Les mots magiques des Egyptiens pour l'éternité
Déposés dans les sarcophages, aux côtés des momies, à l'abri de la lumière et dans l'air sec du désert, ces textes sacrés qui accompagnent le voyage dans l'au-delà, souvent richement illustrés, ont conservé toute leur fraîcheur. Les couleurs ont gardé l'éclat d'origine, les blancs, rouges, bleus, bruns, leur densité. Les hiéroglyphes ont la régularité du trait au carbone des scribes de haut vol.
Cette précieuse BD sur papyrus apparaît au XVIIe siècle avant J.-C., sorte d'antisèche du défunt qui contient les formules magiques à connaître pour s'assurer de la vie éternelle. Jusque-là, elles étaient peintes sur les coffres de bois des cercueils, gravées sur les stèles de pierre, écrites sur les bandelettes des momies, recouvraient les murs des tombeaux des pharaons et des dignitaires de la vallée des Morts en Haute-Egypte.
""Le Livre de la mort" est un guide pour le nouveau monde, indique John H. Taylor, conservateur au British Museum et commissaire de l'exposition. Nous avons cherché à recréer, pour le visiteur, le voyage qui conduit le défunt jusqu'à l'entrée du paradis.Les Egyptiens croient que l'esprit du mort, libéré, voyage vers une nouvelle vie, une vie future."
De la même manière que le soleil disparaît pour renaître à l'aube, que la fleur meurt en hiver pour s'épanouir à nouveau au printemps, que le Nil est en crue chaque année, l'Egyptien est convaincu que l'homme, partie du cosmos, a lui aussi accès au cycle éternel. Après sa mort, le défunt entreprend un périlleux voyage au royaume des dieux. Il doit exécuter de complexes rituels, résister aux bêtes féroces, répondre aux questions pièges et connaître quantité de formules magiques pour atteindre l'Eden. Le Livre de la mort est une compilation de paroles sacrées pour toutes circonstances.
La réussite du voyage céleste reste une question d'argent. "Si vous êtes riche, et détenez ce livre, c'est plus facile et plus rapide, vous connaissez votre texte et ce qu'il faut dire", convient John H. Taylor. Le plus long rouleau connu, de 37 mètres, exposé pour la première fois, est celui de Nesitanebisheru, fille du grand prêtre d'Amun (990-969 av. J.-C.), une des femmes les plus importantes d'Egypte. Il provient des tombeaux royaux de Deir El-Bahari.
Le plus richement illustré est celui d'Ani (1275 av. J.-C.), scribe du pharaon. Il relate la pesée du coeur par le tribunal céleste, qui sera déterminante. Anubis, dieu à tête de chacal, ajuste la plume qui fait contrepoids. Le "bâ", l'esprit d'Ani, oiseau à tête humaine, surveille la scène. La balance doit être en équilibre pour prouver la pureté du coeur. Ce jugement marque la fin de l'existence d'Ani et le commencement de sa vie future.
La muséographie met en scène les étapes successives imposées au défunt, depuis sa mort jusqu'au "Champ de roseaux", paradis de l'Egyptien. Dans la pénombre des salles, objets et textes racontent par le menu la momification. Jusqu'à l'image scannée d'une momie dont on constate qu'elle a gardé sur elle tous ses bijoux et gris-gris. On suit la mise au tombeau, la libération du bâ, la réouverture de la bouche, des yeux, du nez du défunt préparé pour l'expédition au royaume des dieux.
La momie de Katebet (1300-1275 av. J.-C.) est là, intacte, dans son tombeau reconstitué, à côté des quatre jarres qui renferment ses entrailles. Elle est emmitouflée dans ses bandelettes de coton, les bras croisés ; son masque d'or a la beauté régulière de son visage. Le scarabée noir, porté en amulette pour son voyage dans l'au-delà, est le symbole de l'éternité. - Florence Evin - http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/11/08/les-mots-magiques-des-egyptiens-pour-l-eternite_1437082_3246.html
4 commentaires:
J'ai eu la chance d'en voir quelques uns lors d'une autres expositions et c'est fou comme ce texte est beau ( sur tout les plans d'ailleurs).
J'ai toujours été passionnée par l'Egypte ancienne et je ne suis pas la seule, on dirait !
bonsoir Emeralda,
oui, passionnée aussi... et lu énormément. Un faible pour Desroches-Noblecourt...
il me semble bien avoir quelques romans sur l'Egypte en attente... rien de sérieux, des polars je pense.
juste à retrouver dans tout mon bazard...
bises
Voilà un sujet qui me passionne aussi. Merci pour ce beau billet!
Et si tu as gardé ton âme d'enfant, je te propose un petit jeu sur mon blog...
Bisous
bonjour Kenza,
j'ai dans l'idée de faire le tour des bouquins lus sur le sujet... d'ici quelque temps...
je cours chez toi voir le jeu...
à tout de suite
bises
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