mercredi 29 octobre 2008

PAROLES D'HOMMES - Interview Marek Halter

Marek Halter, Au royaume de la reine de Saba

On ne le présente plus. Après avoir évoqué les figures bibliques Sarah, Tsippora et Lila, Marek Halter retrace l’incroyable destin de la belle Makeda, reine de Saba, de son enfance à son histoire avec le roi Salomon, en passant par ses exploits guerriers. L’écrivain nous a reçus dans son atelier le temps d’un voyage au royaume de Saba.


La reine de Saba a inspiré de nombreux artistes. Pourquoi écrire sur ce personnage ?

C’est un mythe qui m’intéresse parce que c’est la première figure noire qui rejoint les autres personnages mythiques dans le panthéon de l’homme blanc.
C’est une reine guerrière qui s’impose, elle crée le premier grand royaume africain et elle met au défi le roi Salomon, non pas sur le champ de bataille, mais sur celui de l’intelligence par le biais des énigmes.
Puis, je suis allé voir ce que les autres avaient fait sur elle, comment elle avait été représentée. Je me suis rendue compte qu’elle avait été peinte blanche !
Pire encore, dans le Cantique des Cantiques, elle dit « Je suis belle et noire». Or, St-Jérôme au IVe siècle de notre ère traduit le texte par « Je suis belle mais noire ». Ca m’a suffit pour écrire sur elle.
C’était un vrai défi.
On a tendance à réduire la reine de Saba à sa romance avec le roi Salomon. Vous en faites une héroïne à part entière.
Quel a été votre travail de romancier ?

Je passe environ un an et demi à m’imprégner de ce qui est sûr, c'est-à-dire l’environnement, la géographie, les récentes fouilles archéologiques.
Une fois que vous dominez votre sujet, vous lâchez le personnage mythique. Et là, il s’opère à chaque fois quelque chose qui m’émerveille, votre personnage vous prend par la main et qui vous guide dans l’écriture.
Je vais vous raconter ce qui m’a touché. Je suis allé en reportage pour Paris-Match sur les traces de la reine de Saba. Nous assistions à Axum à une grande fête pour la fin de la saison des pluies.
Le chef du clergé éthiopien me demande l’objet de ma venue. Il se met alors à me raconter la reine de Saba comme je l’ai décrite ! C’était un moment d’émotion extraordinaire.
Vous évoquiez votre récent voyage en Ethiopie. Quels souvenirs en gardez-vous ?
La veille de Roch Hachana, le président de la communauté juive éthiopienne de Gondar m’a convié à une cérémonie de mille personnes. Les femmes étaient en blanc et les hommes portaient une kippa. Ils priaient séparés, en amharique et en hébreu.
Quand on demande à ces femmes éthiopiennes les preuves de leur judaïté, elles répondent : « Quand on descend de la reine de Saba, les papiers sont superflus » !
J’ai aussi rencontré Mariam Senna, petite-fille d’Hailé Sélassié, le dernier empereur d’Ethiopie. Celui-ci était pour nous juifs polonais un symbole en tant que première victime du fascisme.
Mariam m’a demandé de lui apprendre des chansons en yiddish sur son grand-père et nous avons chanté ensemble !
Cette légende de Saba et de Salomon rejaillit aussi auprès de centaines de milliers d’africains, au Mali, au Nigeria au Ghana ou encore en Ouganda qui se réclament du judaïsme.
En mai 2009, les délégués de ces communautés se réuniront à San Francisco sous l’égide du Rabbin Capers Funnye, leader de la communauté des « Black Jews of America » et cousin de Michelle Obama, la femme de Barack Obama ! Est-ce qu’ils attendent une reconnaissance de l’Etat d’Israël ou d’émigrer ?

Certains espèrent émigrer en Israël, mais la plupart n’en rêvent pas.
Ils aimeraient une reconnaissance, parfois pour des bonnes, parfois pour des mauvaises raisons, la reconnaissance, c’est sur le plan moral, c’est glorifiant et puis les mauvaises raisons qui sont aussi des bonnes, c’est l’aide financière dans un continent où l’on crève de faim !
Appartenir à une communauté religieuse ou culturelle qui s’appelle la communauté juive, vous permet de demander de l’aide à différentes organisations philanthropiques juives américaines ou autres.
Votre livre est aussi un plaidoyer contre le racisme.
Récemment, on a assisté à des affrontements entre jeunes juifs et jeunes noirs dans le XIXe arrondissement. Comment rétablir le lien entre ces communautés ?

Le 4 novembre, jour des élections américaines qui vont peut-être amener un Noir à la Maison Blanche, nous allons avec Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), animer une soirée de sensibilisation à la mairie du XIXe arrondissement. Nous allons également aller dans toutes les écoles du XIXe pour raconter l’histoire de Saba et de Salomon. Les enfants verront un Noir et un Juif blanc leur raconter la même histoire.
-Propos recueillis par Paula Haddad source :http://www1.alliancefr.com/interview-marek-halter-news0,39,5123.html

*Blog officiel consacré au livre : http://www.lareinedesaba-lelivre.com/
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Note :
et zut !!! je vais lire ce livre, j'aime l'auteur, mais décidemment le personnage de Marek Halter me gêne de plus en plus.
Quel besoin de s'étendre sur ses relations... a ce point !
Et puis une enquête pour "paris-match" ! pourquoi pas pour "voici", "gala" et autres peoplades...

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