dimanche 29 mars 2009

Bernard Quiriny - Contes carnivores


Terminé ce matin... au petit déjeuner... impossible d'entreprendre autre chose avant de connaître la dernière nouvelle !

Succession de contes dans la lignée de Villiers de L'Isle Adam, Poe, Stevenson, Borges, Henri de Régnier ou Marcel Aymé, où le fantastique se mêle au drolatique et à l'onirique.

Il ne s’agit pas de fantastique traditionnel, mais plutôt de ’réalisme magique’ ou de "merveilleux".

De ces quatorze nouvelles, certains textes ne sont d’ailleurs pas vraiment fantastiques, mais étranges, ou insolites.


- Pour faire l’amour avec une jolie jeune fille rencontrée par hasard, vous devez... la peler car sa peau est... (Sanguine, conte initial).

- Un évêque vit avec deux corps et se transpose tantôt dans l’un tantôt dans l’autre (L’épiscopat d’Argentine).

- La langue des Yapous est totalement incompréhensible car reposant uniquement sur des malentendus (Quiproquopolis).

- Une société d’admirateurs de marées noires s’est constituée, et ses membres courent d’une catastrophe à l’autre pour en juger l’esthétique (Marées noires).

- Un critique musical n’écoute pas la musique, mais... la sent, à l’odeur (Chroniques musicales : Synesthésie).

- Un peintre renommé couronne son oeuvre en se faisant tuer en plein vernissage : le tableau criblé de son sang est à présent terminé (Souvenirs d’un tueur à gages : Autoportrait).

- Le ’zveck’ est un alcool très dangereux : il ne tue pas, mais rend saoûl pour la vie (Une beuverie pour toujours).

- Qui habet aures, l’histoire d’un homme qui entend les pensées des autres quand elles le concernent directement. Et lorsqu’il entendra la voix d’une femme qui l’aime, mais dont il ignore tout, le drame s’enclenche...

- Mélanges amoureux racontent les complexes circonvolutions d’un personnage marié, et amoureux de trois autres femmes, dont le reflet se révèle dans les miroirs de chacune... des autres.

- Un peintre sur oeufs est amené un jour à illustrer un oeuf... né d’une femme (L’oiseau rare).

- plantes carnivores relate la troublante relation entre un botaniste et ses dionées.
illustration : José Roosevelt

samedi 28 mars 2009

curiosité de lecture : "zulu" de Caryl Férey

J'ai trouvé le livre de Férey violent, mais ce n'est rien par rapport avec ce que j'ai trouvé durant mes recherches...
c'était encore pire...
L'objectif n'était pas de tuer l'ennemi.

Il s'agissait simplement de l'effrayer ou d'affaiblir ses capacités de combat.

On raconte que le grand dada de celui que l'on surnommait aussi « le docteur Mengele de l'apartheid », c'était de trouver des substances capables de provoquer des cancers ou des crises cardiaques.

Ses cobayes favoris auraient été les Bochimans (habitants du Kalahari) dont la résistance cardiaque est réputée excellente.
Fantasme ou réalité ?


Une chose est sûre, c'est que la plupart de ces expériences ont été financées avec l'argent de la drogue. Des usines de mandrax et d'ecstasy, deux produits très demandés dans les townships, ont été mises en place au Botswana, en Zambie et au Mozambique.



Wouter Basson dit Docteur la Mort, ou l’extermination d’une nation


"Les blancs peuvent aujourd’hui dire : je ne savais pas. Mais ils ne pourront jamais dire à nouveau : cela n’a pas eu lieu. » Un des ministres du Congrès national africain (ANC)



La stratégie empruntée par le gouvernement de l’apartheid dans les années 80 fut disons, assez effroyable.

Le Freedom Front, organisation politique de droite prônant l’établissement d’un territoire afrikaner en Afrique, voyait en Nelson Mandela et sa démocratie une véritable menace pour le poids politique de la communauté afrikaner.

Les dirigeants du Freedom Front décidèrent d’employer la manière forte afin de contrecarrer les votes noirs.

Quand on dit forte, on peut amplement en exagérer le sens. Le gouvernement raciste mit sur pied une unité spéciale chargée du Chemical and Biological Warfare.
Nom de code : Project Coast.
Le général Constand Viljoen, responsable de la Défense sud-africaine et l’un des leaders du FF, fut celui qui entérina le projet. Viljoen était proche du fasciste Jean-Marie Le Pen, chef du Front National , de qui il avait adopté sa politique frontiste.
Il chargea le docteur Wouter Basson, l’abominable Docteur la Mort, de l’expansion du projet. Celui-ci avança l’idée que moins il y aura de noirs, moins il y aura de votes noirs et que cela représentait la clé du succès. On ignore à ce jour, combien de personnes ont péri dans ces expériences.

On injecta des dizaines de millions de francs dans le développement d’un laboratoire militaire technologiquement suréquipé près de Pretoria, à Roodeplaat.
On déclenche des recherches ultra-secrete pour concevoir une molécule mortelle, sensible à la mélanine qui pigmente la peau des noirs. Une arme destructive pour exterminer la population noire.
On étudiait aussi la possibilité d’introduire des virus parmi la communauté noire.

Pire, malgré les nombreuses signatures de traités de non-prolifération biochimique ou l’embargo du régime d’apartheid, plusieurs pays tels que les États-Unis, l’Angleterre, Israël, la Suisse, la France mais aussi l’Irak et la Libye, contribuèrent généreusement à ce projet..
On peut se demander à quoi servent les traités qu’on nous fait avaler.

Le Dr. Basson prévoyait la diffusion d’anthrax, de choléra, de culture botuliques, de cyanure, d’aldikarb, de thallium, de paroxon et d’un lacrymogène extrêmement puissant.
On voulait aussi trouver un moyen de stériliser en masse les femmes noires. Il distribuait beaucoup de drogue dans les centres-villes, telles que l’ecstasy et le mandrax.

Wouter Basson était médecin dans l’armée et général de brigade.

Il était bien connu dans les cercles étrangers et de nombreux pays avait bénéficié de ses conseils. Il était aussi le médecin particulier de Pieter Botha, leader politique sud-africain.
En 1981, il avait participé à une conférence restreinte sur la guerre biologique et chimique à San Antonio aux Etats-Unis. Il se rendit ensuite en visite officielle à Taïwan, en Israël, en Allemagne et en Croatie.
Il acquit de nombreuses informations auprès de chercheurs britanniques, américains et canadiens.

Il conçut de la lessive en poudre explosive, des canettes de bière au thallium (un poison à base de mercure), des chocolats au cyanure, un tournevis au manche piégé d’une substance létale injectable.

Il était aussi un spécialiste de l’anthrax et fabriquait des enveloppes enduites de ce virus !!
Est-ce que ça vous rappelle une histoire qui vient se passer voilà peu de temps aux États-Unis ? Il fabriquait des cigarettes à l’anthrax pour inoculer le virus par la voie pulmonaire de ses victimes.
Ses expérimentations sont aussi ignobles que celles effectués par les médecins nazis durant la seconde guerre mondiale.

Ses activités ne furent découvertes qu’en 1998, lorsque la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) procédèrent à une enquête sur les méthodes utilisées par le régime de l’apartheid.
On accusa Wouter Basson de meurtre, d’escroquerie et de trafic de drogue.
C’est pendant les auditions de la Commission que plusieurs anciens membres des forces spéciales du régime d’apartheid ont avouées avoir contribué à la propagation des objets fabriqués par le docteur Basson.
Il fût accusé de 46 chefs d’accusations devant la Haute Cour de Pretoria par les représentant de la CVR, dont :
-le président Desmond Tutu, chef de l’Église anglicane et archevêque du Cap de 1986 à 1996 ;
-Me Dumisa Ntsebeza avocate sud-africaine des droits humains et responsable des enquêtes ;
-le docteur Fazel Randera, inspecteur général des services secrets sud-africain
-et Mme Wendy Orr, le médecin légiste de Port-Elisabeth qui déclara aux autorité l’usage de la torture par la police.
Le docteur Basson et ses 4 avocats afrikaners mentirent à répétition devant le juge Willie Hartzenberg, un ancien juge du régime de l’apartheid qui favorisait l’accusé Wouter Basson selon les avocats de la défense. Ce procès est une preuve immanquable de la justice qui fut bafouée à la vue de tous.
Durant tous le procès, Wouter ne cessera de dire que son travail effectué en Afrique du Sud n’était que pour endiguer la vague du communisme.
Pendant l’emprisonnement de M.Mandela, on l’accuse d’avoir cherché à l’empoisonner mais il se défendit en disant qu’il ne cherchait qu’à le protéger des supposés attaques des membre de l’ANC , qui n’aimait pas Mandela.
La CVR rendit un rapport de cinq volumes de plus de trois milles pages sur les audiences qui se sont tenus pendant deux ans.
Ce rapport, qui fût rendu public, y décrivait toute la barbarie des actes posés par ces hommes.
Il y avait dans ce rapport, une page concernant M.Frederik De Klerk, un des personnages clé de l’Apartheid et leader du Parti national de 1989 à 1997. Cette page fut retirée in extremis suite à la demande de M. De Klerk et on déclara statuer sur son cas plus tard.

Le colonel De Kock, responsable de l’ancienne police secrète sud-africaine, a dévoilé que M. De Klerk avait donné l’ordre de lancer un raid au Transkei en 1993 où cinq adolescents âgés de 12 à 19 ans avaient péri dans une maison considérée comme une cache des combattants du Congrès panafricain . Pendant que M. De Klerk négociait avec les anti-apartheids, il ordonnait des actions secrètes contre eux. Il l’avait dit pourtant : jamais il ne négocierait son pouvoir.

La menace communiste brandit par le Dr. Basson cachait en réalité une véritable obsession raciale.
Il était bien pratique pendant la guerre froide de faire passer ça sur le dos des communistes mais après le contexte de cette guerre, ça n’avait plus aucun sens. Au chapitre de l’économie, les dirigeants de l’apartheid peuvent se vanter d’avoir gagné le monde des affaires.
En Afrique du Sud, on recensait des records d’inégalité : 20% de la population possédait 75% des richesses. L’apartheid à contribué largement au fossé entre riche et pauvre.

Le 12 avril 2002, le Dr.Wouter Basson est acquitté par le juge Hartzenberg et Desmond Tutu parle d’un « jour sombre pour l’Afrique ».
Durant l’enquête, trois cd-rom du Dr. (compilation faite de ses expériences) disparurent subitement.

Aujourd’hui, Wouter Basson travaille toujours pour le ministère de la défense et pis, il est cardiologue à l’Hôpital Académique de Prétoria.

Ce procès peut-être considéré comme une vraie farce. Le sens de la justice n’a ici aucune valeur morale. Pire encore, aucun pays accusé d’avoir participé à ces expériences n’ont voulu présenter la moindre excuse ou dédommagement.
Qu’est t’il arrivé avec tout l’arsenal chimique qui avait été développé ?
De plus le principal instigateur de ce projet est encore un membre de l’armée sud-africaine !
Et tous les traités de non-prolifération des armes nucléaire qu’on nous balance à grand coup d’encre ne sont nulle autre qu’un façade pour abriter la vérité. Il serait urgent de mettre sur pied une commission internationale indépendant afin de trouver ces stocks d’armes chimiques.
Les séquelles provoquées par cette guerre atroce se prouveront de génération en génération, La ségrégation raciale et l’apartheid peut maintenant être classé dans le livre noir des crimes contre l’humanité où figure ceux perpétré par l’Allemagne nazi.
illustration : Apartheid Museum Entrance

L’Apartheid disculpé
Le Docteur la Mort disculpé
dimanche 8 juin 2003, par Saïd Aït-Hatrit

... Mais ce cas est une exception.
En octobre 1996, le procès de l’ancien ministre de la Défense Magnus Malan, de l’ancien chef des services de renseignements militaires et de leurs 18 comparses, pour le massacre en 1987 de 14 membres de la famille d’un dirigeant de l’ANC (African national congress), a débouché sur l’acquittement ou une dispense de peine pour tous les accusés.
" L’échec de ce procès, selon Amnesty International et Human Rights Watch, a été l’une des principales raisons pour lesquelles peu d’anciens membres de l’armée ont collaboré avec la CVR. Ces échecs, poursuivent les deux ONG, ont " permis à certaines branches des anciens services de sécurité de bénéficier d’une impunité quasiment totale, pour des violations graves des droits humains ".

A lire aussi :
4ème de couverture : Lorsque les premiers éléments du programme ultra secret sud-africain - le Project Coast - ont percé durant l'été 1998, nul n'imaginait encore l'ampleur qu'avait prise ce véritable bioterrorisme d'Etat.
Anthrax, Ebola, Sida, Choléra, stérilisation de masse, poisons chimiques éthniquement sélectifs, figurent parmi les armes envisagées par les autorités de l'Apartheid contre la population noire.
Un projet de guerre bio-chimique à caractère raciste largement soutenu par les puissances occidentales.
Mis sur pied en 1985, le programme militaire n'a apparemment pris fin qu'en 1994, sans que toutes les responsabilités soient clairement établies.
A ce jour nul ne sait où a disparu cette technologie de mort ni entre quelles mains elle se trouve. Encore moins sait-on qui pourrait en faire usage...
Plusieurs auditions de la Commission Vérité et Réconciliation présidée par le prix Nobel Desmond Tutu, révèleront toutefois le nom d'un personnage : celui du Dr Wouter Basson, éminent cardiologue et scientifique surnommé "Docteur la Mort".
On lui prête d'avoir été le cerveau du projet dont l'objectif était l'extermination du peuple noir par le biais d'armes biochimiques extrordinairement sophistiquées.
Début 1999, Tristan Mendès France, journaliste et documentariste, décide d'aller à la rencontre des différents protagonistes de cette terrible affaire et notamment du Dr Basson.
Cette enquête, sous forme de témoignage, apporte un éclairage inédit sur l'un des complots d'Etat les plus extrêmes du siècle passé."
source :
http://www.pressafrique.com/m192.html

Caryl Férey - Zulu

Lecture terminée hier soir... Impressionant... violent, jusqu’à l’insoutenable...


























Enfant, Ali Neuman a fui le bantoustan du KwaZulu pour échapper aux milices de l'Inkatha, en guerre contre l'ANC, alors clandestin.
Même sa mère, seule rescapée de la famille, ne sait pas ce qu'elles lui ont fait...
Aujourd'hui chef de la police criminelle de Cap Town, vitrine de l'Afrique du Sud, Neuman doit composer avec deux fléaux majeurs : la violence et le sida, dont le pays, première démocratie d'Afrique, bat tous les records.

Les choses s'enveniment lorsqu'on retrouve la fille d'un ancien champion du monde de rugby cruellement assassinée dans le jardin botanique de Kirstenbosch.
Une drogue à la composition inconnue semble être la cause du massacre.
Neuman qui, suite à l'agression de sa mère, enquête en parallèle dans les townships, envoie son bras droit, Brian Epkeen, et le jeune Fletcher sur la piste du tueur, sans savoir où ils mettent les pieds...Si l'apartheid a disparu de la scène politique, de vieux ennemis agissent toujours dans l'ombre de la réconciliation nationale...

Ce qu'ils en disent :

On y est, dans ce polar. On y est jusqu’au cou, englué, enlisé, enchaîné dans ces 393 pages.
Impossible d’en sortir « comme de rien n’était ».
Des townships suant la misère humaine, des gamins promis à un avenir aussi bref que poisseux, des dealers de came et de mort latente, des puissants corrompus et viciés par leur haine du nègre, Cary Ferey agrippe le lecteur, le fouette sans ménagement dans une enquête crue et oppressante. - http://www.amandameyre.com/archive/2008/10/16/zulu-caryl-ferey.html
*
l’enquête, ne sont qu’un prétexte, le fait déclencheur qui nous fait tirer sur une bobine de fil, l’histoire, notre monde : l’Afrique du Sud d’avant Coupe du Monde de football 2010, township, sida, drogues, gangs et mafia nigérienne, capitalisme absolu, ethnie, Histoire et barbarie…
Mais plus que ces amoncellements de ‘références’ qui en font l’un des pays les plus dangereux du monde, c’est le bois, la chaleur, la tôle, la sueur, la peau, le désert Namibie qui nous transportent : nous y sommes. Et pour longt - http://eclectiques.wordpress.com/2008/05/30/zulu-de-caryl-ferey/
*
Biographie
Caryl Férey a grandi en Bretagne, une terre qu'il aime pour ses côtes déchiquetées, ses concerts dans les bistrots et ses tempêtes.
Grand voyageur, il a parcouru l'Europe à moto, puis a fait un tour du monde à 20 ans.
Il a notamment travaillé pour le Guide du Routard.

En 1994, paraît chez Balle d'Argent son premier roman Avec un ange sur les yeux.
Il sort la même année son premier polar, puis quatre ans plus tard le très remarqué Haka. Il écrit aussi pour les enfants, pour des musiciens, le théâtre et la radio. Il se consacre aujourd'hui entièrement à la littérature.

Il a obtenu le
Prix SNCF du polar 2005 pour Utu et le Grand prix de littérature policière 2008 pour Zulu.
curiosité de lectrice : Xhosa
Peuple de langue Bantoue formant l'une des principales communautés d'Afrique du Sud et vivant également au Swaziland.
Les Xhosa, dont la population est estimée à environ 7 millions, appartiennent à l'ensemble linguistique Ngouni, de même que les Zoulous et les Swazis.
Issus de la migration des peuples Bantous du centre de l'Afrique vers les latitudes australes, durant le Ier millénaire après JC, les Xhosa allaient parvenir jusqu'aux régions méridionales de l'Afrique du Sud.
L'ensemble Xhosa était formé de nombreuses chefferies, dont la constitution était encouragée par le lignage patrilinéaire : les fils du monarque au pouvoir se séparaient du groupe et formaient de nouvelles chefferies, menant leurs partisans vers de nouveaux territoires.
Dans leur progression, les groupes Xhosa (Fingos, Pondos, Thembous, etc.) se heurtèrent aux autres peuples Ngounis mais également aux colons Européens qui, depuis la région du Cap, avançaient vers le nord.
Durant la première moitié du XIXème siècle, les Thembous et les Pondos affrontèrent la puissance Zouloue. Ils parvinrent à bloquer l'expansion des Zoulous et le flux des populations qui, chassées par les régiments d'impies, fuyaient vers le sud.
En revanche, les Xhosa furent vaincus dans la longue série de guerres de frontières, appelées guerres cafres, qui les opposèrent, de 1778 à 1885, aux colons Européens.
Ceux-ci annexèrent progressivement les terres Xhosa, qui furent englobées dans la province du Cap.
Dès le début du XIXème siècle, les Xhosa, qui pratiquaient le culte des ancêtres, furent christianisés et alphabétisés par les missionnaires Européens.
Une partie des territoires qu'ils occupaient traditionnellement fut constituée en Bantoustans dans les années soixante-dix. Environ 4 millions de Xhosa furent contraints de vivre dans les homelands du Transkei et du Ciskei, érigés dans le cadre de la politique d'apartheid et qui accédèrent, en 1979 pour le premier, en 1981 pour le second, à une indépendance théorique.
Cette politique de ségrégation renforça le clivage qui existait entre la majorité rurale, placée dans les Bantoustans sous l'autorité omnipotente des chefs traditionnels, et la minorité urbaine, peuplant les townships (ghettos urbains) de la région du Cap et travaillant dans les mines et les industries sud-africaines.
Cette minorité, active dans les mouvements syndicaux et dirigée par une élite occidentalisée, formée principalement à l'université de Fort-Hare (fondée par des missionnaires chrétiens en 1916), joua un rôle prépondérant dans le mouvement nationaliste noir en Afrique du Sud, à travers le Congrès national africain (African National Congress, ANC).
Nelson Mandela, un Xhosa, en fut la figure la plus marquante avant d'être élu président d'Afrique du Sud.
Durant les années quatre-vingt, et jusqu'après le démantèlement du système d'apartheid, la rivalité pour le contrôle des townships — et à terme pour le contrôle du pouvoir — provoqua des affrontements meurtriers entre l'ANC et le mouvement Inkatha, dirigé par le chef Zoulou Mangosuthu Buthelezi. Certains analystes ont parfois, de manière schématique, réduit ce conflit à la résurgence d'une opposition ancestrale entre Xhosa et Zoulous.

illustration : Xhosa Beadwork (Nelson Mandela Metropolitan Art Museum, South Africa)
*
curiosité le lectrice : Les Zoulous
sont un peuple d'Afrique Australe en partie sédentarisé ;
cette ethnie se trouve en Afrique du Sud.Le peuple zoulou (son nom vient de l’expression ama zoulou le peuple du ciel) fut unifié par le roi Chaka, qui fit de son clan de 1 500 personnes une nation redoutable par la conquête et l'assimilation.
L'unification zouloue est en partie responsable du mfecane, la vague chaotique d'émigration de clans au-delà des rivières Tugela et Pongola, nouvelles limites du KwaZulu.
Reconnus pour leur armée formidable (le impi), les Zoulous se heurtent aux colons boers et à l'armée britannique au XIXe siècle (noter la victoire zouloue à la bataille d'Isandhlwana pendant la guerre anglo-zouloue de 1879).
La majeure partie des Zoulous aujourd'hui sont cultivateurs, mais l'urbanisation en a attiré un grand nombre au cours du XXe siècle.
Les Zoulous urbains se trouvent principalement au Witwatersrand, zone minière dans la province de Gauteng comprenant Johannesburg ; et à Durban (dont le nom zoulou est eThekwini), port important du KwaZulu-Natal.
La vannerie, la garniture de perles, et le chant zoulous sont célèbres.Sur le plan politique, les Zoulous sont actuellement profondément divisés entre partisans du Congrès national africain (ANC) et ceux du Parti de la Liberté Inkatha (IFP).
De violentes émeutes éclataient entre ces partis en attendant la première élection de l'après-apartheid. L'IFP l'a emportée au KwaZulu-Natal, mais son vote est légèrement en recul aux élections récentes.
Depuis quelques années l'IFP s'est joint à une coalition d'unité avec l'ANC.*Le Bantoustan du KwaZulu :Drapeau du KwazuluSous l’Apartheid, le Bantoustan du KwaZulu (Kwa signifiant terre de) fut créé en 1970 sous le nom de Zululand (il prit son nom actuel en 1977).
On prévoyait que tous les zoulous deviendraient citoyens du KwaZulu, perdant ainsi leur citoyenneté sud-africaine.
La patrie ainsi crée était composée d’une multitude de terres éparses.
Des centaines de milliers de zoulous vivant en dehors du KwaZulu furent dépossédés et furent déplacés par la force dans de moins bonnes terres.
En 1993, environs 5,2 millions de zoulous vivaient dans le KwaZulu et environ 2 millions dans le reste de l’Afrique du Sud.
Le ministre en chef du KwaZulu fut, de sa création en 1970 jusqu’en 1994, Mangosuthu Buthelezi.
En 1994, la province du Natal fut rattachée au KwaZulu, le tout formant désormais, le KwaZulu-Natal.
*
Inkatha Freedom Party :
En 1975, Buthelezi recréa le Inkatha YaKwaZulu, prédécesseur du Inkatha Freedom Party (ou IFP).
Cette organisation était théoriquement un mouvement de protestation contre l’apartheid, mais plus conservatrice que l’ANC.
Par exemple, Inkatha était opposé à la lutte armée et aux sanctions contre l’Afrique du Sud.
Inkatha était à l’origine en bons termes avec l’ANC, mais les deux organisations entrèrent en opposition en 1979 suite aux émeutes de Soweto.
À cause de ses positions de plus en plus en faveur du gouvernement de l’apartheid, Inkatha fut la seule grande organisation reconnue comme représentative des opinions des noirs sud-africains par le gouvernement de l’apartheid : l’ANC et les autres mouvements furent bannis.
À la différence des leaders du Transkei, du Ciskei, du Bophuthatswana et du Venda, Buthelezi n’a jamais accepté la pseudo-indépendance offerte lors de la politique du Separate Development, en dépit de fortes pressions de la part du gouvernement blanc
Violence politique :
Dès 1985, des membres de mouvements d’opposition s’engagèrent dans des luttes sanglantes. La violence politique apparut d’abord entre les membres du Inkatha et de l’ANC, ce qui donna lieu à des atrocités commises des deux côtés.
On suppose qu’elles furent alimentées par le gouvernement de l’apartheid a travers une aide plus ou moins directe à l’Inkatha.Les violences continuèrent tout au long des années 80 et s’accentuèrent dans les années 90 lors des premières élections nationales de 1994.
source : wikipédia
illustration : hutte zoulou
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illustration : la liseuse de Louise Rive

jeudi 26 mars 2009

Bernard Lenteric est décédé à 75 ans

L’auteur de La nuit des enfants rois et des Maîtres du pain est mort mardi 25 mars des suites de la maladie de Charcot.

Écrivain et producteur de cinéma, auteur de nombreux best-sellers, Bernard Lenteric est mort mardi 25 mars à l’âge de 75 ans des suites de la maladie de Charcot, une maladie neuro-musculaire.
Entré en littérature en 1981 avec La gagne, un roman sur l’univers du poker, il s’est fait connaître du grand public en 1992 avec La nuit des enfants rois, réédité par Le Livre de poche en 2008.
Cette histoire de sept enfants surdoués qui, suite à une agression, s’acharnent avec une haine mathématique à répandre le mal dans le monde, est en cours d’adaptation pour un film d’animation, réalisé par Antoine Charreyron, programmé en France pour le 22 mai 2010.
Bernard Lenteric est aussi l’auteur en 1993 des Maîtres du pain, une saga familiale adaptée la même année à la télévision en deux parties.
Il a également publié L’empereur des rats, un roman fantastique qui met en scène des rats transgéniques.
Pour son éditeur et ami Olivier Orban, PDG de Plon, l’œuvre de Lenteric est marquée “par une lutte perpétuelle du bon contre le mauvais”.
Son dernier ouvrage, Toutes les femmes me quittent, un récit autobiographique, a été publié au Rocher en 2005.
source : livres-hebdo

François Weyergans élu à l'Académie française


L’Académie française a élu François Weyergans au troisième tour.

L’Académie française, lors de sa séance du jeudi 26 mars, a élu François Weyergans au fauteuil de Maurice Rheims, au troisième tour par douze voix sur vingt-quatre votants.
Lors du dernier tour, les autres voix se sont portées sur :
Didier Van Cauwelaert (6 voix),
Catherine Hermary-Vieille (2 voix),
François Taillandier (2 voix),
Renaud Camus (1 voix)
et un bulletin blanc.
Jean-Claude Barreau, Michel Borel, Olivier Mathieu n’ont obtenu aucune voix lors du vote, au cours duquel Pascal Thomas a perdu les deux qui lui étaient favorables.
François Weyergans, prix Goncourt 2005 pour Trois jours chez ma mère (Grasset), s’était porté candidat le 5 mars dernier.
Il avait alors reçu le soutien de Catherine Robbe-Grillet et d’Olivier Corpet (directeur de l'Imec).
source : livres-hebdo
illustration : la lectrice d'Armand Guillaurmin

mardi 24 mars 2009

Eric-Emmanuel Schmitt - Ulysse from Bagdad

Déçue ! sur le sujet des clandestins... mieux vaut lire "A l'abri de rien" par Olivier Adam
C’est d’abord un roman, onirique, bourré de bons sentiments.
Ce qui peut être énervant, c’est cette petite morale cachée derrière les dialogues, les personnages forcément toujours philosophes, et la trop grande facilité dans l’enchaînement des péripéties.
Abordant deux sujets difficiles (la guerre et l’immigration clandestine) par le biais de la fable, Eric-Emmanuel Schmitt parvient à mettre son lecteur dans la peau d’un Ulysse contemporain.
Plus victime que héros rusé, le personnage de Saad permet de comprendre de l’intérieur les affres de la guerre, et la dignité nécessaire des clandestins.

L’auteur profite des interstices entre les étapes du voyage et les moments de magie pour introduire certaines de ses réflexions sur ses contemporains en temps de guerre, et sur nous autres Occidentaux, face à la misère des autres.

citation p. 292-293 :
“C’est là que commence la barbarie, Saad : quand on ne se reconnait plus dans l’autre, quand on désigne des sous-hommes, quand on classe l’humain de façon hierarchique et qu’on exclut certains de l’humanité.
Moi j’ai toujours choisi la civilisation contre la barbarie.
Et tant qu’il y aura des ‘gens qui ont droit à’ et des ‘gens qui n’ont pas droit à’, il y aura de la barbarie”
Ce qu'ils en disent ...
Toutes les aventures de Saad Saad sont ponctuées d’entretiens avec le fantôme de son père, décédé en Irak à cause d’une méprise de la part des Américains.
Son père, libraire, qui, sous le régime de Saddam Hussein, résistait en accumulant les livres interdits sous le régime, créant une véritable bibliothèque secrète, en mettant au parfum son fils, lui transmettant le goût de la digression.
Il apparaît donc à notre héros, pour lui raconter ses grandes théories et lui prodiguer des conseils, dans des dialogues inoubliables. Ainsi, selon lui, si le Moyen-Orient a des problèmes de démocratisation, c’est forcément à cause des palmiers.

Les aventures et mésaventures de Saad sont largement édulcorées par rapport à la réalité d'un clandestin, mais les divers aspects sont toutefois bien évoqués.

illustration : la liseuse de Joan Gillepsie

samedi 21 mars 2009

Saša Stanišić - Le soldat et le gramophone

Terminé aujourd'hui... encore un très bon roman... particulièrement émouvant.
L'épisode le plus marquant : le match de foot entre belligérants...
*
C’est en allemand, sa langue d’adoption, que Saša Stanišić a écrit l’un des plus grands romans « yougoslaves » de ces dernières années, l’une des plus magistrales évocations de la guerre de Bosnie et des destinées des orphelins de l’ancien pays commun, jetés à travers le monde.

Saša Stanišić est né en 1978 à Višegrad, en Bosnie-Herzégovine, la ville sur les bords de la Drina, connue pour son fameux pont dont Ivo Andrić racconta l’histoire. Il a grandi dans un environnement et une famille « mixte », serbo-bosniaque, mais surtout communiste.
Pourtant, en 1992, la guerre s’empare de la Bosnie et de Višegrad, qui fut le théâtre d’un épouvantable nettoyage ethnique dès les premières semaines du conflit, comme toutes les villes de la vallée de la Drina.

Alors âgé de quatorze ans, Saša Stanišić suivit ses parents qui avaient choisi l’exil vers l’Allemagne. Il a écrit dans son pays et sa langue d’adoption ce détonnant premier roman, qui fut publié en 2006.

Le narrateur du récit s’appelle Aleksandar, et l’inspiration autobiographique est pleinement assumée : similitude des lieux et des dates, événements manifestement vécus par l’écrivain lui-même, passage au travail d’écriture pour rechercher et sublimer le temps perdu.

Tout commence le 25 septembre 1991.
Ce jour-là, à Tokyo, Carl Lewis fait descendre le record du monde du 100 mètres sous les 10 secondes.
Ce même jour, Slavko, le grand-père maternel d’Aleksandar, assiste à l’exploit devant sa télévision. Et meurt d’une crise cardiaque.
Un monde s’effondre pour le jeune garçon, un monde dans lequel se mêlaient les croyances magiques de l’enfance et les récits légendaires de l’aïeul, dominés par la figure tutélaire de Tito et par la mythologie des Partisans communistes.
S’il ne peut faire revenir Slavko à la vie, son petit-fils lui fait la promesse de continuer ses histoires. Il y était beaucoup question de communisme, de pêche à la ligne dans la Drina, d’Ivo Andrić, mais aussi de football.

La promesse est tenue. Tous ces éléments se retrouve dans ce roman exubérant, construit comme par arborescence, en suivant la remontée chaotique des souvenirs.
Le récit converge néanmoins vers une sorte de trou noir, qui coupe en deux la vie d’Aleksandar/Saša ainsi que la structure du roman : la guerre de Bosnie, que les mots se refusent à nommer explicitement, même si l’on en voit partout les manifestations.

La force du livre tient beaucoup à son art de l’évocation indirecte.
Le tableau des réfugiés dans une cave à Višegrad, les images de cadavres à la surface de la rivière, un match de foot entre miliciens serbes et bosniaques, dans une clairière sur le front, où le vaincu sera condamné à perdre aussi la vie.

Sur les murs défraîchis de la maison familiale, seul perdure un petit rectangle immaculé : la place du portrait de Tito que l’on a décroché. Tel le rêve d’un pays évanoui, dont le grand-père racontait à son petit-fils l’histoire mythifiée.

Aleksandar/Saša part en Allemagne, il doit réinventer sa vie.
À Višegrad, il a laissé Asija, qui fut cause de ses premiers émois amoureux.
Le jeune homme n’a plus qu’à essayer de retrouver, par l’écriture, le fil de cette enfance interrompu, le rêve de ce premier amour, le souvenir du pays englouti, et la Drina, toujours majestueuse.

Après Marica Bodrožić (
Tito est mort), Saša Stanišić démontre la vitalité et l’originalité d’une jeune littérature « yougo » d’expression allemande.
N’hésitant pas à mettre ses pas dans les traces du grand maître Ivo Andrić, il donne un premier roman qui résonne déjà comme un chef d’oeuvre, et qui constitue, à ce jour, l’une des plus importantes évocations littéraires de la guerre de Bosnie.
source - le courrier des Balkans - Jean-Arnault Dérens -Mise en ligne : mercredi 29 octobre 2008
http://balkans.courriers.info/article11265.html

illustration : le liseur de Jim Tripp

vendredi 20 mars 2009

Ovide - les amours

souvenir de lecture en suivant l'éphéméride... -043 naissance d'Ovide, poète



Les Amours

Après avoir chanté les amours des héros, Ovide chanta les siennes, qui lui avaient acquis une singulière célébrité.
Il n'était bruit dans Rome que de ses exploits amoureux ; ils faisaient l'entretien des riches dans leurs festins, du peuple, dans les carrefours, et partout on se le montrait quand il venait à passer.
Attirées plutôt qu'éloignées par cette réputation, toutes les belles sollicitaient son hommage, se disputaient le renom que donnaient son amour et ses vers ; et il se vante d'avoir, en les faisant connaître, doté d'une foule d'adorateurs leurs charmes jusqu'alors ignorés.
Il avoue d'ailleurs ingénument qu'il n'est point en lui de ne pas aimer toutes les femmes, même à la fois, et les raisons qu'il en donne, quoique peu édifiantes, font de cette confession une de ses plus charmantes élégies.
Le mal était surtout que ses maîtresses avaient quelquefois des rivales jusque parmi leurs suivantes.
Corinne l'accusa un jour d'une intrigue avec Cypassis sa coiffeuse ; Ovide, indigné d'un tel soupçon, se répand en plaintes pathétiques, prend tous les dieux à témoin de son innocence, renouvelle les protestations d'un amour sans partage et d'une fidélité sans bornes. Corinne dut être entièrement rassurée.
Mais l'épître suivante (et ce rapprochement est déjà très piquant ) est, adressée à cette Cypassis ; il la gronde doucement d’avoir, par quelque indiscrétion, livré le secret de leur amour aux regards jaloux de sa maîtresse, d'avoir peut-être rougi devant elle comme un enfant ; il lui enseigne à mentir désormais avec le même sang-froid que lui, et finit par lui demander un rendez-vous.
Le recueil de ses élégies fut d'abord publié en cinq livres, qu'il réduisit ensuite à trois, "ayant, corrigé, dit-il, en les brûlant," celles qu'il jugea indignes des regards de la postérité.
A l'exemple de Gallus, de Properce et de Tibulle qui avaient chanté leurs belles sous les noms empruntés de Lycoris, de Cynthie et de Némésis Ovide célébra sous celui de Corinne la maîtresse qu'il aima le plus. Tel est du moins le nom que plusieurs manuscrits ont donné pour titre aux livres des Amours. Mais quelle était cette Corinne ?

Qui était Corinne ?

Cette question, qui n'est un peu importante que si on la rattache à la cause de l'exil d'Ovide, a longtemps exercé, sans la satisfaire, la patiente curiosité des siècles ; et comment eût-on pénétré un secret si bien caché même au sicle d'Ovide, que ses amis lui en demandaient la révélation comme une faveur, et que plus d'une femme, profitant, pour se faire valoir, de la discrétion de l’amant de Corinne, usurpa le nom, devenir célèbre, de cette maîtresse mystérieuse, et se donna publiquement pour l'héroïne des chants du poète ?
Du soin même qu'il a mis à taire le nom de la véritable, on a induit qu'elle appartenait à la famille des Césars.
On a nommé Livie, femme de l’empereur ; mais la maîtresse eût été bien vieille et l'amant bien jeune : on a nommé Julie, fille de Tibère ; mais alors, au contraire, la maîtresse eût été bien jeune et l'amant bien vieux ; ce que ne permettent de supposer ni la date ni aucun passage des Amours.
On a nommé Julie, fille d'Auguste, et cette opinion, consacrée par l'autorité d'une tradition dont Sidoine Apollinaire s'est fait l'écho, n'est pas aussi dépourvue de toute vraisemblance, quoiqu'on ne l'ait appuyée que sur de bien futiles raisons.
Julie, veuve de Marcellus, avait épousé Marcus Agrippa ; or, dit-on, les élégies parlent du mari de Corinne, de ses suivantes, d'un eunuque.
Ailleurs, il la compare à Sémiramis ; ailleurs encore, il lui cite, pour l'encourager à aimer en lui un simple chevalier romain, l'exemple de Calypso qui brûla d'amour pour un mortel, et celui de la nymphe Égérie, rendue sensible par le juste Numa.
Corinne ayant, pour conserver sa beauté, détruit dans soir sein le fruit de leur amour, Ovide indigné lui adresse ces mots, le triomphe et la joie du commentateur : "Si Vénus, avant de donner le jour à Énée, eût attenté à sa vie, la terre n'eût point, vu les Césars !"
Enfin, s'écrie-t-on victorieusement, le tableau qu'Ovide a tracé, dans une des dernières élégies de ses Amours, des moeurs dissolues de sa maîtresse n'est que celui des prostitutions de cette Julie qu'accompagnaient en public des troupes d'amants éhontés, qui affichait jusque dans le Forum, dit Sénèque, le scandaleux spectacle de ses orgies nocturnes, et que ses débordements firent exiler par Auguste lui-même dans l’île déserte où elle mourut de faim.
Mais toutes ces phrases d'Ovide à sa Corinne peuvent n'être que des hyperboles poétiques, assez ordinaires aux amants, et applicables à d'autres femmes que Julie, et n'avoir point le sens caché qu'on a cru y découvrir. Il en est qui ont pensé mettre fin à toutes les conjectures en disant qu'Ovide n'avait, en réalité, chanté aucune femme, et que ses amours, comme celles de Tibulle et de Properce, n'existèrent jamais que dans son imagination et dans celle des commentateurs ; ce qui n'est qu'une manière expéditive de trancher une difficulté insoluble.

Médée

Les plaisirs ne détournaient pas Ovide de sa passion pour la gloire : "Je cours, disait-il , après une renommée éternelle, et je veux que mon nom soit connu de l'univers.
" L'oeuvre qui nourrissait en lui cette immense espérance était une tragédie ; et le témoignage qu'il se rend à lui-même, en termes, il est vrai, peu modestes, d'avoir créé la tragédie romaine, peut avoir un grand fond de vérité, à en juger par les efforts plus louables qu'heureux des écrivains qui s'étaient déjà essayés dans ce genre, à l'exemple du prince, lequel, au rapport de Suétone, avait composé une tragédie d'Ajax, connue seulement par le trait d'esprit dont elle fut pour lui l'occasion quand il la détruisit.
La postérité ne peut prononcer sur le talent dont Ovide fit preuve dans cette nouvelle carrière, puisque sa Médée est aujourd'hui perdue.
On a nié qu'il eût pu être un bon auteur dramatique, en ce qu'il est trop souvent, dans ses autres ouvrages, hors du sentiment et de la vérité.
Un fait qu'on n'a pas remarqué donne à cette assertion quelque vraisemblance ; c'est que Lucain, peu de temps après, composa une tragédie sur le même sujet ; il ne l'aurait point osé, si celle d'Ovide eût été réputée un chef-d'oeuvre.
Toutefois elle jouit longtemps d'une grande renommée : "Médée, dit Quintilien, me paraît montrer de quoi Ovide eût été capable, s'il eut maîtrisé son génie au lieu de s'y abandonner ; " et l'auteur, inconnu mais fameux, du Dialogue sur les orateurs, met cette pièce au-dessus de celles de Messala et de Pollion, qu'on a surnommé le Sophocle romain, et à côté du Thyeste de Varius, le chef-d'oeuvre de la scène latine.
Deux vers, voilà ce qui reste de la Médée d'Ovide, parce qu'on les trouve cités, l'un, dans Quintilien :Servare potui, perdere an possim rogas?l'autre, dans Sénèque le rhéteur :Feror huc illuc, ut plana deo.

Ovide, en latin Publius Ovidius Naso. : Son surnom (Naso) lui vient de son nez proéminent (tout comme Cicéron, dont le surnom signifie pois chiche, qu'il devait à la verrue d'un de ses ancêtres).
Né le 20 mars 43 av. J.-C. à Sulmona, dans le sud de l'Italie — mort en 17 ap. J.-C., en exil à Tomes (l'actuelle Constanţa en Roumanie), c'est un poète latin qui vécut durant la période qui vit la naissance de l'Empire romain.
Il naît un an après l'assassinat de Jules César, est adolescent lorsqu'Auguste s'empare du pouvoir pour transformer la République en Empire, et meurt trois ans après ce premier empereur.

Issu d'une famille de chevaliers, Ovide étudie la rhétorique à Rome.
Délaissant très tôt les carrières juridique et administrative, il connaît la célébrité grâce à ses recueils de poèmes, les Amours, les Héroïdes, l'Art d'aimer et les Remèdes à l'amour.
A l'âge de dix-huit ans, son père lui permet d'aller voyager à Athènes, voyage qui le marquera et alimentera ses œuvres (notamment Les Métamorphoses).
Après l'âge de quarante ans, il abandonne la poésie érotique pour écrire les Métamorphoses, poème de 12 000 hexamètres dactyliques répartis en quinze livres et reprenant les récits de la mythologie grecque et romaine.

Le
19 novembre de l'an 8 ap. J.-C., Ovide est exilé sur les bords du Pont-Euxin, à Tomes, par décision d'Auguste, pour des motifs qui nous sont inconnus.
Diverses hypothèses ont été émises sur les causes de cette relégation. L'une d'elles est que le prétexte aurait été la prétendue immoralité de L'Art d'aimer (quoique ce recueil ne soit immoral que selon les canons monothéistes, bien postérieurs).
On a aussi avancé qu'une relation amoureuse entre la fille d'Auguste — Julie — et le poète aurait déplu à l'empereur.
Exilé n'est pas banni: c'est avec ses biens et ses esclaves qu'Ovide arriva à Tomes le 9 mai de l'an 9 ap. J.-C. et c'est dans ce lieu éloigné de Rome, sur une île proche de la côte (mais qui se trouve aujourd'hui dans une lagune au nord de Constanţa) qu'il bâtit sa villa et qu'il passa les dernières années de sa vie.
Néanmoins, il y conserva tous ses droits en tant que citoyen romain, ce qui est extrêmement rare pour un exilé.
Il y écrivit d'ultimes vers: les Tristes et les Pontiques, qui contiennent des confidences pleines de mélancolie où s'expriment sa nostalgie, sa douleur et sa détresse d'exilé. Ovide tente en vain de revenir à Rome.
Il écrit un traité de pêche et un pamphlet intitulé "Ibis", ainsi que quelques descriptions des Thraces vivant autour de Tomes.

Après sa mort, sa famille ne put rapatrier son corps. Suite à l'affaissement des sols, sa tombe se trouve aujourd'hui sous l'eau.
source - wikipédia
illustration : la liseuse de Marian van Puyvelde

mardi 17 mars 2009

James Patterson - Noires sont les violettes

vite lu, vite oublié... pas désagréable à lire si on passe sur les idées toutes faites, les redites et les clichés... suite de "sous le masque de l'araignée"...



Spécialiste des crimes les plus sordides, Alex Cross pensait avoir tout vu. Mais le spectacle qui l’attend à San Francisco dépasse tout ce qu’il a pu rencontrer dans sa carrière : deux corps, pendus par les pieds à un arbre, couverts de morsures et vidés de leur sang. Ni un homme ni une bête n’aurait pu commettre un meurtre aussi atroce, mais un vampire ? Malgré son scepticisme, Alex Cross oriente son enquête vers les milieux gothiques et underground, où certains semblent croire fermement à leur existence. Au point de se prendre pour l’un d’entre eux, de se repaître de sang et de se croire immortel ? C’est ce que va découvrir Alex en remontant la piste sanglante qui sillonne désormais les Etats-Unis comme un cirque macabre.



James Patterson, romancier américain pour le moins prolifique, s’attaque ici à l’univers gothique et vampirique. Il va une fois de plus confronter son enquêteur fétiche avec la barbarie humaine, jusqu’à le faire flirter avec une certaine forme de fantastique, dans laquelle l’hésitation si chère à Todorov pourrait bien basculer d’un côté, mais lequel ?


L’ensemble est bien écrit, l’intrigue bien menée, même si la fin n’est finalement pas si surprenante que ça. On peut cependant regretter une traduction des plus littérale, qui donne dans le ridicule quand elle transforme Vampire la Mascarade en Vampire le bal masqué.


Les vampires mis en scène dans ce roman sont des êtres d’apparence humaine assoiffés de sang. Ils ne commettent des crimes que la nuit, et ne semblent pas craindre les armes habituelles. Ils s’abreuvent de leurs victimes jusqu’à la lie, n’en laissant que des corps exsangues. Mais s’agit-il de vrais vampires ou d’illuminés ? C’est ce qu’Alex Cross finira par découvrir.


Les vampires sont aussi largement abordés sous l’angle de leurs amateurs les plus chevronnés, depuis ceux qui se font limer ou fabriquer des canines acérées, jusqu’à ceux qui cherchent à s’abreuver de l’essence même de leurs pairs.


Un polar intéressant, même si la traduction semble parfois un peu hâtive, qui permet de se plonger dans l’univers gothique et vampirique moderne. Manipulations, meurtres sanglants et autres recherches de pouvoirs sont ainsi au programme de ce nouveau roman mettant en scène Alex Cross.


Les amateurs de polars efficaces risquent d’apprécier, les amateurs de romans vampirique quant à eux y trouveront une variation intéressante sur le mythe, et sur ce qui advient de lui dans le monde moderne.



illustration : la liseuse de Eve Marks