Déjà lu un livre d'Everett, et franchement très bon...
Polar ? Science-fiction ? Essai littéraire ? Tout à la fois, évidemment, puisque l'auteur n'est autre que l'irrévérencieux Percival Everett.
Glyphe, son quatrième roman traduit, est un pot-pourri, loufoque, hilarant, des genres littéraires.
L'écrivain américain, professeur de philosophie, spécialiste de Jacques Derrida, a l'imagination débridée.
Il met en scène ici un bébé dont le QI défie la raison. Ralph est le fils d'un universitaire médiocre et d'une artiste peintre refoulée. Il porte encore des couches, mais a tout lu, tout compris, sciences dures, philosophie, littérature.
Vite lassé par l'imposture ambiante, le bébé décide de ne plus parler. Il raconte par écrit sa pauvre existence de super génie. Il brosse le portrait des incapables qui l'entourent – sa famille, les amis de celle-ci, dont Roland Barthes, rien qu'un alcoolo lubrique.
Très vite aussi, Ralph est la convoitise de médecins peu scrupuleux...
Socio-philosophico-sarcastique, tel serait le mot à inventer pour qualifier ce Glyphe, objet non identifiable, à moins qu'il ne soit que pur roman, pure liberté.
Percival Everett profite de son bébé pour titiller les convenances, tous les poncifs politiquement et littérairement corrects.
Il épingle l'ignorance (ou la fausse érudition), la concupiscence, et emprunte à l'essai sa forme scientifique avec de nombreuses notes abracadabrantes. Glyphe, ou le roman de l'impertinence...
Martine LavalTelerama n° 3072 - 29 novembre 2008
Martine LavalTelerama n° 3072 - 29 novembre 2008
2 commentaires:
J'avais apprécié le style original de Percival Everett lors de la lecture d'"Effacement". A la lecture de ton billet, j'ai le sentiment que "Glyphe" est du même acabit.
Bonjour Julien,
j'ai aimé "Désert américain" et j'avais l'intention de lire autre chose d'Everett, mais oublié en cours de route.
Je vais donc réparé cet oubli dès que possible...
bonne journée
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