dimanche 5 octobre 2008

L'écrivain Marek Halter sur les traces de la reine de Saba en Ethiopie


Soixante-quinze ans après André Malraux, l'écrivain français Marek Halter s'est lancé en Ethiopie sur les traces de la reine de Saba, personnage fondateur de l'histoire éthiopienne et héroïne de son dernier roman.


"Ce personnage m'intéresse parce que c'est une femme qui met au défi le roi Salomon, non pas sur le champ de bataille mais sur le champ de l'intelligence", explique le romancier dont le livre sur la souveraine s'inscrit dans la continuité de se son travail sur les femmes dans la Bible qui l'a conduit à faire "revivre" Sarah, la compagne d'Abraham, et Tsipporah, la femme noire de Moïse.

"Pour ceux qui se battent comme moi contre le racisme, la reine de Saba est aussi la première personne de couleur qui rejoint par la grande porte le paysage mythique du monde blanc", commente-t-il.

La reine de Saba est décrite dans un court passage de la Bible alors qu'elle visite le roi Salomon à Jérusalem.

Cette rencontre est considérée en Ethiopie comme fondatrice de la dynastie des Empereurs puisque l'histoire éthiopienne affirme que les deux souverains ont eu un enfant, Ménélik, premier roi d'Ethiopie, qui a rapporté les Tables de la loi dans son pays.

"L'histoire de la reine de Saba fait partie de notre héritage. C'est notre généalogie", déclare Mariam Senna, petite-fille du dernier empereur Hailé Sélassié: elle est "allée apprendre du roi Salomon, le plus sage des rois de l'époque, pour ramener ce savoir en Ethiopie. Pour nous ce n'est pas un mythe".

Lors de son périple abyssin, l'écrivain s'est rendu dans les hauts lieux de la royauté éthiopienne, là où se rencontrent mythes et Histoire: Gondar, Axoum, Lalibela.

Récemment des archéologues allemands ont affirmé avoir "découvert" les vestiges du palais de cette reine légendaire à Axoum (nord).

Les ruines, datant du Xe siècle avant Jésus Christ, ont été retrouvées sous d'autres vestiges, ceux du palais d'un roi chrétien, selon l'Université de Hambourg qui dirige ces recherches.

Mais les archéologues ne s'accordent pas tous à reconnaître dans ces ruines le palais de la souveraine.

"Rien ne permet d'affirmer qu'il s'agit de son palais. Il n'y a aucune preuve établie pour le moment", explique François Xavier Fauvelle, directeur du Centre français des études éthiopiennes à Addis Abeba.

"Jusqu'à présent les recherches archéologiques et épigraphiques montrent que la légende de la reine de Saba a pris corps en Arabie du Sud et du reste un royaume de Saba est très bien documenté au Yémen dans l'Antiquité", note-t-il.

"Les légendes ont circulé des deux côtés de la mer Rouge de la même façon que les langues et les religions. L'Ethiopie, l'un des plus vieux Etats chrétiens du monde, s'est appropriée la reine de Saba à partir d'interprétations très anciennes de la Bible", relève-t-il.

Marek Halter, lui, ne fait oeuvre ni de journaliste, ni d'archéologue: "je suis un conteur", confie-t-il à l'AFP: "je veux faire rêver les gens et partager avec eux quelques connaissances. Mais je pense que ceux qui auront lu ce livre ne regarderons plus leurs voisins noirs de la même façon".

"J'ai voulu réhabiliter l'image de la femme dans les trois grandes religions monothéistes: aujourd'hui en France, les filles issues de l'immigration ont besoin de modèles issus de leur propre culture", explique le parrain de l'association française Ni Putes Ni Soumises, qui lutte pour les droits des femmes dans les banlieues françaises.

Pour lui, "il est important de rappeler que l'Afrique est la gardienne des Tables de la loi. En racontant la reine de Saba, je parle aussi d'une histoire d'aujourd'hui: c'est un plaidoyer contre le racisme", juge-t-il

http://www.rtlinfo.be/rtl/news/article/177958/--L%C3%
A9crivain+Marek+Halter+sur+les+traces+de+la+reine+de+Saba+en+Ethiopie
Note :
Enfin, une suite aux "femmes de la bible"...

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