vendredi 6 novembre 2009

Les éditions Verdier font part du décès de Pierre Silvain,


souvenir de lecture... j'avais bien aimé son roman sur le colporteur de livres...
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illustration : "la liseuse" d’Andrew Paquette
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Né au Maroc, de parents d’origine limousine. Enfance passée dans le bled, études secondaires à Casablanca, école des Beaux-Arts, puis études de droit à Rabat, à l’issue desquelles il entre dans l’administration des Finances où il fait carrière, parallèlement à ses activités littéraires.
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Quitte le Maroc après l’indépendance de ce pays, en poste à Sarrebruck, avant son affectation à Paris.
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Collaboration à la revue Réalités secrètes, dirigée par René Rougerie et Marcel Béalu.
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Voyage en Chine, l’année précédant la Révolution Culturelle.
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Aux États-Unis, rencontre Carson McCullers, à laquelle il dédie un de ses livres, La Fenêtre.
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Nombreux autres voyages, notamment au Japon, en URSS, au Proche-Orient, en Ouzbékistan, en Europe Centrale.
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A été membre du PEN-Club. Membre fondateur de l’Association Noésis, pour le développement des cultures francophones et hispanophones.
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Pierre Silvain est mort le 30 octobre 2009 à Paris.
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Nul ne sait d’où vient cet homme qui marche – Julien Letrouvé, colporteur, fut un enfant abandonné – nul ne sait non plus où il va, sinon, peut-être, rejoindre, au bout de son errance, une femme qui l’attend dans son imagination égarée : celle qui lit les livres.
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Car la première des deux rencontres éblouissantes et décisives qui nous sont contées dans le récit, est celle d’une paysanne dont la voix et la présence, dans la chaleur souterraine de l’écreigne, enchanta les veillées de son enfance tandis qu’elle faisait la lecture, à une petite assemblée de femmes occupées à filer, des petits livres de colportage de la Bibliothèque bleue.
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La seconde aura lieu près du champ de bataille de Valmy – dans les premières années de la République, menacée sur ses frontières, et déjà saisie par le sombre pressentiment de la Terreur –, cette fois avec un jeune homme, déserteur de l’armée prussienne. Elle fera basculer son destin
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Son roman Les Couleurs de l’hiver sera publié au mois de mars 2010.
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Assise devant la mer est paru en septembre 2009.
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Un homme se souvient de son enfance marocaine, tout entière captive de l’amour inquiet et jaloux qu’il voue à sa mère – elle-même séparée de son fils par ses rêves mélancoliques, ses attentes vides, et plus tard les secrets de l’adolescent.
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Désir, effroi, tendresse et provocation peuplent moins leurs paroles que leurs silences, car rien de ce qui constitue leur jeu, dans ce qu’il pourrait avoir de trouble et de cruel, ne saurait passer par le langage.
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Mais – complicité des enfances qui ignorent l’espace et les générations – c’est auprès de la fillette que fut sa mère, dans les étés de La Geneytouse, qu’il trouve grâce et apaisement.
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Le trajet amont dans le temps que le narrateur accomplit cette fois face à l’irréversible – sa mère vient de s’éteindre – opère paradoxalement en lui une métamorphose qui lui permet de dire je, tu – nous enfin réunis, confondus.
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Après Julien Letrouvé colporteur, Pierre Silvain nous livre ici, dans une langue très maîtrisée, un récit construit sur une étrange et fascinante mise en abyme.
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