mardi 4 août 2009

IN KOLI BOFANE - MATHÉMATIQUES CONGOLAISES

Commencé hier soir... lu une vingtaine de page, et déjà je sais que je suis tombée sur un livre passionnant !
Célio Matemona, nommé Célio Mathématik par ses amis, aurait pu traîner sa galère encore longtemps à Kinshasa, n’eût été sa rencontre avec le directeur d’un bureau aux activités très confidentielles, attaché à la présidence de la République.
L’occasion unique de rejoindre le cercle très fermé des sorciers modernes qui manipulent les êtres et la vie quotidienne.

2008 - Prix Jean Muno [Belgique]

Dans un Kinshasa secoué de remous de toutes sortes, Célio aurait pu traîner sa galère encore longtemps, n’eut été sa rencontre avec le directeur d’un bureau aux activités très confidentielles, attaché à la Présidence de la République.
La ville ne fait pas de cadeau, le jeune homme le sait, et il tient là l’occasion de pouvoir enfin se réaliser.
Faire partie du cercle très fermé de ces sorciers d’un genre particulier que l’on appelle spin doctors n’est pas non plus pour lui déplaire.
Dans le jeu subtil de la manipulation politique, Célio a l’ambition d’exceller et de faire parler de lui.

Facile, le jeune homme, a toujours été proche des phénomènes complexes. Il a toujours su établir un dialogue privilégié avec les mathématiques.
Ses amis, d’ailleurs, l’ont surnommé « Célio Mathématik ». Appliquer ses connaissances à la désinformation, c’est ce qu’il compte accomplir.

De façon unilatérale, Célio se prend pour un grand mathématicien parce qu’il aurait assimilé le contenu d’un vieux manuel scolaire, légué par son père.

C’est à travers des théorèmes et des définitions que Célio espère influer sur le destin dont il dit n’être que le jouet.

C’est à travers les épreuves, aussi, qu’il lui faudra procéder à des choix cruciaux. Tenter de maîtriser les déséquilibres dans un environnement livré aux tiraillements et au chaos institutionnalisés.

Les personnages

Célio Matemona
alias Célio « Mathématik » : Jeune homme plein d’ambitions

Gonzague Tshilombo : Le patron du bureau « Informations et Plans », grand manipulateur
Odia Tshilombo : Epouse de Tshilombo, très grande manipulatrice

Bamba Togbia : L’homme de main

Vieux Isemanga : Celui qui connaît tout

Nana Bakkali : La complice de Célio
Ioanidès Lolos : La conscience de Célio ?

Trickson, Face ya Yezu, Richard le bourgeois, Sera Sera, le petit Amisi : Les petits du quartier.

La Faim : Celle sur laquelle il faut compter

illustration : masque songye
*
La faim

Entre-temps, la Faim, au milieu de la population, gagnait du terrain, faisait des ravages considérables.
Elle progressait en rampant, impitoyable comme un python à deux têtes.
Elle se lovait dans les ventres pareil à un reptile particulièrement hargneux creusant le vide total autour de sa personne. Ses victimes avaient appris à subir sa loi.
En début de journée, avant qu’elle ne se manifeste, on n’y pensait pas trop, absorbé par le labeur qui permettrait justement de manger et ainsi obtenir un sursis.
On faisait semblant d’oublier, mais l’angoisse persistait à chaque moment.
En début d’après-midi, avec le soleil de plomb qui accélère la déshydratation, cela devenait plus compliqué. L’animal qui, depuis longtemps, avait pris la place des viscères, manifestait sa présence en affaiblissant le métabolisme, se nourrissant de chair et d’autres substances vitales.
On était obligé de vivre sur ses maigres réserves.
L’effort faisait trembler les membres, rendait les mains moites et froides, le cœur avait tendance à s’emballer. Pour calmer la bête, on lui faisait alors une offrande d’eau froide, pour qu’elle se sente glorifiée. Cela ne durait pas, car juste après, elle jouait sur le cerveau et d’autres organes de la volonté et du sens combatif.
On pouvait avoir tendance à quémander et à mendier. Certains devenaient même implorants, parce qu’elle laminait, de son ventre rêche, des choses aussi précieuses que l’orgueil et la fierté. Elle était omniprésente et omnipotente.
On ne conjuguait plus le verbe « avoir faim ».
A la question de savoir comment on pouvait aller, la réponse était : « Nzala !», « la Faim !». Elle s’était institutionnalisée.
Mais malgré ses faces peu avenantes et la répulsion qu’elle inspirait, on disait que des images d’elle se vendaient très cher à l’étranger.
La Faim cherchait ainsi à acquérir des lettres de noblesse.
On l’évoquait pour se justifier, pour obtenir des circonstances atténuantes en cas de faute grave. La Faim participait pleinement à la rédemption des individus. C’était d’ailleurs le seul gain qu’on pouvait en espérer.
En dehors de cela, elle était comme un poison qui détruit les corps, en les transformant en proies idéales pour la malaria et la bilharziose. Elle empêchait ses victimes de proliférer, en augmentant la mortalité infantile.
Pour la subir, il fallait être armé psychologiquement, parce qu’elle agissait aussi par constriction du sens moral et d’autres valeurs aussi élevées. Ceux qui résistaient se prenaient d’ailleurs facilement pour des héros ou des saints.
Les autres, pour être exemptés des tourments quotidiens, reniaient leurs convictions et acceptaient le pot-de-vin dans l’exercice de leurs fonctions.
La jeune fille prude trahissait son éducation et devenait vénale.
Le professeur faisait fi de l’éthique en échange de billets de banque.
Le soldat crachait sur le code militaire, pour dégénérer en un prédateur assoiffé de pillage.
Chaque jour, la Faim additionnait des points. Elle progressait sinueusement dans les familles, indistinctement, laissant la mort et la désolation. Elle durcissait les cœurs. Elle abrasait de ses écailles rugueuses ce qui restait d’espoir.
Afin de préserver les comptes du Président de la République et d’équilibrer la balance de paiements du Fonds Monétaire International, les Kinois s’étaient organisés pour gérer l’insatiabilité du monstre à double mâchoire.
Surtout ne pas épuiser trop vite la réserve des victimes propitiatoires. Pour ce faire, ils avaient organisé la journée en « gongs », c'est-à-dire, en repas.
Depuis longtemps déjà, ils avaient institué le « gong unique », pris en fin de journée, lorsqu’un miracle s’était produit et que le python immonde avait décidé, en ce jour, d’être magnanime.
Puis, succéda l’ère du « gong alterné ». Dans les familles, une moitié de ses membres mangeait un jour, l’autre attendait le lendemain, et ainsi de suite.
C’est certain, le combat était dur, mais restait, somme toute loyal, tant que les coups étaient portés au-dessus de la ceinture.
Le Fonds Monétaire International applaudit devant tant de combativité. Il se félicita de la condition physique du Kinois, de son sens de l’adaptation, mais surtout, de sa faculté à encaisser les crochets de la bête à l’estomac.
Malgré de vains soubresauts, l’hydre infâme tenait le peuple en respect, avec violence, en contractant ses anneaux au fond des abdomens, prolongeant l’agonie, se vautrant chaque jour dans une victoire sans fin, semblable à l’éternité, obscure, secrète.
biographie : sur le blog de l'auteur
http://bofane.wifeo.com/biographie.php




Avis d'autre lecteurs :



Kinshasa, ancienne Léopoldville/Leopoldstad jusqu'en 1966, est la capitale et la plus grande ville de la République démocratique du Congo (RDC). Elle a à la fois le statut administratif de ville et de province.
Située sur la rive sud du fleuve Congo au niveau du Pool Malebo, elle fait face à la capitale de la République du Congo, Brazzaville. Elle est la ville - province la plus peuplée du pays avec une population de 8 096 254 habitants, et 9 343 416 pour l’agglomération Kinshasa-Brazzaville, elle est également la plus grande ville d'Afrique sub-saharienne et la deuxième agglomération d'Afrique sub-saharienne derrière celle de Lagos.

Le Congo, ou République du Congo, est un pays d'Afrique, situé à cheval sur l'équateur.
Ses voisins sont le Gabon, le Cameroun, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo - de laquelle il est séparé, en partie, par le fleuve Congo puis l'Oubangui - et le Cabinda (Angola).
Le Congo s’étend sur 1 300 km du nord au sud, de l’océan Atlantique à la frontière centrafricaine toujours le long du fleuve Congo.
Les ressources (eau, forêt, minerais) sont nombreuses mais mal exploitées en raison du faible peuplement.
Le Congo est parfois appelé Congo-Brazzaville pour éviter de le confondre avec la République démocratique du Congo aussi appelée Congo-Kinshasa. Le Congo a aussi été connu sous le nom de République populaire du Congo (1969-1992).
Culture
Le Congo, par la disposition même de son territoire, possède une grande variété de paysages naturels, des savanes de la plaine du Niari aux forêts inondées du Nord, de l'immense fleuve Congo aux montagnes escarpées et forestières du Mayombe et aux 170 km de plages de la côte atlantique.
La présence de nombreuses ethnies et jadis de diverses structures politiques (Empire Kongo, royaume de Loango, royaume Teke, chefferies du Nord) a doté le pays actuel d'une grande diversité de cultures traditionnelles et d'autant d'expressions artistiques anciennes : « fétiches à clous »Vili, statuettes bembe si expressives qui atteignent malgré leur petite taille à une sorte de monumentalité, masques étranges des Punu et des Kwele, reliquaires Kota, fétiches Teke, cimetières curieux, avec leurs tombeaux monumentaux, du pays Lari.
Il faut y ajouter un patrimoine architectural colonial considérable, que les Congolais redécouvrent aujourd'hui comme faisant partie de leur héritage historique (et de leur capital touristique) et restaurent plutôt bien, du moins à Brazzaville.
Le tourisme demeure pour l'instant au Congo une ressource très marginale, faute d'infrastructures d'accueil hors de Pointe-Noire et Brazzaville, et faute d'un réseau de communications suffisant et cohérent. Beaucoup de sites sont difficiles à atteindre et, paradoxalement, le Sud plus peuplé et plus développé est souvent le moins accessible : le massif du Chaillu par exemple est presque impossible à parcourir.
illustration : Galerie de Kalle Anka
*


Pour en savoir plus, lire la suite sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_du_Congo


Littérature africaine
Un aperçu sur :

3 commentaires:

GANGOUEUS a dit…

Bonjour,

Un petit mot pour vous remercier pour le lien vers mon blog.

Une toute petite correction j'aimerai préciser. In Koli Jean Bofane est un auteur de la RDC (Congo Kinshasa).

Le drapeau choisi est celui de Congo Brazza.

A bientôt,

mazel a dit…

oups ! comme quoi, il ne faut pas toujours se fier au wev ! je note et je corrigerai cet après-midi.

Grand merci de m'avoir avertie.

Je crois bien que je cite assez souvent ton blog... mais que veux-tu, c'est l'un de mes préférés !

bonne journée
peut-être à tout à l'heure sur babelio.
amitié

code d'einstein a dit…

Description : Mon Blog(fermaton.over-blog.com),No-20, THÉORÈME FIGARO. - La créativité c'est mathématiques.