dimanche 15 juin 2008

George Pelecanos

George Pelecanos, né à Washington en 1957
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*Choisir une ville, un quartier, et s'y tenir, c'est le pari de George Pelecanos qui vit et écrit sur Washington DC depuis quinze ans, une ville qui n'a rien à voir avec la Maison-Blanche et ses hommes d'affaires en tout genre.
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Le ghetto et ses rues, ses blocs de maisons, les Noirs, les Blancs, les immigrés italiens ou grecs, voilà son terrain de prédilection.
Mais Pelecanos ne se contente pas de décrire une ville et sa délinquance, il regarde le monde changer au fil des années et de la quinzaine de livres qu'il a écrits.
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Aujourd'hui, Washington DC n'est plus celle de ses débuts avec le crack, la corruption, la prostitution. Il veut trouver d'autres intrigues en rapport avec les années post- 11 Septembre, s'éloigner des familles grecques immigrées, d'une pauvreté qui est repoussée un peu plus loin encore.
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Sa méthode de travail est le contraire d'une méthode: pas de plan, mais une histoire et un personnage central (un flic ou deux flics, un Noir et un Blanc).
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Pas de fin écrite, mais une volonté d'improvisation contrôlée.
C'est en se promenant dans les rues, en observant les attitudes, en écoutant les gens qu'il enregistre des détails dont il se servira dans l'écriture.
La musique joue un rôle essentiel dans ses histoires. Elle fixe une époque, un style de vie.
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Les Noirs «bling bling» n'écoutent pas la même musique que les policiers dans leur voiture. Les dialogues et les descriptions ont la part belle: la langue des dealers, des jeunes, des flics, des enfants, leurs vêtements, leur attitude donnent ainsi de la chair à ses personnages et des indications au lecteur.
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L'impact de la télévision influe sans doute sur le ton et la construction de ses histoires: dialogues plus courts, plus elliptiques, multiplication des histoires croisées...
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Le choix de l'émotion et le sens de la morale familiale donnent un supplément d'âme qui lui permet de se démarquer des thrillers et des romans noirs américains actuels.
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Chaque livre remet en place le rapport père/fils, cherche à montrer un nouvel aspect sociologique, un panorama de sa ville au fil des années. «En vieillissant, dit Pelecanos, je suis plus malin, j'écris mieux. Pour moi, un bon polar, c'est une bombe à retardement avec une grande mèche. C'est un sentiment d'inquiétude qui doit durer le plus longtemps possible.» C.F.
*A lire: Drama City (Points)
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Courte biographie :
George P. Pelecanos est un pur produit de Washington DC, capitale des États-Unis et siège de la Maison Blanche.
Il y est né, en 1957, de parents d'origine grecque, y a grandit, loin du fameux bureau ovale et plutôt du côté des quartiers noirs et ouvriers, y a appris la vie, et y réside aujourd'hui.
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À dix-sept ans, un évènement inattendu va changer le cours de son existence : il blesse accidentellement un ami au visage avec une arme à feu.
Celui-ci échappera de peu à la mort et Pelecanos prend alors conscience de la fragilité de la vie humaine et de la facilité avec laquelle le destin frappe parfois à la porte.
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Il fait quelques études de cinéma à l'université de Maryland et enchaîne les petits boulots : d'abord dans le snack de son père, puis en tant que barman, cuistot, ou encore vendeur de chaussures.
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En 1981, retour au cinéma chez Circle Film, où il organise la distribution de films tels que The Killer de John Woo, ou Un Ange à ma Table de Jane Campion.
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La légende voudrait qu'il ait produit certains films des frères Coen, mais il semblerait bien que ce soit justement... une légende.
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C'est aussi l'époque où il se met à écrire, surtout la nuit.
En 1990, il tente l'aventure de l'édition avec un premier roman, A Firing Offense, qui sera d'abord refusé, puis finalement édité en 1992.
Dès lors le succès arrive rapidement et il va enchaîner les romans, au rythme d'au moins un chaque année, et est considéré à juste titre comme une des références de la littérature noire américaine - http://www.polarnoir.fr/auteur.php?auteur=p2
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Quelques livres :
Drama City
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À presque quarante ans, Lorenzo Brown sort enfin de prison.
Bien décidé à se tenir à carreau, il s'investit corps et âme dans une association de défense des animaux mal-traités.
Mais dans les quartiers les plus miséreux de Washington D.C., le pouvoir reste entre les mains des patrons de la drogue.
Et voici Brown à nouveau embringué dans le cycle infernal de la violence...
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A peine sortis de l'enfance, Derek et Dennis sont confrontés aux tensions racistes qui règnent dans le ghetto.
Neuf ans plus tard, Derek, devenu flic, enquête sur la mort d'un jeune Noir et Dennis a sombré dans la drogue et la délinquance.
Les deux frères vont s'entre-déchirer dans une ville au bord de l'explosion.
Bientôt, c'est toute la capitale qui s'embrase...
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Derek Strange est un détective privé quinquagénaire à Washington.
Un de ses amis lui demande d’enquêter sur la moralité d’un homme d’affaires qui veut épouser sa fille.
Un dossier relativement facile par rapport à l’assassinat d’un adolescent membre de l’équipe de football américain que Strange entraîne durant ses loisirs.
Il lui faut identifier les tueurs sans commettre la moindre erreur.
Ami et équipier intermittent du détective, l’ancien flic Terry Quinn doit retrouver et ramener chez ses parents une jeune fugueuse qui a sombré dans la prostitution.
Les deux hommes vont s’entraider mais ces deux affaires délicates leur poseront quelques problèmes de conscience.
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L’œuvre de Pelecanos constitue une passionnante chronique sociale de Washington et de ses quartiers populaires.
Dans cette ville, la communauté noire, bien que majoritaire, détient peu de pouvoirs et la plupart de ses membres vivent dans une pauvreté génératrice de violence et de mort.
Car une issue pour réussir reste le crime et la drogue.
C’est cet univers désespérant qu’explore ce second volet de la trilogie consacrée à Strange et Quinn.
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À travers chacun d’eux, Pelecanos jette un regard incisif sur la société américaine. Il dénonce le racisme, condamne la vente libre des armes, confirmant ainsi la conscience politique qu’il manifestait dans ses précédents ouvrages.
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Présentation de l'éditeur
Deuxième volet d’un cycle romanesque inauguré avec Blanc comme neige, et dont les héros sont Derek Strange – un détective privé noir d’une cinquantaine d’années – et Terry Quinn, un jeune flic blanc exclu de la police,
Tout se paye est un roman à l’intrigue multiple.
Une enquête sur la disparition d’une prostituée mineure, et la mort d’un des gamins que Strange entraîne au football, victime d’une balle perdue au cours d’une bagarre entre dealers, sont le prétexte qui permet à Pelecanos de montrer jusqu’à quel degré peut s’élever la violence urbaine lorsque la vengeance, la drogue et la libre circulation des armes sont de la partie.
On retrouve avec plaisir l’omniprésence de la musique et le duo de héros : Terry Quinn, et ses méthodes parfois expéditives, et Derek Strange et ses amours tourmentées par la fréquentation des salons de massage qui lui font traîner un pesant sentiment de culpabilité.
Personnage éminemment moral, Strange promène ainsi sa dégaine dans un univers très « sex, drugs and rock’n’roll » dont il n’est jamais dupe.
Du « grand » Pelecanos, au meilleur de sa forme.
Adulé par ses pairs (Michael Connelly, Elmore Leonard, Dennis Lehane), George Pelecanos rencontre enfin un succès à la mesure de ses ambitions.
Il faut dire que Pelecanos ne pratique pas le compromis : sans ambiguïté sur le racisme et le contrôle des armes à feu, mais loin du « politiquement correct », il n’a jamais cherché à flatter le grand public.
Il bénéficie maintenant de l’intérêt de la grande presse (après le "New Yorker", un portrait à paraître prochainement dans "Newsweek") et de Hollywood : Curtis Hanson (L.A. Confidential, 8 Mile) a acheté les droits de Blanc comme neige.
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Constantin est infiniment disponible, doux et tellement dangereux.
Il a vu tant de choses que" plus rien ne le touche.
Revenu à Washington après dix-sept années d'errance à travers monde, il joue une nouvelle fois son destin où d'autres ne feraient que passer.
Il suffit parfois d'un rien, de lever le pouce sur une route déserte et de monter avec un inconnu...
Il suffit d'un peu de désespoir et de beaucoup de temps.
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Quatrième de couverture
Quand Constantin rencontre Polk sur la route, il accepte tout de suite de faire un bout de route avec lui, et même un détour qui l'amènera, un Colt .45 à la main, de l'amour de Délia au braquage de deux liquor stores. Il est comme ça Constantin, infiniment disponible et infiniment dangereux.
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Washington DC, juillet 1995.
Roman Otis et les frères Frank et Richard Farrow, qui se sont connus au pénitencier, attaquent une pizzeria de la ville.
Ils ont été bien renseignés car la boutique sert de relais dans un circuit compliqué d'argent à blanchir ; ils mettent la main sur un petit magot.
Le patron de la pizzeria qui tentait de riposter est abattu.
Ses employés, témoins du meurtre, subissent le même sort.
Le policier William Jonas surprend les truands.
Il réussit à abattre Richard mais les deux rescapés le blessent grièvement avant de s'enfuir en voiture en écrasant Jimmy, le bambin de Dimitri Karras, qui se promenait dans la rue.
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Trois ans plus tard, la tuerie n'a pas été élucidée par la police, et comme ils en ont pris l'habitude, les proches des victimes se réunissent une fois par semaine en séance de soutien.
Karras se voit proposer un petit boulot dans une gargote où travaille déjà Nick Stefanos qu'il a connu dans sa jeunesse.
Cette activité régulière va lui permettre de reprendre goût à la vie, mais il garde toujours la haine chevillée au corps pour venger la mort de son enfant.
Il apprend que les tueurs ont adressé une lettre de menace à Jonas, le flic blessé dans le hold-up qui vit depuis dans un fauteuil roulant.
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Washington (D.C.).
Leona Wilson veut laver la réputation de son fils, policier noir tué à la suite d'une bavure, et faire graver son nom sur le mur du mémorial de la police de la ville.
Elle fait appel à Derek Strange, un ancien flic noir d'une cinquantaine d'années, aujourd'hui détective privé, pour connaître la vérité.
L'affaire, qui a fait l'objet d'une enquête pointilleuse, s'est déroulée une nuit durant laquelle Wilson, qui n'était pas en uniforme, a été surpris par deux collègues alors qu'il braquait son arme sur un homme.
Jugeant cette attitude menaçante, l'un des policiers, Terry Quinn, un Blanc, a abattu Wilson.
Depuis, il a démissionné de la police pour devenir vendeur de livres et de disques d'occasion.
Pour mener sa contre-enquête, Derek Strange décide de le rencontrer et, convaincu de sa bonne foi, lui propose de l'assister dans ses recherches au cours desquelles les deux hommes vont visiter une partie des bas-fonds de la ville, côtoyer flics ripoux, junkies et exclus du système.
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Derek Strange est un nouveau personnage tout aussi attachant que le privé Nick Stefanos, qui, comme lui, officie à Washington.
Ses origines ethniques et sa fine connaissance du terrain en font l'homme idéal pour témoigner à propos du racisme car, au-delà du fait-divers, cette question constitue le sujet central de ce roman noir plein de suspense.
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Il ne fait pas bon être détective privé de nos jours à Washington.
Derek Strange, cet homme droit que nous connaissons bien, ne choisit pas toujours ses clients.
Et cette fois, le voilà qui doit travailler pour le compte d’un malfrat.
En ville, on parle beaucoup du procès de Granville Oliver, grand ponte de la drogue.
Les accusations qui pèsent sur lui – et c’est Philip Wood, celui qui fut son bras droit, qui l’accuse – sont si lourdes que la sentence est évidente : condamnation à mort.
En désespoir de cause, ses avocats font appel à Strange : s’il parvient à retrouver Devra Stokes, l’ex-petite amie de Wood, et à la convaincre de témoigner des violences qu’elle a subies lorsqu’elle vivait avec Wood, tout peut basculer.
Strange n’est pas dupe des méfaits d’Oliver, mais pour lui, la peine de mort est intolérable.
Il part donc à la recherche de Devra Stokes.
De son côte, Terry Quinn enquête sur la disparition d’une jeune adolescente.
Investigation qui l’entraîne bien trop loin dans le sordide univers des dealers de Washington Highlands, jusque la trop fameuse clique des Six-Hundred...
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On retrouve dans Soul Circus tout l’univers de Strange et Quinn, ainsi que les thèmes chers à Pelecanos.
L’auteur montre encore une fois combien les jeunes des cités sont livrés à eux-mêmes, combien il est facile d’acheter un flingue et la vitesse effarante avec laquelle on dérive alors dans la grande criminalité.
On lit dans Soul Circus la guerre des gangs, la violence urbaine, mais aussi les contradictions et les dilemmes moraux.
Car Pelecanos n’est pas seulement le chroniqueur d’un monde de dealers ; il nous raconte aussi la vie des gens ordinaires, ceux qui essaient d’agir pour que, peut-être, les choses changent un jour.
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Nick Stefanos, responsable de la publicité des magasins Nutty Nathan, connaît toutes les ficelles du business du matériel électronique.
Les prix à tout casser et les affaires véreuses ont aussi fait partie de sa vie.
Le jour où un des gamins employés au stock disparaît, ça n'étonne pas Nick : c'est encore une de ces têtes brûlées qui s'est tiré pour le fric et la vie faciles.
Seulement ce Jimmy Broda rappelle à Nick sa jeunesse disparue: douze ans plus tôt, lui aussi était un punk en colère marchant à toute berzingue au speed metal.
Alors quand le grand-père du gamin fait appel à Nick pour le retrouver, le chef de pub devient détective amateur et part en qu Je son propre passé
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D'origine grecque, Dimitri Karras est revendeur "d'herbe" dans un quartier pauvre de Washington.
Accompagné de son ami, le Noir Marcus Clay, il passe se ravitailler chez un petit caïd italien, Eddie Marchetti.
Celui-ci est en pleine transaction avec un quatuor de tueurs venus de Caroline pour acheter de la cocaïne.
L'entretien tourne mal. Quelques coups sont échangés avec les sudistes et en représailles, Clay empoche le paquet de dollars qu'ils avaient versés à l'Italien.
Les deux parties vont désormais s'affronter et tous les coups seront permis.
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Sur cette trame de vengeance et de guerre mortelle (qui s'achève le 4 juillet, alors que la population fête joyeusement le bicentenaire de l'indépendance), Pelecanos reconstitue de façon efficace l'atmosphère d'un quartier de Washington avec moult détails sur la vie quotidienne des Noirs.
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Si les petits matchs de basket, la fumette et la soul music occupent une place importante dans leur existence, le cinéma est aussi très présent, plus particulièrement ce qu'on a appelé la "blaxploitation", cette série de films violents avec des "héros" noirs, qui débuta en 1971 avec Sweet Sweetback Baadass Song, écrit, réalisé et produit par Melvin Van Peebles.
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Premier volet d'une chronique sur la ville de Washington durant les années soixante-dix, King Suckerman est une reconstitution historique chaleureuse, écrite de façon béhavioriste, et qui permet de découvrir un milieu jusqu'alors bien négligé par le roman noir.
On retrouve le héros du roman dans Un nommé Peter Karras, prix Cognac 2001 du roman noir étranger
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Milieu des années quatre-vingt, quartier noir de Washington, l'ambiance est chaude, violente même.
En plein coeur du ghetto, un petit monde survit entre défonce, affaires louches ou légales, jolies filles et longues journées d'ennui.
C'est là que Marcus Clay, grand costaud noir, ancien du Vietnam, a installé sa boutique de disques.
Son meilleur ami, Dimitri Karras a laissé tomber l'enseignement et s'accroche de plus en plus à la coke.
Tous deux s'en sortent comme ils peuvent, jusqu'au jour où un dealer fracasse la voiture de Dimitri devant la boutique de Marcus.
Dans le véhicule en flammes, un témoin téméraire s'empare d'un gros paquet de billets.
Un simple accident se transforme alors en cataclysme social et poursuites meurtrières.
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Le roman de Pelecanos restitue à merveille l'atmosphère des quartiers noirs de l'époque : soul music, drogue, sexe et violence.
Là où l'auteur a grandi et puisé ses personnages et ses histoires.
Après King Suckerman, Suave comme l'éternité est le second volet qu'il consacre au ghetto et aux laissés-pour-compte de l'Amérique. Construit sur un rythme effréné, truffé de références musicales, c'est enfin un bel hommage aux films de la Blaxploitation.
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Note :
et bien, cela devait arriver !
jamais entendu parler de cet auteur… honte à moi semble-t-il !
Donc, il est urgent de réparer cette lacune. Inscrit en tête de liste pour prochain emprunt bibliothèque.

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