vendredi 13 juin 2008

Chester Himes : Le paradis des cotes de porc

Polar, les grands classiques
Le dernier lu :
Le paradis des cotes de porc
Le paradis des côtes de porc et Une messe en prison forment la collection à ce jour la plus complète des nouvelles de Chester Himes.
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Sur les soixante-deux nouvelles, quatorze sont inédites. Les autres, parues dans diverses éditions françaises, ont été retraduites pour ces volumes.
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Il manque quelques textes pour qu’il soit possible de parler de collection complète, mais les lecteurs auront la surprise de découvrir un Chester Himes différent de celui popularisé sur la fin de sa carrière par les romans de la Série Noire.
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Les années de prison qui ont marqué la jeunesse de Chester Himes y sont, en effet, plus présentes que dans le reste de son œuvre.
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Chester Himes (1909-1984)
Chantre d'un Harlem rabelaisien et réaliste qu'il prenait un malin plaisir à mettre régulièrement à feu et à sang, Chester Himes avait l'art des dialogues enlevés, des personnages hauts en couleur et des situations hallucinantes.
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Avec une verve peu commune, le romancier né à Jefferson City, dans le Missouri, décrit le quotidien pas toujours très réjouissant des Noirs américains au gré des tribulations de ses détectives Ed Cercueil Johnson et Fossoyeur Jones.
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Deux mythiques policiers noirs découverts dans La reine des pommes (1958), où une malle remplie de pépites d'or se révèle également contenir un cadavre. Ecrit en moins d'un mois sur les conseils de Marcel Duhamel, le fondateur de la «Série Noire», le roman lui valut alors les éloges de Jean Cocteau et de Jean Giono ainsi que le Grand Prix de littérature policière.
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Himes a heureusement poursuivi les aventures de son tandem d'hommes de l'ordre impitoyables, ennemis du compromis qui ne cherchent pas à jouer les terreurs dans cette cité de sans-foyer qu'est Harlem, le temps de sept autres polars - il n'aimait pas le terme, préférant parler de «romans domestiques» - parmi les plus originaux de l'après-guerre.
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Ed Cercueil a la figure ravagée par l'acide que lui a jeté un truand. Fossoyeur, lui, arbore une balafre large comme le doigt sur la nuque après avoir écopé un pruneau qui manqua le faire passer de vie à trépas. Leurs aventures s'achèvent par un coup de feu dans l'apocalyptique Plan B, l'un des meilleurs livres de son auteur. A.F.
A lire: Regrets sans repentir (Folio)

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Courte biographie
Né à Jefferson City, dans le Missouri, Chester Himes connaît une enfance baladeuse, d’un Etat l’autre. Il se fixe dans l’Ohio pour ses études en 1926.
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Pour payer ses cours, il est barman et garçon d’hôtel. Il finit par fréquenter des voyous, participe à un cambriolage raté, est arrêté, obtient un sursis mais récidive.
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Résultat : une condamnation à 20 ans de prison en 1928. Il sort après 7 ans. Mais en prison, il découvre Hammett et décide d’écrire pour raconter la condition des Noirs américains.
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Après plusieurs nouvelles, il sort son premier livre (S’il braille, lâche le !) en 1945. Il n’aborde en fait la veine policière que plus tard, lors d’un long séjour en France et sur les conseils de Marcel Duhamel, le directeur de la Série Noire.
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La reine des pommes paraît en France en 1958 (il décroche le Grand Prix de littérature policière), avec ses deux improbables inspecteurs Ed Cercueil Johnson et Fossoyeur Jones.
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On les retrouve dans cinq autres aventures situées à Harlem, où Himes décrit toujours les difficultés du peuple noir, mais en embarquant ses héros dans des histoires démesurées où le rire et l’humour le disputent au désespoir.
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Himes meurt le 12 novembre 1984 à Alicante (Espagne) où il s’était installé à la fin des années 1960.- http://www.polars.org/rubrique1.html
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Quelques titres lus :
La Reine des pommes
Employé des pompes funèbres, Jackson est un naïf.

Il fait confiance à Hank, un aigrefin qui lui a fait croire qu'il possède, comme Jésus, le pouvoir de multiplication.

Sauf qu'ici, il ne s'agit ni de pain, ni de vin, mais de billets de banque.
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Jackson y perd tout son magot et, par la même occasion, son épouse Imabelle. Pour retrouver Hank, ses complices et aussi sa femme, Jackson fait appel à son frère Goldy, un indicateur qui met la police sur la piste.
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Paru en 1957, La Reine des pommes, Grand Prix de littérature policière, est une farce féroce qui inaugure la série de romans où interviennent Fossoyeur Jones et Ed Cercueil Johnson. Ces deux célèbres inspecteurs noirs sont chargés de faire respecter la loi dans le ghetto de Harlem, à New York.
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dans ce premier volet, Chester Himes décrit cet univers impitoyable et loufoque à travers le regard d'un amoureux crédule qui parvient à esquiver les pires dangers et à triompher avec humour dans un monde où règnent escroqueries et faux-semblants
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Imbroglio negro
Cette Cadillac là semblait faite d'or massif, sauf le toit, tendu d'un fin tissu brillant.

Elle voguait sur la chaussée comme un paquebot de rêve, illuminant sur son passage la rue tout entière.

Au volant, Davy Crockett, avec son bonnet de fourrure, et, à côté de lui, la reine de Saba en personne.
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Il pleut des coups durs
Les « Musulmans » ne vénèrent pas La Mecque, mais la marijuana.
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Sonny, qui tire à bout portant sur le consommateur blanc, n'est pas un assassin et le vitrioleur a lancé à la figure de sa victime non pas de l'acide sulfurique mais du parfum d'oeillet.
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Va donc y comprendre quelque chose!
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Pourtant ils ont tous du souci - les coupables, les suspects, les innocents et les flics et chacun peut reprendre à son compte les paroles de la chanson: « Si les coups durs,c'était du fric, il y a longtemps que je serais millionnaire. »
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Cercueil et fossoyeur
« – C'est ici à Harlem, parmi les gens de couleur, que le taux de criminalité est le plus élevé au monde. Et il n'y a que trois façons de procéder : ou bien on fait payer les malfaiteurs – et ça, vous n'en voulez pas ; ou bien on paie les gens suffisamment pour qu'ils aient une vie décente – et ça, vous ne le ferez pas ; si bien qu'il ne reste qu'à les laisser se bouffer entre eux. »
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Ainsi s'exprime l'inspecteur noir Jones, dit Fossoyeur, répondant à l'accusation du sergent Anderson, qui le soupçonne, lui et son collègue Ed Cercueil, d'avoir la gâchette un peu facile et une idée toute personnelle sur la manière de faire régner l'ordre à Harlem.
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Le génie de Chester Himes, dans ces huit romans où la brutalité le dispute au pittoresque, est de saisir Harlem au moment critique où les Noirs, excédés par la ségrégation, les brimades de la police, la misère et les bas salaires, vont basculer...
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Gangsters, dealers, charlatans, prophètes, proxénètes et patrons du jeu tiennent en otage la population du ghetto sur laquelle s'abattent tous les fléaux. Cercueil et Fossoyeur, qui appartiennent corps et âme à Harlem, ont un pied dans chaque camp : celui des Blancs qui usent et abusent de la loi, celui des Noirs où les deux justiciers se servent de la loi pour protéger les Noirs d'eux-mêmes et les empêcher de « se bouffer entre eux ».

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Couché dans le pain
Au petit matin d'une veillée funèbre tempétueuse, à Harlem, le révérend Short se penche un peu trop à la fenêtre et dégringole du deuxième étage sur le trottoir.

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Premier miracle : une vaste corbeille pleine de pains frais amortit sa chute. Il remonte à l'étage, indigné : "C'est Chink qui m'a poussé..." Tout le monde se presse à la fenêtre pour se rendre compte et...
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Deuxième miracle : il y a encore un homme dans le panier. Mais celui-là est bien mort, avec un couteau planté en plein coeur.
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Dare-dare
«Au même instant, le Blanc l'aperçut. Il montra les dents comme un chien qui va mordre et, dans sa main droite, le revolver se releva.»
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Pour Jimmy, qui travaille de nuit dans un restaurant de Harlem, il est grand temps de sauver sa peau noire. L'homme est blanc et armé. Qu'il soit fou, ivre, névrosé ou bien qu'il se trompe de personne est le cadet de ses soucis. Surtout si le tueur a déjà laissé deux cadavres dans une chambre froide...
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À Harlem, tout arrive. Fatalité ? Que non ! Jimmy, sous les balles, sent venir une rage au-delà de la peur. Il entend une voix issue d'une mémoire ancienne lui dicter la révolte. Et cette voix, alors qu'il court, de la sueur plein les yeux, lui dit : «Fonce-lui dessus ! Prends son flingue et défonce-lui le crâne !»
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La croisade de Lee Gordon
Par un jour de printemps de l'année 1943, c'est à Los Angeles, en Californie, que l'on aurait trouvé le plus heureux des hommes -Lee Gordon que le comité syndical vient d'engager pour recruter de, adhérents parmi les ouvriers noirs employés à la Conrstoch Aircratt Corporation.
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Il obtient pour la première fois un poste cor-respondant à ses aptitudes et à ses diplômes universitaires.
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L'obstacle qui l'a empêché jusqu'à présent d'accéder à un poste digne de son intelligence réside en lui-même ou plutôt à sa surface
sa peau est noire et il vit dans un pays imbu de préjugés raciaux. Aussi est-il également le plus malheureux qui soit quand il envisage les difficultés qui l'attendent, car il redoute les Blancs.
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Cette peur latente est son pire ennemi.
Elle détruit son foyer, em-poisonne ses rapports avec autrui, collègues ou inconnus.
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Pourtant quelque chose l'empêche toujours de s'y abandonner complètement et le contraint à mener une croisade solitaire contre lui-même et contre un monde hostile qui ne lui ménage ni coups ni piège, -lutte ardente, lutte sauvage d'un homme fragile mais fier, représentée avec une vérité qui accentue la valeur de cette œuvre vigoureuse.
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La fin d'un primitif
"j'estime que la culture américaine a produit deux variétés de l'espèce humaine qui n'ont jamais existé auparavant sur terre : 1 le mâle nègre ; 2 la femelle blanche."

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Ne nous énervons pas !
Gueule-Rose cherchait la malle pour laquelle tant d'Imbéciles et de crapules étaient morts, à Harlem, à Brooklyn, et même chez les rupins de Riverside...
Gueule-Rose suait
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abondamment et la peinture se délayait, tombait en grosses gouttes, noires comme l'encre, sur le sol.
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— T'as vu ce négro? dit un gardien. J'ai bien entendu dire que les Noirs suent de l'encre. Mais c'est la première fois que j'en vois un.
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Retour en Afrique
Dans un parking de Harlem, le révérend O'Malley a réuni une centaine de familles pour leur prêcher le retour en Afrique contre un modeste pécule de 1 000 dollars.
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Soudain, sorti de nulle part, un camion conduit par un Blanc fonce dans la foule et embarque le magot de 87 000 dollars.
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Ed Cercueil et Fossoyeur Jones vont bien sûr courir après l'argent volé, mais dans Harlem, tout peut arriver : des escrocs déguisés en pasteurs, des prostituées en bonnes soeurs et, bien sûr, assez de cadavres pour saturer les services de la voirie.
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Tout pour plaire
C'est à la lance d'incendie que «Gentil Prophète», le thaumaturge noir, baptise ses adeptes rassemblés dans une rue de Harlem.
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La fanfare joue quelques cantiques sur un rythme de rock and roll et les fidèles assaillent alors le saint homme.
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Alberta,la cuisinière, lui fait bénir une bouteille d'eau et après avoir bu une bonne goulée, s'effondre raide morte.
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Panique, bousculade, enquête. Mais «Gentil Prophète» a plus d'un tour dans son sac...

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Note :

l'un de mes auteurs de polars favoris.

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