perspective du criminel
Le récit, raconté par le criminel lui-même, est conçu comme la biographie d'un SS, auteur d'innombrables meurtres, surveillant dans un camp de concentration, Max Schulz, qui, après l'effondrement du Troisième Reich, a usurpé une identité juive et a gagné Israël, afin d'échapper aux poursuites en Allemagne.
Le grotesque est caractérisé par le fait que les attentes du lecteur sont déçues de manière calculée et par le renversement des clichés habituels, par exemple ce qui concerne l'Allemand Max Schulz et son ami et camarade d'école le juif Itzig Finkelstein:
« Mon ami Itzig était un blond aux yeux bleus, il avait le nez droit, les lèvres bien dessinées et de bonnes dents. Moi, au contraire, Max Schulz, j'avais des cheveux noirs, des yeux de grenouille, le nez crochu, de grosses lèvres et de mauvaises dents. »1
Une autre particularité souligne la perspective du criminel, pour les lecteurs allemands de l'époque une nouveauté:
« Les lecteurs allemands sont depuis des années familiers avec des romans, des récits et des pièces de théâtre qui ont pour sujet la persécution et l'anéantissement des Juifs sous Hitler et sont traités de façon satirique-poétique et comique-grotesque. Mais tous sont conçus sous l'angle de la perspective des victimes, Hilsenrath au contraire choisit pour son roman la perspective du criminel. »2
Publication
Hilsenrath a eu des difficultés pour la publication de l'ouvrage en Allemagne comme cela avait déjà été le cas pour son premier roman La Nuit, parce qu'il brisait le tabou philosémite qui voulait que dans la littérature allemande d'après-guerre les juifs ne soient représentés que d'une manière positive, comme des sortes de héros. Hilsenrath au contraire décrit les juifs comme il décrirait d'autres hommes, avec leurs côtés positifs et négatifs, et il considère le philosémitisme comme un bonnet retourné dont on les aurait coiffés, donc comme une forme cachée d'antisémitisme toujours présent.
Bien que l'ouvrage ait déjà été publié aux États-Unis en 1971 et eût été fort bien accueilli, le manuscrit fut refusé par de nombreux éditeurs en Allemagne, sous prétexte qu'on ne doit pas écrire ainsi sur les Juifs. Ce n'est que six ans après la publication aux États-Unis que l'ouvrage est paru en 1977 en Allemagne chez un petit éditeur de Cologne, Helmut Braun.
Réception
Aux États-Unis, la publication du roman avait rencontré un grand succès, alors qu'en Allemagne à cause du tabou philosémite elle suscita bien des controverses. Heinrich Böll rendit hommage, dans une critique, à la qualité littéraire de l'œuvre et à son style, « qui foisonne plein de sève et pourtant touche souvent juste, déployant une poèsie à la fois sombre et calme. » Le Nazi et le Barbier jouit depuis lors, de même que l'ensemble de l'œuvre d'Hilsenrath, d'une popularité croissante en Allemagne. En 1979 Le Nazi et le Barbier fut cité en Suède comme l'un des trois meilleurs livres parus. La valeur académique de l'œuvre d'Hilsenrath est désormais reconnue en Allemagne et à l'étranger - avant tout aux États-Unis. - wikipédia
http://www.telerama.fr/livres/edgar-hilsenrath-le-nazi-et-le-barbier,53872.php
En presque cinq cents pages frénétiques, mêlant le ton badin aux mots les plus crus, les situations loufoques aux scènes les plus tragiques, Edgar Hilsenrath accomplit un tour de force, fait de l'intelligence sa grande oeuvre. Sa farce se révèle poético-politique. Avec une liberté déconcertante et ô combien salutaire, Edgar Hilsenrath, qui a également écrit un roman sur le génocide arménien (1), affirme qu'une seule chose est pour lui sacrée. Ce n'est pas la Shoah, ce n'est pas l'horreur, mais la mémoire - le contraire de l'oubli qui fait qu'en notre pas si bonne et vieille humanité sommeille toujours le monstre.- Martine Laval
Autres lecteurs
http://passiondeslivres.over-blog.com/article-le-nazi-et-le-barbier-d-edgar-hilsenrath-48971170.html
http://www.lalettrine.com/article-le-nazi-et-le-barbier-edgar-hilsenrath-48060735.html
: Dans Le Nazi et le Barbier, le burlesque et la fantaisie l’emportent sur tout autre chose. Un grain de folie est à l’origine de ce roman décalé.
http://www.leblogdemanu.com/livres/le-nazi-et-le-barbier-dedgar-hilsenrath
ce qui à surtout choqué et qui fait la véritable force de ce livre est son humour noir, son cynisme. Blaguer avec le nazisme ? Blaguer avec la création d’Israël ? S’en était trop ! Et pourtant, ce livre est un grand livre.
sites divers
http://remue.net/spip.php?article3586
Il évoque la Shoah de façon très crue. En se mettant, lui qui a connu les ghettos durant la guerre, du côté des bourreaux. Les scènes décrites sont brèves et cinglantes. Tout se déroule sur fond d’alcool et d’idéologie primaire mais redoutable. Max Schulz ressemble parfois au brave soldat chveik. Il s’en démarque dès que sa roublardise le place du côté des génocidaires.
http://bibliobs.nouvelobs.com/20100402/18637/les-malveillantes
textes dérangeants et caustiques que l'on aimera ou détestera, mais qui ne peuvent laisser indifférent. Les livres d'Edgar Hilsenrath sont tous subversifs, grand-guignolesques. De toute façon, il aime à le répéter, leur auteur est resté un marginal. Un rôle qui lui convient à merveille.
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