vendredi 27 juin 2008

Natsuo Kirino, le polar nippon

polar...
Les confirmés
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Certains titres ne mentent pas sur le contenu.
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Le troisième roman de la Nippone Natsuo Kirino s'intitule Monstrueux, et il relève effectivement davantage du cauchemar sur papier que du thriller traditionnel.
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Deux prostituées, Yuriko et Kazue, viennent d'être froidement assassinées à Tokyo.
La soeur de la première se souvient de sa cadette, pour laquelle elle a éprouvé tant de haine.
Lorsqu'elles fréquentaient le très huppé lycée de K., vingt ans plus tôt, la beauté de Yuriko lui assurait tous les regards, contrairement à son aînée, exemple typique de la première de la classe au physique banal.
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Comment cette fille splendide a-t-elle pu tomber dans l'enfer du sexe tarifé?
L'assassin de Yuriko est-il vraiment responsable de son acte?
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Avec une grande habileté, l'auteur du tétanisant Out superpose les intimités de ces jeunes femmes - et de quelques personnages secondaires -, qui tentent par tous les moyens de trouver leur place dans une société où le culte de l'apparat n'a d'égal que celui de la performance. Quitte à devenir un monstre.
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Pour explorer la part d'innommable présente en chacun de nous, Kirino désamorce rapidement tout suspense (encore que...) pour se focaliser sur l'étude sociale et psychanalytique.
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Par exemple, l'image de la mère n'a ici rien de reluisant; et celle du père est encore pire...
Si Monstrueux peine à s'installer, l'angoisse monte crescendo jusqu'à devenir insoutenable vers la toute fin du livre.
Certes, on regrettera que l'éditeur français - Le Seuil - nous propose une version traduite de l'anglais et non du japonais. Mais il est difficile de sortir indemne de ce roman-choc, croisement électrique entre James Ellroy et une Elfriede Jelinek du pays du Soleil levant.
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biographie
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Née en 1951,
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Natsuo Kirino est l'auteur d'une dizaine de romans qui l'ont fait remarquer comme un des talents les plus prometteurs de sa génération.
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Paru en 1999 au Japon, Disparitions a été couronné par le prix Naoki.
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quelques titres…
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Out
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Masako,
Yoshie, Kuniko et Yayoi, - quatre femmes qui passent leurs nuit à remplir des paniers-repas dans une usine de la banlieue de Tokyo.
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Une heure de travail à la chaine après l'autre, elles se disent leurs souffrances : que leurs maris les battent, les trompent ou les abandonnent, elles ont en effet toutes en commun de subir le malheur d'être femmes dans un pays où ce sont les hommes qui dirigent.
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C'est dans ce contexte de violence sociale décrit par le menu que l'inévitable se produit : n'en pouvant plus d'être traitée comme une esclave, Yayoi finit par étrangler son mari.
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Solidaires, ses amies se placent aussitôt sous la direction de Masako et l'aident à faire ce qu'il faut pour ne pas finir en prison.
Commence pour ces quatre femmes une longue descente aux enfers, où elles vont croiser le chemin d'un certain Mitsuyoshi Satake, un ancien nervi hanté par l'acte abominable qu'il a jadis fait subir à une femme qui avait osé le défier.
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Terrifiante autant qu'implacable, le dynamique qui voit alors ces personnages s'affronter dans une lutte à mort pour la liberté, l'amour, le pouvoir et l'argent est lancée.
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Disparitions
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Constituant le nord de l'archipel du Japon, Hokkaïdo est une région inhospitalière de montagnes rudes et de mer grise.
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À dix-huit ans, Kasumi est montée dans un bus et a fui la maison familiale pour tenter sa chance à Tokyo, sans jamais revoir ses parents.
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Après quinze ans d'absence, elle revient pour quelques jours dans sa région natale, sur l'invitation d'un couple d'amis, les Ishiyama, accompagnée de son mari et de ses deux filles.
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Mais un beau matin, la petite Yuka, cinq ans, disparaît sans laisser de traces.
Toutes les recherches resteront vaines.
La fillette a-t-elle fugué, comme sa mère des années plus tôt ?
A-t-elle été victime d'un accident ou d'un crime odieux? Mais lequel des parents ou des voisins aurait pu commettre un tel acte?
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Kasumi est rongée parla culpabilité, car ce séjour n'était en réalité qu'un prétexte pour voir Yohei Ishiyama, l'ami du couple, qui est aussi son amant.
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Alors commence pour Kasumi une lente dérive, une enquête désespérée à la recherche de sa fille disparue, au cours de laquelle elle recevra l'aide inattendue d'Utsumi, un ancien inspecteur de police condamné par un cancer de l'estomac.
* Ces deux personnages, comme arrachés à la vie par leur tragédie respective, vont s'enfoncer comme des fantômes dans les matins brumeux de Hokkaïdo...
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Monstrueux
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Deux prostituées, Yuriko et Kazue, viennent d'être assassinées à Tokyo.
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Vingt ans plus tôt, les deux femmes étaient éduquées au lycée pour jeunes filles de K., un des établissements les plus réputés de la ville.
Elles étaient jeunes et l'avenir qui les attendait ne pouvait être que radieux dans une société japonaise qui leur ouvrait les bras.

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Sauf que la vie n'obéit pas forcément au destin qu'on aimerait lui faire suivre.
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Cruauté, humour glacial et descriptions sans pitié, Monstrueux est un thriller qui hante son lecteur bien après qu'il en a tourné la dernière page.
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Au sujet de « disparition » :
Solitudes croisées
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Au centre du récit, s'impose une figure féminine énigmatique, celle de Kasumi, une jeune provinciale déterminée qui, à 18 ans, a fui ses parents et le morne village de son enfance, situé à Hokkaido ; elle est partie loin, très loin, à Tokyo, et c'est quinze ans plus tard que mariée, mère de deux petites filles, elle prend conscience que son existence actuelle est tout aussi rébarbative et ennuyeuse que celle qu'elle menait auprès de ses parents.
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C'est peut-être la raison pour laquelle elle a pris un amant, Ishiyama, un collègue de travail, client de son mari et elle s'évade ainsi temporairement quand elle le retrouve dans un love hotel.
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Leur amour est sincère et il semble qu'ils ne peuvent se passer l'un de l'autre ; un sentiment qui décide Ishiyama à inviter Kasumi et sa famille à venir passer quelques jours dans sa maison de campagne à Hokkaido.
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La jeune femme ne peut refuser cette occasion, même si son amant est lui aussi marié et père de famille et qu'il lui faudra endurer la présence d'une épouse soupçonneuse.
La maison se trouve dans un lotissement quasi désert, près du lac Shikotsu, non loin du village où Kasumi a grandi, mais c'est la première fois depuis sa fugue d'adolescente qu'elle revient dans cette région.
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En dépit de la tension invisible qui règne entre les deux familles, Ishiyama et Kasumi ont convenu de se retrouver chaque nuit, à l'insu de leurs époux respectifs.
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Mais, quand Yuka, la fille aînée de Kasumi, disparaît subitement, comme évaporée dans la nature, les retrouvailles des amants prennent un tour amer, un sentiment de culpabilité inexplicable les envahit et la détresse s'installe dans la petite maison ; car en dépit des recherches et de l'enquête policière, la fillette de cinq ans demeure introuvable : une disparition bouleverse à jamais la vie de Kasumi et d’Ishiyama.
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Quatre ans plus tard, la protagoniste ne s'est toujours pas résolue à renoncer à sa fille et elle mène toujours une quête insensée dont Yuka, tragique macguffin (à la différence près que Disparitions n'est pas un roman policier), est l’éphémère pivot.
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Chronique familiale puis intime, douloureuse mais réaliste, Disparitions est dominé par les motifs récurrents de la perte et de la solitude, et de l'incapacité des mots à décrire ces sentiments ; ainsi, Kasumi est confrontée à l'incompréhension grandissante des autres : "Quand elle se rendait compte que ses soucis laissaient les gens indifférents, le sentiment de sa solitude s'exacerbait à un point qui dépassait toute expression."
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Cet état de choses la rapproche d’Utsumi, un ancien inspecteur de police qui a décidé d’assister Kasumi dans ses recherches, bien qu'il soit (ou peut-être parce qu'il est) en train de s'éteindre lentement, rongé par un cancer qui l’épuise ; Utsumi connaît bien la solitude lui aussi : "La douleur se nicherait bientôt dans son corps entier, et on ne pourrait plus l'en extirper.
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Si, chez l'homme, la maladie accentue la solitude, c'est parce qu'il ne peut partager avec personne la douleur physique et la souffrance. Quoi de plus intime qu'un corps ? Les mots sont sans force pour l'exprimer. (...)
Il avait toujours été persuadé qu'il était illusoire de croire que quelqu'un puisse le comprendre parfaitement."
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D'un point de vue structurel et générique, ce roman aux accents philosophiques pourrait être accusé de disharmonie, et les cheminements imprévisibles de la narration et des personnages sont susceptibles de dérouter : car dans l'univers que construit patiemment Natsuo Kirino, rien n'est jamais tranché ou figé et l'on passe, insensiblement, d’une étude sociale (à la limite du roman domestique) à un récit parfois onirique qui se double d'une palpitante quête de soi, comportant de multiples allées et venues entre les genres et les points de vue ; des variations qui permettent à l'auteur de semer volontairement le trouble dans notre esprit déstabilisé.
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Mais les revirements psychologiques et sentimentaux des personnages sont détaillés et soigneusement commentés, de même que la rencontre en apparence saugrenue entre Kasumi et Utsumi, dont le corps décharné et la mort imminente permettront à la jeune femme de se libérer de sa fille disparue, de se libérer tout court.- http://www.sitartmag.com/natsuokirino.htm
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Note :
Pas trouvé énormément de chose sur cet auteur.
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Moyennement tentée d'ailleurs... rajouter sur ma liste de bibliothèque, mais vraiment en fin de liste et uniquement pour "Out"... bien qu'à lire ce résumé, il me semble bien que j'ai dû déjà le lire... juste une impression de déjà lu...

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