jeudi 20 août 2009

Chaïm Potok - Le docteur Rubinov

Fin de lecture hier soir...
Un roman impressionnant !
Je ne peux m'empêcher de songer à "la mort est mon métier" de Robert Merle, et aux "bienveillantes" de Jonathan Littell...
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Ex-agent du KGB, Leon Shertov raconte sa vie au service de Staline.
Il nous dit comment, du jeune juif ukrainien enrôlé dans l'armée russe à la veille de la Première Guerre mondiale, il devient l'instrument d'un pouvoir implacable, toujours plus violent et paranoïaque.
Apparatchik modèle, dans les sous-sols des services de contre-espionnage soviétiques, il questionne, torture et mène sans états d'âme ses interrogatoires.
Jusqu'au jour où, à la suite d'une purge menée dans les milieux scientifiques, il doit s'occuper du cas Rubinov, un médecin juif qui lui sauva la vie des années auparavant...
Chaïm Potok nous livre un témoignage hallucinatoire au coeur des années sombres du Grand Tournant.
Une œuvre humaniste et indispensable. " Ce bref récit déroule un parcours qui porte en filigrane l'histoire d'une nation. Mais aussi et surtout, il conte sans complaisance ni tentative de justification l'histoire d'un bourreau ordinaire, vivant paradoxe qui échappe aux catégories du bien et du mal. "

Quelques citations :
p-63 - "Je dois dire que vous avez fait preuve de faiblesse et de sentimentalité bourgeoise en interdisant à votre sergent d'abattre ce vieux menteur de paysan. Mais vous êtes encore jeune, vous apprendez. Nous allons tout vous apprendre."
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p.65 - "Au royaume de l'espérance, il n'y a point d'hiver, dit un proverbe russe."
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p.85 - "Chaque jour tire un enseignement du jour qui le précède, mais jamais un jour n'enseigne quoi que ce soit à celui qui le suit."
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Il est en effet - aux côtés
d’Isaac Bashevis Singer,
de Bernard Malamud,
de Saül Bellow
ou de Cynthia Ozik
un des représentants les plus talentueux de cette « école juive de New York » qui a produit certains des plus grands romans du siècle passé.
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Mais il est aussi un de ceux qui ont donné le contenu le plus juif et le plus universel à cette forme particulière de l’écriture romanesque, devenue presque un genre littéraire sui generis : le roman juif américain.
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Herman Chaim Harold Potok, est l’aîné de quatre enfants d’une famille d’immigrés juifs polonais.

Il reçoit une éducation primaire dans les écoles juives où il étudie les sujets séculaires mais également le Talmud.
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Le jeune homme se dédie à la lecture en dévorant James Joyce, Ernest Hemingway, William Faulkner, Thomas Mann, et Evelyn Waugh.
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l est ordonné Rabbin à l’âge de 25 ans par le Jewish Theological Seminary.
Parallèlement, il obtient un diplôme de littérature anglaise à la Yeshiva University.
Son intérêt pour le judaïsme et pour l’écriture va déterminer sa carrière rabbinique et littéraire.
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Marié à Adena Sara Mosevitzsky, une psychiatre qu’il a rencontré en 1952 au camp Ramah dans le Poconos.
Ils ont eu trois enfants : Rena, Naama, et Akiva.
Entre 1957 à 1959, il enseigne à l’université du judaïsme.
De 1964 à 1975, il est le rédacteur de la prestigieuse revue Conservative Judaism puis dirige, de 1965-1974, the Jewish Publication Society.

Potok a été également le rédacteur en chef du commentaire moderne sur la Tora « Etz Hayim » édité en 2000 par l’Assemblée rabbinique Massorti.
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Malade, Chaïm Potok, qui a vécu au travers de ses écrits, meurt d’un cancer en 2002.
surtout connu pour son œuvre romanesque.

L’Elu marque vraiment ses débuts en tant qu’écrivain en 1967. Le thème central de ses romans reste les tensions entre le judaïsme et les valeurs et la culture de la société moderne. Ses travaux ont essentiellement été autobiographiques dans les années 80.

Son expérience d’aumônier dans l’armée des USA en Corée, entre 1955 et 1957, l’a inspiré pour l’écriture ’Le livre de lights’, publié en 1981 et ’Je suis l’Argile’ en 1992. Son dernier ouvrage, ’En tant que Leaf conduit’ sort en 1996.
Chaim Potok n’a pas écrit que de la fiction bien qu’elle constitue la plus grande partie de son œuvre :
« The Book of Lights » (Le livre des Lumières : 1965),
« The Chosen » (L’Elu : 1969),
« The Promise » (La promesse : 1969),
« In the Beginning » (Au Commencement : 1975),
« Davita’s Harp » (La Harpe de Davita : 1985),
« The Gift of Asher Lev » (Le Don d’Asher Lev : 1990),
« I am the Clay » (Je suis l’argile : 1992),
« The Gates of November » (Les Grilles de Novembre : 1996).
« Old Men at Midnight » (Vieillards à Minuit, une série de trois nouvelles écrites en 2001.)

En dehors des œuvres de fiction figurent « Wanderings : The story of Chaim Potok’s Jews » (Errances : L’histoire des Juifs de Chaim Potok) qui fait remonter l’histoire juive jusqu’à la famille d’Abraham il y a quatre mille ans.

Potok a également écrit des histoires pour enfants.
« L’arbre d’ici » par exemple est un texte plein de sensibilité. Ce texte sur une belle amitié entre un arbre et un enfant et la déchirure d’une séparation.
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Potok a également aidé le violoniste Isaac Stern pour son livre : « My first seventy-nine years » (Mes soixante-dix neuf premières années.)
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- source : http://www.massorti.com/Chaim-Potok-1929-2002 - par Yeshaya Dalsace.
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citation : « Je préférerais dire que l’univers est signicatif, avec des phases de mystères et de vides apparents plutôt que sans signification avec des phases de certitudes apparentes. »
Chaïm Potok
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Quelques titres lus, en plus de "L'Elu" :

Chronique de la famille Slepak
EN 1953, à la mort de joseph Staline, Volodia Slepak et son épouse Macha, juifs bien intégrés dans la société soviétique, prennent conscience du sombre avenir qui se profile dans leur pays pour le judaïsme.
Volodia a pour père Salomon Slepak, bolchevik de la première heure, miraculeusement échappé aux hécatombes qui ont emporté tous les artisans de la Révolution.
Une tête brûlée qui a depuis longtemps abdiqué toute lucidité et toute clairvoyance au nom de l'infaillibilité du Parti. De manifestations en jugements, d'incarcérations en exils, Volodia et Macha Slepak seront pendant dix-huit ans les fers de lance de la dissidence juive.
Leur appartement de la rue Gorki à Moscou devient le sanctuaire du mouvement des refuzniks et de leurs légendaires figures, Anatoly Chtcharanski, Ida Nudel, losif Begun et d'autres encore.
Les terribles soubresauts du déclin tsariste et la descente aux enfers d'une Union soviétique broyée par la mégalomanie sanguinaire d'un tyran forment la toile de fond d'une extraordinaire saga où se trame, avec la chronique déchirante du mouvement des refuzniks, l'histoire violente et vraie de Volodia, Macha et leurs enfants.
Comment des hommes peuvent-ils accepter de voir leur vie basculer dans la précarité, la terreur quotidienne, la captivité pour affirmer une identité qu'ils savent incompatible avec l'univers dont ils sont prisonniers ? C'est l'une des nombreuses et profondes énigmes que pose ce magnifique roman.
Maître de lecture
" Elle posa la cafetière et les petits gâteaux sur la table, puis s'assit en face de lui.
Sa présence : proche, intime.
- Benjamin, auriez-vous quelque chose à me dire, par hasard ?
Son cœur fit un bond. Il avala sa salive.
- Euh, eh bien, je ne sais pas...
- Je vais vous dire pourquoi je vous pose cette question. Vous avez l'air de quelqu'un qui veut raconter quelque chose. Après tant d'années, j'ai fini par connaître ce regard. "
Retiré à la campagne, un distingué professeur d'histoire décide de rédiger ses Mémoires. Mais c'est à sa troublante voisine, le célèbre écrivain I. D. Chandal, qu'il va finalement se confier et brosser le portrait d'un personnage sombre et mystérieux, son professeur de trope...
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Une histoire du peuple juif
Cinq millénaires d'épopée depuis les patriarches de la Bible jusqu'à l'époque contemporaine : confrontant les sources historiques et archéologiques à la Bible, Chaïm Potok retrace l'histoire du peuple juif, il restitue avec sa propre sensibilité le règne de Salomon, la destruction du temple de Jérusalem, l'exil, la dispersion à travers terres chrétiennes et musulmanes...
Mais cette histoire du peuple juif est avant tout l'œuvre d'un écrivain.
À ces récits sur les hommes et les communautés, Chaïm Potok mêle ses réflexions sur l'histoire, la foi, la fidélité à Dieu, le martyre, dans un style aux accents parfois prophétiques.

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