lundi 7 septembre 2009

Vincent Wackenheim - La revanche des otaries,

Presque terminé... un livre découvert grace à Laurence (http://www.biblioblog.fr/post/2009/08/28/La-revanche-des-otaries-Vincent-Wackenheim)
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reprise de lecture là où madame Noé prend les choses en main... ça va être saignant...


« Le Noé, il est là,
il attend que ça se passe.
Placide et béat »



Que savons-nous de l'auteur ? Peu de chose en fait... hormis qu'il est à l'origine de la recontre Angot/doc gyneco ?
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Livres-hebdo dans un article publié le 26 avril 2006 par mc nous dit :

Vincent Wackenheim directeur général du Rocher... L'ancien directeur général de Prat vient d'être nommé directeur général aux Editions du Rocher. Pascal Galodé, qui cumulait la double fonction de directeur littéraire du Rocher et de directeur de Privat (filiale du groupe Pierre Fabre), quitte l'entreprise.
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En tant qu'auteur, Vincent Wackenheim a publié Le voyage en Allemagne(Deyrolle, 1996), La perte d'une chance (Le Temps qu'il fait, 2003) et Coucou (Dilettante, 2005).
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Né à Strasbourg en 1959, Vincent Wackenheim, vivant à Paris, déplore de n’avoir pu prendre part au Déluge, ni rencontré Noé.
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Insuffisamment zoophile, ce qu’il regrette, il ne sait rien de prouvé ni des otaries, ni des termites, ni même des dinoZores.
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Un faussaire ? Peut-être.
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Mais il connaît un peu Dieu, un peu le Diable, et donc le monde où nous vivons.
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Rassurés ? Voire !
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La revanche des otaries
Couverture réalisée par Le Dilettante avec les images de Gyldendalske, Nordisk Forlag A/S, Danemark.


De la bouche des enfants sortent souvent, outre des vérités toutes crues, moult questions d’une évidence abyssale.

Les éluder serait criminel ; y répondre est suicidaire.

« Y avait-il des dinosaures dans l’Arche de Noé ? », a un jour demandé à son père la jeune Constance Wackenheim, songeant sans doute que son père datait du carbonifère, en tout cas était du bois dont on fait les radeaux diluviens.
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Le très digne Vincent Wackenheim, dos collé au mur des siècles, a donc élaboré une réponse, que voici.
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Panique à bord, donc, ce matin où Noé, qui a pourtant purgé la « zoopole » de tout un fourniment de bizarreries à pattes, à poil ou à cornes, se retrouve avec une paire de dinos bien calés au fond de l’Arche.
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Soucieux d’ordre à bord, il mande le tout-Arche qui décide de faire avec ; une règle de « savoir-survivre » est par ailleurs édictée qui veut qu’on ne se mange pas entre membres, que si, eh bien on est mis à l’eau, les victimes d’amputation génitale seront extradées (pour les inutiles, il n’y a que la baille qui aille) ; la direction s’engage par ailleurs à nourrir les embarqués.
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Mais point sournoisement dans l’encéphale pourtant ténu des dignes animaux l’idée que les dinos ne sont sans doute pas si bêtes que ça, donc mangeables à souhait. Par ailleurs, ils pèsent, et lourd, et dans un milieu où la fornication a été réduite à rien pour cause d’espace restreint. Mais foin du décret, crie la faune, et bête à deux dos de se multiplier.
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Peu à peu, la croisière abuse : désordre s’installe et Noé se voit menacé. Il était temps que la très cornarde madame Noé prenne les choses en main et fasse disparaître les bêtes écailleuses dont la volatilisation génère illico trouble et révolte parmi la gent (plus très gente) animale : dégâts, déprédations. Arche alors de sombrer et Noé de périr.
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Reste Dieu (comme toujours) dont les jours sont comptés. Je ne sais pas si Constance va apprécier. Ci-joint, donc, la Genèse version Wackenheim, associative et entropique. Et maintenant, en avant, Arche !

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Extrait


« Mon Noé, il a le nez dans le guidon, une main sur le téton de Miss Monde, et la tête prise par les dinoZores. Ça l’aveugle, c’est chiffon rouge et compagnie – l’effet jupette. Suivez le film, ça va valser et durement. »


Morceau choisi


Ce n'était quand même pas sa faute à lui si cette humanité s'était mise à dérailler grave, l'alcool, le cholestérol, les OGM, le loto, la Bourse qui fait du Yo-Yo, la météo pareil, etj'en passe, les téléphones portables, le Wi-Fi, les politicards véreux et rien à la télé.

Tout ce qui avait poussé le Patron à prendre des mesures pour le moins radicales.

Résultat, il se trouvait, lui, Noé, à son âge, sur cette barcasse puante, à contenir [... ]

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illustration :L'Arche de Noé par le Französischer Meister (« le maître Français »), Magyar Szépmüvészeti Múzeum, Budapest. c.1675.

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petite citation...


après le meurtre de la belle otarie... p. 133 :
"le phoque, qui ne manquait jamais d'assiter aux obsèques de sa parentèle, même lointaine, fit remarquer à son voisin que ce qui était bien avec les enterrements, contrairement aux mariages, c'est qu'on y connaît tout le monde, c'est tout de même plus facile pour la conversation".

en épluchant le web...



Soucieux d’ordre à bord, il mande le tout-Arche qui décide de faire avec ; une règle de « savoir-survivre » est par ailleurs édictée qui veut qu’on ne se mange pas entre membres, que si, eh bien on est mis à l’eau, les victimes d’amputation génitale seront extradées (pour les inutiles, il n’y a que la baille qui aille) ; la direction s’engage par ailleurs à nourrir les embarqués.
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Mais point sournoisement dans l’encéphale pourtant ténu des dignes animaux l’idée que les dinos ne sont sans doute pas si bêtes que ça, donc mangeables à souhait.
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Par ailleurs, ils pèsent, et lourd, et dans un milieu où la fornication a été réduite à rien pour cause d’espace restreint. Mais foin du décret, crie la faune, et bête à deux dos de se multiplier. Peu à peu, la croisière abuse : désordre s’installe et Noé se voit menacé.
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Il était temps que la très cornarde madame Noé prenne les choses en main et fasse disparaître les bêtes écailleuses dont la volatilisation génère illico trouble et révolte parmi la gent (plus très gente) animale : dégâts, déprédations.
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Arche alors de sombrer et Noé de périr. Reste Dieu (comme toujours) dont les jours sont Nous vous avons invité à naviguer sur l’océan des publications de la rentrée littéraire et vous nous avez suivis. Mais s’il est un îlot, un mont Ararat sur lequel l’entièreté de la rédaction a aimé se reposer, c’est bien « La revanche des otaries » de Vincent Wackenheim (Le Dilettante).

http://chroniquesdelarentreelitteraire.com/2009/08/interviews-d-auteurs/vincent-wackenheim-la-revanche-des-otaries Alors, nous avons poursuivi le plaisir de la lecture par une rencontre avec son auteur. Trois heures de délicieuse discussion avec un homme charmant, aussi drôle dans la vie que dans la prose, et en prime, il s’est embarqué dans notre vaisseau.

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Au cours de nos digressions, nous avons parlé littérature, religion, religion de la littérature, de son ancien métier de libraire, de l’avenir de l’édition et… de Christine Angot et Doc Gynéco (n’y voir aucune causalité) car il est celui qui a cédé à Bruno en favorisant la rencontre avec Christine (c’est dire ce que la rentrée littéraire dernière doit à Vincent Wackenheim !)
Nous vous offrons de partager quelques instants de ce dialogue.

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Votre livre est dédié à votre fille, n’est-elle pas un peu jeune pour avoir inspiré cette vision peu orthodoxe ?


Ma fille est bien à l’origine de ce livre. C’est à 9 ans, revenant du catéchisme, qu’elle m’a interpellé sur ce passage de la Bible, l’Arche de Noé, et particulièrement sur la présence éventuelle de dinosaures à bord. C’est une question plus ardue qu’on pense, et qui a été le point de départ de mon livre. Ne sachant pas quoi répondre, je me suis interrogé, revenant d’abord au texte de la Genèse qui ne donne pas beaucoup de pistes. Ensuite, j’ai pensé aux nombreuses représentations qui en ont été faites.

Dans l’imaginaire, il faut reconnaître que c’est toujours un peu « Martine et l’Arche de Noé ».
*On ne nous montre jamais les animaux moches, au contraire ce sont toujours les animaux dits nobles, genre « lions majestueux » qui grimpent sur la passerelle, sous l’œil paternaliste de Noé.
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L’univers du Déluge m’est apparu finalement très convenu, très politiquement correct. Il m’est alors venu l’envie d’introduire une part de chaos dans l’Arche, sous la forme d’un couple de dinosaures, puisque dans ce navire tout va par deux.
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Du coup, la navigation va contre le dogme, et au devant de gros problèmes, Darwin oblige. Dans une structure aussi figée que l’Arche de Noé, introduire une part de chaos, touchant aux deux éléments essentiels de cet univers fermé, le sexe et la nourriture, puis regarder comment se répand la pagaille : voilà qui était amusant.
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J’ai quand même dû lire les théories existantes et sur l’Arche de Noé et sur la disparition des dinosaures ! Savez-vous qu’il y a des gens qui cherchent encore les restes de l’Arche ? C’est dire l’utilité de ce livre.
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Pourquoi avoir choisi d’écrire « dinoZores » avec ce Z majuscule ?
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C’est un peu comme Mickey. Il a une forme humaine, mais pour ne pas inquiéter les enfants, sa main n’a que quatre doigts. Je ne voulais ni d’anthropomorphisme, ni d’animalocentrisme. Avec ce « Z », la symétrie qu’il crée dans le mot adoucit quelque peu la peur du dinosaure.
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Votre Noé est un sacré personnage ! Un anti-héros en tout cas, et loin de son image biblique. Lâche face à sa femme, arbitraire dans ses décisions, pas très catholique en fait ! Pire, il est zoophile …avec une prédilection pour les otaries. Pourquoi elles ?
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Saviez-vous que l’on dit une otarie, même lorsqu’il s’agit d’un mâle ? Le sexe des animaux est aussi une question d’enfant à laquelle il est impossible de répondre. Une girafe, mais un rhinocéros. Pourquoi diable ?
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Bien sûr, nous pouvons joyeusement user de l’étymologie. Mais au tout début, avant le sanskrit, qu’est-ce qui fait que le mot otarie sera féminin ? Mystère. Pourquoi une porte et un tabouret ?
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Evidemment, certaines langues n’ont pas ce problème du genre. Le français par ailleurs regorge d’expressions familières piquantes, de formules étonnantes sur les animaux, souvent d’usage oral, et donc en posant en supplément la question du genre, je trouvais intéressant d’introduire ces expressions, et les otaries, dans mon livre.
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Et si l’otarie répondait à ma problématique du genre… en plus elle a les yeux doux, et le pelage séduisant. De plus, de nombreux animaux sont, en la matière, très évocateurs : la loutre, la marmotte et la belette furent en peinture de très joyeuses allusions sexuelles.
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Vous remarquerez que si Noé est zoophile, je n’ai pas laissé de côté la question de l’homosexualité animale : est-ce que les mammifères supérieurs les plus proches de nous ont des tendances homosexuelles ? Et comme dans l’Arche, tous venaient en couple, dans le but certes de se reproduire, je pouvais m’interroger.
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Parlant de couple, Madame Noé est une stratège-mégère peu sympathique. Elle oscille entre Lilith, Hillary Clinton et la Mère Denis.
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Est-ce Noé ou l’auteur qui est misogyne ?
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Noé est ailleurs. Il n’est pas dans ce genre d’interrogations. La noirceur de Madame Noé le dépasse. Elle fait preuve d’une belle réussite : c’est autour de sa personne que se forge un accord entre Dieu et le Diable. Dieu a choisi Noé à contrecœur, il le savait incapable.
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Le vrai pouvoir, la supervision, c’est Madame Noé qui l’exerce. Dieu n’a pourtant pas pensé que la dame s’acoquinerait avec le Diable. Mais Madame Noé est un personnage moderne. Il y a des femmes terrifiantes dans notre vie quotidienne, le saviez-vous ?
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Lors de mon départ d’une maison d’édition juridique, j’ai rendu un sincère hommage aux femmes, à mes collaboratrices. Elles sont capables d’un travail d’une excellente qualité, souvent bien meilleur que celui des hommes.
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Mais lorsqu’elles entrent dans des systèmes de pouvoir, elles deviennent pires que les hommes, tout aussi redoutables, et effrayantes ! Personne n’avait jusque-là imaginé d’épouse à Noé. La Bible est assez misogyne. J’ai trouvé intéressant de lui donner sa vraie place dans l’histoire du Déluge.
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A Chroniques de la rentrée littéraire, nous sommes de grands amateurs d’un autre auteur qui a beaucoup utilisé ses interrogations sur le monde animal, Alexandre Vialatte. Il y a des similitudes dans votre écriture, notamment dans le détournement du langage familier, l’absurde que vous mettez en scène.
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Vialatte, évidement. J’ai toujours un projet pour les années à venir d’une édition illustrée des « Fruits du Congo ». Dans la même eau de l’absurde, et d’une certaine mélancolie, j’aime aussi Bove, ou Gadenne, ou Guérin. Ce sont des auteurs qui ne donnent pas beaucoup de place à l’espoir, mais ce sont des pessimistes joyeux – joyeusement lucides. C’est la seule position qui me semble honnête et défendable.
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Ceci étant, pour vivre tous les jours, l’espoir est assez nécessaire. Ces auteurs font preuve à leur manière d’une certaine truculence. Cette gourmandise des mots découle parfois d’un rapport à la nourriture qui m’intéresse. Actuellement, nous sommes pris dans un flux inverse. Bientôt nous décorerons ceux qui mangent des salsifis ! Tout est devenu si normatif. Nous sommes pourtant encore maîtres de nos choix ! Il faut lutter contre les tristes !
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Il y a dans « La revanche des otaries » une vraie analyse politique de l’apparition du chaos, de l’anarchie dans un système établi.
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J’aime l’idée d’introduire un petit grain de chaos dans un univers figé. J’ai dans l’idée un dialogue entre De Gaulle et sa femme dans l’hélicoptère qui les conduit à Baden Baden en 1968. J’aime ajouter une petite touche gaullienne dans un ensemble à dominante trotskyste comme l’est mon arche, et voir ce qui peut se passer en cas de révolution.
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Vous êtes croyant ?
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Plutôt de tendance jésuite, donc oui.
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En Dieu donc, mais vous donnez aussi une grande place au Diable, qui semble tout diriger dans votre livre.
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Les cathares prétendaient que le monde tel que nous le connaissons avait été créé par le Diable, car jamais Dieu n’aurait pu concevoir quelque chose d’aussi lamentable. Théologiquement parlant, il ne peut pas y avoir de principe divin sans principe malin. Donc, oui j’y crois, au malin. Bien obligé.
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En plus, sans le Diable, il n’y aurait pas de piment dans notre vie.
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Avant l’apparition des dinosaures, on s’ennuyait ferme dans l’Arche. J’ai réécrit à trois reprises le dialogue entre Dieu et le Diable à la demande de mon éditeur insatisfait (le Dilettante). Et chaque fois qu’il m’appelait pour me faire part de sa déception, je me trouvais dans état de moindre résistance, voire de faiblesse ! Si ce n’est pas une preuve !
Finalement, votre fille a lu « La revanche des otaries » ?
Mes deux filles, celle de 10 ans et celle de 13 ans l’ont lu. Il ne me reste plus qu’à le faire lire à ma belle-mère …-Interview réalisée par Abeline Majorel

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Presse

Critique "Evènements" par Mikaël Demets

Thriller animalier, film catastrophe, fable cruelle pour adultes, parabole sociale délirante :
'La Revanche des otaries', comme l'histoire de l'Arche de Noé, dont il s'inspire, multiplie les niveaux de lecture.
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Loin de la geste biblique nimbée d'une aura mythique, l'intrigue et les personnages agissent comme des enfants capricieux et crétins, dont l'irresponsabilité jure avec l'importance de leur mission : sauver la création, rien que ça.
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A leur tête, un Noé zoophile qui se revendique de Churchill et de de Gaulle mais s'avère incapable de résister aux charmes des jeunes otaries. C'est pourtant à lui qu'on a confié notre précieuse humanité, "comme si l'on avait confié le cirque Pinder à un séminariste"…
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Tout ça pour servir un Dieu qui parle comme dans un album de Tintin, à base de "Saperlipopette" et autres vulgarités dépassées, et qui ne mérite peut-être pas toute la confiance qu'on lui accorde aveuglément.
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Avec une légèreté et un humour piquant, exalté par une écriture délicieusement implicite dont la tenue s'effrite toujours à bon escient (par exemple pour placer un "de ouf" hilarant), Vincent Wackenheim trouve un ton versatile, sans jamais sombrer dans la bête provocation antireligieuse.
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Il échafaude un récit absurde, un grand n'importe quoi finement mis en scène. Chez lui, l'anachronisme est élevé au rang de sport national, la fantaisie enfantine au rang de loi, l'absurdité au rang de religion.
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De quoi faire de cette 'Revanche des otaries' un petit plaisir de lecteur, réjouissant et savoureux, comme finalement seul Le Dilettante sait en publier.
*illustration : Cette œuvre du peintre américain Edward Hicks représente la montée à bord des couples d'animaux (1846)
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Vincent Wackenheim nous dépeint Noé en tacticien politique, un brin velléitaire et, un comble sur une arche, zoophile ! Voici donné le ton de ce petit précis d'impertinence.
Parce que le texte de Vincent Wackenheim est un texte éminemment politique, qui s'ingénie à décortiquer les grands principes du pouvoir.- Stanislas Bosch-Chomont, parutions.com, 4 septembre 2009
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L'humanité aurait pu vivre des millénaires encore sur des fondations bancales.

Heureusement Vincent Wackenheim (…) remet les pendules à l'heure. Michel Genson, Le Républicain lorrain, 6 septembre 2009
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illustration : Le Déluge (Michel-Ange, 1508-1512)Fresque de la Création, Chapelle Sixtine
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S'il est un îlot, un mont Ararat sur lequel l'entièreté de la rédaction a aimé se reposer, c'est bien La Revanche des otaries.
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Alors, nous avons poursuivi le plaisir de la lecture par une rencontre avec son auteur. Trois heures de délicieuse discussion avec un homme charmant, aussi drôle dans la vie que dans la prose… Abeline Majorel, Chroniques de la rentrée littéraire, 29 août 2009
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illustration : Construction de l'arche de Noé (Jacopo Bassano)Seconde moitié du XVIe siècle
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Un éclat de rire de la première à la dernière page.

Une prouesse, un déluge de cocasseries. Le roman qui vous donnera du tonus pour la rentrée.Michel Vagner, Est magazine, 23 août 2009
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illustration : dessin humoristique trouvé sur le web
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Le mal mondialisé, et à l'échelle industrielle désormais, en dépit de tous les idéalistes et dangereux partisans des mondes anciens - suffit de lire les journaux, de regarder la télé, d'observer autour de soi maison, voisinage et entreprise, lâche le narrateur : "voyez ce petit air diabolique qu'ils ont tous au fond de l'œil…" Antoine Wicker, Les Dernières nouvelles d'Alsace, 18 juillet 2009
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illustration inconnue

Autres oeuvres


COUCOU !
En une série de 92 fort courts chapitres, minutieux et acérés comme des dents de rouages, la vie d’un gardien, d’un gardien d’immeuble : loge proprette, fenêtre à ras la rue, courrier pour chacun, rêve d’aventures.
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Mais notre homme a un double fond, quand il n’est pas dans l’escalier, il est cadre dans une boîte à coucou. Coucou : « le cartel des pauvres ».
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En cette société horlogère, tâche lui est confiée d’en améliorer les performances, d’en affûter la stratégie et surtout d’en baisser les coûts. Alors, que faire ? Coucou en plastique ? Coucou évidé de son mécanisme ? Coucou en kit ? Le règne du coucou sans coût est à venir.
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Et sa vie défile entre cogitations commerciales, songeries poivrées avec les passantes de l’entrée et visées pour couper court aux coûts du coucou.
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La faune qui hante l’immeuble, du sémillant au sinistre, circule devant la loge du coucoutier comme des jacquemarts au fronton d’une mairie : pittoresque et prévisible, orné de petits noms charmants (Modi et Gliani, Stock-Option, etc.).
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Mais l’ennui est une plante grimpante qui fait qu’un jour notre homme envoie tout balader et qu’une dernière visite en fraude dans l’immeuble lui réservera une ultime surprise, inattendue :


Extrait
« Un coucou, c’est le cartel des pauvres, en plus gai. Entre nous soit dit, c’est un objet assez ridicule. J’en ai assez côtoyé pour en parler. Un chalet suisse de bonne facture, sur le toit un reste de neige (en bombe), avec un balancier ouvragé, façon reliquaire, des poids suspendus à des chaînes, le tout fleuri (malgré la neige), et toujours des personnages qui s’animent lorsque sonne l’heure, de ceux qui n’existent plus, ou qu’on ne rencontre jamais dans la vraie vie, par exemple dans cet immeuble, des personnages de crèche laïque, en quelque sorte. »
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La plus belle phrase Je pardonne à tout le monde, maisj'ai la liste, disait mon père.
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La phrase à retenir Je crois que je n'aime pas trop les coucous. Disons-le tout net : l'oiseau n'a pas bonne réputation. Au mieux il passe pour méchant, au pire, un collabo, un profiteur, l'affameur de volatiles.
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Morceau choisi En sortant il vérifiera que mon nom figure toujours sur le tableau des vrais habitants de l'immeuble, ceux qui paient pour habiter, de grosses charges, à la rigueur un loyer. Bien sûr il ne m'a pas cru. Il y a forcément autre chose, du trouble, de l'inavoué, de l'indicible. Il le rapportera à la Direction, incidemment : 'Je l'ai vu, il a déjà pris un emploi de concierge dans son propre immeuble, c'est-à-dire la déchéance, plus aucune [... ]

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Coup d'oeil sur les nouveautés de son éditeur : http://www.ledilettante.com/nouveautes.asp


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Les Plus Beaux Textes de la littérature classique de Vincent Wackenheim,Christine Chaufour-Verheyen, Prat (Editions)

Pour vous permettre de retrouver l'émotion et la richesse des chefs-d’œuvre de la littérature classique, cet ouvrage rassemble en un volume les plus grands textes de tous les temps et de tous les pays, poésie, philosophie, histoire, textes sacrés et profanes, théâtre, roman, formant ainsi le Livre des Livres idéal.
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Véritable roman de la mémoire des hommes, Les plus beaux textes de la Littérature classique propose un fantastique voyage à travers les écrits essentiels qui ont marqué les siècles.
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400 chefs-d’œuvre, 160 auteurs réunis en 900 pages : des tablettes de Sumer à Proust, de la Bible à la Déclaration des droits de l'homme, découvrez les grands textes qu'il faut avoir lus, le patrimoine littéraire de notre temps, un formidable instrument de référence et de culture.
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Le Voyage en Allemagne
Un homme sous influence


En plaçant une citation tirée du Neveu de Wittgenstein de Thomas Bernhard en exergue de son premier roman (au côté de Kafka et Paulhan), Vincent Wackenheim place d'emblée son récit sous la figure de commandeur autrichien.
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Certes, il est plutôt question de l'Allemagne que de l'Autriche, mais on notera de nombreuses similitudes entre l'écrivain Arnold Köbler autour de qui tourne tout le roman et l'ermite de Salzbourg. Surtout, la phrase de Vincent Wackenheim épouse musicalement celle de Thomas Bernhard, avec ces sortes de ressassements qui viennent l'alimenter.
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On échappe donc, de par la mise en scène dès le début du livre de la figure de ce père littéraire, à la production d'un clone de l'Autrichien comme on en vit tant ces dernières années.
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Plus encore, tout le récit de ce Voyage en Allemagne joue comme une mise en scène de l'influence qu'un auteur important peut avoir sur ceux qui vont le suivre. Vincent Wackenheim, c'est le nom du narrateur, se rend à une soirée où il pense pouvoir rencontrer Arnold Köbler "pour qui j'avais alors une très grande admiration, c'est-à-dire beaucoup plus d'admiration que je n'en aurais par la suite, sans qu'il me soit possible d'expliquer cela, et bien que ce soit une des choses auxquelles j'aie le plus réfléchi après mon retour d'Allemagne.".
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L'homme auquel il s'adresse, qu'il croit être Köbler, n'est en fait que Sponde, son traducteur en France. Un être aigri qui consacre sa vie à traduire l'écrivain allemand qu'il hait pour cela, d'autant plus que Sponde aimerait se consacrer à une thèse sur la dormition.
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À la mort de la Vierge donc, évoquée par Sponde, succède bientôt dans la chronologie du livre celle de Köbler lui-même que ni le narrateur ni le traducteur n'auront finalement rencontré.
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La figure du père se change en sorte de Godot et l'entreprise de démolition engagée par Sponde va se poursuivre avec Anna, la fille de l'écrivain que Vincent retrouve en Allemagne lors de ce voyage qu'il effectue pour se rendre à une "réunion" autour de Köbler à laquelle finalement il renoncera.
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L'errance du narrateur encourage sa conscience à ces questions sans réponse et parfois sans intérêt qu'il s'adresse incessamment. Ce n'est plus qu'un mécanisme qui enchaîne finalement les phrases du roman, une logique de poupée russe propre à susciter l'insomnie qui donne au narrateur l'apparence d'un individu sous hypnose. Ou sous influence. -Thierry Guichard

2 commentaires:

A_girl_from_earth a dit…

Sympa ce dossier spécial Wackenheim! Du coup j'ai découvert son interview sur La revanche des otaries et je vois à peu près de quoi traite Coucou maintenant. Je vais voir à la bib' si je le trouve!

mazel a dit…

Franchement tu fais bien ! rien lu de mieux depuis la rentrée littéraire dans les nouveautés.

Si bien que je vais rester dans le bestiaire et lire "Noé et autres contes" de Caillois et "les kangourous" de Nollet...

bises et bonne lecture