vendredi 27 juin 2008

David Peace et l'éventreur du Yorkshire

polar...
Les confirmés
Le dépaysement réussit à certains écrivains.
Ainsi, on pensait que David Peace ne saurait jamais quitter la région industrielle du Yorkshire, à laquelle il a consacré une formidable tétralogie noire bien connue des amateurs de polars.
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Avec Tokyo année zéro, l'auteur de GB 1984 a sans doute choisi de faire provisoirement table rase de ses précédents décors britanniques, afin de trouver un territoire inconnu, une inspiration nouvelle - il vit là-bas, désormais.
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Premier volet d'un cycle consacré au Japon d'après-guerre, ce roman noir nous plonge dans un pays en plein chaos, tentant de panser ses plaies béantes.
Nous sommes en août 1945: les infrastructures sont mises à mal (comme dans le bassin ouvrier anglais des années 1980?), la pauvreté fait des ravages, et les autorités tentent, comme elles peuvent, d'assurer la sécurité publique.
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Dans un dépôt de vêtements de l'armée, on découvre le corps d'une jeune femme.
C'est l'inspecteur Minami qui est appelé auprès du cadavre.
Un an après, ce flic insomniaque revivra une situation similaire: deux autres jeunes femmes sont retrouvées assassinées.
Comment ne pas alors suspecter l'oeuvre d'un tueur en série?
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Inspiré par une histoire vraie - le cas du tueur et violeur Kodaira Yoshio, exécuté en 1949 -Tokyo année zéro détourne le dossier criminel pour mieux se plonger dans la psyché d'un antihéros, allégorie d'une contrée malade en reconstruction.
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Ici, selon les circonstances, les valeurs morales s'inversent, la culpabilité et l'innocence ne sont pas si éloignées.
On est même tenté de déceler, sous la peau de ce personnage taciturne, un autoportrait de l'écrivain luttant contre un mal qui le dépasse. Dérangeant et fort.
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Vient également de paraître 44 jours (Rivages).
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biographie
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David Peace est né en 1967 à Osset, dans le West Yorshire.
Il entreprend des études à l’école d’enseignement technique de Manchester.
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En 1991, il arrête sa formation et part à Istanbul pour y enseigner l’anglais.
Depuis 1994, il poursuit son enseignement à Tokyo avec sa famille.
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Toute sa scolarité a été bouleversée par les activités de l’éventreur du Yorkshire.
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C’est cela qui a développé chez lui cet intérêt pour le crime.
En effet, jusqu’en 1977, Peter Sutcliffe « the Yorshire Riper » a assassiné treize femmes.
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A cause d’un concourt de circonstance, David Peace a cru pendant longtemps que le tueur était son père. On peut penser que cela a traumatisé l’enfance de notre écrivain.
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Ces influences sont des auteurs comme Alan Stillitoe ou Stan Barstow qui vivait à coté de chez lui.
Mais, il a surtout été influencé par des livres plus que par des auteurs comme les histoires de Jack l’éventreur et L’Exorciste.
Il découvre également la littérature japonaise en lisant Nakagami qui fait un travail identique à Jim Thompson.
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Il a beaucoup écrit de 1985 à 1993 mais sans aucun résultat. Tout son travail tourne autour de l’assassin et de son lieu de naissance.
Il est obnubilé par cette affaire à tel point qu’il est soulagé lorsque le tueur est arrêté le 2 janvier 1981.
Il pensait même que sa mère serait la prochaine victime.
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La publication de son Quartet du Yorshire - 1974, 1977, 1980 et 1983- nous fait penser au Quatuor de Los Angeles de
James Ellroy.
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Il revendique d’ailleurs cette comparaison car son travail est confiné dans un endroit, un lieu et un crime réel.
Il nous montre une Angleterre de la rue, de la sueur et de la violence qu’elle soit physique ou sexuelle.
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Son écriture est brutale. Il use et abuse des répétitions de phrases pour mieux amener le lecteur dans son antre.
Classé dans les « vingt meilleurs jeunes romanciers britanniques », cet auteur représente actuellement avec John Harvey ce qui se fait de mieux outre manche
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Quelques titres…
GB 84
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Le 5 mars 1984,
les mineurs de Cortonwood, dans le Yorkshire, cessent le travail après l'annonce de la fermeture prochaine du puits dans le cadre d'un plan de restructuration des houillères britanniques qui prévoit 20 000 suppressions d'emplois.
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Ils ne savent pas qu'ils viennent d'amorcer une grève qui durera un an et sera le plus violent conflit social de l'après-guerre.
Une semaine plus tard, la moitié des 187 000 mineurs que compte le pays a rejoint le mouvement emmené par le Syndicat national des mineurs (National Union of Mineworkers) d'Arthur Scargill.
Il y a longtemps que les relations entre la direction des charbonnages et le syndicat ne sont pas au beau fixe.
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Le Premier ministre Edward Heath l'avait appris à ses dépens lors de la grève de 1974 qui précipita sa chute.
Alors qu'elle est au pouvoir depuis cinq ans, Margaret Thatcher n'a pas l'intention de subir le même sort.
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Tandis qu'Arthur Scargill tente de mobiliser l'ensemble des forces syndicales autour des mineurs, le gouvernement recourt à tous les moyens possibles pour briser la grève : artifices juridiques, répression policière, actions de déstabilisation.
Faisant alterner le témoignage de deux grévistes progressivement poussés au désespoir et le récit de la guerre sans merci qui oppose le syndicat au gouvernement, David Peace brosse avec la rigueur de l'historien et le souffle du romancier un tableau fascinant de ce conflit majeur qui fut sans doute le dernier de son espèce.
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Outre la défaite des mineurs, il marqua l'entrée de la Grande-Bretagne dans l'ère du libéralisme triomphant.
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1983
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Mai 1983,
à la veille d'élections générales que la dame de fer s'apprête à remporter triomphalement, Hazel Atkins est enlevée à Morley, là où, en 1974, la petite Clare avait disparu.
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Même si la police refuse d'établir un lien entre les deux affaires, d'autres victimes de disparitions, similaires, refont surface : Susan Ridyard et Jeanette Garland.
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On s'en souvient, c'est sur ces affaires qu'enquêtait le journaliste Edward Dunford.
Lui aussi a mystérieusement disparu.
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Dans le dernier volume de sa tétralogie du Yorkshire, David Peace dévoile la face cachée de ces années noires et tente de définir la nature du mal qui a rongé l'Angleterre pendant une décennie.
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1980
Après 1974 et 1977, David Peace poursuit sa chronique de l'ouest du Yorkshire, où les gens vivent dans la peur.
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Plusieurs années ont passé et l'éventreur continue à sévir malgré tous les efforts de la police.
Les femmes n'osent plus sortir le soir.
La psychose monte, chacun soupçonne son voisin et le mal semble même avoir gangrené les forces de l'ordre.
Y a-t-il un flic honnête dans le comté du Yorkshire ?
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Il y a Peter hunter, seul contre tous.
L'homme qui va enquêter sur les enquêteurs. Creuser à mains nues et ramener la boue. Creuser la tombe de ses collègues corrompus ou la sienne ?
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À travers le personnage de Peter hunter, directeur adjoint de la police de Manchester, David Peace brosse dans une langue incantatoire le tableau palpitant, écorché et violent, d'un lieu et d'une époque confrontés au chaos.
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1977
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Si 1977 est l’année du jubilé de la reine d’Angleterre, c’est aussi celle de l’affolement pour tous ceux qui assimilent le sept au chiffre de l’apocalypse.
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Ils n’osent plus sortir de chez eux.
Il y a dans la région de Leeds "un million de petites apocalypses et des tas de putains de comptes qui se règlent".
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Le plus inquiétant, celui qui terrorise tout le Yorkshire est connu sous le nom de L’Éventreur.
En quelques années, il s’est rendu coupable d’une dizaine de meurtres de prostituées qu’il défigure au tournevis et au marteau.
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Au cœur de cet enfer, deux hommes sont particulièrement affectés :
le policier Bob Fraser, trente-deux ans, qui hait le monde aussi fort qu’il se déteste lui-même. Marié avec Louise, la fille d’un vieux flic qui agonise à l’hôpital, il culpabilise car il délaisse son fils (qu’il adore) depuis qu’il est amoureux de Janice, une jeune prostituée dont il craint qu’elle ne soit victime de l’Éventreur.
Le journaliste Jack Whitehead se trouve dans la même spirale de désespérance. Alcoolique obsédé par la disparition violente d’une certaine Carol, il fait des cauchemars tout éveillé et feuillette inlassablement le dossier Meurtres et agressions de femmes dans le nord de l’Angleterre.
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Et tandis que le tueur continue de frapper méthodiquement, les enquêtes s’enlisent et les deux protagonistes sombrent peu à peu dans la folie.
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Ce deuxième volet du Red Riding Quartet, une chronique sociale sur la région du Yorkshire, est encore plus éprouvant que
1974 qui ouvrait le feu.
C’est la description d’un monde en deuil, accablé par les meurtres mais aussi par la crise économique.
Certaines scènes qui mettent en cause le comportement de la police sont d’une dureté à la limite du soutenable pour les âmes sensibles.
S’y ajoute une écriture hachée, pleine d’ellipses et de dialogues vifs qui pourra surprendre le lecteur ne connaissant pas encore ce romancier d’exception
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1974
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Après Jeanette Garland et Susan Ridyard, la jeune Clare Kemplay vient de disparaître sur le chemin de l’école.
Son cadavre sera bientôt retrouvé dans une tranchée sur un chantier.
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Nous sommes en 1974, dans la région de Leeds.
Noël approche.
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Edward Dunford, reporter à l’Evening Post, est encore un néophyte qui fait ses premières armes dans l’ombre du journaliste vedette de la rédaction, Jack Whitehead.
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Au volant de la vieille voiture de son père, il sillonne les routes de l’Ouest du Yorkshire à la recherche d’indices susceptibles d’éclairer les meurtres de ces trois fillettes.
Au début, il croit seulement chasser le scoop, mais plus il enquête, plus il découvre que bien des choses sont pourries au royaume du Yorkshire : policiers corrompus, entrepreneurs véreux, élus complices…
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Depuis ce premier volume de la tétralogie que David Peace a consacrée au Yorkshire, la réputation de l’auteur n’a cessé de grandir.
Dès la parution de 1974, la presse avait été quasi unanime : « On ne saurait échapper à la musique d’une telle douleur », lisait-on dans le New York Times, tandis que Michel Abescat parlait dans Télérama d’un « requiem bouleversant d’humanité et de compassion »
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Tokyo Année Zéro
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Août 1945.
Tokyo n'est plus que ruines.
Les immeubles sont éventrés, les canalisations ont explosé, les habitants se sont réfugiés dans des abris de fortune, l'empereur va signer la capitulation.
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Dans cette atmosphère de fin du monde, l'arrivée d'une dépêche au bureau de la Première Division criminelle passe presque inaperçue.
Qui s'intéresse à la présence d'un corps de femme dans un dépôt de vêtements de l'armée ?
L'inspecteur Minami se charge de l'enlèvement du cadavre.
Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que cette macabre découverte n'est qu'un prélude.
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Un an plus tard, les jeeps des Vainqueurs sillonnent la capitale d'un pays toujours exsangue.
Le 15 août 46, un cadavre de femme est signalé dans le parc de Shiba.
Au cœur d'une clairière, gît une jeune fille âgée d'une vingtaine d'années ; un morceau de tissu rouge lui enserre le cou.
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Dépêché sur les lieux, Minami fait les premières constatations et ne tarde pas à découvrir un second corps, presque réduit à l'état de squelette.
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C'est le début d'une affaire qui, pour l'inspecteur, prend aussi la forme d'une quête de sa propre identité, perdue dans le désastre de la guerre.
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Premier volume d'un cycle consacré à la ville de Tokyo après la Seconde Guerre mondiale, ce roman s'inspire d'un fait divers criminel.
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Pour David Peace, c'est le point de départ d'un thriller palpitant, saisissant, où l'on croise les pas d'un homme hanté par la mort et la culpabilité.
Cette " année zéro ", c'est aussi celle de la défaite, la table rase à partir de laquelle il faudra tout reconstruire.
En ce sens, David Peace, plus ambitieux et visionnaire que jamais, nous propose une superbe fresque sur la naissance du Japon moderne.
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44 jours : The Damned United
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Le lendemain de Noël 1962,
Brian Clough, buteur surdoué de l'équipe de Sunderland, se blesse.
Ce sera la fin d'une carrière qui s'annonçait exceptionnelle.
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Avide de revanche, il se reconvertit comme manager.
Aidé de son inséparable ami Peter Taylor, il va conduire l'équipe de Derby à la victoire en championnat d'Angleterre.
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Deux ans plus tard, Clough prend la direction de Leeds United, l'un des plus grands clubs européens.
Fidèle à son style, il commence par jeter un pavé dans la mare : Leeds ne doit ses victoire qu'à la tricherie, aux manœuvres de son prédécesseur.
Désormais, l'honnêteté et le beau jeu règneront sans partage.
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Mais c'est sans compter avec l'hostilité de l'équipe et des dirigeants : ce qui s'annonçait comme le couronnement de la carrière de Brian Clough vire au cauchemar...
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Qu'on aime le foot ou pas, on lit d'une traite cette saga palpitante, riche en rebondissements, qui retrace l'ascension et la chute d'un homme hors du commun, tourmenté, complexe, parfois odieux, toujours sincère et attachant.
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Plus brillant et inspiré que jamais, David Peace nous convie à la rencontre explosive de l'épopée, de la tragédie et du mélo, à travers l'une des icônes les plus flamboyantes du football anglais, qui se révèle un formidable personnage romanesque. 44 jours a connu un immense succès en Grande-Bretagne.
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A voir :
http://www.lelibraire.org/article.asp?cat=8&id=3180
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Note : Encore rien lu de cet auteur... assez tentée sauf pour le dernier titre. Franchement, sur le foot, je ne ressens que peu d'intérêt...
Par contre, "Tokio, année zéro" pour commencer... ou "1974" premier de la tétralogie de l'éventreur... me tentent suffisamment pour rajouter ces deux titres sur ma liste de bibliothèque.


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