mardi 2 mars 2010

Jerome Charyn & Michel Martens - Le geek de New York

et ce fut ma dernière lecture de février...
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illustration : d’Antonio Capel
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Avant d'être un roman, ce fut un feuilleton parut dans "Libération".
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Dans les bas-fond de New Yord, sous Manhattan, vit toute une faune qui tente de se protéger des gens du dessus... ce lieu improbable s'appelle la Birmanie...
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Arnold y vit, entre un boulot dans un restaurant miteux et un cinéma projetant des films de série B...
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Gamin des rues il a rencontré une bande qui lui a gravé une sorte de fermeture éclair sur le front, le transformant en freak, genre de Frankenstein... depuis il est rejeté par tous y compris par sa famille... puis un jour il sort de son trou et trouve l'amour, et là les ennuis vont vraiment commencer.
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De joujou sexuel, il va se faire chasser par sa belle, et enchainer d'autres boulots minables, comme l'arnaque d'assistant médecin dans les rues, puis vendeur de glaces amoureux de sa charette... il rencontre ainsi d'autres familles qui l'adoptent, mais finit toujours par se retrouver seul...
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Difficile de retourner dans "les collines de Birmanie" alors qu'il les a quittées pour vivre en renégat... il n'est plus des leurs, alors le retour va être difficile... et puis le restaurant a fermé et son cinéma est passé des films de série B aux films pornographie, la voie est coupée là aussi...
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Raconté ainsi, ce pourrait être un roman sur un looser... en fait, c'est une histoire pleine de tendresse et de poésie... dans le genre de la famille Malaucène de Pennac...
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En ce qui concerne les auteurs : rien trouvé sur Michel Martens, et peux de chose sur Charyn.
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Je n'ai lu que 2 tomes de nouvelles (Le Nouveau Noir), mais c'est plus un groupe d'écrivains apportant sa touche au genre... On peut donc considéré que ce livre est le premier que je lit de l'auteur... et probablement pas le dernier. Vraiment enchantée par son écriture...
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Jerome Charyn
est un romancier américain né dans le Bronx le 7 juillet 1937. Il fit ses études au Columbia College. Il fonda la Dutton Review et fut le rédacteur en chef de Fiction. Il a écrit près de 30 romans parmi lesquels la tétralogie de Isaac Sidel.
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Pour son roman
Darlin' Bill il a reçu le prix Rosenthal de l'Académie américaine des arts et des lettres.
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En 1996 il fut fait officier des Arts et des Lettres par le ministre français de la Culture Philippe Douste-Blazy.
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Il vit à Paris et enseigne l'histoire du cinéma et les canons du roman policier à l'université américaine de Paris.
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Jerome Charyn apparaît dans un crossover: Des chrétiens et des Maures de Daniel Pennac - wikipédia
Jerome Charyn héraut des paumés

De son enfance pauvre dans le Bronx il a gardé deux passions, le cinéma et les livres. New York est omniprésente dans ses romans... souvent écrits à Paris.
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«Les gens lisent pour le plaisir, moi je lis comme un cannibale. Je mange les livres. C'était, jeune, la seule manière de survivre, il y avait si peu de nourriture autour de moi que je me devais d'en chercher, c'était une question de vie ou de mort.»
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Sans émotion apparente, sans apitoiement, Jerome Charyn, l'enfant du Bronx, évoque avec noblesse et dans un anglais des plus oxfordien (tout en maniant très honnêtement la langue de Molière) quelques pans de son enfance.
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Mesuré dans ses propos comme dans ses gestes, Jerome Charyn est plutôt du genre beau ténébreux.
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Et si comme aimait à le dire Marcel Duhamel, qui l'a publié dans la Série noire, il ressemble à un «Pagnol juif qui aurait eu Groucho Marx comme professeur», on pense plus à Woody Allen qu'à Raimu.
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Ne s'est-il d'ailleurs pas définitivement installé à Paris... au cinquième étage d'un immeuble surplombant le cimetière Montparnasse? Bref, Jerome Charyn a choisi ses morts, préférant la sage compagnie des stèles montparnassiennes à celle plus bruyante de la «Grosse Pomme» transformée à ses yeux en «Cité de la mort»: «Paris est un endroit où je peux vivre et travailler. Alors que si je peux travailler à New York, je ne peux vraiment pas y vivre. Ses rues ne m'inspirent plus. Tout là-bas est trop carré et j'aime les courbes.»
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Mais ne nous méprenons pas, New York est bien la ville de sa vie qu'il n'a cessé de recréer, chroniqueur halluciné, à travers toute son œuvre de romancier et d'essayiste (Metropolis, New York chronique d'une ville sauvage, Du ventre de la bête).
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Jusqu'à cette dernière nouvelle, Alyosha (Cités de la peur, Série noire), dont le jeune héros, membre émérite des Jokers du Bronx, immortalise les portraits des victimes de la guerre des gangs, transformant les murs de la ville en mémorial (de guerre).
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Vaste métaphore de l'affrontement, du désordre et de l'absurdité, monde enchanté où les monstres, les ogres et les sorcières l'emportent sur les fées et les princes charmants, le New York de Jerome Charyn est une éponge fantasmagorique.
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Pourtant, c'est bien sur sa minuscule terrasse, face à ses morts parisiens, que l'écrivain, crayon à papier à la main, noircit inlassablement ses carnets d'écolier tant l'écriture est «une façon de se réfugier quelque part quand on n'a nulle part où aller».
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L'Américain déteste les ordinateurs. «Cela pousse les gens à écrire trop long, toutes les études le démontrent.» Seule entaille à ses principes, les scénarios qu'il n'hésite pas à travailler devant l'écran.
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Fou des mots et de leur musique depuis qu'il les a - tardivement - découverts («les mots sont plastiques, ils sont comme de l'argile, vous pouvez les modeler à votre guise»), il les utilise sous toutes les formes: romans, essais, autobiographies, scénarios, pièces de théâtre et... chansons, qu'il a notamment composées pour Georges Moustaki, son ami et partenaire de ping-pong . Le ping-pong serait-il la potion magique de ce gentleman de 58 ans qui en paraît dix de moins?
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Mais sa passion de toujours, celle qui l'a envoûté dès l'âge de 5 ans et qu'il a honorée dans Movieland (Stock), c'est le cinéma.
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Né d'un père juif polonais et d'une mère biélorusse - ici à Coney Island en 1928, entourée d'amis - perdus dans le Nouveau Monde, il se forge très tôt sa propre identité: «Mes plus anciens souvenirs, mes toutes premières aventures sortent d'un écran. Mes parents ne parlaient pas l'anglais, mon père était des plus étrange, ma mère faisait ce qu'elle pouvait, alors le cinéma m'a servi de substitut.»
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Il avale tout, les séries B, les nanars des années 40 jusqu'aux Quatre cents coups , premier film étranger qu'il voit en 1959 et qui lui procure un choc indélébile: «François Truffaut m'a écorché pour la vie... Nous appartenons tous les deux à la même tribu de vagabonds... Notre passé est celui des enfants des cavernes, qui doivent à des images crépusculaires sur un mur d'être demeurés à peu près sains d'esprit», écrit-il aujourd'hui dans Le cinéma des écrivains (Cahiers du cinéma).
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Emporté par les images, il se régale de mots et adore collaborer avec les dessinateurs de BD Boucq ou Loustal. «Ce sont mes frères, ils n'ont pas d'ego.»
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Ses romans eux-mêmes aspirent à la vélocité et à l'immédiateté visuelle de l'image.
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Ses héros, d'Isaac Sidel, le superflic «bolcho» de New York (Marilyn la dingue, Zieux bleus, Kermesse à Manhattan... Les enfants de Maria), à Sidney Holden, le tueur à gages au grand cœur (Frog, Elseneur), perpétuent, sur fond de violence poétique et absurde, la tension dramatique entre le mot et l'image chère à leur créateur.
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Le Geek de New York en est un des exemples les plus frappants. Publié en 1980 sous forme de feuilleton dans Libération, il a gardé, dans sa toute nouvelle version livresque, l'énergie et le mouvement propres aux séries hebdomadaires.
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Ecrit en collaboration avec Michel Martens dans une langue savoureuse, faite d'expressions françaises et d'esprit américain, il retrace la dérive d'un pauvre hère, surnommé le «geek», ce qui à l'origine désigne un phénomène de foire dont la spécialité consiste à avaler des têtes de poulets vivants.
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Mais Arnold ne pouvait être un arriéré mental au crâne fêlé. Non, il a simplement décidé, sous l'œil bienveillant de son créateur, de mener sa vie autour de Times Square, entre un restaurant sordide qui lui fournit une poignée de frites grasses et un cinéma décati où il pleure devant Victor Mature.
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Mais l'amour et les ennuis mettent un terme à ce voluptueux parcours. Refoulé dans les canalisations souterraines de Manhattan, joliment baptisées ici les «Collines de Birmanie», il touche ce qu'on imagine être le fond du fond.
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Pourtant, au milieu des détritus, la poésie surgit, la couleur naît de la non-couleur. Proche de ses personnages les plus paumés («Arnold est de l'autre côté du miroir, il est ce que nous serions si nous avions moins de chance»), Charyn le magicien pourfend avec sa baguette revancharde les clichés manichéens de l'Amérique des vainqueurs.
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On applaudit. Comme au cinéma. - Par Marianne Payot (Lire), publié le 01/10/1995
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seuls livres lus, très agréable mais des nouvelles plus où moins intéressantes, en tout cas, un florilège d'auteurs y participent.
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Envie de lire :


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Voilà un joli clin d'œil de l'un des auteurs américains les plus réputés, talentueux, imaginatifs... enfin on pourrait ne jamais tarir d'éloges.
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Charyn réussit ici un tour de passe-passe qui ne peut que clouer sur place le critique impénitent. Comme le titre l'indique, cet ouvrage constitue une sorte d'incursion au sein des œuvres de Pennac, le créateur de la tribu Malaussène.
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Pennac est un fan de Charyn. Et les occasions se sont multipliées où le Français, au cœur de ses romans, a fait référence à l'œuvre de Charyn... jusqu'à ce fameux livre Des chrétiens et des Maures qui implique directement l'un des héros mythiques de l'Américain, le fameux Isaac Sidel.
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S'agit-il d'une pirouette ? Toujours est-il que Charyn a répondu à l'invitation en usant du même subterfuge que Pennac.
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Bref, sans vouloir en dire trop, glissez votre main dans celle d'Albert Pearl, le protecteur du supposé Isaac Sidel de ce livre, tout comme peut-être vous aviez pu le faire avec Bébé Guzman, lorsqu'il traversait à toute vitesse la ville,
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Puis, laissez-vous glisser dans l'univers débridé de Charyn et son verbiage coloré : "«Albert Pearl, t'es un gars qu'a de la veine. T'as une princesse. T'as le petit raconteur d'histoires avec sa forêt de bouquins et t'as Belleville».
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A ce moment là, un type avec une moustache rousse et des petits yeux méchants est entré dans le café. C'était pas un gars du coin venu boire son coup. C'était Gueule de tarte»--
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New York : Chronique d'une ville sauvage
pi
ng-pong de Jerome Charyn et Marc Chénetier

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