mercredi 19 mai 2010

curiosité de lecture : Goliath la baleine

En lisant Missak de Didier Daeninckx
Il nous parle en page 20 de cette fameuse baleine appelée Goliath... ce n'est juste qu'une annecdote, bien loin du sujet du livre, mais justement l'art de Daeninckx c'est justement de méler la petite histoire à la grande et bien entendu j'ai eu envie d'en savoir plus...
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Après une courte recherche, j'ai trouvé un article de Augustin Murith en date du 25 octobre 2003 (http://www.lagruyere.ch/archives/2003/03.10.25/magazine.htm)

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Sur les traces de «Goliath»

Durant plus de 20 ans, «Goliath» a silloné l’Europe, de la Scandinavie à l’Italie en passant par les pays de l’Est. Et Bulle. «Goliath»?
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Une baleine naturalisée qui a vécu cette seconde existence en compagnie du Fribourgeois Pierre Siffert. Elle a même été suspectée de transporter des agents secrets…
Pendant plus de 20 ans, Goliath a intrigué petits et grands qui pouvaient se prendre, quelques instants, pour Jonas
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Etrange histoire que celle de Goliath, une immense baleine de 68 tonnes pour 22 mètres de longueur, pêchée en 1954 à Trondheim, en Norvège.
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Après avoir été éviscérée et gorgée de 7000 litres de formol, elle commence sa carrière de baleine d’exposition.
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Elle devient en 1959 propriété d’un homme d’affaires suisse, qui acquiert la bête et le matériel d’exposition pour quelque 300000 francs.«Jean-Jacques, mon patron d’alors, m’a appelé de Grindelwald à 2 h du matin.
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Au cours d’une folle nuit, des affairistes zurichois l’avaient convaincu de la rentabilité de la baleine, comptes en main», se souvient le Fribourgeois Pierre Siffert. Un collègue, le Tessinois Jean Rezzonico, les rejoint dans l’aventure. Reste une condition de taille. Pour déplacer le cétacé, il faut un camion semi-remorque de 26 mètres, propriété d’une compagnie hollandaise de transport. «Celle-ci exigeait sa quote-part quotidienne sur le bénéfice», explique Pierre Siffert.
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Concurrence baleinière

En Finlande, Goliath commence sa tournée avec succès, avant de se heurter à la concurrence d’une autre baleine itinérante! Départ donc par la mer pour Hambourg, puis début de l’étape suisse de 1959. Lausanne, Zurich et Saint-Gall figurent au nombre des haltes, tout comme Bulle vraisemblablement. Une affiche invite les spectateurs lausannois à admirer Goliath sur la promenade de Montbenon, au prix de 1 fr. 20 pour les adultes et de 60 centimes pour les enfants.
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Sexe dérobé!

L’année suivante, Goliath s’arrête à Paris, à Pigalle plus exactement. On la présente comme le «monstre des mers glacées», dévorant les embarcations des pêcheurs démunis.
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Une anecdote croustillante de l’étape parisienne: c’est ici que fut dérobé le sexe de la baleine!
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Les affaires sont néanmoins excellentes. Pierre Siffert se charge de la gestion, alors que Jean-Jacques mène la grande vie dans un hôtel de luxe. A Paris, le directeur du Musée d’histoire naturelle Jacques Maigret se souvient: «Goliath n’était vraiment pas belle à voir, dégoûtante même. Rien à voir avec une baleine vivante!»
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Cheval de Troie de la CIA

Jean-Jacques décide de poursuivre l’aventure en Bulgarie. Il envoie Pierre Siffert à Budapest pour y préparer le terrain. De la tournée bulgare, il ne reste que quelques négatifs, les archives de la période communiste ayant été détruites pour la plupart.
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Comme la publicité n’existait pas, la promotion de la baleine fut assurée par la presse d’Etat. Les journaux relataient des scènes d’émeutes à Paris: la venue de Goliath y aurait mobilisé 200 policiers!
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La propagande porta ses fruits. La foule se massait au bord des routes pour voir passer le convoi. Un engouement phénoménal, avec plus de 30000 entrées dans la seule ville de Sofia. L’Etat ponctionnait une bonne part des recettes; le reste revenait à la Société Goliath.
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A la frontière bulgaro-roumaine, la baleine fut soumise à des fouilles minutieuses. «On la soupçonnait de servir au transfert d’espions, tel un cheval de Troie au service de la CIA», assure Jean Rezzonico. Même si la loi bulgare proscrivait l’exportation de devises, Pierre Siffert réussit à sortir quelque 250000 leva, soigneusement dissimulés dans une voiture.
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Du sang pour la baleine

A Berlin, Pierre Siffert passe le témoin à Jean Rezonnico. Celui-ci poursuit la tournée de l’Est en Hongrie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie et Pologne. Entretemps, Jean-Jacques a revendu la poule aux œufs d’or.
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Après un échec paradoxal en Israël, la patrie de Jonas, une longue étape commence en Italie pour une durée de quatre ans.
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A Naples, la Croix-Rouge organise une vaste campagne de don du sang. «La rumeur prétendait que le sang était destiné à la baleine, qui agonisait dans un immense bassin», s’amuse Jean Rezzonico.
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Après avoir subi des réparations méticuleuses, Goliath revient une dernière fois en Suisse en 1977. Avec un incontestable succès: 42000 entrées en 13 jours au Tessin.
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Sa trace se perd dans les années 1980. Elle aurait été acquise par une troupe de cirque catalane, mais personne n’en sait plus.L’épopée de ce géant des mers a par ailleurs été retracée par le journaliste Bruno Soldini, dans un documentaire diffusé par la télévision suisse italienne.

2 commentaires:

Alcapone a dit…

Bonjour Mazel! J’adore toujours autant tes anecdotes et celle de Goliath n’est pas la moindre. Pour moi qui admire ce géant des mers, quelle triste épopée!

Jean Rezzonico a dit…

qui est donc ce Didier Daeninckx quiu a écrit... une fois... 20 pages sur un thème qu'il ne connaît pas?
Peut-on voir ça?