mardi 15 juillet 2008

Ned Crabb : La bouffe est chouette à Fatchakulla !

Mes lectures de vacances...
polar délirant
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Le titre, surréaliste, donne le ton de ce polar halluciné, unique roman noir d'un ancien journaliste américain au style lui aussi singulier, mélange de réalisme cru et de lyrisme.

Premières lignes :
"Oren Jake Purvis était le plus fieffé salaud du canton de Fatchakulla. Même dans sa famille, on ne l'aimait pas, ce qui n'avait rien d'étonnant.
Il avait fait interner sa pauvre mère par un juge corrompu de Platt City, parce qu'il convoitait la grande maison, les champs de haricots à rames et les étangs à grenouilles.

Miss Sue Ella Purvis n'était pas vraiment folle, tout au plus un peu dérangée ; elle se livrait volontiers à des conversations polies avec les araignées qui tissaient leur toile sur la véranda ou les lézards en promenade.
Cette vieille crapule d'Oren Jake l'avait quand même fait mettre au placard sans le plus petit pincement d'une conscience de toute façon inexistante."
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Riche idée que la réédition à la Série Noire de cette espèce d’OVNI comme il en existe quelques-uns dans le catalogue de la célèbre collection.
La bouffe est chouette à Fatchakulla !, paru pour la première fois en 1980 (N°1786), est l’oeuvre d’un certain Ned Crabb, ancien journaliste dont on connaît encore aujourd’hui très mal le CV, si ce n’est qu’il offrait avec ce titre son unique roman noir.
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n chef d’oeuvre de brindezinguerie qui se déroule à ploucsville, dans le comté de Fatchakulla (Floride), où l’on aime les chats, la bière, la superstition, et les histoires à dormir debout dans le bayou.

Une série de meurtres particulièrement sévères, avec dissection des corps et dispersion des cadavres façon puzzle, ensanglante la région et tourneboule les esprits sains. Enfin, apparemment sains. Car dans La bouffe..., tous les protagonistes sont limite, toujours un tantinet décalés, les pieds dans la normalité mais les orteils qui dépassent furieusement au bord du gouffre du n’importe quoi.

D’Arlie Beemis le shériff qui déteste son métier et ce qu’est devenue sa femme, pourtant Miss Pêche-Grenouille 1955, à Linwood Spivey, champion incontesté de la chasse au raton-laveur et détective amateur et visionnaire, en passant par la mystérieuse famille Purvis dont la maison accueille sans doute quelques fantômes, tous les personnages ravissent, surprennent, et déclenchent à coup sûr l’hilarité.

L’enquête et les différentes fausses pistes sont absolument secondaires tant l’ambiance, à mi-chemin entre Twin Peaks et Massacre à la tronçonneuse, emporte la conviction du lecteur le plus blasé.

Et puis un roman qui finit par la phrase : « Il avait horreur du banjo » est forcément un roman sans fausse note. La bouffe... ? Un régal. La réédition actuelle est en fait la troisième, après celle en Carré Noir en 1985, et dix ans plus tard dans la Série Noire en texte intégral.
http://www.polars.org/spip.php?article207

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