mercredi 8 juillet 2009

Michel Quint - Effroyables jardins et Aimer à peine

Bonne soirée hier soir au club de lecture d'Andrésy... pas mal de monde. Et comme d'habitude je me suis laissée tenter... par juste 2 nouveautés...
-"le Club des poliers yiddish" de Michael Chabon, mais il se trouvait déjà sur ma liste des envies...
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-"les dix femmes de l'industriel Rauno Rämekorpi" de Arto Paasilina. Quoique là, j'ai un peu hésité, déçue par ses deux derniers romans.
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-"chana tova, Barbara" de Karine Naccache, choisi parce que littérature juive.
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-"Belle mère" de Claude Pujade-Renaud, choisi pour sa couverture et surtout sa 4ème de couverture...
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-"la traversée du Mozambique par temps calme" de Patrice Pluyette... enfin, depuis le temps qu'il était sur ma liste, mais jamais libre à la bibliothèque...
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-"et mon mal est délicieux" de Michel Quint, auteur que je n'avais encore jamais lu !
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-"jardins effroyables" et "aimer à peine" de Michel Quint également...
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Me voilà donc avec 3 courts romans de Michel Quint, dont "jardins effroyables" lu cette nuit. Vraiment superbe... si bien que j'enchaine aujourd'hui avec "aimer à peine".

Effroyables jardins

Mais que signifie à la fin le nez rouge, comme abandonné, oublié sur la couverture ?
Il est d'abord l'absence, ou le dévoilement trop tardif d'un père dont il a connu l'histoire trop tard, trop tard pour découvrir quel héros était ce père, ce qui lui aurait évité les sarcasmes méprisants du "morveux" qu'il était alors.
Du mépris, il en avait aussi, et à revendre, pour l'oncle Gaston et la Nicole, sa petite femme potelée. Mais voilà qu'un jour, tous sur leur trente et un, ils sont allés ensemble au cinéma, comme on va à la messe.
Et dans le générique, un nom allemand est apparu, et tous ont été parcourus par un frisson que l'auteur, adolescent, ne pouvait pas comprendre. Pas encore.
Il a fallu attendre la fin du film, et que Gaston s'installe devant une bière, au café d'en face, pour lui rapporter toute l'histoire. Celle qui a fait de son père, d'un simple instituteur qui faisait aussi le clown le dimanche, pour arrondir (tous) les mois difficiles, un résistant.
Un résistant - avec son nez rouge - à toutes les indignités de la guerre et à toutes les mascarades, à toutes les pitoyables pitreries d'après-guerre, où les accusés finissent par apparaître comme les véritables augustes aux cheveux rouges.
Ce livre vous happe, et derrière les "effroyables jardins", on en découvre d'autres, incroyablement soignés et beaux comme des paradis, où l'on peut continuer, dignement, à "être des hommes".


Aimer à peine

"Oui, je veux vous aimer mais vous aimer à peine", lui a-t-elle murmuré sur un air de tango.
Peu importe la peine, peu importe même que la demoiselle soit allemande et que les attentats terroristes ensanglantent Munich et ses Jeux olympiques en cet été de 1972, le narrateur tombe illico amoureux.
Et le passé de lui remonter en pleine figure dans cette Allemagne profonde où, à l'image d'Inge sa jeune Lorelei férue de Camus et d'Apollinaire, l'on n'en finit pas de culpabiliser et de tenter de laver la honte et la barbarie d'autrefois.
D'autant que le hasard s'en mêle !
Ainsi, le jeune homme croise la route d'un vieil officier allemand, celui-là même qui quelques années auparavant arrêta et déporta son père, le clown héroïque d'Effroyables jardins.
Comment réagir alors face à ce bourreau, qui, l'âge aidant, a perdu de sa prestance, mais se réfugie toujours derrière l'honneur du devoir accompli ?
Pardonner ? Impossible !
Se venger ? Déplacé.
Le fils se contentera de partir à reculons, hanté par une question : comment aurait réagi son père ? Sans doute aurait-il chaussé son nez rouge pour dénoncer le ridicule de la situation.
La question demeurera sans réponse puisque le père tire sa révérence avant de connaître le mot de la fin…
Non pas la suite, mais le second volet d'Effroyables jardins, Aimer à peine apporte un nouvel éclairage à ce premier récit et confirme que Michel Quint est un bien bel écrivain.
En quelque soixante-dix pages, mêlant le patois lillois à une écriture sobre et ramassée, interrogeant inlassablement le passé, il nous conte la grande histoire à hauteur d'hommes, rendant un hommage teinté d'admiration et de tendresse à la dignité des petites gens.
Ces héros très discrets qui, tels les Adrian et Roselyne de son récit, ont choisi de dire non à la haine, se rendant par là même simplement exceptionnels d'humanité.
De cette précieuse humanité le regard que Michel Quint porte sur eux regorge, et c'est probablement ce qui n'en finit pas de nous toucher dans ce petit livre, comme dans le précédent.
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illustration : "la liseuse" de Bui Huy Quang

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