Triste nouvelle que je lis dans Télérama... nous avons perdu un auteur de polars talentueux... Avec ses livres souvent prémonitoires, ce révolté autopsiait notre société, mettait en scène les éclopés de la vie.
L’écrivain et scénariste Thierry Jonquet, auteur notamment de “Mygale”, “Moloch”, “Ad vitam aeternam”, est mort hier soir, à Paris, des suites de problèmes cardiaques.
Il avait 55 ans.
Thierry Jonquet est décédé dimanche 9 août dans la soirée. Il avait 55 ans.
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Précision de http://www.livreshebdo.fr/les-gens/actualites/thierry-jonquet-disparait/3333.aspx
L’écrivain est mort à l’âge de 55 ans, dimanche 9 août. Connu pour ses romans policiers, il a aussi écrit pour la jeunesse, la bande dessinée et a publié une cinquantaine de nouvelles dans des magazines et des journaux.
Thierry Jonquet a soudainement disparu hier, dimanche 9 août, à l’hôpital de La Salpêtrière à Paris.
Né le 19 janvier 1954, il était une figure du nouveau polar français, dont les thèmes évoquaient la violence sociale.
Antinazi convaincu et communiste, tendance trotskiste, il avait milité au sein de Lutte Ouvrière, puis de la LCR et enfin Ras le front.
Il avait raconté cet engagement dans Rouge, c’est la vie (Le Seuil), où il écrit : « J'écris des romans noirs. Des intrigues où la haine, le désespoir se taillent la part du lion et n'en finissent plus de broyer de pauvres personnages auxquels je n'accorde aucune chance de salut. Chacun s'amuse comme il peut. »
Il découvrit le roman noir à l'âge de 23 ans.
Car Jonquet fut surtout reconnu comme un des grands écrivains de romans policiers français.
Dans Livres Hebdo 659, Jean-Maurice de Montrémy qualifiait son dernier livre, Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte (Le Seuil) de « suspens magistral », appuyé, comme toujours d’une solide « documentation sociale et politique ». Le Seuil rappelle que ce livre « lui valut la médaille d’honneur de la Licra en 2007, marque à la fois son évolution intellectuelle et l’affirmation de son immense talent de romancier. »
Auteur prolifique, il a écrit, sous son nom ou avec un pseudonyme – Ramon Mercader, Martin Eden, Phil Arthur…- une vingtaine de romans, une cinquantaine de nouvelles, cinq scénarios de bande dessinée (édités chez Casterman, avec Jean-Christophe Chauzy au dessin), des novélisations de scénarii et des récits.
Ses nouvelles sont parues dans des revues, des magazines (Télérama, Chorus…) et des journaux (Libération, Le Monde).
Des romans pour la jeunesse, on retiendra surtout la série des « Lapoigne » (Nathan et Gallimard).
Il s’était mis tardivement à l'écriture. Jonquet n'avait découvert l’univers du roman noir qu’en 1977.
Ergothérapeute dans un service de gériatrie, il ne publia son premier livre, Mémoire en cage (Albin Michel, dans la collection « Sanguine ») qu’en 1982.
Dès le deuxième livre, Mygale, en 1984, le "jeune" écrivain eut droit aux honneurs de la Série noire, chez Gallimard.
La bête et la belle, en 1985, fut même le numéro 2000 de la collection et reçu son premier trophée 813 du meilleur roman.
Avec Les orpailleurs (Gallimard) et Moloch (Gallimard), il avait reçu deux fois le prix mystère de la critique et le trophée 813 du meilleur roman.
Les Orpailleurs fut aussi couronné du Prix Polar Michel Lebrun.
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blog de l'auteur : http://thierry.jonquet.free.fr/
J'écris des romans noirs. Des intrigues où la haine, le désespoir se taillent la part du lion et n'en finissent plus de broyer de pauvres personnages auxquels je n'accorde aucune chance de salut. Chacun s'amuse comme il peut. Thierry Jonquet, Rouge c'est la vie, Le Seuil 1998.
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Le secret du rabbin
En ce jour de 1920, le très savoureux et peu orthodoxe rabbin Mordechai Hirshbaum vient de rendre son âme à Dieu.
Ses héritiers, des neveux dispersés dans le monde, sont instamment priés de se rendre en Pologne pour venir toucher leur part d'héritage.
Les quatre cousins sont aussi dissemblables par leur pays et leurs activités :
- Moses est gangster à New York,
- Léon est un distingué officier français,
- David, un bâtisseur du nouvel Israël
- et Rachel une Bolchevik passionnée.
Perplexes et ayant décidément d'autres chats à fouetter, aucun d'entre eux n'est vraiment pressé de recueillir l'héritage promis par l'ancêtre.
En cette période troublée, annonciatrice d'événements dramatiques, ils finiront quand même par se retrouver, après un véritable parcours du combattant, un soir, auprès de l'arbre où est enterré le trésor !
La petite histoire traversée par la grande, et avec quel génie ! Celui d'un véritable conteur. Ce roman noir, picaresque, émouvant, à l'humour ravageur, dévoile toute l'étendue du talent d'un des meilleurs auteurs du genre.
Moloch
Quand la juge d'instruction Nadia Lintz arrive sur les lieux du crime, elle s'attend à trouver une scène d'horreur, mais pas à ça : des cadavres d'enfants carbonisés, figés dans une dernière tentative désespérée d'échapper à la mort.
Que faisaient-ils, enfermés dans ce pavillon délabré ? Qui les y avait amenés ? Qui y a mis le feu ?
Ce qui ressemble à première vue à un règlement de compte entre trafiquants d'enfants, se révèle n'être qu'un maillon d'une affaire bien plus horrible.
Pour faire triompher la justice, Nadia devra plonger dans l'obscurité de l'âme humaine et contempler la face de Moloch.
Reprenant des personnages présents dans
Les Orpailleurs, Jonquet traite dans ce roman de l'un de ses thèmes favoris : la place réservée aux enfants dans notre société dite évoluée.
Grâce à une construction particulièrement resserrée, il passe de situation en situation, de personnage en personnage, pour révéler au fil des pages l'étendue des dégâts. Un roman qui fait froid dans le dos.
Mon vieux
Alain Colmont n’a jamais eu de chance dans la vie, mais s’est toujours courageusement battu contre les coups durs.
Son père l’ayant abandonné alors qu’il n’avait que sept ans, il s’est retrouvé seul avec une mère dépressive et incapable de subvenir à ses besoins. Il a donc été contraint de travailler très tôt.
Après s’être remis tout seul aux études, il est parvenu à décrocher tardivement une licence d’histoire qui lui a permis de devenir prof.
Et un jour, il écrit un roman, qui obtient un petit succès d’estime et est adapté à la télévision.
Alain Colmont se met alors à rêver d’une brillante carrière d’écrivain. Mais ces espoirs sont déçus, tous ses textes suivants étant des bides retentissants.
Il n’empêche : il est arrivé à échapper aux griffes de l’Education nationale en devenant scénariste pour la télévision.
Il écrit ce qu’on lui demande d’écrire : des histoires standards formatées pour séduire la fameuse ménagère de moins de cinquante ans.
Et puis, nouveau coup dur : sa fille Cécile, qu’il élève seul après le décès de sa femme, est victime d’un grave accident de scooter. Elle se réveille défigurée, à la suite d’un long coma. Le temps de la ré-éducation commence, ainsi que celui des opérations de chirurgie réparatrice, qui ne donnent pas entièrement satisfaction. Les économies d’Alain fondent rapidement.
Plus tard, le fisc réclame soudain à Alain Colmont une somme astronomique. Pourquoi ? Parce que son père, Mathieu Colmont, souffrant de la maladie d’Alzheimer, est hospitalisé depuis plus de deux ans dans un service de gériatrie, en banlieue parisienne !
L’article 205 du code civil stipule que les enfants doivent une « obligation alimentaire » à leurs parents.
Mathieu Colmont se trouve totalement démuni. La loi est la loi, il doit payer.Alain Colmont ne peut subvenir à la fois aux besoins de son père et offrir à sa fille une seconde chance de redémarrer dans la vie.
L’été 2003 arrive. La canicule fait périr des milliers de vieillards. Dans les hôpitaux, c’est la panique. Le personnel est débordé, la pagaille s’installe. Alors Alain Colmont se laisse peu à peu tenter par une bien mauvaise solution…
Comment un personnage, étouffé par les dépenses et les coups durs glisse lentement vers le crime.
Mygale
"Alex était parti, après avoir embrassé le vieux.
Huit jours plus tard, il attaquait la succursale du Crédit Agricole et tuait le flic.
Au village, tout le monde devait avoir gardé la page du journal, avec la photo d'Alex à la Une et celle du flic en famille."
Les Orpailleurs
Un corps massacré est découvert dans un immeuble délabré. Non identifiable.
On peut juste constater que c'est une jeune fille.
Détail macabre, la main droite a été coupée. Le travail est propre, le tueur s'y connaissait.
L'équipe de l'inspecteur divisionnaire Rovère est chargée de l'enquête.
Une semaine plus tard, un deuxième cadavre est retrouvé. C'est aussi une femme et le rituel de l'assassinat est le même. Dès lors, l'idée d'un meurtrier poursuivant une vengeance prend forme et commence la course contre la montre pour éviter d'autres morts.
Les meurtrissures du corps et de l'âme ne disparaissent jamais complètement ; Thierry Jonquet le prouve avec ce livre qui prend ses racines dans les pans obscurs de l'Histoire.
D'une impeccable construction, cet excellent roman présente tous les mécanismes d'une enquête judiciaire vue de l'intérieur. Cet ouvrage a obtenu le trophée 813 du meilleur roman noir français 1993.
2 commentaires:
Dommage que tu ne donnes pas ton avis personnel sur les romans que tu as lus de cet auteur.
Moi j'ai dévoré deux très courts et très noirs romans de lui : Mygale d'abord et ensuite La bête et la Belle. Ils sont excellents tous les deux mais j'ai tout de même une très nette préférence pour le second. Après avoir terminé "Cliente" hier, c'est encore un roman de Jonquet que j'ai glissé dans mon sac ce matin : Ad Vitam Aeternam, titre paradoxal après son décès
bonjour Cécile,
en effet je n'ai pas donné mon avis... l'info était toute fraiche et j'ai été surprise.
J'ai un faible pour "Le secret du rabbin"... qui ne manque pas d'humour d'ailleurs.
Le dernier lu est "moloch" qui m'a vraiment impressionné.
Enfin bref j'aime ! mais dire pourquoi, je n'en sais trop rien. J'ai parfois des coups de coeur pour un auteur...
Pour "Ad Vitam Aeternam", à vrai dire, je ne m'en souviens pas vraiment, donc une relecture prévue.
comme en ce moment avec Loevenbruck, et pourtant je ne suis pas fan du genre thriller-ésotérique.
bonne journée
bonne lecture
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