dimanche 29 août 2010

Tahar Ben Jelloun : Lettre à Delacroix (partenariat livraddict)

Enfin, je trouve un moment pour finaliser ma lecture de ce livre... désolée Livraddict pour le retard.
95 pages, (folio) Editions Gallimard (3 juin 2010) ISBN-10: 2070420671
lecteurs : Ellcrys, Isa, jostein, mazel
le voyage au Maroc d'Eugène Delacroix...
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voyageur curieux, séduit par les couleurs du pays, la beauté de son peuple... et les chevaux...
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« Le ciel est haut. L'azur passe par plusieurs bleus. L'horizon est net, la population est vivante, je veux dire tumultueuse, gaie, différente de celle de votre pays. Vous êtes ailleurs, vous avez franchi la frontière de l'imaginaire. Tout cela vous étonne et va vous habiter »
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un joli petit livre érudit, riche, poétique, et bien illustré des croquis du peintre... Par l'intermédiaire des oeuvres du peintre, Tahar ben Jelloun nous communique son amour du Maroc, sous toutes ses coutures, passant du riche au bourgeois, mais surtout des pauvres... Peinture de toute une société complexe et multi-culturelle.

Nul doute, Tahar ben Jelloun a la plume alerte et sais communiquer sa passion.
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La lecture de ce livre, grace à Livraddict et Folio est plaisante, bien que j'ai eu un peu de difficultés a l'aborder, d'abord parce que le genre épistolier n'est pas vraiment ce que j'aime le plus... et puis guère sensible à l'oeuvre de Delacroix...
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Je ne me suis laissée tentée que parce que j'aime l'écriture de Tahar ben Jelloun et je ne le regrette pas, mais tout de même, je préfère ses romans...
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4ème de couverture : " Parce que vous êtes "le plus suggestif de tous les peintres", je pense pouvoir vous faire revenir au Maroc par la magie du verbe. Je vous imagine en ce début d'année 1832, jeune homme élégant et réservé, quitter votre atelier de la rue des Fossés-Saint-Germain, laissant derrière vous une lumière retenue, empêchée par un ciel gris et bas d'éclater, une lumière brève et faible à laquelle les Parisiens finissent par s'habituer. Vous sortez de ce quartier et vous vous trouvez, quelques jours après, inondé par une lumière si vive, si pleine et même brutale que vous subissez un choc. Vous êtes à la fris en Méditerranée et face à l'océan Atlantique ".
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Tahar Ben Jelloun rend hommage à Eugène Delacroix, converti à la lumière lors de son voyage en Afrique du Nord. Mais au-delà du peintre génial, c'est la beauté de tout un pays qu'il célèbre : celle du Maroc.
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liv

Antigone : « Malheureusement, malgré mon envie sincère de plonger complètement dans ce petit livre illustré, je dois vous dire que j’ai éprouvé un intérêt bien modéré pour l’affectueuse admiration de Tahar Ben Jalloum pour Eugène Delacroix. »

Isa : « Et là, je dois dire un grand merci à Monsieur Tahar Ben Jelloun car il m’a fait découvrir toute une partie de l’oeuvre de Delacroix que je ne connaissais pas. Pourtant, pour beaucoup, elles sont présentes au Louvre. L’auteur permet de mettre une histoire derrière ces tableaux leur donnant ainsi une force supplémentaire. De plus, il y a beaucoup de reproduction pour illustrer ses propos. »

Nanne : « Par-delà l’admiration sincère et inconditionnelle pour l’œuvre picturale de Delacroix, on perçoit son affection pour ce Maroc sublimé par l’artiste. Ce Maroc si éloigné des clichés et poncifs habituels, plus proche d’une certaine réalité, à la fois poétique, ardente, romantique, raffinée, indépendante, noble et racé. »

Skritt : « De la belle littérature comme je n’en lis pas souvent, cette lettre est bien trop courte tellement j’ai eu un énorme plaisir à la lire. Attention, Monsieur Ben Jelloun, j’espère que vous rentrerez dans le cercle très fermé des auteurs qui seront étudiés au lycée et que vous resterez dans la mémoire de toutes et de tous comme le sont Zola, Baudelaire ou encore Hugo. »

Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix, né le 26 avril 1798 à Charenton-Saint-Maurice (Seine), 2 rue de Paris (actuelle Grande Rue) et mort de la tuberculose le 13 août 1863, au 6 rue de Furstemberg à Paris (il repose au cimetière du Père-Lachaise, division 49), est un peintre majeur du romantisme en peinture, apparu au début du xixe siècle, en France.
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illustration : autoportrait d'Eugène Delacroix
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Juste fait un petit détour par wikipédia pour me remettre en mémoire la biographie de Delacroix... et retenu ici sa période marocaine...
.Le voyage en Afrique du Nord, en Tunisie et en Espagne (fin janvier à juillet 1832)

C’est à la mi-octobre 1831 que Louis-Philippe informe Charles-Edgar comte de Mornay (1803-1878) de sa mission auprès de Moulay Abd er-Rahman (1778-1859), chef chérifien du Maroc. Il s’agit de porter un message de paix à l’empereur du Maroc et aux Britanniques, bien implantés sur le plan commercial, dans le pays. Cette ambassade doit clore plusieurs dossiers épineux, dus à la conquête de l'Algérie par la France. Sa mission sera une réussite sur le moment : Mornay enverra le 4 avril 1832, une lettre déclarant au général en chef de l’état-major d’Alger, Savary, duc de Rovigo, que le Maroc abandonne ses visées sur la région de Tlemcen et d’Oran, promet de rester neutre et de retirer ses troupes de l’Algérie.

C’est tout d’abord, Eugène Isabey, qui avait été pressenti, pour se joindre à la mission diplomatique en Afrique du Nord. Or, le peintre revenu depuis peu d’Alger, s’était désisté, craignant un deuxième voyage en Afrique. C’est donc Delacroix qui sera choisi pour accompagner la mission, à ses frais. Ce n'est qu'à la fin de l’année 1831 que le peintre et Mornay font connaissance, grâce à Edmond-Henri Duponchel (1794-1868), futur directeur de l’opéra, et Armand Bertin, directeur du Journal des Débats, à la requête de Mademoiselle Mars (1778-1847), maîtresse officielle de Mornay, et amie de Duponchel et de Bertin : celle-ci étant désireuse de trouver un compagnon de voyage agréable, à son amant. Mornay et Delacroix dînèrent ensemble à la Saint-Sylvestre, en compagnie de la comédienne.

Le départ, prévu le lendemain vers 3 heures du matin, eut lieu rue de la Tour-des-Dames en berline jusqu’à Toulon où avait été appareillée une corvette-aviso de 18 canons, commandée par le capitaine de frégate Ange-François Jouglas. La Perle quitte Toulon le 11 janvier 1832, longe les côtes de Minorque, Majorque, Malaga et celles du royaume de Grenade, passe près de Solobrena et de Motril en Espagne, s’arrête à Algésiras pour le ravitaillement et mouille devant Tanger, le 24 janvier 1832 à 8 heures. Durant la traversée Delacroix exécute une vue de la côte de Solobrena et un effet de soleil couchant sur la mer, au pastel, et près deGibraltar où le bateau n'a pu faire escale à cause d'une épidémie de choléra, une aquarelle (au Louvre), intitulée Côte d'Afrique, détroit de Gibraltar.

C'est Jacques-Denis Delaporte, consul de France à Tanger qui les accueille, et se charge des formalités de débarquement et de la mise au point du protocole de réception, par les autorités de la ville. Ce n'est que le lendemain que Mornay et ses collaborateurs débarquent, pour s'installer à la Maison de France. Profitant d’un intermède, Delacroix se promène dansTanger, un carnet à la main.

Bien que Mornay soit accompagné par Antoine-Jérôme Desgranges (1784-1864), interprète du roi, il ne peut s’opposer à ce qu’Abraham Benchimol se joigne à eux : le protocole voulant qu’un européen ne puisse s’adresser directement à l’empereur et que seul un juif y soit autorisé. Quant à Delacroix, sans préjugés vis-à-vis des juifs et très intéressé par leur communauté, il se lie d’amitié avec le drogman, au service du consulat depuis 1820, et bénéficie ainsi du bon accueil de son entourage. Ce qui lui permet de croquer la nièce d'Abraham, Léditia Azencot, Saada, sa femme, et Presciadia et Rachel, ses filles. Grâce à Madame Delaporte, la femme du consul, il put également dessiner de jeunes musulmanes, très effarouchées par un étranger.

Eugène Delacroix, La Noce juive au Maroc, (1837-1841, Musée du Louvre).

L’entremise du drogman lui permet aussi d’assister à l’une des fêtes données lors d’une noce juive, le 21 février 1832. Il en a gardé des traces dans l’un de ses carnets à couverture cartonnée, appelée Album du Maroc (acquis par Le Musée du Louvre en 1983). Tous les éléments récoltés (la tenue et l'attitude de certains participants) l'aideront ultérieurement à peindre La Noce juive au Maroc (1841, Musée du Louvre). Les deux évènements notables auxquels Delacroix put participer lors de ce voyage, sont cette noce et l’entrevue avec l’empereur à Meknès.

La prochaine étape de cette mission diplomatique était l’entrevue avec Moulay Abd er-Rahman. Mornay envoya un courrier àMeknès afin de demander l’autorisation de le rencontrer. Le 3 février 1832, correspondant à l’année 1248 de l’Hégire, est proclamé le début du Ramadan qui se termine par la fête de l’Aïd es-Sghir, le 4 mars 1832. Pendant cette période sacrée de jeûne et de prières, le commandeur des croyants ne pouvait les recevoir. De plus, le décès de Moulay Meimoun, frère du souverain, retarde encore le départ de la mission113. Cette longue attente de 42 jours permettait d'apaiser les partis anti-français et de modérer les exigences de la diplomatie française. Ce n’est que le 3 mars que l’autorisation du souverain est donnée.

Le 5 mars, la délégation part de Tanger pour Meknès, accompagnée d’une escorte de soldats et d’un pacha pour chaque étape, dans la limite de la province où s’exerce leur autorité. Les deux villes étaient à 45 lieues, l’une de l’autre. Une fois passé le gué à l’oued Mharhar, un premier campement est établi à El Arba Aïn-Dalia. Le 6 mars, la mission et l’escorte passent près du lac Lao, et de la mer, avec à droite, une vue du Cap Spartel. Nouvelle étape à Souk el-Had el-Gharbia, le soir, ils dînent avec le caïd Mohammed Ben-Abou et font une halte à Tléta Rissana.

Le 8 mars, ils partent sous la pluie et passent le gué de l’oued Maghazen, affluent de l’oued Loukkos. Ils déjeunent ensuite à l’oued Ouarrour, près de Ksar el-Kébir (appelé aussi Alcazarquivir), lieu de la Bataille des Trois Rois116 où combattirent le 4 août 1578 Don Sébastian, roi du Portugal, son allié Moulay Mohammed, dit el Motaouakir et le Sultan Moulay Abd el-Malek. C’est Moulay Abd el-Malek, qui remporta ce combat où les trois protagonistes trouvèrent la mort. Ce qui permit à Al-Mansur, frère de Moulay Abd el-Malek, de monter sur le trône chérifien.

Le 9 mars, ils s’arrêtent à Ksar el-Kébir : le vendredi étant un jour de prière. Dans la soirée, ils se dirigent vers l’oued Fouarate où la délégation est attaquée. Delacroix s’en souviendra pour La Perception de l’impôt arabe ou Combat d'Arabes dans la montagne, (National Gallery de Washington), tableau qu’il peignit en 1863, année de sa mort. C’est à Fouarate qu’un campement est installé pour la nuit. Le 10 mars, à cause d’un malaise du peintre et du jour du Sabbat (jour de repos des juifs), le départ de la mission est différé. Ils passent tout de même l’oued Mda et installent leur campement à El-Arba de Sidi Aîssa Belhacen.

Eugène Delacroix, Les Bords du fleuve Sebou (1858-1859, Artemis Group, Londres).

Le 11 mars, ils longent le Sebou et le 12, un campement est établi sur les bords du fleuve dont les eaux grossies par les pluies sont difficiles à traverser. Delacroix s’inspire de ces deux journées pour peindre un tableau intitulé, Les Bords du fleuveSebou (1858-1859, Artemis Group, Londres)120. Le 13 mars, ils arrivent à Sidi Kacem. Le dernier campement de la mission est dressé le 14 mars au pied du Zerhoun, devant Moulay Idriss, une ville établie sur deux hauteurs irrégulières dont les étrangers n’avaient pas le droit d’en gravir les lacets. Le 15 mars, ils quittent Zerhoun pour arriver près de Meknès où ils assistent à de grandes fantasias.

Les fantasias ou courses de poudre n’étaient pas destinés à divertir les étrangers, mais des exercices militaires censés montrer l’adresse et le savoir-faire des cavaliers marocains au combat. Delacroix a pu voir plusieurs fois des courses de poudre, entre Tanger et Meknès.

Il exécutera une belle aquarelle sur ce sujet, pour le comte de Mornay : Une Fantasia ou jeu de poudre devant la porte d’entrée de la ville de Méquinez (1832, Musée du Louvre). Ces courses ont fourni à Delacroix le sujet de quatre peintures entre 1832 et1847124 :

Ils longent également le tombeau d’un saint, celui de Sidi Mohammed ben Aïssa, fondateur de la communauté des Aïssaouas. La découverte des pratiques religieuses (chants, danses et contorsions) de cette secte enflamme son imagination125. Ce qui lui fournira, à son retour, le sujet de deux tableaux109 :

  • Les Aïssaouas (1838, The Minneapolis Institute of Arts),
  • Les Convulsionnaires de Tanger (1857, Musée des Beaux-Arts de l’Ontario à Toronto).

Avant de rentrer dans Meknès, ils doivent faire le tour complet de la ville et de ses remparts. Installée dans la Maison des hôtes, au cœur du quartier de la Berrima, la délégation reste enfermée pendant 8 jours, du 15 mars au 22 mars, avant d’être reçue par l’empereur. Le 22 mars, c’est l’audience publique avec Moulay Abd er-Rahman. La délégation à cheval est précédée du Kaïd et de quelques soldats, et suivie de ceux portant les cadeaux, destinés au souverain. « Les présents envoyés par Louis-Philippe comprenaient notamment une magnifique selle brodée, des armes précieuses, des bijoux, des brocards, des soieries et des montres ».

Le convoi passe à côté de la mosquée Jamaa el-Kbir, traverse un passage couvert de cannes (Souk el-Hdim) et arrive sur la place située en face de la grande porte (place el Hdim). Ils entrent dans une grande cour, passent entre une haie de soldats, sur leur gauche se trouve une grande esplanade (place Lalla Aouda). Ils entrent plus en avant, arrivent dans une grande place, le Mechouar, située dans le quartier de Dar el-Kbir, où ils doivent rencontrer le souverain. C’est par « une porte mesquine et sans ornement » qu’il paraît, monté sur un cheval gris, entouré de ses gardes à pied et d’un porteur de parasol, qui lui emboîte le pas.

Pour Delacroix, le roi ressemble à Louis-Philippe, mais en plus jeune. Après les compliments d’usage, il ordonne à Sidi Muchtar de prendre la lettre du roi des Français et de les guider dans la visite de la résidence royale. Cette cérémonie sera consignée dans le second album-journal du peintre. De cette audience mémorable, Delacroix a réalisé de nombreux croquis dont il se servira pour sa grande toile, intitulée Le Sultan du Maroc (1845, Musée des Augustins de Toulouse).

Du 23 mars au 4 avril, Delacroix visite la ville de Meknès : le marché aux fruits secs d’El-Hdim, le Mellah (le quartier juif où il acquiert des objets en cuivre), les haras, le zoo royal et l’autrucherie d’où la mission emmène les animaux offerts à Louis-Philippe (une lionne, un tigre, deux autruche, un bœuf sauvage, une espèce d’antilope, deux gazelles et quatre chevaux), le marché Bab el-Khmis. Il dessine également beaucoup : la porte Bab-el-Mansur, les autres monuments de la ville, deux hommes jouant aux dames rencontrés dans le Mellah, dont il se souviendra pour son tableau des Arabes jouant aux échecs (vers 1847-1848, National Gallery of Scotland d'Édimbourg), appelés également Marocains jouant aux échecs.

Le 30 mars, un trio composé de deux musiciens et d’une chanteuse était venu honorer la mission., à l’initiative de l’Empereur. Ces musiciens juifs de Mogador, étaient réputés, comme faisant partie des grands maîtres de la musique andalouse. Cet évènement lui inspirera, en 1847, une composition, intitulée Les Musiciens juifs de Mogador (Musée du Louvre).

Le départ de Meknès est donné le 5 avril à 11 heures. Les membres de la mission reprennent à peu près le même chemin qu’à l’aller. C’est le 12 avril qu’ils arrivent à Tanger où ils sont accueillis par les consuls étrangers et les notables. Ce second séjour se prolonge jusqu’à début mai. À la suite de grosses fatigues dues au voyage, Delacroix tombe malade (sa fièvre se déclare le 16). Cependant, le peintre se rétablit et profite de cette convalescence pour dessiner à Tanger et dans les environs.

Le 9 mai, Delacroix emprunte la Perle pour une excursion, en Andalousie. Près des côtes de Cadiz où l’épidémie de choléra sévit, le bateau est mis en quarantaine. Il en profite pour dessiner deux vues de la ville (album de Chantilly). C’est le 18 mai qu’il peut enfin débarquer pour visiter la ville, notamment le couvent des Augustins, en compagnie de M.Angrand (1808-1886), vice-consul de France à Cadix. Les études effectuées sur place lui serviront pour réaliser, en 1838, une toile intitulée Christophe Colomb au couvent de Sainte Marie de Rabida, (Museum of Art de Toledo).

Sur la route de Séville, il fait un arrêt près des murailles de Jerez de la Frontera dont il fait un croquis. Jusqu’au 28 mai au soir, il visite la ville de Séville, en particulier l’Alcala, la cathédrale et les bords de Guadalquivir, la Giralda, la Cartuja (une ancienne chartreuse) où il admire des Zurbaran, des Murillo et des Goya. C’est grâce à cet artiste, dont il avait copié quelques planches de ses Caprices, dans sa jeunesse , qu’il découvre la tauromachie. Les notes contenues dans son carnet semblent confirmer qu’il ait bien assisté à une corrida :aquarelle intitulée Le Picador (Cabinet des dessins du Musée du Louvre). Le 29 mai s’achève son séjour en Andalousie. Ce n’est que le 30 mai, à Cadix, qu’il embarque à bord de la Perle pour retourner, à Tanger.


Eugène Delacroix, Album du Maroc (Musée du Louvre).

Le voyage que Delacroix a effectué en Afrique du Nord de fin janvier à juillet 1832 est primordial pour sa technique et son esthétique. Il en rapporte sept carnets constituant le journal de son voyage, dont il ne reste plus que quatre exemplaires (trois sont conservés au Musée du Louvre et un, au Musée Condé de Chantilly) et quelques 800 feuilles. Ils permettent de suivre pas à pas le périple africain du peintre. Il a peint en tout plus de quatre-vingt peintures sur des thèmes orientaux, notamment Les Femmes d'Alger dans leur appartement (1834,Musée du Louvre), La Noce juive au Maroc (1841, Musée du Louvre), Le Sultan du Maroc (1845, Musée des Augustins de Toulouse).

Ce voyage permettait à Delacroix, qui n'avait jamais été en Italie, de retrouver « l’Antiquité vivante ». La lettre, qu’il adresse à jean-Baptiste Pierret le 29 janvier, est très éloquente à ce sujet : « Imagine mon ami ce que c’est que de voir couchés au soleil, se promenant dans les rues, raccommodant des savates, des personnages consulaires, des Caton, des Brutus, auxquels il ne manque même pas l’air dédaigneux que devaient avoir les maîtres du monde… ».-source wikipédia