Découvrez Le physicien prodigieux de Jorge de Sena... nous dit Nicolas de "Actua litté"... et j'ai bien envie de suivre sont conseil...
Une pincée de ceci, une dent de ça, de la poudre de cela... Et BOUM !
Allez, depuis combien de temps n'aviez-vous pas lu d'histoire d'amour qui se déroule dans un château avec une sorte de princesse, un truc qui se rapproche d'un prince, mais non, pas de crapaud ni de baguette magique ?
Un de ces contes de fées dans lequel les personnages vivent longtemps, heureux et ont des tonnes d'enfants dans un grand palais ? Pas tout à fait. Le livre dont nous vous parlerons aujourd'hui tient plutôt du conte philosophique et mystique que de l'histoire rêvée...
« Il venait d'avoir dix-huit ans, il était beau comme un enfant, fort comme un homme... » Comprenez-moi : si ce type de mise en bouche n'a rien de métaphysique - encore qu'à bien y réfléchir... - elle permet de fixer d'ores et déjà le protagoniste de ce conte gnostique.
« Il venait d'avoir dix-huit ans, il était beau comme un enfant, fort comme un homme... » Comprenez-moi : si ce type de mise en bouche n'a rien de métaphysique - encore qu'à bien y réfléchir... - elle permet de fixer d'ores et déjà le protagoniste de ce conte gnostique.
Car nous avons ici à faire à un cas flagrant de prince charmant aux pouvoirs étranges et n'ayons pas peur des mots, diaboliques.
L'histoire en elle-même s'inspire d'ailleurs de récits anciens, puisés dans des textes religieux portugais, destinés à illustrer les préceptes bibliques.
Loin du conte de fées, où le merveilleux rivalise avec les animaux sapés en godasses Prada, le lecteur étourdi va remonter aux racines des textes médiévaux, et retrouver une ambiance à mi-chemin entre Tristan et Yseult et Chrétien de Troie.
En quelques mots, un cavalier errant décide de se baigner dans une rivière quand il est remarqué par trois pucelles. Affriolées par sa beauté, elles lui racontent que leur maîtresse souffre de mille morts et que pour la tirer de ses tourments, seul un physicien, beau et vierge a ses chances. Ce qui tombe bien puisque c'est le cas de notre bonhomme.
Il se rend donc au château où se meurt la dame en question, fait préparer un bain chaud dans lequel il verse quelques gouttes de son sang, et y fait immerger, jusqu'à la tête, alouette, la souffrante.
Pendant ce temps, il s'allonge nu sur le lit et attend la septième immersion. Bien évidemment, la châtelaine guérit, tombe follement amoureuse de lui, mais ils ne se marient ni n'ont beaucoup d'enfants.
De fait, elle se donne à son sauveur, qui grâce à un bonnet magique peut se rendre invisible : dans ces conditions, elle fait de lui un homme, mais qui restera un peu vierge tout de même puisqu'invisible.
La suite se déroule sur fond de mysticisme, de vie de château maudit ou hanté, puis de dénonciation aux autorités religieuses incompétentes et de procès...
La traduction faite par Michelle Giudicelli m'intrigue : est-ce elle qui a donné au texte cette sensation de récit médiéval ou le texte de Jorge la portait-il en lui ?
Pour l'amateur, nul doute que cette alchimie transformera la lecture en une véritable machine à remonter le temps.
Le récit est minimaliste, et s'épargne les descriptions lourdes pour n'être finalement qu'action et dialogues.
Une autre vérité semble soutenir le récit, et l'on sent qu'une symbolique forte se tisse entre les lignes une présence permanente.
Les signes ne nous échappent pas toujours, bien que leur sens métaphorique file régulièrement entre les doigts, mais la magie opère sans peine et l'on reste en permanence sous le charme.
Le diable, qui est dans les détails, ne manque d'ailleurs pas de nous imposer sa présence discrète et cependant totale : chaperon du cavalier, il préside à sa vie et ses actions en toutes circonstances...
En somme, voilà un livre qui donne envie de retrouver dans sa bibliothèque les textes anciens et de savourer de nouveau quelques passages de la littérature médiévale. Vive les trouvères et les troubadours. Et Jorge de Sena est des leurs !
Offrez-vous Le physicien prodigieux de Jorge de Sena
source : actua litté - Rédigé par Nicolas G, le jeudi 30 avril 2009
source : actua litté - Rédigé par Nicolas G, le jeudi 30 avril 2009
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illustration : la liseuse d'Albert Edelfelt
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