dimanche 15 juin 2008

Henning Mankell et les enquètes du commissaire Vallander

Henning Mankell, né dans le Härjedalen (Suède) en 1948
Romancier le plus populaire de Suède avant l'arrivée du phénomène Stieg Larsson, le créateur de l'enquêteur Kurt Wallander - un commissaire colérique et diabétique passionné d'opéra - est devenu le symbole du «polar venu du froid».
*
Traduite en une trentaine de langues, sa série policière s'est vendue à près de quarante millions d'exemplaires.
*
Egalement auteur de pièces de théâtre et de livres pour enfants, Henning Mankell réside sept mois par an à Maputo, capitale du Mozambique, où il dirige le théâtre national et se consacre à des associations humanitaires.
*
Père de quatre garçons, il s'est remarié en 1998 avec Eva Bergman, fille du grand réalisateur suédois.
*
Dans l'entretien recueilli par Lire il y a un an, Mankell rappelle que «la fiction criminelle est l'une des plus vieilles formes de littérature - et la plus efficace pour raconter une histoire».
*
Parti en guerre contre la corruption - entre autres combats - il s'en sert aussi pour délivrer un message politique.
Pour lui, «les idées viennent de partout», mais «si l'idée s'envole, c'est qu'elle n'était pas bonne». Il ne prend donc pas de notes.
Et écrit dans le silence. «Je ne commence pas un livre sans savoir ce qu'il y aura dedans. J'ai tout dans la tête.»
*
Il ne croit pas aux recettes, aux trucs. Ou alors un seul: «Vous devez ressentir ce que vous écrivez.» Et de conclure: «C'est ridicule d'écrire dans l'intention de faire un best-seller.» T.S.
*A lire: Les chiens de Riga (Points)
*
Le jeune policier Stefan Lindman est sous le choc : il vient d'apprendre qu'il a un cancer, et que son ancien collègue Herbert Molin a été torturé mort.
Pour tromper son angoisse, il part à l' autre bout de la Suède enquêter sur le meurtre de Molin.
Que signifient les traces sanglantes sur le parquet, comme si le tueur avait dansé un tango avec le corps de sa victime ?
Les ombres d'un passé très noir se réveillent.
Elles ont frappé, et vont frappé encore.
Mais Stefan n'a plus rien à perdre...
*
Algérie, mai 1993.
Fait divers pour les uns, acte de guerre et "mission sacrée" pour d'autres, cinq femmes sont égorgées dans leur sommeil par des intégristes musulmans.
Les victimes sont quatre religieuses et une touriste suédoise, la cinquième femme.
Trois mois plus tard, une habitante d'Ystad, Suède, apprend que la cinquième victime n'est autre que sa mère.
Encore un an plus tard, en septembre 1994, l'inspecteur Kurt Wallander rentre en Suède après des vacances à Rome en compagnie de son père.
Il aspire à passer enfin un automne calme, mais c'est sans compter sur une série de trois meurtres particulièrement atroces à laquelle il devra trouver un sens, une logique...
*
Sobre, magnifique, inmanquable. Après
Le Guerrier solitaire, qui était déjà un chef-d'œuvre, Henning Mankell signe un nouveau grand roman noir, violent, remettant lui aussi en cause les prétendues vertus du fameux modèle social suédois.
On s'identifie passionnément à ce policier en quête de sens pour son enquête, mais aussi pour sa propre existence.
On hésite avec lui, on doute et on souffre, on se trompe et on réussit parfois dans ses traces.
La galerie de personnages qu'on croise dans ce récit est impressionnante, de même que les thèmes abordés, la vengeance en tout premier lieu.
*
C'est un roman des interstices, des failles, un texte qui imprègne au plus profond de l'âme, pose les questions essentielles en évitant les poncifs.
De la très grande littérature, en somme, digne de l'extraordinaire talent du beau-père de l'auteur : Ingmar Bergman.
Quatrième de couverture
Septembre 1994, l'inspecteur Wallander rentre de vacances et espère un automne calme. Mais il lui faut bientôt éclaircir une série de meurtres à donner froid dans le dos aux policiers les plus endurcis.
Un vieil ornithologue a été retrouvé empalé dans un fossé, un autre, passionné d'orchidées, ligoté à un arbre et étranglé, le dernier, chercheur à l'Université, noyé au fond d'un lac.
Pourquoi tant de férocité à l'égard de citoyens apparemment paisibles ? Et pourquoi ces mises en scène sadiques ?
Parce que - selon U devise de Wallander - les êtres sont rarement ce que l'on croit qu'ils sont. Et si le crime était la vengeance d'une autre victime contre ses bourreaux ? Dans ce cas, l'inspecteur Wallander n'a plus qu'à se hâter pour empêcher un nouveau meurtre tout aussi barbare.
*
Des animaux immolés par le feu, la tête et les mains d'une femme gisant près d'une bible aux pages griffonnées...
Le commissaire Wallander est inquiet. Ces actes seraient-ils un prélude à des sacrifices humains de plus vaste envergure ?
La propre fille de Wallander, impatiente d'entrer dans la police, se lance dans une enquête parallèle.
Entraînée vers une secte fanatique résolue à punir le monde de ses péchés, elle va rapidement le regretter.
*
*
Scanie, avril 1992.
Louise Akerblom, agente immobilière et jeune mère de famille, disparaît dans des conditions mystérieuses.
Pendant ce temps, en Afrique du Sud, un groupe d'Afrikaners fanatiques prépare avec soin un attentat contre une importante figure politique.
Quelques jours plus tard, le corps de Louise, le front troué d'une balle, est repêché dans un puits.
L'inspecteur Wallander et son équipe enquêtent.
Mais le passé de la victime est limpide et les recherches piétinent.
C'est alors que les policiers découvrent près des lieux du crime le doigt tranché d'un homme noir.
Y aurait-il un lien entre la réalité quotidienne de la province suédoise et la lutte politique sanglante qui se déchaîne à un autre bout du monde ?
Wallander en sait peu sur l'apartheid ou sur la situation internationale.
Et il ignore la relation qui peut exister entre l'ex-KGB et les nationalistes blancs d'Afrique du Sud.
Cette fois, ce n'est plus le sort de quelques individus qu'il a entre ses mains, c'est le destin d'une nation.
*
L'action se situe en grande partie en Lettonie, alors que les Etats baltes s'émancipent de la tutelle soviétique.
Hiver 1991. Un canot pneumatique s'échoue à Mossbystrand, au large d'Ystad (siège du commissariat de Wallander).
Il contient les corps de deux hommes, torturés et exécutés d'une balle dans le cœur.
L'origine du canot est rapidement établie : fabrication yougoslave, utilisé uniquement par les Soviétiques et leurs satellites.
Les corps sont à leur tour identifiés : criminels lettons d'origine russe, liés à la mafia russe.
Un officier de police de Riga est appelé en renfort à Ystad.
Le commissaire Wallander se prend d'amitié pour l'étrange major Liepa et commence à entrevoir, à son contact, la complexité du monde où a été commis ce double meurtre.
A peine rentré en Lettonie, le major Liepa est assassiné.
A la demande des enquêteurs Wallander part pour Riga.
C'est le début d'une aventure insensée où il va se trouver complètement démuni, privé de tout repère.
Seule certitude : le major a été éliminé pour des raisons politiques.
Quant à Wallander, il est manipulé. Par qui ? Par la veuve du major, la belle Baiba Liepa ?
Par l'un ou l'autre des deux officiers de police chargés de l'enquête ?
*
Dans la "série Wallander", Les Chiens de Riga, est le 5ème titre à paraître au Seuil, néanmoins, il est le 2ème titre écrit par Henning Mankell (en 1992) après Meurtriers sans visage publié par Bourgois.
L'action de ce livre, contrairement aux autres titres de la série, ne se déroule pas dans la Suède démocratique, ni dans l'environnement social de la Scanie bien connu de notre Wallander.
Ecrit en 1992, alors que tout était encore très précaire et incertain dans les Etats baltes - la Lettonie venait de se proclamer indépendante en aôut 1991 - Les Chiens de Riga offre une plongée vertigineuse dans le monde soviétique totalitaire sur le point de se désintégrer et dont Wallander ignore tout.
*
Un Wallander plus jeune, moins expérimenté, réduit à ses seules ressources d'intuition et d'ingéniosité face à des ennemis aussi féroces qu'insaisissables.
Un Wallander d'autant plus vulnérable qu'il est tombé amoureux.
Une atmosphère glauque et prenante.
Un suspens violent, dépaysant, à l'efficacité garantie.
En février 1991, deux hommes sont retrouvés exécutés d'une balle dans le coeur, dans un canot pneumatique sur une plage de Scanie. Les corps identifiés se révèlent être ceux de criminels lettons d'origine russe liés à la mafia. Dès son retour de Lettonie, l'étrange major Liepa pour lequel Wallander s'est pris d'amitié, est assassiné. Une nouvelle enquête pour Wallander qui part alors pour Riga.
*
À ce polar sur la peur de l'Autre, il fallait un héros exceptionnel.
Le policier Kurt Wallander en est un, dans la mesure où il prétend simplement être un homme, rien qu'un homme solitaire et blessé, proche du désespoir ordinaire.
Ce roman noir, copieux, haletant, nous poursuit bien après l'arrestation des meurtriers. Car, dans les glaces nordiques, c'est non seulement la solution d'une énigme que l'écrivain nous dévoile, mais aussi l'âme d'une nation autrefois douée pour le bonheur et que la joie de vivre a désertée.
Le constat est dur, à l'image de ce livre magnifique où les neiges éternelles du suspense se teintent d'un sang d'aujourd'hui.
La première enquête du désormais célèbre Kurt Wallander, personnage phare des romans de Henning Mankell.
*
Comment une jeune fille peut-elle s'immoler par le feu, au beau milieu d'un champ de colza ?
Et pourquoi ?
Pendant que la Suède se protège de la canicule de cet été 1994 en suivant la Coupe du monde de football, l'inspecteur Kurt Wallander, de la police d'Ystad, assiste presque par hasard à cette scène apocalyptique.
Pas question de partir en vacances...
surtout que, dès le lendemain, s'enchaîne une série de meurtres atroces : un ancien ministre lubrique, un marchand d'art et un petit truand sont retrouvés scalpés...
Quel est le lien entre eux ?
Comment empêcher l'assassin de récidiver et pourquoi est-il devenu ce meurtrier sans pitié ?

On connaît le coupable dès le début du récit, mais cela ne nuit en rien à l'intérêt du Guerrier solitaire, ce très grand roman noir, d'un auteur quasiment inconnu mais à placer tout de suite aux côtés de son brillant compatriote Björn Larsson, auteur du
Cercle celtique.
Tout s'enchaîne au millimètre dans l'enquête de ce policier profondément humain, avec ses histoires de coeur, ses doutes philosophiques, ses obligations domestiques... Un roman formidable !
*
Quatrième de couverture
Été 1994, la petite ville d'Ystad somnole la chaleur. Rivés devant leurs postes de télévision, tous les Suédois suivent la Coupe du monde de football.
Mais, alors que l'inspecteur Wallander se prépare à partir en vacances, une jeune fille s'immole par le feu dans un champ de colza. Le lendemain, un ancien ministre est tué à coups de hache.
Une série de meurtres d'une sauvagerie terrifiante se déclenche. La police d'Ystad, menée par Kurt Wallander, entame une course contre la montre haletante pour arrêter le tueur avant qu'il ne frappe à nouveau.
Mais quel lien y a-t-il entre un ancien ministre en retraite, un riche marchand d'art et un minable truand,? Pourquoi les victimes sont-elles scalpées ? Et qui est cette jeune fille qui s'est suicidée ? A-t-elle un rapport avec les meurtres ?
*
Le brouillard est épais en cette nuit automnale.
Le vieil avocat Gustaf Torstensson est au volant.
Soudain, une étrange silhouette surgit au milieu de la route : c'est un mannequin de taille humaine, assis sur une chaise.
Torstensson freine brutalement, sort de sa voiture.
On ne le reverra jamais vivant.
Son fils fait appel au commissaireWallander.
Celui-ci va découvrir un réseau criminel derrière lequel se profile un homme singulier, élégant et sûr de lui.
Un homme qui sourit toujours.
Automne 1914.
La Suède, malgré sa neutralité, craint d'être entraînée dans la guerre, car les flottes allemande et russe s'affrontent au large de ses côtes.
Le capitaine Lars Tobiasson-Svartman reçoit la mission de sonder les fonds de la mer Baltique et de chercher une route maritime secrète à travers l'archipel d'Östergöland.
L'homme est hanté par l'idée de contrôle qu'il exerce en mesurant tout ce qui l'entoure, les masses, le temps, les distances entre les lieux, les objets et les êtres (sa femme Kristina restée à Stockholm).
Mais lorsqu'il découvre Sara Fredrika vivant seule sur une île désolée, la présence de cette femme très vite l'obsède et il devient son amant.
Le fragile couvercle qu'il maintenait sur son " abîme " intérieur se soulève et son univers tiré au cordeau vole en éclats.
D'allers et retours entre l'île et Stockholm, il s'invente des missions secrètes.
De mensonge en mensonge - à Sara Fredrika, à Kristina, qui perd la raison, à l'amirauté qui le pousse à démissionner -, Tobiasson perd pied, sombre dans la folie et se suicide par noyade.
Dans ce récit sobre et parfaitement construit, porté par une intensité émotionnelle constante, Mankell se mesure ici avec les plus grands auteurs suédois contemporains, Torgny Lindgren et Per Olof Enquist.
*
22 juin 1996, nuit de la Saint-Jean.
Trois étudiants se sont donné rendez-vous avec perruques et habits d'époque pour un pique-nique champêtre d'un autre siècle.
Mais la fête tourne court. Un tueur abat les trois convives.
Quelques semaines plus tard, persuadés que leurs rejetons font le tour d'Europe, les parents ne s'inquiètent pas de leur absence.
En recevant une carte de Vienne signée par sa fille Astrid, l'une des mamans, prise d'un doute, alerte la police.
L'inspecteur Kurt Wallander est convaincu par la plaignante, mais un emploi du temps trop chargé et une vie de quinquagénaire de plus en plus compliquée lui font délaisser l'affaire.
Les choses s'aggravent lorsque, inquiet du silence de son collègue Svedberg, il le découvre dans son appartement, mort d'une balle dans la tête.
Dès le début, l'enquête révèle sur la victime quelques indiscrétions : ce policier que tous croyaient solitaire passait toutes ses vacances avec Louise, une mystérieuse compagne.
En recherchant sa photo dans une cache de l'appartement de son collègue, Wallander tombe sur un cliché représentant les trois étudiants en train de faire la fête.
Cette quatrième aventure de l'inspecteur Wallander, handicapé par un diabète soudain, est un modèle de procédure policière. Dans cette enquête subtilement agencée, cet enquêteur plein de doutes reste tourmenté par l'évolution négative de la société suédoise. Une réussite majeure !
*
Quatrième de couverture
Juin 1996. Nuit de la Saint-Jean.
Trois jeunes gens ont rendez-vous dans une clairière isolée où ils se livrent à d'étranges jeux de rôle. Ils ignorent qu'ils sont surveillés.
Peu avant l'aube, la fête tourne au drame : Août 1996. Le commissariat d'Ystad somnole sous la chaleur. Alors que des parents signalent la disparition de leurs enfants, Svedberg, un proche collègue de Wallander, est retrouvé mort, défiguré.
La peur s'installe dans la région. Pour la première fois, notre sympathique inspecteur, aux prises avec des soucis de santé et des problèmes sentimentaux, est assailli par le découragement et le doute. Svedberg menait-il une double vie ?
Pourquoi les jeunes gens étaient-ils déguisés ? Pourquoi le meurtrier visait-il des victimes jeunes et heureuses ? Pris dans l'enchaînement des découvertes macabres et des rebondissements contradictoires, Wallander parviendra-t-il à mener à bien cette nouvelle enquête qui s'annonce particulièrement ardue ?.
*
L'inspecteur Kurt Wallander d'Ystad en Suède est atterré face au crime odieux de deux adolescentes qui ont froidement abattu un chauffeur de taxi à coups de marteau et de couteau.
N'éprouvant aucun remords, elles racontent les faits aux policiers sans émotion apparente.
Mais bientôt, Sonia, l'aînée des jeunes filles, réussit à s'évader du commissariat et on la retrouve électrocutée à l'intérieur d'un transformateur électrique gravement endommagé et qui a privé de courant la moitié de la région.
Wallander et son équipe cherchent à comprendre : que signifient ces deux crimes et quel sens donner à ce sabotage ?
Mais une autre mort le tracasse : celle de Tynnes Falk, un consultant en informatique, foudroyé par une crise cardiaque devant un distributeur automatique et dont le cadavre disparaît de la morgue pour être remplacé par… une pièce appartenant au transformateur où fut découvert le corps de Sonia.
Dès lors, les deux affaires sont liées, mais Wallander a beau tourner et retourner les hypothèses, il est désorienté.
Sa ténacité, son énergie et l'aide d'un hacker lui feront découvrir une vérité surprenante qui a pris ses racines en Angola où l'ennemi invisible et dangereux est prêt à donner le coup de grâce.
*
Dans ce cinquième titre paru en France, Henning Menkell déploie une imagination fertile dont la crédibilité donne froid dans le dos.
On retrouve Wallander, avec le même plaisir, en s'attachant à suivre une enquête haletante et ses nouveaux émois amoureux.

Présentation de l'éditeurTynnes Falk, consultant en informatique, s'écroule devant un distributeur bancaire. Une mort naturelle ? Sa famille en doute. Au même moment, deux adolescentes tuent sauvagement un chauffeur de taxi. Le corps de la plus âgée, en fuite, est retrouvé à l'intérieur d'un transformateur à haute tension et, la même nuit, le cadavre de Falk est volé à la morgue. Aidé d'un jeune hacker surdoué, fraîchement sorti de prison où il purgeait une peine pour s'être introduit dans les ordinateurs du Pentagone, Wallander doit affronter un ennemi omniprésent, omnipotent et invisible qui menace les centres financiers de toute la planète. Face à la plus difficile enquête de sa carrière, Wallander est plus seul que jamais...
*
Dans un camp de transit de la côte espagnole, les migrants attendent patiemment d'entrer en Europe.
Tea-Bag, la jeune Africaine, tente d'oublier les cris de ceux qui ont péri dans le naufrage qui les a menés sur cette plage.
Lorsqu'un journaliste lui offre, contre son témoignage, un voyage en Suède, l'espoir renaît. Parviendra t-elle à infléchir le cours de son destin ?
*
Les enquêtes du commissaire Kurt Wallander
*
Henning Mankell, homme de lettres et de théâtre partageant sa vie entre le Mozambique et la Suède, va écrire - entre 1991 et 1998 - un cycle d'enquêtes policières ayant pour héros le commissaire Kurt Wallander et, pour cadre, la petite ville d'Ystad, à l'extrémité méridionale de la Suède.
*
Wallander et toute l'équipe du commissariat d'Ystad connurent un rapide succès, notamment en Suède et en Allemagne, qui se concrétisa par une adaptation télévisuelle de leurs aventures dès 1994.
*
Les traductions en français furent tardives - à l'exception de Meurtriers sans visage (1994 chez Christian Bourgois) - et leur parution chez nous n'a pas respecté l'ordre d'écriture de Mankell (sans doute le potentiel commercial de chaque roman a-t-il été privilégié). Il existe une mince chronologie dans le cycle, et c'est en principe mieux de la suivre, mais une lecture dans le désordre ne gênera pas vraiment la compréhension.
*
Mankell rapporte avec infiniment de détails le travail d'enquête mais surtout les réflexions, états d'âme, angoisses du principal personnage, qui occupe le devant de la scène 90% du temps (sauf dans le roman initial - où les seconds rôles ne sont pas que des ombres - et La lionne blanche où l'intrigue est "splitée" entre l'Afrique du Sud et la Suède).
*
Aucune pensée de Wallander, aucun cheminement de son esprit ne nous est épargné, ce qui donne de gros romans, écrits dans un style plutôt froid, sans relief et sans aucun humour.
*
Un grand nombre de lecteurs apprécie cette abondance de détails qui vaudrait proximité, intimité avec Wallander et qui le rendrait plus vrai, plus humain.
*
A l'exception du premier roman, Meurtriers sans visage, où Mankell semble épuiser toutes les réserves de complexité de son personnage, Wallander vit hydroponiquement dans l'espace clos de l'enquête qu'il mène.
*
Il n'a aucune vie sociale, aucune vie intellectuelle (l'auteur abandonne progressivement la seule passion qu'on connaissait à Wallander, à savoir l'opéra), les relations qu'il entretient avec ses proches (père, fille, femme à éventuellement aimer) sont des pâles et immobiles redites du premier roman.
*
Psychologiquement, c'est un homme qui fait du surplace, avec une forte tendance à s'apitoyer sur son sort et qui, surtout, peu sûr de lui, semble totalement incapable d'affronter directement la réalité de l'existence.
*
Dans Meurtriers sans visage, Mankell autorisait son héros à picoler plus que de raison pour lui permettre au moins cette confrontation au réel. Par la suite, plus rien... Ni alcool (à l'exception d'une formidable muflée dans La lionne blanche, comme me l'a fait remarquer Michaël Hubeaux par courriel), ni réel...
*
Wallander, quoi qu'il en dise, ne s'épanouit vraiment que dans le vertige de la traque. Je ne suis même pas certain, contrairement à ce que raconte la plupart des critiques qui le traitent de "flic humaniste", qu'il éprouve toujours une véritable compassion pour les victimes.
*
Enfin et malheureusement, à une ou deux exceptions près, Wallander est confronté au même type d'affaires (un ou des meurtres plus ou moins épouvantables) entraînant des enquêtes et procédures policières quasi-identiques, dans une campagne scanienne où, à part ces assassinats, il ne se passe strictement rien.
*
Dès lors, rien ne ressemble plus à une aventure de Wallander qu'une autre aventure de Wallander, le thème de départ n'ayant finalement qu'assez peu d'importance.
*
Hors son premier roman, la "critique de la société suédoise" à laquelle se prêterait notre auteur est plutôt superficielle, résiduelle, accessoire puisque rien ne nous est livré de la vie, hormis la violence des crimes et la vision très étroite d'un enquêteur incapable de la moindre réflexion politique.
*
Mais affirmer l'existence de cette critique sociale permet aux nombreux fans de Mankell de conférer à l'œuvre une aura de respectabilité dont la plupart des polars se passe pourtant (n'est pas
Sjöwall & Wahlöö, Constantine ou Taibo II qui veut).
*
Henning Mankell, qui a déclaré qu'il n'aimait pas particulièrement le personnage de Kurt Wallander, est l'un des auteurs de policiers les plus vendus dans le monde. (Paris, septembre 2006)
- http://polars.cottet.org/mankell/
*
Note :
Vrai que le personnage de Vallander est assez falot... que les enquètes se ressemblent...
*
et qu'il se dégage un profond ennui de ces enquètes... très bien rendu d'ailleur par le film "la lionne blanche" vu récemment à la télévision...
*
mais malgré cela, j'aime bien, et je crois bien ne pas être la seule...

Aucun commentaire: