polar
« Un crime sera commis à l'église de Saint-Fiacre pendant la première messe du Jour des morts. » Tel est le message reçu par la police de Moulins qui en a averti Paris. Maigret se rend aussitôt sur place, car il a passé son enfance à SaintFiacre, dans l'Allier, où son père était régisseur du château. Il assiste à la messe au cours de laquelle la comtesse de Saint-Fiacre meurt... d'une crise cardiaque.
Le commissaire découvre pourtant rapidement que cette mort a été provoquée par une émotion violente : il trouve en effet, dans le missel de la comtesse, un extrait du Journal de Moulins annonçant la mort de Maurice de Saint-Fiacre, fils de la châtelaine. Or, celui-ci vient d'arriver de Paris au village, où il comptait demander à sa mère, comme il en a l'habitude, l'argent nécessaire à payer ses dettes.
L'enquête, menée au château, au village et à Moulins, se déroule dans une atmosphère pesante et émouvante à la fois, car Maigret, se rappelant son enfance avec une pointe de nostalgie, se rend compte que les choses ont beaucoup changé en trente-cinq ans. Le domaine n'est plus que l'ombre de ce qu'il était au temps où le père du commissaire s'en occupait : les ventes de terrains se sont en effet succédé depuis la mort du comte de Saint-Fiacre pour couvrir les folles dépenses de Maurice, qui mène à Paris une vie fastueuse ; de plus, la comtesse s'est laissé gruger par de nombreux « secrétaires » qui ont été autant d'amants successifs. Le dernier de ceux-ci, Jean Métayer, se sentant soupçonné, fait appel à un avocat ,de Bourges dont la suffisance irrite Maigret.
Néanmoins, le commissaire n'arrive à aucun résultat positif et il faut attendre, pour connaître le coupable, que Maurice de Saint-Fiacre organise, le lendemain du décès, un dîner placé « sous le signe de Walter Scott » (titre de chapitre) auquel sont conviés, outre les personnages cités ci-dessus, le curé, le médecin, le régisseur actuel et son fils, tous meurtriers possibles. Maurice de Saint-Fiacre y mène un jeu subtil que Maigret est réduit à suivre en témoin et cette scène à l'aspect lugubre aboutit à la découverte de l'assassin : il s'agit du fils du régisseur, Emile Gautier, qui a opéré avec la complicité de son père, lequel rachetait, en sous-main, les terres que la châtelaine devait vendre ; ainsi, la famille du régisseur espérait devenir propriétaire du domaine de Saint-Fiacre.
Adapté au cinéma :
Adapté à la télévision :
*Note du magazine Lire :
Georges Simenon (1903-1989) Ecrire «gris», limiter son vocabulaire pour «ne prendre que les mots qui ont la même résonance dans chaque esprit», les détracteurs de Simenon le lui ont longtemps reproché.
Or ce minimalisme veut correspondre aux histoires qu'il raconte. Le rythme est souvent caractéristique pour exprimer l'action des personnages. Il affectionne le monologue intérieur et les interrogations indirectes. «Je suis un instinctif, dit-il à Bernard Pivot en 1981 lors de l'émission Apostrophes, je ne suis pas du tout un intellectuel. Je n'ai jamais pensé un roman, j'ai senti un roman. Je n'ai jamais pensé un personnage, j'ai senti un personnage. Je n'ai jamais inventé une situation. La situation est venue lorsque j'écrivais un roman mais je ne savais pas du tout où mon personnage allait me mener.»
En écrivant ses premiers Maigret, Georges Simenon explique qu'il le fait pour apprendre le métier d'écrivain et que le choix du roman policier lui paraît plus facile, plus technique. Il instaure dès le début ses rituels d'écriture: rumination, rassemblement des informations, rédaction.
Il tape directement à la machine, évite de trop se relire, travaille dans une sorte de transe, en quelques jours pour ne pas perdre le fil de son histoire. La dernière étape est celle de l'ultime relecture où l'auteur se contente le plus souvent d'alléger encore son style, retirant des adjectifs, des adverbes.
Ce qui l'intéresse, c'est le criminel beaucoup plus que le crime. Maigret au début n'est qu'une silhouette qui va peu à peu se préciser, manifestant sa sympathie pour les petites gens, Paris et ses quartiers populaires.
Au départ, Simenon choisit de se pencher sur un homme sans aspérité en état de crise. Les décors restent un peu les mêmes, une France réinventée mais qu'il connaît bien, des impressions de lieux plus que des descriptions précises.
Son éducation dans un milieu petit-bourgeois et sa formation de journaliste lui serviront pour imaginer Maigret mais également tous ses personnages qui se doivent d'être «ordinaires».
Maigret antihéros, c'est la marque de Simenon, un homme simple, banal mais excellent enquêteur grâce à son don d'imprégnation, son envie de comprendre les raisons d'un crime.
«Je tiens Simenon pour un grand romancier, le plus grand peut-être et le plus vraiment romancier que nous ayons eu en littérature française aujourd'hui.» Qui dit cela? André Gide, en 1939. C.F.
Site officiel :
http://www.toutsimenon.com/
site intéressant :
http://www.libnet.ulg.ac.be/simenon.htm
http://www.0faute.com/simenon.htm
Note :
l'un de mes préférés... mais, je ne suis pas vraiment fan de Simenon.
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