mardi 5 mai 2009

Décès de Marilyn French, la féministe romancière

Féministe et romancière, incompatible ?
Sûrement pas : Marilyn French l'a démontré durant toute sa carrière alors que dès 1977, ele faisait des débuts explosifs en racontant la frustration et la rage de nombreuses femmes au foyer.
L'auteure est décédée samedi d'une crise cardiaque à l'âge de 79 ans.
Enseignante après des études universitaires menées avec brio, elle divorcera et partira pour Harvard afin d'y rédiger une thèse sur l'Ulysse de James Joyce, en 1976.
Féministe, pour elle, n'avait pas de connotation outrancière. Cela incarnait tout simplement « une femme qui pense que les femmes importent autant que les hommes », disait-elle.
Avec sept romans et de nombreux ouvrages universitaires, un roman posthume sortira en septembre, The Love Children. Marilyn avait toujours fait preuve de peu de patience à l'égard de ceux qui considéraient que le mouvement féministe était devenu inutile.
Les bons sentiments est probablement le roman le plus significatif de son implication.
source : actua litté -Rédigé par
Cecile Mazin, le mardi 05 mai 2009 à 11h20


Les cicatrices et les cabosses de l'âme viennent dès le premier vrai contact avec le monde : dès le premier amour.
Nous avons tous un passé qui nous ligote et nous fait mal comme des souliers trop étroits.
Et les plaies les plus profondes sont celles causées par l'éternel malentendu entre hommes et femmes : ce terrible mystère qui veut que les mots n'aient pas le même sens pour les uns que pour les autres, que la préséance des valeurs ne soit pas la même, mais que chacun mette la même rage à défendre les siennes, quitte à détruire ce qu'il voudrait créer avec l'autre, et qu'ensuite les deux refusent avec la même fureur d'admettre leurs responsabilités respectives, la main sur le coeur qui saigne et protestant de leurs bons sentiments.
Ce qu'ont vécu, ce que vivent Victor et Dolores, les héros du livre, nous l'avons toutes et tous éprouvé.
Et des Victor, toute femme en a connu dix, vingt, comme tout homme dix ou vingt Dolores.
Et c'est soi-même qu'on lit à toutes les pages, soi-même que l'on reçoit, renvoyé comme un boomerang, en plein front. Et parce que nos enfers quotidiens sont paves de bons sentiments, parce que nous tâchons de nous bâtir des paradis à force de bons sentiments aussi, ce livre de Marilyn French fera rire d'un oeil et pleurer de l'autre. Mais, l'ayant lu, impossible désormais de dormir des deux yeux.


voir d'autres titres : Le Livre de Poche, LGF -
http://www.livrenpoche.com/auteur/French-Marilyn/9588.html


biographie :
Marilyn French
est née à New York.
Elle eut une enfance difficile «A l'école, j'étais de deux ans plus jeune que mes camarades, intellectuellement précoce, socialement arriérée, très perdue et soli-taire. »
A quatorze ans, elle était excellente pianiste, publiait en l'imprimant elle-même son petit journal avec les nouvelles du quartier et écrivait de petits romans.
A seize ans, elle entrait à l'université et conquérait brillamment ses diplômes jusqu'au doctorat ès lettres (qu'elle passa à vingt et un ans, déjà mariée et ayant deux enfants).
Après avoir divorcé, elle a enseigné notamment à la célèbre université Harvard. Elle vit aujourd'hui non loin de Boston. Toilettes pour femmes est son premier roman. Il a été vendu à plusieurs millions d'exemplaires aux Etats-Unis et traduit en plus de douze langues.
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illustration : la liseuse d'Olivier Boissinot

1 commentaire:

Cécile Qd9 a dit…

Je ne la connaissais absolument pas.