dimanche 15 novembre 2009

curiosité de lecture : le martinet

en lisant la presse ce matin... lu que La députée UMP Edwige Antier souhaite l'interdiction de la fessée...
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je ne sais pas pour vous, mais chez moi c'était une pratique assez courante, d'ailleurs nous avons toujours eu un martinet à la maison...
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que j'avais essayé de faire disparaître dans le sac d'une cliente de l'épicerie que tenait ma mère...
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et cette conne de cliente l'a ramené !
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ça m'a bien évidement rappeler des lectures d'enfance... quand aux lectures pour adultes sur le sujet, hormis Pétrone, je n'en vois pas d'autres.
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Un bon petit Diable de Comtesse de Ségur
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Dans une petite ville d'Ecosse, Charles habite chez sa cousine, la vieille madame Mac'Miche, détestable et avare.
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Avec l'aide de Betty, la bonne, il résiste à la méchante femme. Il lui faudra ensuite se frotter à la rude discipline de la pension des frères Old Nick.
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A force de jouer des tours, Charles pourrait bien devenir un terrible garnement. A moins que l'influence de Juliette, la petite aveugle, ne l'aide à devenir plus raisonnable.
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On retrouve dans ce roman les thèmes chers à la comtesse, maltraitance de l'enfance, nécessité de mélanger affection et morale chrétienne dans l'éducation des enfants. Elle s'est peut-être inspirée de Charles Dickens, dont le roman, David Copperfield (1850) met également en scène une servante, Peggoty, qui protège David des mauvais traitements de son beau père.
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Il semble néanmoins qu'ils ne soient pas la source d'inspiration du personnage de Juliette l'aveugle. Celle-ci ressemble plutôt à l'archétype de l'aveugle dans les mélodrames tel que Charles Chaplin le reprendra dans Les Lumières de la ville.
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Comme François de Nancé, le héros de François le bossu, elle accepte son handicap avec une résignation toute chrétienne.
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La fessée est un châtiment corporel consistant en une série de claques ou de coups administrés sur les fesses.
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Elle est essentiellement infligée aux enfants ainsi qu'aux adolescents. Cette pratique est interdite dans les établissements d'enseignement de nombreux pays.
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La fessée est également une pratique érotique, parfois classée dans les
perversions sexuelles, qui relève du sado-masochisme.
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Divers instruments ont été ou sont employés pour administrer une fessée :
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canne souple en rotin (le célèbre caning tel qu'il se pratiquait dans les écoles du Royaume-Uni et dans de nombreux pays du Commonwealth).
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Le caning scolaire et judiciaire existe toujours dans certains pays d'Asie comme Singapour et la Malaisie.
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ceinture (ou ceinturon)
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chicotte (fouet en cuir utilisé dans certains pays d'Afrique comme le Congo et le Bénin)
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escourgées (sorte de verges) : (ce mot n'est plus utilisé en français mais a donné naissance au mot anglais scourge)
férule
(illustration : La classe d’une école de village en Suisse, en 1848 (peinture d’Albert Anker, 1896)
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martinet (sorte de petit fouet constitué de plusieurs lanières de cuir rattachées à un manche, naguère très utilisé en France)
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paddle. Cette pratique est illustrée dans le film Le Cercle des poètes disparus (1989).
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tawse (sorte de bande de cuir épais fendue sur la moitié de la longueur en deux ou trois lanières, qui était naguère utilisée en Écosse)
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La fessée dans la littérature

Jean-Jacques Rousseau évoque au premier livre des Confessions la fessée que lui a donnée mademoiselle Lambercier et qui eut l'effet inattendu de lui faire découvrir l'érotisme.
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Comme elle s'était bien gardée de recommencer, vu le résultat obtenu, il chercha ailleurs et, rapporte-t-il, « j'avais avec une petite mademoiselle Goton des tête-à-tête assez courts, mais assez vifs, dans lesquels elle daignait faire la maîtresse d'école ».
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Rousseau se sert d'allusions mais n'emploie jamais le mot « fessée » ; avec mademoiselle Lambercier c'était « la punition des enfants ».
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Cet épisode a fait dire à Jean Cocteau : « Le derrière de Rousseau est-il le soleil de Freud qui se lève ? J'y verrais plutôt le clair de lune romantique ».
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Dans les années 1950, la littérature enfantine n'hésitait pas à faire rire ses lecteurs aux dépens d'un garnement ou d'une chipie recevant une fessée bien méritée. Les histoires de
Donald Duck datant de cette époque se terminent souvent par une vignette montrant l'irascible canard en train d'administrer une fessée à ses neveux (qui l'ont d'ailleurs bien méritée) ou courant après eux dans ce but.
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Une histoire drôle peut même se terminer par une fessée, comme dans un épisode de Sylvie paru dans les Bonnes Soirées.
Représentations de la fessée
dans l'art

La fessée est également une pratique érotique, et l'on en trouve la trace dès l'Antiquité (on peut citer à titre d'exemple des fresques retrouvées à
Pompéi
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et des romans comme le Satyricon de Pétrone). La fessée est souvent présente dans la littérature érotique.
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La fessée est représentée dans une célèbre toile de Max Ernst, la Vierge corrigeant l'Enfant Jésus (1926).
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La Fessée est un film érotique français de Claude Bernard-Aubert (avec Antoine Fontaine, Emmanuelle Parèze, Danielle Altenburger, Marie-Christine Chireix, Massimo Del Arte...) sous-titré La fessée ou les mémoires de Monsieur Léon, Maître-Fesseur (1976).
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La fessée est une chanson de Georges Brassens (1966).
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Une des œuvres écrites de Pierre Gripari s'intitule Le marchand de fessées.
Dans cette histoire, un marchand de fessées a la malchance de vivre dans un pays où les enfants ne font jamais de bêtises et où les parents ne punissent jamais leur enfants. Ce qui fait que personne ne lui achète jamais une seule fessée. Pour autant, le marchand de fessées n'a pas dit son dernier mot.
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Milo Manara a illustré une œuvre érotique de Jean-Pierre Enard, intitulée L'Art de la fessée.
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En 1934,
Walter Lantz réalisa un dessin animé intitulé Le Renard et le Lapin.
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Dans ce dessin animé, un lapereau quitte son école et se retrouve aux prises avec un renard. Seule l'intervention de sa mère lui sauvera la vie.
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À la fin, la mère et son fils tous deux assis sur un tronc d'arbre abattu rient en voyant le renard s'enfuir poursuivi par un essaim d'abeilles. Mais au bout d'un moment, les sourcils froncés, se souvenant de la désobéissance de son fils, la mère le couche sur ses genoux sans crier gare, déboutonne sa salopette rouge et lui donne une fessée pour le punir de sa mauvaise conduite.
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Eloge de la fessée de Jacques Serguine
Ce petit manuel vise à une réhabilitation de la fessée qui a le privilège magique de demeurer un des gestes de l'amour. A partir d'une expérience personnelle, Jacques Serguine échafaude une théorie brillante et, en trois chapitres d'une grande précision, raconte pourquoi, quand et comment il pratique la fessée quand il est amoureux. Il fait ainsi une belle démonstration du plaisir, de l'enseignement et du rapprochement qu'un homme et une femme peuvent tirer de son usage. L'Éloge de la fessée est le contraire d'un livre sadique. Il est même attendrissant.

6 commentaires:

A_girl_from_earth a dit…

Très intéressant et original comme sujet! La fessée dans la littérature est un thème sur lequel on se penche en effet assez rarement.:) J'avoue n'avoir jamais connu le martinet enfant, tout au plus ai-je eu droit à une fessée mais qui ne m'a pas traumatisée - et une gifle.:) Ton anecdote avec la cliente de l'épicerie m'a beaucoup amusée!

Alcapone a dit…

Bonsoir Mazel!
Encore une fois, voici une curiosité de lecture très interessante. Dans le registre, on pourrait peut être aussi citer Sade avec sa "Philiosophie dans le boudoir" ou encore "Là-Bas" de Huysmans. En cherchant bien, je suis sûre qu’on pourrait en trouver bien plus... Merci en tous cas pour ce sujet, qui, sans conteste, m’a rappelé quelques vieux souvenirs d’enfance...

Michel a dit…

Enfant je coupait les lanières... mais pas les mains :-((

mazel a dit…

salut Michel,
oui, nous l'avons fait également avec mon frère et ma soeur... mais le résultat était toujours l'achat d'un nouveau martinet... qui servait immédiatement !
bonne journée, bises

mazel a dit…

oui, Sade bien sûr, j'y avais songé un moment, mais comme j'ai déjà fait un article sur la littérature érotique... et que là normalement j'étais partie sur la littérature enfantine... pas retenu.

et puis bien envie de revoir la littérature colonialiste... ainsi que celle sur l'esclavage... plus tard. Donc, mis aussi de côté pour plus tard.

Pour "la-bas" de Huysmans, il faut que je le relise... quelques trous dans ma mémoire.

bises Alcapone, passe une bonne journée

mazel a dit…

salut Girl,
Je pense que le martinet est un objet de collection maintenant... enfin je l'espère.

mais c'est vrai qu'a l'époque de mes parents, bien rare était les familles qui n'en possédait pas un...

pas que nous ayons été battu plus que d'autre, mais il a tout de même servit !

Nous avions des voisins qui eux n'en possèdaient pas... mais pour la moindre bétise, le père dégrafait sa ceinture... et nous trouvions ça terrible (en plus il frappait côté boucle !)...

bon, pour revenir chez moi, ma mère possède toujours le dernier acheter, un peu déplumé d'ailleurs, plus que trois lanières...