Le Billet du jour. En réaction au Femina
Enfin un jury littéraire qui - même s'il présente encore la faiblesse d'être mixte - «s'engage à porter la moustache et à voter ‘‘en homme''».
Enfin un jury littéraire qui - même s'il présente encore la faiblesse d'être mixte - «s'engage à porter la moustache et à voter ‘‘en homme''».
Il était plus que temps, songez-vous en sentant votre fibre mâle se réveiller et, surtout, s'insurger contre la domination féminine qui, d'année en année, étend sournoisement son emprise sur la vie littéraire (65 à 70 % des lecteurs seraient des lectrices, dit-on).
Car si tous les prix sont dans la nature, dans un pays où l'on compte au moins autant de distinctions littéraires que de fromages (1850, au bas mot, selon l'édition 2000 du «Guide Cartier»), une récompense manquait cruellement à l'appel.
Il suffisait pourtant de l'inventer.
C'est fait: une douzaine de joyeux (et joyeuses) énergumènes rétorquent au prix Femina en fondant, cette année, le prix Virilo.
N'allez pas croire, cependant, qu'il s'agisse d'une vulgaire réponse du berger à la bergère.
Le président du jury, Philippe Butigieg, qui considère que le Femina a généralement «plutôt bon goût», n'oublie pas que ce prix est né (en 1904) pour réagir au sexisme du Goncourt.
Simplement, il pense que «l'on ne s'oppose pas en créant l'erreur contraire», et trouve «un peu dépassée» cette «vision du féminisme» qui repose sur une «idée inepte»: «donner un sexe au génie littéraire, donner un genre au plaisir de la lecture».
Par conséquent, il tient à le souligner:
«Le nom ‘‘Prix Virilo'' est objectivement ridicule.
Mais il ne fait que montrer le grotesque du nom ‘‘Femina'' et des autres jurys ‘‘sexués'' ou communautaires»
Le jury de moustachu(e)s qu'il a rassemblé attribuera donc ses récompenses le 3 novembre prochain au Café de l'Ambassade. Coïncidence: c'est à quelques pas du Crillon où sera décerné, quelques minutes plus tard, le prix Femina 2008.
Trois catégories sont prévues:
- Le Prix Virilo lui-même, qui «récompense un roman publié dans l'année ayant touché le jury par son audace littéraire, sa justesse, ou toute autre qualité faisant sens»
- The Virilo Prize, qui «est l'équivalent du Prix Virilo en littérature étrangère, en plus d'être un mauvais jeu de mot en franglais» (*)
- Le Prix Trop Virilo, qui «récompense pour sa part la poussée littéraire de testotérone la plus vivace de l'année»; c'est-à-dire un livre «qui doit sentir l'homme, l'aigre vestiaire de fin de match»
. -G.L.
(*) sur «very low prize».
http://bibliobs.nouvelobs.com/20081027/8117/prix-virilo-le-male-se-rebiffe?idfx=RSS_culture
Et comme vous pouvez le constater en jetant un œil à la sélection officielle qui se trouve ici, ces défenseurs de l'identité masculine, à défaut d'être toujours très originaux dans leurs choix, ont même lu quelques bons livres.
La preuve: deux ou trois titres figurent également sur les listes établies par le Femina cet automne
*
de Jean-Louis Fournier (Stock)
de Emile Brami (Fayard)
de Jean Echenoz (Minuit)
- « Vue sur la mère »
de Julien Almendros (Le Dilettante)
de Olivier Rolin (Seuil)
- « Polichinelle »
de Pierric Bailly (P.O.L.)
- « Les figures »
de Robert Alexis (José Corti)
- « Zone »
de Mathias Enard (Actes Sud)
The Virilo Prize
- « Le week-end »
de Bernhard Schlink (Gallimard)
- « Chaos calme »
de Sandro Veronesi (Grasset)
- « S'agapo »
de Renzo Biasion (La Fosse Aux Ours)
- « La ville intemporelle »
de Francisco G. Ledesma (L'Atalante)
Le Prix Trop Virilo
- « Enculée »
de Pierre Bisiou (Stock)
- « La marge molle »
de Johann Trümmel (Balland)
- « Trois hommes seuls »
de Christian Oster (Minuit)
- « Testo junkie »
de Beatriz Preciado (Grasset)
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