa pauvre existence de super génie. Il brosse le portrait des incapables qui l'entourent – sa famille, les amis de celle-ci, dont Roland Barthes, rien qu'un alcoolo lubrique.
Très vite aussi, Ralph est la convoitise de médecins peu scrupuleux...
Socio-philosophico-sarcastique, tel serait le mot à inventer pour qualifier ce Glyphe, objet non identifiable, à moins qu'il ne soit que pur roman, pure liberté.
Percival Everett profite de son bébé pour titiller les convenances, tous les poncifs politiquement et littérairement corrects.
Il épingle l'ignorance (ou la fausse érudition), la concupiscence, et emprunte à l'essai sa forme scientifique avec de nombreuses notes abracadabrantes. Glyphe, ou le roman de l'impertinence...
Martine LavalTelerama n° 3072 - 29 novembre 2008

vendredi 28 novembre 2008

Paul Auster - Brooklyn follies

début de lecture... assez différent de ce que j'ai lu de Auster jusqu'à présent, mais bien écrit et agréable...
citation :
"la lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d'un auteur."- Paul Auster (brooklyn follies)


Nathan Glass a soixante ans.
Une longue carrière dans une compagnie d’assurances à Manhattan, un divorce, un cancer en rémission et une certaine solitude ne l’empêchent pas d’aborder le dernier versant de sa vie avec sérénité.
Sous le charme de Brooklyn et de ses habitants, il entreprend d’écrire un livre dans lequel seraient consignés ses souvenirs, ses lapsus, ses grandes et petites histoires mais aussi celles des gens qu’il a croisés, rencontrés ou aimés.
Un matin de printemps de l’an 2000, dans une librairie, Nathan Glass retrouve son neveu Tom Wood, perdu de vue depuis longtemps. C’est ensemble qu’ils vont poursuivre le rêve d’une vie meilleure à l’hôtel Existence…
Un roman chaleureux, où les personnages choisissent leur destin, vivent le meilleur des choses – mais pour combien de temps, encore, en Amérique ?


Extrait :
Je cherchais un endroit tranquille où mourir.
Quelqu'un me conseilla Brooklyn et, dès le lendemain matin, je m'y rendis de Westchester afin de reconnaître le terrain. Il y avait cinquante-six ans que je n'étais pas revenu là, et je ne me souvenais de rien.
Je n'avais que trois ans lorsque mes parents avaient quitté la ville, et pourtant je m'aperçus que je retournais d'instinct au quartier que nous avions habité, à la manière d'un chien blessé qui se traîne vers le lieu de sa naissance.
Un agent immobilier du coin me fit visiter six ou sept appartements dans des maisons de pierre brune et à la fin de l'après-midi j'avais loué un trois-pièces avec jardin dans la Première Rue, non loin de Prospect Park.
J'ignorais tout de mes voisin et ça m'était bien égal. Tous travaillaient de neuf à dix-sept heures, aucun n'avait d'enfants et l'immeuble serait donc relativement silencieux.
Plus qu'à tout autre chose, c'était à ceci que j'aspirais. Une fin silencieuse à ma vie triste et ridicule.
voir autres nouveautés chez l'éditeur : http://www.actes-sud.fr/
illustration : la liseuse de Ivan G. Olinsky

Les sept Prix littéraires réunis sur un même plateau

Les passionnés de livre seront ravis !

Le vendredi 28 novembre prochain, dès 18h30, Jean-PierreElkabbach proposera une émission Spéciale Prix Littéraires, sur Public Sénat.

Seront réunis pour la première fois sur un même plateau (installé dans l'annexe de la Bibliothèse Médicis), les sept lauréats des prix littéraires :

Prix Renaudot, Tierno Monénembo (Le roi de Kahel),

le Prix Médicis, Jean-Marie Blas de Roblès (Là où les tigres sont chez eux),

l'Interallié, Serge Bramly(Le premier principe, le second principe),

le Prix Femina, Jean-Louis Fournier (Où on va papa ?),

le Prix 1er roman, Thierry Dancourt (Hôtel de Lausanne),

le Grand prix du roman de l'Académie française, Marc Bressant (La dernière conférence),

ainsi que le Goncourt des lycéens, Catherine Cusset (Un brillant avenir).

A noter que l'émission sera rediffusée le samedi 29 novembre (à 13h et 21h), le lundi 1er décembre (à 7h30) ainsi que le mardi 2 décembre à 12h...
source : http://www.toutelatele.com/article.php3?id_article=13587
illustration : de B.Milner

revue littéraire : le "Lire" de décembre est paru


les Poches de Noël

Baisse du pouvoir d'achat oblige, les éditeurs de poche s'engouffrent dans le créneau porteur du cadeau de Noël.
Le principe ?
Piocher dans leur fonds des romans prestigieux, les revêtir d'habits de fête, baptiser la collection « de luxe » ou encore « collector », viser le juste prix (dans les 10 €) et opérer un tirage limité (10 000 exemplaires).
Une stratégie marketing offensive pour temps de crise.
C'est ainsi que 10/18 propose six titres, de John Fante à Khaled Hosseini, dans une édition cartonnée avec jaquette ;
que Points a imaginé de véritables coffrets à surprise (avec carnet de route, ou de bal) pour cinq de ses auteurs (Indridason, Jean-Paul Dubois...) ;
que le Livre de poche s'est lancé dans le « coffret de Noël » avec Katherine Pancol ou encore Duong Thu Huong ;
que Folio publie Le Lièvre de Vatanen, de Paasilinna, revêtu d'une sorte de fourrure, et Barbery et Coe en édition luxe sous étui ;
tandis que Pocket délivre ses Accro du shopping dans de petits sacs...
illustration : toile de J.P. Crook

jeudi 27 novembre 2008

Michel del Castillo

Michel del Castillo (ou Michel Janicot del Castillo) est un écrivain français, né à Madrid le 2 août 1933.
Il naît à Madrid en 1933, peu avant la guerre civile.

Son père Michel Janicot quitte son épouse Candida Isabel del Castillo en 1935 après avoir été convaincu de son infidélité. Il rejoint la France et ne s'occupe plus de son jeune fils.

Candida Isabel, très engagée politiquement, est proche du parti des républicains du président du conseil Manuel Azaña, ce qui l'a conduit à être emprisonnée de 1936 à 1937, une période pendant laquelle le jeune Michel lui rend visite accompagné de sa grand mère.

La mère et son fils quittent l'Espagne en 1939 pour rejoindre Michel Janicot qui les aide financièrement mais refuse de renouer avec son épouse.

Le jeune Michel subit la vie dissolue et dispendieuse de sa mère
, un temps entraîneuse au Casino de Vichy.
Alors que Candida réclame encore de l'argent à son mari, celui-ci l'a fait interner au camp de Rieucros (Mende) durant la Seconde Guerre mondiale avec Michel. Ce camp de réfugié politique constitue une épreuve que l'écrivain décrira notamment dans son roman Tanguy.

Cependant, il gardera une certaine attache pour la ville de Mende où une école porte désormais son nom. Après s'être évadé, l'enfant est interné en Allemagne, de 1942 à 1945.

Rapatrié en Espagne, Michel del Castillo est interné dans une Maison de redressement d’où il s’évade en 1949.

Il a ensuite la chance d'être accueilli par un collège de Jésuites, à Úbeda en Andalousie.

C'est avec le père Mariano Prados (Pardo dans Tanguy) qu'il découvre la littérature. Alors que son père ne répond pas à ses lettres désespérées, il part à Sitgès pour devenir ouvrier en 1950.

Après un détour par Huesca et Saragosse, il parvient à rejoindre la France en 1953 où il retrouve son père qu'il quitte aussitôt, déçu.

Heureusement, son oncle Stéphane et sa femme Rita l'accueillent et vont devenir ses "véritables parents".

A partir de 1955, il entame des cours de sciences politiques et de psychologie avant de se consacrer à la littérature.

Cette année-là, il retrouve par hasard sa mère à Paris et s'aperçoit qu'elle n'a pas cherché à le retrouver, creusant ainsi une nouvelle blessure dans le parcours torturé de l'écrivain.

Influencé par les romanciers Miguel de Unamuno et Fedor Dostoïevski, il sort son premier roman en 1957 avec Tanguy qui remporte un succès mondial.


Ses livres ont obtenu de nombreux prix :

pour Le Vent de la Nuit.
Prix des Deux Magots 1973,
pour Le Vent de la Nuit.
Prix Chateaubriand 1975,
pour Le Silence des pierres.
Prix Renaudot 1981,
pour Une femme en soi.
Grand Prix RTL-Lire 1993,
pour Le Crime des pères.
Prix Maurice Genevoix 1994,
pour Rue des Archives.
Prix de l’écrit intime 1995,
pour Mon frère l’Idiot.
Prix Femina Essai 1999,
pour Colette, une certaine France.

Prix Méditerranée 2005, pour Dictionnaire amoureux de L’Espagne.

Élu membre de l’Académie royale de Belgique en 1997, il a succèdé à l’historien Georges Duby.

Il a produit une série télévisée La saga des français pour
Antenne 2.
sources : wikipédia, amazon, divers

Quelques titres lus :

Les louves de l'Escurial

Dans l'aride plaine de Castille, l'Escurial se dresse, formidable et sévère : palais prison, palais crypte royale, palais forteresse.
Ici se déchaînent les pires débauches et s'ourdissent les plus noirs complots sur fond de litanies et de messes.
Et voici venu, en ces années 1790, le temps des louves"...
Marie-Louise, épouse du débonnaire Charles IV, qui se prend d'une passion sans frein pour Manuel Godoy, un jeune garde du corps qu'elle fera prince...
Marie-Christine, veuve à vingt-huit ans du monstrueux Ferdinand VII, qui se jette dans de plébéiennes et viles amours...D'autres encore... tandis qu'autour d'elles l'Espagne agonise, envahie par Napoléon, déchirée par les guerres civiles.
Romancier tout autant qu'historien, Michel del Castillo fait revivre avec une extraordinaire puissance ce temps où régnèrent, inséparables, le sang, la volupté et la mort.

Les Etoiles froides

"Toute seule, aussi seule, pauvre petite fille riche." Ce pourrait être le refrain d'une chanson ; c'est ce qui caractérise, entre attraction et répulsion, le personnage de Clara del Monte dans ce roman.
Insaisissable, égocentrique, obnubilée par le faste et le plaisir, Clara, pianiste douée qui joue à cinq ans, en 1911, devant l'Infante et le roi, est un monstre.
Monstre de beauté et de duplicité, experte ès trahisons, figure inhumaine qui excède toutes les catégories et les étiquettes.
Par touches successives, plus compromettantes les unes que les autres, son portrait nous est révélé grâce aux archives d'Elisa Toldo, biographe reconnue et tante de la narratrice, Angelina.
Lues et commentées par cette dernière qui a pour tâche d'achever le livre commencé par Elisa, les pièces du dossier défilent, effroyablement objectives, appuyées sur les événements qui déchirent l'Espagne des années trente.
Marquée par une enfance passée aux côtés d'un père infirme rejeté par sa mère qui le trompe avec un avocat véreux, Clara n'aspire qu'à épuiser sa liberté, dilapider une fortune attirant toutes les convoitises et, par-dessus tout, jouir.
Mariée plusieurs fois, mettant au monde quatre enfants, maîtresse de deux frères à la fois, Juan et Nolito – à une époque où l'adultère est un délit et le divorce un scandale –, Clara devient l'emblème d'une Espagne en perdition, pendant d'une autre conscience éclatée : celle, magnifiquement rendue dans ces pages, de Federico Garcia Lorca, hanté tout comme la jeune femme par le droit à la différence qu'il défend dans le Romancero gitano

Empruntée au poète auquel Angelina consacre une thèse de doctorat, une formule résume les trajectoires chaotiques des deux personnages, livrés à la furie des franquistes, des phalangistes, des nationalistes, des "rouges" et des fascistes :"Pero yo ya no soy yo,mi casa es ya mi casa"("mais je ne suis plus moi, ni ma maison ma maison").

On retrouve au fil des pages une description de la chute de la monarchie d'Alphonse XIII, des dysfonctionnements de la jeune république et des redoutables pelotons de "promeneurs", les "paseadores" mis en scène naguère par Manuel Rivas dans un roman aussi bouleversant que celui de Castillo :
Le Crayon du charpentier.
Sublimant le tout, catastrophe des catastrophes sur fond de misère sociale, de milices indéterminées et de destruction irrévocable, culmine à la pointe du récit la folie amoureuse qui lie Clara la républicaine, "pute et criminelle" à Nolito et Juan Moran les phalangistes !

Les Étoiles froides peut se lire tel un roman où la fiction côtoie la réalité. Mais ceux qui suivent Michel del Castillo depuis trente ans reconnaîtront la part autobiographique du récit, où la patiente reconstitution par un enfant
De père français, descendant des del Monte, de la vérité correspondant à ses propres souvenirs madrilènes. Une vérité tronquée par une mère aux multiples masques (voir La Gloire de Dina, L'Adieu au siècle), dont l'un recouvre le visage altier de Clara. À la lumière des exactions qu'elles éclairent, jamais effectivement les étoiles n'ont paru si "froides" pour autant que, à l'instar de l'Espagne, "la vérité finit toujours par vous rattraper".

Les portes du sang

Fuyant le franquisme, Clara del Monte et Tchoun-tchoun, son fils de six ans, arrivent en France et vont connaître les tourments des exilés.
Selon les témoins qu'interrogera cinquante ans plus tard Elisa Toldo, une amie de l'enfant entre-temps devenu le célèbre pianiste Xavier Montel, l'énigmatique, scandaleuse et flamboyante Clara est alors réduite à user d'expédients et à se lancer dans de mystérieuses intrigues, soumise à des forces qu'elle ne contrôle plus.
Et Tchoun-tchoun s'accroche à cette mère incompréhensible qui tantôt le protège et tantôt le rejette.
Les faits sont là mais leur sens ne cesse de se dérober : face à l'enquête d'Elisa, Xavier peut-il voir dans l'enfant qu'il fut la victime expiatoire de Clara, de ses mensonges, de ses trahisons ?

Ce que j'ai envie de lire :

La nuit du Décret

Jeune inspecteur à la section financière de Murcie en Espagne, marié et père de deux enfants, Santiago Laredo est muté à la brigade criminelle de Huesca.
S'il t'est d'abord réjoui de sa nouvelle affectation, il ne tarde pas ressentir une inquiétude grandissante.
De tous côtés en effet - ses collègues, sa femme, ses supérieurs -, on s'emploie à le mettre en garde contre son futur chef hiérarchique, le directeur de la Sûreté de Huesca, Avelino Pared. Intrigué au point de mener sur lui une véritable enquête, fasciné, happé enfin par ce personnage énigmatique et cruel, le jeune inspecteur entreprend un étrange voyage au bout de l'horreur.
Par réfractions successives, Avelino Pared, comme dans un jeu de miroirs, révèle à Laredo la réalité de cinquante ans de l'histoire de son pays avant de lui prouver sa propre culpabilité.Au terme de cette descente aux enfers, l'inspecteur aura tout perdu, hormis peut-être une lucidité durement acquise.
Roman non pas policier mais de et sur la police, la Nuit du Décret pose deux interrogations, deux questions singulières : comment et pourquoi devient-on policier bien sûr, mais encore

La tunique d'infamie

Je me demandais pourquoi l'inquisiteur Manrique m'obsédait à ce point. Je tentais d'éclaircir nos rapports, cherchais à me rappeler à quel moment il était entré dans ma vie.
J'avais la sensation qu'il vivait en moi depuis l'enfance et, que de roman en récit, sa silhouette traversait tous mes livres.
L'aurais-je poursuivi à l'autre bout de l'Europe s'il n'était qu'un caractère singulier?
Je devinais son histoire que je ne connaîtrais toutefois qu'après l'avoir écrite.
Je ne savais de lui que des bribes: son enfance à Soria, ses études, son amour – un amour unique et vertigineux – , sa chute à Grenade.
À quoi rime, me disais je, de passer tant d'années en compagnie d'un inquisiteur disparu depuis plus de trois siècles ? Je devais pressentir que cet ennemi des Juifs finirait par me livrer son secret et le secret de sa honte. N'ai-je pas révélé les miens? Ne m'a-t-il pas choisi pour ça?
illustration : la liseuse de Lee White

mercredi 26 novembre 2008

curiosité de lecture : Don Juan d'Autriche

en cours de lecture...
Suivant le roman, Don Juan d'Autriche est le père de ana de Jésu, fille illégitime qu'il a eu de Marie de Mendoza.
Don Juan n'a aperçu sa fille que quelques minutes après sa naissance. Celle-ci fut confiée à la propre gouvernante de Don Juan, avant d'être enfermée au couvent de Madrigal à l'âge de 6 ans.
Lors du décès de Don Juan, Philippe II fut soupçonné un temps de l'avoir fait empoisonné, tout comme il fut soupçonné d'avoir fait assassiner son propre fils Don Carlos.
Le corps dû être rapatrié de Flandres "en plusieurs morceaux" et reconstitué à l'arrivée en Espagne...

L'infant Don Juan d'Autriche (Ratisbonne, 24 février 1547 - Namur, 1er octobre 1578) fut un prince espagnol de la famille des Habsbourgfils illégitime de Charles Quint – qui fit une carrière militaire dans les armées de son demi-frère Philippe II et fut gouverneur des Pays-Bas de 1576 à 1578.


Né des fruits de l'union illégitime de Charles Quint et d'une femme issue d'une famille de notables de Ratisbonne en Allemagne, Barbara Blomberg, en 1545, Don Juan d'Autriche fut baptisé, en réalité, sous le nom de Jerónimo (Jeromín). Il a été élevé en Castille, dans la ville - proche de Madrid - de Leganés, dans la rue qui porte actuellement son nom (Jeromín).
Il n'a pas connu son père jusqu'à l'âge de onze ans, lorsque celui-ci le fit venir en
1556 - après son abdication - au monastère de Yuste (Extrémadure), où il s'était retiré.

Son frère, Philippe II, respectant la volonté de leur père, le reconnut comme membre à part entière de la famille royale et lui attribua le nom de « Don Juan d'Autriche », lui accordant les honneurs et les revenus dignes d'un infant (1559).


Il vécut son adolescence à la cour d'Espagne avec son demi-frère Philippe II. Il fit ses études à la prestigieuse université d'Alcalá de Henares, mais refusa de se consacrer à la carrière ecclésiastique à laquelle on l'avait destiné.

En 1566, il est fait chevalier de la Toison d'or.


Ayant manifesté son désir de faire une carrière militaire, le roi le nomma au commandement d'une escadre chargée de combattre les pirates barbaresques en Méditerranée (1568). Il démontra dans cette expédition de réelles capacités militaires, aussi fut-il chargé, l'année suivante, de diriger la répression de la révolte des Morisques, ces descendants des Musulmans du royaume de Grenade - restés en Espagne après la fin de la Reconquête en 1492 - convertis officiellement au catholicisme, mais qui continuaient à pratiquer leur religion (1569). Ce soulèvement - commencé en 1567 - contre la violation des droits qui avaient été accordés à l'époque aux Morisques - encore appelé Guerre des Alpujarras - dura quatre ans et se termina par leur défaite devant Don Juan d'Autriche.

Ces succès lui permirent aussi d'obtenir - ce qui fut le sommet de sa carrière militaire - le commandement suprême de la flotte de la Sainte Ligue formée - par l'Espagne, Venise et le pape Pie V - contre les Turcs (1570).


Face à la stratégie défensive que préconisaient ses conseillers plus prudents, Don Juan d'Autriche imposa son choix d'aller à la rencontre de la flotte turque d'Ali Pacha et de la vaincre, ce qu'il fit à la Bataille de Lépante (7 octobre 1571).


Lors de cette expédition il eut sous ses ordres, parmi les soldats, un certain Miguel de Cervantes - le futur auteur de Don Quichotte - qui y perdit l'usage de sa main gauche, ce qui lui valut plus tard le surnom de « manchot de Lépante ».


Si cette victoire chrétienne - qui mettait fin à la suprématie des Turcs en Méditerranée - eut un grand retentissement, elle n'eut guère de suite, Tunis, conquis par don Juan d'Autriche, ayant été perdue peu après. Cette victoire valut à Don Juan de recevoir du pape, en 1576, la rose d'or, d’abord réservée exclusivement au préfet de Rome, puis, plus tard offerte à un fidèle catholique qui avait rendu un service important à l' Église.

Par contre, le retentissant succès de Lépante accrut les ambitions de Don Juan d'Autriche. Philippe II a prudemment rejeté ses plans de profiter de la situation pour se lancer dans une grande expansion territoriale en Méditerranée. Il a également repoussé ses demandes d'être officiellement reconnu comme infant avec traitement d'altesse.
Peut-être est-ce pour mettre fin à ses ambitions que le roi l'a envoyé comme gouverneur aux Pays-Bas (1576), poste extrêmement difficile dans lequel avaient déjà échoués le duc d'Albe et Luís de Zúñiga y Requesens, incapables de mettre fin à la rébellion protestante.


Pour le convaincre d'accepter cette mission périlleuse, Philippe II a insinué la possibilité de lancer par la suite une invasion de l'Angleterre, destinée à placer sur le trône britannique une reine catholique, Marie Stuart.


Très rapidement, Don Juan comprit le caractère irréaliste de ce projet, tandis qu'il échouait entretemps jour après jour dans sa tentative de contenir la rébellion des Pays-Bas. Philippe II a confié à son demi-frère le commandement de l'armée d'Espagne et le gouvernement des Pays-Bas avec pour mission de rétablir l'autorité du roi.


À son arrivée, il trouve toutes les provinces unies, sinon contre le pouvoir, du moins contre les armées espagnoles qui ravagent le pays. Les États Généraux ayant pris l'initiative de se réunir et de proclamer la « Pacification de Gand », cet acte est ratifié par le nouveau gouverneur mais rapidement remis en cause par le noyau dur des orangistes qui prennent alors le nom de « Patriots ».


Don Juan d'Autriche tente de rétablir le calme mis à mal par ses prédécesseurs. Il a peu obtenu avec son compromis de l'« Édit perpétuel » de Marche-en-Famenne (1577), par lequel il offrait de retirer le tiers des forces espagnoles et de respecter les libertés flamandes en échange de quoi les rebelles reconnaîtraient la foi catholique et la souveraineté espagnole et renonceraient au protestantisme. Mais la proposition est rejetée par le duc Guillaume d'Orange. La guerre est alors inévitable.


Les intrigues qu'organisait à la Cour Antonio Pérez placèrent Don Juan dans une situation délicate avec le roi et les ressources dont il avait besoin (tant en hommes qu'en argent) arrivaient avec parcimonie. Philippe II le chargea d'établir des contacts avec la France, les Anglais et les factions rebelles en vue de régler la situation insurrectionnelle, tâche bien trop grande pour le piètre diplomate qu'il était.


Le 31 mars 1578, son secrétaire et plus proche collaborateur, Juan de Escobedo, était assassiné.


Le 31 août 1578, don Juan battit l'armée des États généraux à Gembloux près de Bruxelles.

Il mourut du
typhus, maladie contractée au cours d'une campagne militaire, le 10 octobre 1578.-wikipédia