jeudi 19 novembre 2009

Arkadi et Gueorgui Vainer - La corde et la pierre


je suis en train de vider un ancien blog... alors souvenir de lecture...

Assez impressionnant ce roman. Polar russe mais aussi, étude de la société russe des années 70...
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illustration : "la liseuse" d’Anthony Christian
Moscou 1978.
L’URSS nage en plein marasme économique et social. La misère galope dans les rues pouilleuses de la capitale soviétique, comme si le chaos général n’était plus qu’une question de secondes…
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Aliocha Epantchine, fils d’un général sanguinaire qui officiait sous Staline, vivote misérablement dans un appartement communautaire.
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Ecrivain censuré, alcoolique notoire, Aliocha est le canard boiteux de la famille, comparé à ses frères qui travaillent dans les organismes d’Etat.
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Il n’y a bien que l’amour passionné qu’il éprouve pour Ula, une belle étudiante juive, qui le tient encore en vie. Mais pour combien de temps ?
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Ula est en effet hantée par un souvenir sanglant : l’assassinat en 1948, à Vilnius, de son père, artiste de renom exécuté par les hommes de Beria.
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Signe avant-coureur des grandes purges antisémites qui durèrent jusqu’à la mort du ” Petit Père des Peuples “.
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Pour l’amour d’Ula, Aliocha décide de se rendre dans les pays Baltes pour découvrir l’identité des tueurs. Mais, sans le savoir, il réveille les monstres endormis de l’ère stalinienne. La machine répressive se met alors en marche, prête à broyer des vies, des amours, des espoirs, comme elle le fait depuis des décennies…
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Très bonne critique de Sahkti ,trouvée sur "Critiques libres"
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Russie de plomb

Ames sensibles et moral bas, s'abstenir!
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Voilà un roman sombre, noir, déprimant par moment tant l'injustice et la révolte guettent.
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Pas étonnant que les frères Vaïner aient caché ce manuscrit pendant de nombreuses années, par peur de la censure et des représailles! Car c'est tout un système qui est ici montré du doigt et dénoncé, celui de la Russie des années 70, des années de plomb.
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Sous prétexte de raconter l'enquête menée par Aliocha, un auteur poivrot et rejeté qui cherche à démêler l'intrigue de la mort du père de sa petite amie Ula, A. et G.Vaïner plongent dans le système étouffant et ô combien puissant de la bureaucratie soviétique.
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Comment humilier les gens, les réduire au silence, semer le néant dans la vie des uns et des autres au gré des humeurs politiques, comment passer du goulag à l'hôpital psychiatrique, comment surveiller et contrôler la culture, bref comment asservir tout un peuple.
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Les frères Vaîner ne mènent pas ici une dénonciation militante et virulente, ce n'est pas un essai ou un pamphlet, mais bien un roman policier, moyen détourné mais tout aussi efficace d'aborder la réalité par le biais d'une histoire connexe.
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L'occasion de glisser ça et là des détails, des morceaux d'Histoire et de vérité, de poser un contexte qui finit par s'insinuer peu à peu dans la tête du lecteur, au point de le dégoûter de ce régime totalitaire, de cette pensée antisémite et de ce pouvoir destructeur.
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Heureusement, quelque part, que l'écriture des Vaïner est un brin emportée et lyrique, ça permet de respirer et de prendre un certain recul face au contenu, très noir, de l'ensemble.
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La réédition par Gallimard/Folio Policier de ce roman initialement publié par Gallimard/Série Noire est bienvenue, car elle remet en lumière cet ouvrage qui dénonce une certaine Russie, dont les critères démocratiques ont certes évolué mais pas encore tant que cela.
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L'Union soviétique d'hier n'est bien sûr par la Russie d'aujourd'hui (quoique dans les coulisses, certaines méthodes ont toujours cours), mais des pays voisins, inspirés des exemples du passé, auraient tendance à reproduire quelques erreurs néfastes... -
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