samedi 24 janvier 2009

curiosité de lecture : miserere de Jean-Christophe Grangé

livre de chevet en cours

Pas vraiment fan de l'auteur, ses livres ont d'ailleurs le don de me mettre mal à l'aise...

mais... je suis curieuse... et bonne base pour faire des recherches intéressantes sur les thèmes abordés par l'auteur.

Etrange assassinat d un chef de chorale d origine chilienne dans l'église arménienne de Paris.

Disparitions de plusieurs enfants de choeur.
Série de meurtres opérée selon un protocole macabre : perforation inexplicable des tympans, inscriptions tirées du Miserere d'Allegri, mystérieuses traces de pas autour des cadavres : pointure 36...

Pour mener l'enquête, deux flics border line comme les aime Grangé : Kasdan, le vieux briscard à la retraite, et Volo le toxico, beau comme une rock star. Origines arménienne et russe.
Deux hommes intelligents, acharnés, hantés par leur passé.

Du pur Grangé, complexe, tourmenté, baroque. Un de ses meilleurs thrillers, peut-être le plus inquiétant, qui mêle enfance, torture (des bourreaux nazis aux bourreaux chiliens), expérimentations scientifiques ultimes et musique...
*
Le Psaume 51 (50 dans l'ancienne numérotation) a pour titre son premier mot dans la version latine, Miserere (prends pitié).
Il a été écrit par le roi David, qui demandait pardon auprès du prophète Nathan.

En effet, le roi David avait séduit Bethsabée, la femme d'un de ses officiers, Urie le Hittite, en profitant d'une de ses absences ; Bethsabée par la suite tomba enceinte, et David fit revenir Urie afin qu'il eût des rapports avec sa femme, mais celui-ci préféra ne pas rentrer dormir chez lui.
David le renvoya alors sur le champ de bataille, avec un message destiné à Joab, demandant que celui-ci s'arrangeât pour qu'Urie le Hittite fût frappé pendant la bataille et mourût, ce qui arriva.

Nathan vint ensuite reprocher au roi David sa faute, que celui-ci reconnut.
*
Le psaume 51 a été mis en musique par
Gregorio Allegri, et est connu sous le nom de Miserere d'Allegri.

Deux vers de ce psaume sont utilisés lors de la forme extraordinaire de la messe de l'Église catholique romaine, les huitième et premier ; ils sont chantés en grégorien au début de chaque messe (sauf lors du temps pascal), tandis que le prêtre asperge les fidèles avec de l'eau bénite.
illustrations :
Bethsabée recevant la lettre de David, Willem Drost

Le Miserere d'Allegri est une œuvre musicale chantée a cappella, composée durant le règne du pape Urbain VIII, vers 1630.
Le Miserere était chanté dans la Chapelle Sixtine lors des matines du mercredi et vendredi de la Semaine Sainte, et uniquement en ce lieu et à cette occasion. Il était chanté à la fin de l'office des ténèbres, alors que les cierges qui éclairaient la Chapelle étaient progressivement éteints.
Devant le Pape et les cardinaux agenouillés, les chanteurs de la Chapelle improvisaient de somptueux ornements sur le faux-bourdon.

Progressivement, la technique vocale des membres de la Chapelle perdant en éclat et leur capacité à improviser de savants contrepoints s'étiolant, les ornements disparurent et à la fin du
XVIIIe siècle il ne restait plus que les ornements les plus aigus réservés aux castrats, appris par cœur par deux sopranos, qui nous sont parvenus par le biais d'enregistrements et la première publication par Charles Burney.

Maffeo Barberini (Florence, avril 1568Rome, 29 juillet 1644), 233e pape, de 1623 à 1644, sous le nom d’Urbain VIII (en latin Urbanus VIII, en italien Urbano VIII). "Lilium et rosa" dans la prophétie de Saint Malachie.

Felix Mendelssohn fit une autre transcription en 1831 et le prêtre Pietro Alfieri transcrivit les fioritures en 1840. L'édition avec ornementation jouée actuellement est un mélange de ces deux transcriptions. L'œuvre originale s'est perdue, mais le Miserere garde encore aujourd'hui le privilège de compter parmi les œuvres de musique baroque les plus connues et les plus enregistrées.
le texte :
Miserere mei, Deus:
secundum magnam misericordiam tuam.
Et secundum multitudinem miserationum tuarum, dēlē iniquitatem meam.
Amplius lavā me ab iniquitate mea: et peccato meo mundā me.
Quoniam iniquitatem meam ego cognōscō: et peccatum meum contra me est semper.
Tibi soli peccāvī, et malum coram te fēcī: ut justificeris in sermonibus tuis, et vincās cum judicaris.
Ecce enim in inquitatibus conceptus sum: et in peccatis concepit me mater mea.
Ecce enim veritatem dilexisti: incerta et occulta sapientiae tuae manifestasti mihi.
Asperges me, Domine, hyssopo, et mundābor: lavābis me, et super nivem dēalbābor.
Auditui meo dabis gaudium et laetitiam: et exsultabunt ossa humiliata.
Averte faciem tuam a peccatis meis: et omnes iniquitates meas dele.
Cor mundum crea in me, Deus: et spiritum rectum innova in visceribus meis.
Ne projicias me a facie tua: et spiritum sanctum tuum ne auferas a me.
Redde mihi laetitiam salutaris tui: et spiritu principali confirma me.
Docebo iniquos vias tuas: et impii ad te convertentur.
Libera me de sanguinibus, Deus, Deus salutis meae: et exsultabit lingua mea justitiam tuam.
Domine, labia mea aperies: et os meum annuntiabit laudem tuam.Quoniam si voluisses sacrificium, dedissem utique: holocaustis non delectaberis.
Sacrificium Deo spiritus contribulatus: cor contritum, et humiliatum, Deus, non despicies.
Benigne fac, Domine, in bona voluntate tua Sion: ut aedificentur muri Jerusalem.Tunc acceptabis sacrificium justitiae, oblationes, et holocausta: tunc imponent super altare tuum vitulos.
illustration : Miserere de la Montaña 2007. Ruinas del Monasterio de Yerga.
la traduction :
Pitié pour moi, mon Dieu, dans Ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.
Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.
Contre Toi, et Toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
Ainsi, Tu peux parler et montrer Ta justice, être juge et montrer Ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais Tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, Tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Fais que j’entende les chants et la fête : ils danseront, les os que Tu broyais.
Détourne Ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés.
Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de Ta face, ne me reprends pas Ton Esprit Saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera Ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera Ta louange.
Si j’offre un sacrifice, Tu n’en veux pas, Tu n’acceptes pas d’holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.
Alors Tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur Ton autel.
la légende
Dès les premières années, le Vatican avait interdit de le reproduire ou de le diffuser afin d'en préserver le caractère unique. Le transcrire ou le jouer ailleurs qu'en ces lieux était puni d'excommunication.

Cependant, il y eut de nombreuses transcriptions supposées du Miserere parmi les cours royales d'Europe, mais jamais de la qualité de celle qui se jouait à Rome.
Selon de nombreuses lettres, Mozart, âgé de quatorze ans, a réussi à retranscrire l'œuvre après seulement une ou deux écoutes.
Alors qu'il visitait Rome, avec son père, il eut la chance de pouvoir écouter le Miserere le mercredi de la Semaine Sainte. Le soir même, il retranscrivait le morceau de mémoire. Il l'écouta encore une fois le vendredi qui suivit pour pouvoir faire quelques modifications.
Le Miserere obtenu fut publié en 1771 à Londres et l'interdiction papale levée. Mais cette version n'incluait pas les ornements baroques qui faisaient le succès et la beauté du chant.
Mozart fut accusé d'avoir volé la partition car il paraissait impossible qu'un enfant de quatorze ans pût, en aussi peu d'écoutes, retranscrire une partition considérée comme très complexe.
source : wikipédia et divers
illustration : la liseuse de musique de francesco Ubertini, dit Bachiacca

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