jeudi 5 mars 2009

littérature mexicaine : Daniel Sada

Deux titres traduits en français... pour le moment je laisserai de côté le gros roman de 700 pages et 90 personnages... pour celui concernant les jumelles...

Daniel SADA : Les déserts du nord du Mexique et ses villages servent souvent de décor aux livres de Sada (1953)
- Albedrío (1989),
- L’une est l’autre (1994),
- L’odyssée barbare (1998),
mais ses deux derniers romans
- Luces artificiales (2002)
et Ritmo delta (2005)
ont pour cadre une grande ville qui ressemble beaucoup à Mexico.
En explorant les limites du langage, Daniel Sada s’est créé un style très personnel qu’il met au service d’une littérature audacieuse qui transgresse les genres établis, investit l’espace entre prose et poésie, entre langage oral et langage écrit, mêle le castillan le plus classique et le plus académique aux expressions empruntées au parler du nord du Mexique, truffant ses phrases d’endécasyllabes ou d’octosyllabes, bouleversant la syntaxe, abolissant toute linéarité temporelle.
En 1998, Daniel Sada publie L’odyssée barbare, un gros roman de 700 pages, qu’il a mis quatre ans à écrire et qui a été unanimement salué par la critique.
A partir d’un fait divers hélas banal – des soldats dérobent une urne dans un village sous le nez des électeurs – Sada construit une métaphore du Mexique, un « arbre aux histoires », divisé en quinze « périodes » comportant elles-mêmes des chapitres courts et hantés par plus de quatre-vingt-dix personnages.
Corruption, violence, rêves, amours, petites et grandes histoires, tout est brassé dans un flux narratif constamment maîtrisé qui ne cède jamais au folklore régionaliste ni à la fascination de l’anecdote. CF
Deux titres traduit en français

L'odyssée barbare

" Les cadavres arrivèrent à trois heures de l'après-midi.
Une camionnette les amena - en tas, à l'air libre -, tous criblés de balles comme il fallait s'y attendre.
Sous la morsure d'un soleil de plomb, des regards surpris : il y avait de quoi quand on voyait comme ça se balader dans le village toute cette viande amoncelée ; des gens du coin ? Il fallait vérifier.
" Les corps de ceux partis manifester contre la fraude électorale sont rendus aux familles, puis l'armée occupe les lieux, le couvre-feu est instauré, les communications et les vivres sont coupés.
Le maire-cacique de Remadrin est à son tour assassiné, le village sombre peu à peu dans la ruine et des fantômes, toujours plus nombreux, hantent les rues... "
L'histoire du Mexique s'est toujours écrite avec le sang ", déclare l'auteur de cette œuvre joycienne.
La violence poussée jusqu'à la caricature y est décrite à travers le quotidien de 90 personnages hauts en couleurs, tous corrompus, voleurs, assassins, menteurs ou lâches, tragicomiques à leur façon, grotesques presque toujours.
Une abondance de scènes burlesques, d'où résonnent dialectes du Nord, néologismes et tournures classiques, tentent de cerner la vérité d'un pays qui " adore le mensonge " et craint les vérités douloureuses, selon Daniel Sada.
" Jamais personne ne peut dire le dernier mot sur le Mexique. Sa réalité est sale, mais d'une saleté spéciale : excrément et douceur. "
Considéré par Roberto Bolano comme " le plus baroque d'entre nous, celui qui, sans aucun doute, est en train d'écrire l'une des œuvres les plus ambitieuses de notre langue ", Daniel Sada est né en 1953 à Mexicali, sur la désertique frontière américaine.
Journaliste et poète, c'est en 1999 avec Porque parece mentira la verdad nunca se sabe (L'Odyssée barbare) qu'il connaît la consécration et que Carlos Fuentes voit en lui une " révélation pour la littérature mondiale ". En novembre 2008, Daniel Sada a obtenu le prestigieux prix Herralde pour son roman Casi nunca.

L’un est l’autre

Ecrit sur un fond de province universel où se mêlent kitch local et abîmes individuels, ce roman fascinant porte sur le thème de la gémellité.
Deux sœurs jumelles s’adonnent à la couture et au vertige de leur ressemblance, mais que se passera-t-il quand Oscar, le paysan naïf, tombera amoureux de Constitución en ignorant l’existence de Gloria ?
Ce récit constitue une sorte de poème à la fois drôle et mélancolique, ironique et plein de compassion.

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