samedi 25 octobre 2008

Italo Calvino - le vicomte pourfendu

livre de chevet :
littérature italienne
Au cours d'une bataille contre les Turcs, Médard de Terralba, chevalier génois, est coupé en deux par un boulet de canon.
Ses deux moitiés continuent de vivre séparément, fane faisant le bien, l'autre mutilant tout sur son passage.
Ce conte est pétri d'humour et de cynisme.
Le monde imaginaire de Calvino où des doigts coupés indiquent la route à suivre, où les lépreux vivent heureux a pourtant toutes les couleurs du réel
Et le Vicomte pourfendu prouve avec brio que la vertu comme la perversité absolues sont également inhumaines.


Italo Calvino, écrivain italien (occasionnellement scénariste), membre de l'OuLiPo, né à Santiago de Las Vegas (Cuba) le 15 octobre 1923, mort à Sienne (Italie) le 19 septembre 1985 à l'âge de 62 ans, fait partie des grands écrivains italiens du XXe siècle.
Né à Santiago de Las Vegas, il part ensuite à Cuba où son père Mario, d'origine ligure, travaille comme agronome, et sa mère Evelina Mameli (ou Eva), native de Sardaigne, est biologiste.

En 1925, il rentre en Italie alors
Mussolinienne où il grandit (à Sanremo) et reçoit une éducation laïque et antifasciste.

Lorsque la guerre éclate, il interrompt ses études d'agronomie ;
en 1943, il rejoint les partisans des brigades Garibaldi et en 1945, il se retrouve à Turin où il collabore avec plusieurs journaux, s'inscrit au parti communiste et entreprend des études de lettres qu'il conclut brillamment par un mémoire de littérature anglaise sur Joseph Conrad.
À cette période, il fait la connaissance de Cesare Pavese qui l'encourage à écrire.

En
1947, il publie son premier roman, Le Sentier des nids d'araignées, qui évoque son expérience de résistant.
L'œuvre rencontre un certain succès.
En 1949 paraît Le Corbeau vient le dernier.
Ces deux œuvres naissent dans l'atmosphère néoréaliste mais sont empreintes, la première surtout, d'un style qui se rapproche de la fable.
En 1952, sur les conseils de son éditeur, il abandonne sa manière néo-réaliste et se laisse aller à ses penchants pour le conte fantastique, à travers Le Vicomte pourfendu qui formera, avec Le Baron perché et Le Chevalier inexistant, la célèbre trilogie Nos ancêtres, vision allégorique de la condition humaine moderne.
Entre 1950 et 1956, il entreprend la compilation et la traduction des Contes populaires italiens à partir de contes folkloriques du XIXe siècle.

Après l'invasion de la Hongrie en
1956, Calvino se détourne du parti communiste et, progressivement, de l'engagement politique.

Au début des années 1960, dans deux articles : La mer de l'objectivité et Le défi au labyrinthe, il réfléchit à la situation littéraire internationale et tente de définir sa propre poétique dans un monde de plus en plus complexe et indéchiffrable.

Il publie en
1963 La Journée d'un scrutateur,
puis en 1964 s'installe à Paris où il entrera en contact avec les membres de l'OuLiPo, dont il devient formellement l'un des membres en 1972.
Parallèlement, son intérêt pour les sciences naturelles et la sociologie ne cesse de croître. Celles-ci influeront sur son œuvre : Cosmicomics (1965) est un recueil de contes fantastico-scientifiques, qui illustrent une fois de plus son goût pour le fantastique.

En 1964, il se marie et sa fille naît l'année suivante.

Le Château des destins croisés (
1969), Les Villes invisibles (1972), Si par une nuit d'hiver un voyageur (1979), appartiennent au « système combinatoire des récits et des destins humains », système à l'aide duquel Calvino – en s'appuyant sur un certain nombre d'éléments (les figures du tarot dans Le Château des destins croisés) – prétendait construire ces récits.
Ce « systématisme » traduit l'influence de l'OuLiPo et le goût de ses membres pour toutes les formes d'écriture à contraintes.

Il meurt en
1985 d'une hémorragie cérébrale, alors qu'il préparait, pour l'université de Harvard les Leçons américaines, qui paraissent après sa mort.


L'esthétique de Calvino


De Calvino, Roland Barthes disait : « Dans l’art de Calvino et dans ce qui transparaît de l’homme en ce qu’il écrit, il y a – employons le mot ancien, c’est un mot du dix-huitième siècle – une sensibilité. On pourrait dire aussi une humanité, je dirais presque une bonté, si le mot n’était pas trop lourd à porter : c’est-à-dire qu’il y a, à tout instant, dans les notations, une ironie qui n’est jamais blessante, jamais agressive, une distance, un sourire, une sympathie. »


L'expérience néo-réaliste


Le néoréalisme fut, davantage qu'une école, une façon de ressentir les choses partagée par les jeunes écrivains de l'après-guerre, qui se sentaient dépositaires d'une réalité sociale nouvelle.

Calvino, faisant référence à cette période, déclare qu'après la guerre il avait tenté – sans obtenir de résultat probant – de raconter, à la première personne, son expérience de résistant. C'est seulement après qu'il a adopté un point de vue extérieur, et donc un certain détachement, que son travail lui a donné entière satisfaction.

C'est ainsi que Calvino conçut Le Sentier des nids d'araignées. En adoptant le point de vue de Pin, le jeune narrateur, il confère un caractère fabuleux, fantastique au récit. Par ce moyen détourné, l'écrivain parvient à parer la réalité des attributs du rêve sans pour autant lui faire perdre sa consistance, tandis que la dimension mythico-fabuleuse évite au récit les lourdeurs de ce qui aurait pu être une œuvre emphatique sur la
Résistance.

Ainsi Calvino amorce-t-il un procédé qui lui deviendra propre : alléger la narration afin de rendre l'œuvre – selon le niveau d'interprétation adopté – accessible à tous, y compris aux lecteurs non avertis.

Ce choix, motivé au départ par des raisons idéologiques faciles à comprendre, permettra par la suite à Calvino de multiplier les niveaux de lecture de ses œuvres. Même dans Le Corbeau vient le dernier, tout en adhérant à l'esthétique néo-réaliste, Calvino ne peut s'empêcher d'y conserver la veine fabuleuse bien qu'abandonnant cette fois le point de vue de l'enfant.


La période fantastique


Calvino a toujours été attiré par la littérature populaire, l'univers de la fable, en particulier.
Dans Le Vicomte pourfendu, il exploite la veine fantastique : le cadre est celui de la fable tandis que la narration se fait sur deux niveaux : le plus immédiatement perceptible, le récit fabuleux, mais aussi le niveau allégorique et symbolique qui est très riche (il développe notamment les thèmes du contraste entre réalité et illusion, idéologie et éthique, etc.). Mais la morale du roman est d’abord une invitation à la nuance, puisqu'il apparaît que la vérité absolue est une chimère.

Les deux autres romans de la trilogie Nos ancêtres obéissent au même principe de fonctionnement. Le héros du Baron perché est un alter ego de Calvino, désormais débarrassé de ses anciennes conceptions et qui ne voit plus la littérature comme porteuse d'un message politique. Le Chevalier inexistant, dernier de la trilogie, est un roman plus sombre, en revanche.

À côté de cette production « fabuleuse », Calvino continue à traiter dans ses œuvres de la réalité quotidienne.

À ce cycle appartient
Marcovaldo, roman en deux parties. La première (1958) se rapporte davantage à la manière de la fable tandis que la seconde (1963) aborde des thèmes urbains sur un ton qui confine à l’absurde.
La même année que ce dernier, paraît La Journée d’un scrutateur dans lequel Calvino raconte la journée électorale d’un militant communiste, scrutateur dans un asile faisant office de bureau de vote, qui est profondément troublé par son contact imprévu avec un monde parfaitement irrationnel. -wikipédia

Note :
Superbe conte !
Rien ne vaut un très bon auteur pour faire passer une précédente lecture incipide.
*
liseuse de Eileen Graham

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