jeudi 31 juillet 2008

rentrée littéraire 2008 : ce que j'ai envie de lire

quelques titres qui me donnent envie de lire,
en plus de ceux que j'avais déjà notés...

et...
de nouveaux titres seront référencés à la fin du mois d'août au retour du libraire...
c'est ce que dit Bibliosurf...

et vous ?
quels sont les livres qui vous tentent ???
http://bibliosurf.com/spip.php?page=rentreebis2008&tri=popularite


Salim Bachi - Editions Gallimard, 4.09.08 352 pages

Mahomet fut un homme passionné avant d’être le prophète de l’islam. C’est à présent un personnage de roman. Un roman qui se déploie aux alentours de l’an 600 après J.-C., entre La Mecque et Médine, des sables du désert d’Arabie aux abords de Jérusalem.

Nous voyons Mahomet naître, vivre et mourir à travers les confessions de sa première femme, Khadija, de son meilleur ami, le calife Abou Bakr, du fougueux Khalid, le général qui conquit l’Iraq au cours de batailles épiques, et enfin de la jeune Aïcha, devenue son épouse à l’âge de neuf ans. Homme singulier, contesté par les siens au début de sa prédication, Mahomet est un orphelin enrichi par son mariage avec Khadija, bien plus âgée que lui. Marchand et caravanier prospère visité par Dieu à quarante ans, prophète et homme d’État visionnaire à cinquante, amant et conquérant impitoyable, Mahomet ne cesse de fasciner et d’embraser les âmes plus de quatorze siècles après sa mort à Médine sur les genoux d’Aïcha, son dernier amour.

François Bott - Cherche midi, 2008

Connaissez-vous l’adresse du paradis ?
Pour Raymond et Simon, deux écoliers devenus des amis inséparables, le paradis – le jardin des rêves, la cathédrale des chimères, le palace de l’enfance, – c’était le Vel’d’Hiv’, le vélodrome d’Hiver, à l’angle du boulevard de Grenelle et de la rue Nélaton, dans le 15e arrondissement.
Simon, fils d’un médecin juif, et Raymond, fils du concierge du vélodrome, en connaissaient tous les recoins, tous les secrets et toutes les légendes, toutes les mythologies.
Car, dans les insouciantes années 1930, le Vel’d’Hiv’ était le temple du cyclisme sur piste et de la boxe. Les Six Jours et de grandes rencontres pugilistiques s’y déroulaient, sans oublier les meetings du Front populaire.
À l’extérieur de la piste en bois, il y avait les gradins populaires et, à l’intérieur, le restaurant à la mode, où se retrouvaient les people, comme on dit à présent.
D’un côté, le Tout-Paname et, de l’autre, le Tout-Paris, dans lequel des demi-mondaines jetaient aux coureurs des bouquets de violettes.
Le Vel’d’Hiv prouvait que Paris était une fête. « Que fais-tu ce soir ? » demandait-on. Réponse : « Je vais à Grenelle. »

Puis, les 16 et 17 juillet 1942, ce fut la grande rafle.
Complice des nazis, la police française arrêta des milliers de juifs, qui furent rassemblés au vélodrome d’Hiver. Le rendez-vous de toutes les festivités devint le lieu de la tragédie.
L’enfer après le paradis. Raymond aperçut une dernière fois Simon et son père, avant qu’ils ne disparaissent dans la foule, pour être emmenés vers le « Grand Nulle Part ».

Vel’d’Hiv raconte le destin de deux enfants, deux amis, emportés dans la tourmente de l’histoire et séparés l’un de l’autre, alors qu’ils se croyaient inséparables. Un roman servi par une écriture limpide et légère.

Dalia Sofer - JC Lattès, 280 p.

Un jour du mois de septembre 1981, le joaillier Isaac Amin est arrêté par deux gardiens de la Révolution à Téhéran et jeté en prison.
Son seul forfait : être juif dans un pays où le fanatisme musulman ne cesse de croître.
Sa fortune et ses vagues liens avec le régime du shah rendent sa situation encore plus périlleuse. Angoissé par le sort de sa famille dont il n’a aucune nouvelle, il est torturé comme les autres détenus mais s’entête à clamer qu’il n’est pas un espion à la solde d’ Israël.
Isaac est terrassé par la peur, la terreur de l’inconnu et l’idée qu’il ne reverra peut-être jamais sa femme ni ses enfants. Quant à ceux-ci, ils sont dans l’ignorance absolue de ce qu’il lui est arrivé.
Un début littéraire qui a toutes les qualités d’un roman passionnant, Septembre à Shiraz décrit un univers où les personnages, très attachants, s’interrogent sur les questions essentielles de l’identité, de l’aliénation, de l’exil et de l’amour.

Morten Ramsland - Editions Gallimard 448 pages

« Nous, on aimerait vraiment savoir comment il a survécu, pour être franc, on aimerait vachement le savoir. On voudrait savoir comment il s’en est sorti, ce qui explique que moi, le plus jeune, et ma sœur Stinne, l’aînée, nous sommes venus au monde. Mais Grand-Père se referme comme une huître et descend du schnaps. Il refuse de raconter ce que les Allemands lui ont fait."La peste ou le choléra", dit-il à la place. »

Asger Eriksson finira par savoir comment son grand-père Askild a traversé la guerre, et comment il a séduit sa grand-mère Björk, malgré l’opposition des parents de la jeune fille, riches armateurs à Bergen, en Norvège.
Il nous parlera des boîtes de conserve de Björk, remplies de l’air de sa ville natale, dont elle aura besoin une fois loin de chez elle, et des grandes oreilles de son propre père Niels qui lui permettent d’entendre des choses inouïes…
Des années trente à nos jours, son récit embrasse les bonheurs et les malheurs d’une famille comptant plus d’un personnage loufoque en son sein, et entraîne le lecteur dans une saga étourdissante.

Xavier Maumejean - Calmann-Lévy, 2008

Bonnes gens, bienvenue à Dreamland ! Érigé sur l’île de Coney Island au début du xxe siècle, ce parc d’attractions d’un nouveau genre abrite en son sein le plus phénoménal des divertissements : Lilliputia, la Cité des Nains, qui accueille pour votre plus grand bonheur trois cents petites personnes venues du monde entier.
Construite sur le modèle du Nuremberg du xve siècle, mais en réduction, cette exemplaire cité possède un parlement, un théâtre, des bas-fonds et même une compagnie de pompiers qui va jusqu’à déclencher ses propres feux pour divertir les visiteurs du parc !
Venez écouter l’histoire édifiante d’Elcana, ce courageux jeune homme de petite taille conduit depuis son Europe de l’Est natale jusqu’à Lilliputia.
Là, il comprendra bien vite qu’il lui revient de libérer ses semblables de la servitude dans laquelle on les a placés, pour leur « apporter le feu ». Avec l’aide de la monstrueuse parade des Freaks, il mènera la révolte contre son propre Zeus – le mystérieux et richissime démiurge, propriétaire de Dreamland – et conduira Lilliputia jusqu’à l’embrasement final…

Quand la tragédie grecque rencontre la mythologie américaine naissante, celle du Gangs of New York de Scorsese, pour une magistrale réinvention de la figure de Prométhée, c’est un feu d’artifice(s) littéraire d’une hauteur inversement proportionnelle à celle des protagonistes de Lilliputia qui se déploie sous nos yeux. Gentes dames, joyeux messieurs, bienvenue à Dreamland pour le plus grand des minuscules spectacles !

Jean-Joseph Julaud - Cherche midi, 2008

Pendant qu’en avril 1863 une compagnie de la Légion étrangère se dirige vers l’hacienda de Camarón, au Mexique, où elle court au massacre,
une effervescence singulière anime les environs de ce village,
près de Veracruz : à Soledad, un étrange curé accueille dans son église trois guérilleros porteurs d’un cercueil un peu trop lourd pour être honnête ;
à San José de la Montana, une jeune Indienne, cent chefs totonaques, un zouave déserteur et un prêtre boucher déboisent une colline qui pourrait être l’ultime temple du dieu Quetzalcóatl ;
les militaires français tombent comme des mouches sous les assauts du vomito, la fièvre jaune ; les militaires mexicains, témoins désolés de l’équipée du Second Empire sur leurs terres, tentent de limiter la casse...

Tous ces personnages hauts en couleur, attachants ou révoltants, pris dans la spirale burlesque de leurs destins croisés, dans l’étonnant tourbillon de multiples rebondissements, permettent en même temps de rire, de s’émouvoir ou de s’insurger, mais surtout de réfléchir au destin du peuple mexicain, à la culture aztèque détruite par Cortés et, plus généralement, à la réponse que donnent les civilisations au mystère de toute disparition, de toute naissance.

À travers ce roman ébouriffant et singulier, épique et drolatique, la bataille de Camarón, le jeudi 30 avril 1863, s’inscrit dans une histoire qui lui donne un relief surprenant et inattendu.

les montres de Templeton
Lauren Groff - Plon, 2008 444 p.

« Le jour où je revins à Templeton, en pleine disgrâce, le cadavre d’un monstre mesurant près de seize mètres émergea à la surface du lac Glimmerglass. »

Ainsi s’ouvre Les Monstres de Templeton, un roman qui balaie deux siècles d’histoire : celle d’une jeune fille à la recherche de son père, et celle d’un village, ancrée dans l’Amérique profonde, au milieu des légendes et des secrets de famille.
À la suite d’une déconvenue amoureuse, Willie Upton frappe à la porte de la vieille demeure où vit encore sa mère, Vivienne, ancienne hippie devenue baptiste fervente sur le tard…
Au lieu du réconfort qu’elle vient y chercher, Willie trouve un village sens dessus dessous, chamboulé par l’apparition d’un animal démesuré, et découvre un terrible mensonge : son père existe bel et bien, elle n’est pas le fruit hasardeux des amours libres de sa mère, mais bien la fille d’un homme connu et reconnu dans Templeton.

Lancée dans une enquête à rebondissements pour retrouver son père, elle part sur la trace de ses ancêtres et reconstitue la fabuleuse généalogie qui mène à son histoire

Marcello Fois - Seuil, 2008 288 p.

On l’appelait le tigre de l’Ogliastra : Samuele Stocchino fut le plus redoutable bandit sarde du siècle dernier.
Par une nuit de pleine lune, pour un simple verre d’eau refusé alors qu’il rentrait à pied avec son père, son destin fut scellé.

A seize ans, ce fils de paysans s’engage dans l’armée et part lutter d’abord contre les Turcs en Libye, puis contre les Autrichiens pendant la Grande Guerre ; décoré à maintes reprises, il rentre en héros dans son village d’Arzana.
Mais rien n’y fait car, sa mère le sait, il a le cœur en forme de loup, anguleux comme celui des assassins. La guerre lui a enseigné à tuer et lorsqu’il apprend la mort de son frère, son âme de justicier prend le dessus ; mais les dizaines de meurtres qu’il commet ne parviennent pas à assouvir sa soif de vengeance.
Seul l’immense amour que lui porte depuis toujours Mariangela le soulage parfois, adoucissant un peu la violence qui domine toute sa vie.

Autour de ce personnage à la fois historique et légendaire, véritable croquemitaine des enfants sardes, Marcello Fois construit un récit ample et limpide, animé par un formidable sens épique et dans lequel la voix populaire côtoie sans cesse le registre de la tragédie grecque.

Marcello Fois est né à Nuoro (Sardaigne) en 1960 et vit aujourd’hui à Bologne. Dans tous ses romans, traduits en de nombreuses langues, il s’appuie sur la distance pour ajuster son regard sur son île natale.

Anne Delaflotte Mehdevi - Gaïa, 2008 288 p.

Un lundi matin venteux, très tôt, dans un village de Dordogne. Dans son atelier encore fermé, une relieuse se prépare avec délectation à travailler sur les livres qu’on lui a confiés, lorsqu’on frappe à sa porte avec insistance.
Un mystérieux visiteur lui confie un livre ancien pour restauration. Pressé, mal en point, l’homme s’engouffre de nouveau sous la pluie qui bat les pavés. Un visiteur d’une beauté renversante.
La relieuse s’attelle avec d’autant plus d’ardeur et de curiosité à ce nouveau travail : un livre ancien, relié à l’allemande, constitué de dessins représentant un fanum, antique lieu de culte gallo-romain, et dissimulant une liste de noms derrière une odeur de brûlé : en un mot, une rareté.

Un premier roman qui mêle l’odeur du cuir aux secrets de famille, campe des personnages attachants et parfois cocasses, et laisse une place de choix à une écriture pleine de chaleur et de sensualité.

Valentine Goby - Editions Gallimard, 2008 144 pages

« Marie G., faiseuse d’anges, dans sa cellule, condamnée à mort, l’une des dernières femmes guillotinées.

Lucie L., femme avortée, dans l’obscurité de sa chambre.

Henri D., exécuteur des hautes œuvres, dans l’attente du jour qui se lève.
De l’aube à l’aube, trois corps en lutte pour la lumière, à la frontière de la vie et de la mort. »
*
Barbara Constantine - Calmann Lévy, 2008

Mélie, soixante-douze ans, vit seule à la campagne. Sa petite-fille, Clara, vient pour la première fois passer toutes les vacances d’été chez elle. La veille de son arrivée, Mélie apprend qu’elle a un problème de santé… Elle verra ça plus tard. La priorité, c’est sa Clarinette chérie !

Mélie, le mélo, c’est pas son truc.
Elle va passer l’été (le dernier ?) à fabriquer des souvenirs à Clara. Des rigolos. Comme regarder pousser les bambous en écoutant La Traviata, chanter sous la pluie des chansons de Nougaro, goûter les mauvaises herbes qui poussent le long des chemins.
Il y a aussi… le vieux Marcel, qui va apprendre à Clara à faire de la mécanique, Fanette, sa mère, qui va lui trouver un beau-père, Bello, son parrain, qui va agrandir sa bande de filleuls musiciens.
Et puis, comme la vie est vraiment dingue des fois, il y a Mélie qui va enfin rencontrer le grand amour… Cent cinquante ans à eux deux ? Mais quand on aime, on ne compte pas !

Jean-Pierre Ohl - Editions Gallimard, 04.09.08 368 pages

Qui sont vraiment les maîtres du manoir de Glenmarkie, cette bâtisse écossaise menaçant ruine, tout droit échappée d’un roman de Stevenson ?
Et où est donc passé le trésor de leur ancêtre Thomas Lockhart, un écrivain extravagant mort de rire en 1660 ?
Fascinée par le génie de Lockhart, intriguée par l’obscur manège de ses descendants, la jeune Mary Guthrie explore les entrailles du manoir et tâche d’ouvrir les trente-deux tiroirs d’un prodigieux meuble à secrets.

Ebenezer Krook est lui aussi lié aux Lockhart. À Édimbourg, dans la librairie d’un vieil excentrique, il poursuit à l’intérieur de chaque livre l’image de son père disparu.

Les tiroirs cèdent un à un sous les doigts de Mary. Les pages tournent inlassablement entre ceux d’Ebenezer. Mais où est la vérité ? Dans la crypte des Lockhart ? Au fond de Corryvreckan, ce tourbillon gigantesque où Krook faillit périr un jour ? Ou bien dans les livres ?

Peuplé de silhouettes fantasques, de personnages assoiffés de littérature qui rôdent au bord de la folie, Les maîtres de Glenmarkie brasse les époques, les lieux, et s’enroule autour du lecteur comme un tourbillon de papier. Hommage facétieux aux grands romans d’aventures, il pose et résout une singulière équation : un livre + un livre = un homme.

Frédéric Ciriez - Verticales, 2008 304 p.

« Les néons du sous-marin offrent aux visiteurs l’inédite signature rose pin-up d’un bordel incandescent qui drague sa clientèle par longs flashs de sept secondes. Et quand on voit, de soir en soir, le nom de l’établissement baver sur le feuillage des grands pins maritimes centenaires qui nous dominent, je pense que c’est une réussite. »

Mêlant la satire de mœurs, l’érudition parodique, l’anticipation sociopolitique et le mélodrame portuaire, Des néons sous la mer se présente d’emblée comme une fiction inclassable qui multiplie les voies d’eau pour approcher la question complexe, et ici décomplexée, de la prostitution.
Premier roman de Frédéric Ciriez, ce livre baroque et désopilant est d’une rare maturité. Son lyrisme iodé et sa joie de vivre contagieuse tranchent avec l’esprit de sérieux des essayistes et le nombrilisme hystérique de certaines autofictions contemporaines. Des néons sous la mer étonne par la subtilité de sa structure, la variété de ses styles et l’inventivité de ses ressources imaginaires. C’est un grand roman marin du monde entier qui ouvre les horizons des lecteurs. Au plaisir d’une langue tonique (comme on le dit du temps breton) qui conjugue culture et goût de la subversion facétieuse, poétique marine et souffle romanesque généreux.

Arno Geiger - Gallimard, 2008 432 p.

La maison de sa grand-mère dans un faubourg de Vienne constitue un héritage encombrant pour Philipp Erlach.
Il aurait voulu échapper à l’histoire familiale, mais avec cette grande demeure dont il ne sait que faire, elle semble le rattraper :
Richard et Alma, ses grands-parents, qui ne veulent pas jouer le jeu des nazis au moment de l’Anschluss ;
sa mère Ingrid, née juste avant la guerre, qui s’éprend de Peter, enrôlé dans les jeunesses hitlériennes pendant les derniers jours de la débâcle, dans Vienne en ruine.
La fin tragique de leur mariage laissera Philipp seul avec sa sœur Sissi et un père un peu farfelu…

Tout va bien évoque au présent les grands événements dramatiques tout autant que les petites choses indicibles du quotidien, qui font l’histoire d’une famille, d’un siècle.
seule la mer
Michel Folco - Stock, 2008 748 p.
Ça aura pris cinq ans, mais nous y sommes.
Après Dieu et nous seuls pouvons, après Un loup est un loup et En avant comme avant, voici le nouveau grand roman de Michel Folco.
Sans doute son meilleur : féroce, hilarant et déjanté.
Pour preuve, voici comment l’auteur lui-même résume le livre qu’il a écrit :
« C’est l’histoire d’un ancien camp romain devenu petit village dans une petite vallée du Piémont victime de l’isolement, des mariages consanguins, d’Alaric le Wisigoth, de la Peste noire, d’un maire mal embouché et d’un médecin atrabilaire.
C’est une histoire de famille lardée de mauvaises volontés, truffée de mauvais sentiments, ponctuée de coups tordus, et durant laquelle le Mal triomphera triomphalement.
C’est l’histoire d’un ulcère gastro-duodénal et d’une clause testamentaire qui contraindra Marcello Tricotin – un authentique fils de puteà un périple mouvementé dans le Royaume Austro-Hongrois du début du XXe siècle.
C’est l’histoire d’un voyage éprouvant, initiatique et pas du tout jubilatoire où il est démontré que, si les dernières volontés d’un mort sont sacrées, elles peuvent être particulièrement chiantes.
C’est l’histoire d’un séjour viennois durant lequel Marcello Tricotin croisera Sigmund Freud, rencontrera la Foudre céleste et réussira à séjourner quinze minutes par quinze mètres de fond dans le Danube.
C’est aussi le récit détaillé d’une alliance contre nature entre trois espèces de termites et un maître d’école revanchard qui donnera lieu à une vengeance radicale, exemplaire, édifiante et pour tout dire gratifiante à cent pour cent.
Accessoirement, c’est la résolution définitive d’un mystère historique dévoilant l’identité du père du douanier impérial et royal à la retraite, Aloïs Schickelgruber-Hitler. »

Sonallah Ibrahim - Actes sud, septembre 2008 200 pages

Le narrateur du dernier roman de Sonallah Ibrahim est un graçon d’une dizaine d’année qui rapporte des scènes de sa vie quotidienne.
Nous sommes au Caire, à la fin des années 1940.
L’enfant vit seul avec son père, un fonctionnaire à la retraite qui a tou juste les moyens de subvenir à leurs besoins.
Ils partagent un modeste appartement avec un jeune policier et sa compagne, "Mama Taheya".
L’enfant entrecoupe son récit de souvenirs de sa vie antérieure, quand ils vivaient encore avec sa mère. Scènes de bonheur et de plénitude, qui contrastent avec le dénuement matériel et le manque affectif présent, que son père a bien du mal à combler.
Renouant avec l’écriture objectiviste de son premier roman, Etoile d’août, Sonallah Ibrahim décrit le petit appartement à l’entrée d’une impasse, avec son mobilier misérable et les rares objects que possède encore le père, l’école du quartier et les jeux des enfants, le contexte politique, le régime déliquescent de Farouk, la guerre de Palestine (1948) et, surtout, les coutumes et les moeurs sexuelles de cette classe sociale incarnée par le père vieillissant mais encore vert.
Le "petit voyeur" essaie de comprendre ce monde d’adultes sur lequel on lui fournit bien peu d’explications.
A l’affût des conversations, il espionne à travers les trous de la serrure, fouille des tiroirs et les placards. Mais ces images volées lui restent souvent incompréhensibles.
En restituant au plus près le regard de cet enfant qu’il a été, avec ses peurs, ses angoises et sa quête inachevée de sens, Sonallah Ibrahim place son lecteur dans la même position et l’oblige à reconstruire avec lui le sens de cette vie, page après page, et donner à son récit une charge émotionnelle exceptionnelle.

Evelio Rosero - Métailié, 2008

La vie pourrait sembler idyllique à San José, petite bourgade colombienne, où Ismael, un vieil instituteur à la retraite, coule des jours paisibles avec sa femme Otilia.
A la grande honte de celle-ci, il passe ses journées à cueillir des oranges et à épier sa belle voisine qui se prélasse nue au soleil.
Mais lorsque des bandes armées que rien ne distingue – paramilitaires, guérilleros, narcotrafiquants – font irruption, tout se déglingue.
Des habitants sont sauvagement assassinés, d’autres enlevés, des rançons sont réclamées par les ravisseurs, la peur règne sur les esprits.
Ismael commence à perdre la mémoire et la raison, il ne retrouve plus le chemin de la maison, ne reconnaît plus les visages, il s’égare dans ses souvenirs et dans les rues du village à la recherche de sa femme qui a disparu. Les habitants s’enfuient, mais il décide de rester au milieu des ruines pour attendre le retour d’Otilia, sa seule et dernière boussole.

Vieillard titubant, pathétique, bredouillant, mais révolté jusque dans son propre délire, Ismael est le narrateur de ce chaos sanglant où le village de San José apparaît comme un concentré chauffé à blanc d’une Colombie ravagée par la violence et les prises d’otages.
Evelio Rosero est né en 1958 à Bogotá, où il vit. Auteur de nombreux romans, il a reçu le Prix national de littérature et pour ce dernier roman le Prix Tusquets 2006

Valère Staraselski - Cherche midi, 2008

L’enfance de Joseph Esperandieu dans un village d’Île-de-France des années 1960 nous projette à l’intérieur d’un monde où se téléscopent l’attelage de chevaux du père Boulard et les premières files d’automobiles du dimanche soir.
Une France à la fois lointaine et proche.
Un passé encore vivace dans bien des mémoires.
Les couleurs pastel de la nostalgie.
Un roman envoûtant, optimiste, tendre et rageur à la fois.

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