jeudi 17 juillet 2008

L'été sera noir... Plage du polar







Voici, à glisser entre la crème solaire et le maillot, une sélection des meilleurs romans policiers parus cette année. Attention, frissons garantis












Le plus vaudou
Le Cap, Afrique du Sud.
La fille d'un ex-joueur des Springboks est retrouvée morte dans un jardin botanique.
A qui le tour? C'est qu'une deuxième victime ne tarde pas à être découverte, elle aussi de la bonne société.
Toutes les deux ont été droguées, et battues à mort, leur corps tailladé, scarifié à la mode zouloue.
Ali Neuman, le chef de la police criminelle de Cape Town, qui a fui le bantoustan du KwaZulu avec sa mère, se penche sur la question. Magie noire, drogue, politique, racisme: c'est la révélation de l'année 2008. M.-F.R.
«Zulu», par Caryl Férey, Gallimard-Série noire, 400 p., 19,50 euros.
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Le plus carcéral
Dan et Nadine.
Dans le fourgon qui les emporte vers Fleury-Mérogis, ils échangent un regard.
Juste le temps d'écrire le nom et le numéro d'écrou de la belle Africaine dans la paume de sa main, et la vie de Dan en sera bouleversée.
Car ils s'écrivent, de cellule à cellule, se racontent leur vie. Nadine dit pourquoi elle a été arrêtée, parle du fils qu'on lui a pris, dont elle n'a plus de nouvelles.
Lorsque Dan est libéré, sa seule obsession est de procurer des papiers à Nadine et de retrouver le petit garçon.
Pourquoi ça marche? Peut-être parce que «Marche de nuit sans lune» a été, justement, écrit en prison. M.-F.R.
«Marche de nuit sans lune», par
Abdel Hafed Benotman, Rivages-Noir, 234 p., 8,50 euros.
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Le plus dégueulasse
Un mardi du mois d'avril, juste après le déjeuner, une main humaine est repêchée dans les eaux noires du port de Bristol.
Le sergent Flea Marley, de l'équipe de plongeurs de la police nationale, ne retrouve pas le reste du corps.
Le lendemain, une deuxième main est retrouvée.
Mais le pire est encore à venir: l'autopsie révèle que la victime était encore vivante lorsqu'elle a été amputée.
Jack Caffery, le flic londonien hanté par ses fantômes dont on a fait la connaissance dans le magistral «Birdman», précédent thriller de Mo Hayder, va mener l'enquête avec l'étrange Flea, enquêtrice hallucinée sans cesse au bord de la rupture.
Entre superstitions d'un autre âge et sciences médicolégales de pointe, c'est envoûtant, macabre, pas vraiment ragoûtant. M.-F. R.
«Rituel», par Mo Hayder, traduit de l'anglais par Hubert Tézenas, Presses de la Cité, «Sang d'Encre», 420 p., 21 euros.
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Le plus belge
A Bruges, lors d'une ronde de nuit, deux policiers découvrent que, dans la joaillerie Degroof, les bijoux ont été fondus.
A la place des bracelets, un message sibyllin, signé «le Carré des Templiers».
Le commissaire Van In, aidé de la belle Hannelore, substitut du procureur, découvre tout le pas joli-joli qui se cache derrière l'apparente respectabilité des familles de notables brugeois.
Encore inconnu en France, Pieter Aspe est depuis des années une véritable star aux Pays-Bas et dans la partie néerlandophone de la Belgique.
«Le Carré de la vengeance» est le premier roman d'une longue série dédiée à Van In, commissaire de police à Bruges, héros à la fois cynique et un peu paumé, amateur de femmes et de cuisine. M.-F. R.
«Le Carré de la vengeance», par Pieter Aspe, traduit du néerlandais (Belgique) par Emmanuèle Sandron, Albin Michel, 334 p., 18 euros.
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Le plus barjot

Le road trip parfait : une virée de La Nouvelle-Orléans à Seattle en Mustang, avec un passager super calme.
Normal : ledit passager est mort.
Il se décompose et coule tranquillement dans le coffre, tandis que la narratrice provoque un accident terrible, délivre une poule encagée, fait la course avec un flic et essaie de rejoindre George, son ex-boyfriend.
Quelque part entre l'horreur pure et le comique grimaçant, Jason Eric Miller, l'auteur, se place dans le sillage de Peter Loughran («Londres Express») et des grands barjots du polar. Miller, professeur de «creative writing» (c'est quoi?) dans le Colorado, a signé deux autres livres («Bloodletting» et «Animal Rights and Pornography»), aussi violents, drôles, affolants.
Fils d'un mineur devenu taxidermiste, il est végétarien et assure ne pas avoir le goût du sang. Menteur, va. François Forestier
«Décomposition», par Jason Eric Miller, traduit de l'américain par Claro, Le Masque, 206 p., 16 euros (sortie 15 août).
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Le plus british
Quatrième roman de Martina Cole traduit en France, «le Clan» est une plongée dans les bas-fonds de la pègre de Londres.
En 1970, Lily, 16 ans, quitte sa famille qui lui fait horreur. Elle rencontre Patrick Brodie, futur caïd du milieu, avec qui elle va fonder l'un des clans les plus puissants de l'East End.
Martina Cole, qui a fréquenté la pègre londonienne quand elle était ado, est l'une des auteurs vedettes de Grande-Bretagne, avec 7 millions de livres vendus à ce jour. Faut-il qu'ils aiment Martina, nos amis anglais: ses livres sont aussi les plus volés dans les librairies de l'Essex et du sud de Londres. M.-F. R.
«Le Clan», par Martina Cole, traduit de l'anglais par Stéphane Carn, Fayard, 602 p., 22 euros.
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Le plus bizarroïde
Ancienne soudeuse, puis assistante sociale, Aino Trosell raconte, dans «Camisole de force», la mort apparemment accidentelle d'un enfant de 10 ans, tué par des chasseurs d'élan lors d'une sortie scolaire dans les montagnes de Norvège.
L'auteur du coup de feu, un politicien à la retraite, se dénonce aussitôt à la police.
Trop simple pour être honnête? Un instantané de la société de l'ouest de la Dalécarlie en même temps qu'un étonnant portrait de femme (l'assistante sociale qui vous dénoue l'affaire). M.-F.R.
«Camisole de force», par Aino Trosell, traduit du suédois par Philippe Bouquet, Balland, 416 p., 23 euros.
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Le plus sanguinolent
Atlanta, 1986.
John Shelley, 16 ans, se réveille à côté de sa petite amie exsangue, la langue tranchée.
Accusé de ce crime affreux, dont il ne garde aucun souvenir, il moisira vingt ans en prison.
Atlanta, 2006.
Une prostituée est découverte assassinée, la langue arrachée d'un coup de dents.
Le détective Ormewood et Trent, agent spécial, vont tenter de comprendre le pourquoi de telles atrocités.
C'est dans le passé de John qu'il faut chercher (un homme a usurpé son identité durant son incarcération).
Un thriller époustouflant, et le meilleur de Karin Slaughter. Si vous lâchez ce livre, lui ne vous lâchera pas. M.-F.R.
«Triptyque», par
Karin Slaughter, traduit de l'américain par Paul Thoreau, Grasset-Grand Format, 504 p., 20,90 euros.
Par Marie-France Rémond - http://bibliobs.nouvelobs.com/2008/07/17/plage-du-polar
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Note :
Quelques idées de lecture pour les vacances...







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