mercredi 22 octobre 2008

Toni Morrison répond à l'Académie de Stockholm

Exclusif.
«Philip Roth aurait dû recevoir le Nobel depuis longtemps»
Par Toni Morrison (Écrivain)
Le dernier écrivain américain récompensé par le prix Nobel de littérature, c'est elle:
Toni Morrison, lauréate en 1993.
En marge du grand entretien qu'elle a accordé à l'Obs sur les élections présidentielles américaines, elle a accepté de répondre, dans son bureau de l'université de Princeton, à quelques questions sur la polémique soulevée, il y a quelques semaines, par les déclarations d'Horace Engdahl, secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise

BibliObs. - Quelques jours avant d'annoncer le nom du Prix Nobel 2008, Horace Engdahl, a reproché aux auteurs nord-américains d'être trop «isolés», «ignorants» et «sensibles aux tendances de leur culture de masse». Quelle est votre position dans cette polémique?

Toni Morrison. - Je pense que ces propos reflètent effectivement, au moins en partie, la conception que se fait l'Académie suédoise de son prix de littérature. Car elle décerne tout le temps le Nobel à des Américains dans les autres domaines, mais en littérature, elle considère qu'ils ont quelque chose d'insulaire. Il se pourrait qu'il y ait un peu de narcissisme de la part des Américains, mais les talents ne manquent pas. L'autre problème est celui de la traduction. Je pense avant tout que nos éditeurs américains, quelle que soit l'importance des auteurs étrangers, n'achètent pas les droits de leurs œuvres. Ainsi, je ne savais même pas qui était cet homme [J.M.G. le Clézio, lauréat 2008].

BibliObs. - Pensez-vous que
Philip Roth est «insulaire»?

T. Morrison. - Il est américain.

BibliObs. - C'est un grand écrivain. Ce qui est encore une façon bien réductrice d'en parler...

T. Morrison. - Je ne sais pas ce qui se passe dans son cas. Cela fait longtemps qu'il aurait dû avoir le prix. Et même si on ne veut pas le lui donner, il y a des dramaturges ici qui sont incroyables. J'ai applaudi quand Harold Pinter a été lauréat [le dramaturge britannique a été récompensé en 2005], mais Edward Albee mériterait de l'être aussi. Voilà un dramaturge puissant. Et rien.

BibliObs. - C'est incompréhensible, compte tenu de la vigueur de la littérature américaine.

T. Morrison. - Peut-être les Suédois sont-ils eux-mêmes un peu insulaires...

Propos recueillis par Philippe Boulet-Gercourt

Note :
Que Philip Roth mérite le prix nobel de littérature depuis longtemps, c'est sûr... autant qu' Amos Oz et J.M.G Le Clézio.
Mais il faudrait quand même qu'elle sorte de son bocal... elle n'a jamais entendu parler de Le Clézio !
Mais connait-elle un écrivain hors de son continent ???
Elle fait pourtant partie de mes auteurs favoris, mal là, franchement... très partiale, la dame.

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