mercredi 20 août 2008

John Michael Coetzee - Scènes de la vie d'un jeune garçon

livre de chevet






littération sud-africaine


prix nobel de littérature 2003






John est un jeune Afrikaner qui vit en Afrique du Sud, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Élevé tranquillement entre une mère ancienne institutrice et un père avocat reconverti dans la comptabilité, il mène une vie partagée entre l'école primaire, les vacances et le quotidien familial.
Un gosse comme les autres, à cela près qu'il entretient une haine sans faille pour les Afrikaners, lourds et ballots, dans une société où triomphent les hiérarchies, où les castes et les races sont bien distinctes : Afrikaners, Anglais, métis, Noirs, protestants, juifs.
Portrait de l'Afrique du Sud des années cinquante, Scènes de la vie d'un jeune garçon se veut l'apprentissage de l'autre, des Noirs à côté des Blancs, l'épreuve des préjugés, des injustices, d'une vie quotidienne passée entre l'anglais et l'afrikaans.
Mais c'est aussi l'histoire d'un enfant, ballotté entre une mère idéale et un père sans consistance, en pleine déconfiture. Avec un récit autobiographique faussement naïf, John Michael Coetzee, lauréat du Booker Prize en Grande-Bretagne pour Disgrâce, réussit une évocation remarquable des années cinquante, entre l'intime et le collectif, la mémoire individuelle et l'Histoire.
biographie
John Maxwell Coetzee (né le 9 février 1940 au Cap en Afrique du Sud) est un écrivain sud-africain afrikaaner d'expression anglaise et professeur de littérature.
Il est lauréat de nombreux prix littéraires de premier ordre dont le prix Nobel de littérature en 2003.

Après des études de lettres et de mathématiques à l'université du Cap, J. M. Coetzee part s'installer en Grande-Bretagne.
Il travaille comme programmeur pour IBM, puis pour International Computers, tout en nourrissant des ambitions littéraires.
Une bourse d'étude lui permet de reprendre ses études à l'université du Texas à Austin, où il soutient une thèse de doctorat sur les romans de Samuel Beckett.
Il retourne en Afrique du Sud en 1973. Son premier roman, Dusklands, y est publié en 1974.

Coetzee enseignera ensuite la littérature à l'
Université d'Adélaïde en Australie. Il est maintenant professeur à l'université de Chicago aux États-Unis.

Il a reçu de nombreux prix littéraires de premier ordre, le plus important étant le
prix Nobel de littérature en 2003. Il fut le premier écrivain deux fois lauréat du prestigieux Prix Booker, et à ce jour le seul avec l'auteur australien Peter Carey.

Prix littéraires :







autres titres lus :
En attendant les barbares

Dans un désert sans nom et un temps incertain, un Magistrat gère un fort qui marque la frontière de l'Empire.
Le pouvoir central s'inquiète d'une invasion barbare et dépêche sur les lieux le colonel Joll, un tortionnaire de la pire espèce.
Parmi les hommes et les femmes ramenés au fort et torturés, une jeune fille blessée attire l'attention du Magistrat qui finit par partir avec elle.
Mais, rejeté par le peuple nomade dont elle est originaire, le Magistrat s'en retourne auprès des siens. Accusé de trahison, il va à son tour passer par les mains du bourreau...
J.M. Coetzee, jouant ici sur la peur de l'autre et de l'inconnu qui mène parfois à la plus grande des cruautés, questionne les notions de liberté et de pouvoir au sein d'un Etat imaginaire qui n'est pas sans rappeler l'Afrique du Sud de l'apartheid.

Extrait :
Une oasis dans le désert, aux confins de l'Empire. Sur une cité paisible veille un homme juste et bon, le Magistrat.
Seule marque de l'écoulement du temps : le cycle des saisons. Au-delà des frontières, une terra incognita parcourue par des nomades chasseurs.
Pour la ville, une vague menace.
Afin de prévenir les incursions des barbares, le pouvoir central organise des expéditions punitives.
Les soldats rentrent avec leurs prisonniers qui sont ensuite affreusement torturés.
Le Magistrat s'éprend d'une jeune prisonnière aux chevilles brisées.
Il lui fait partager son lit, puis décide de la raccompagner chez les siens à la tête d'une expédition qui sera soumise à tous les périls : climat, espace qui se dérobe sans cesse, incompréhension des nomades.
Convaincu d'intelligence avec l'ennemi, il devient lui aussi victime des tortionnaires, cependant que s'est déclenchée l'escalade des représailles.
Les hostilités ont peu à peu vidé la ville de ses forces vives.
Pillée par les soldats, désertée par sa garnison, elle attend terrorisée, l’assaut définitif des barbares.

Maxwell K., sa vie, son temps

Michael K, dont la couleur de peau n'est jamais mentionnée, homme frustre et solitaire, quitte Le Cap accompagné de sa mère et se lance sur les routes.
Contrôles, interdictions, combats ne l'empêcheront pas d'accomplir son périple, remontant toujours plus loin au nord, en quête d'une ferme-refuge originelle où il espère vivre paisiblement.
Il parvient seul en ce lieu reculé, sa mère n'ayant pas supporté le voyage.
A partir de quelques graines retrouvées par hasard, il cultive son champ et crée son petit paradis.
Mais la guerre ne s'arrête pas, elle, et bien vite le rattrape. Pourtant, malgré les emprisonnements, la cruauté et le dénuement, Michael K ne se pliera pas aux lois des hommes...
Avec ce roman, J. M. Coetzee nous donne à lire une superbe parabole, à la fois sombre et éblouissante, sur la dignité humaine.

Au coeur de ce pays

Second roman du grand écrivain sud-africain, J.-M. Coetzee, Au coeur de ce pays est l'histoire hallucinée d'un drame en huis-clos.
Dans une ferme isolée du veldt, quatre personnages ouvrent le récit.
Magda, fille du maître, nourrie de solitude et de rêveries stériles, murée dans sa virginité.
Son père, Baas, le maître, homme autoritaire et sanguin.
Hendrik, le contremaître noir au service de la famille.
Enfin Anna, sa jeune épouse que vient d'amener Hendrik lorsque débute cette histoire.
Le père séduit Anna. C'est la dernière humiliation.
Entre eux tous, et parce que les choses ne pouvaient pas se passer autrement, les offenses se répondent alors dans une violence extrême.
Roman de l'oppression, de la haine et de la revanche Au coeur de ce pays est la métaphore bouleversante de la société sud-africaine contemporaine.

Envie de lire :

Vers l'âge d'homme

Le jeune garçon est devenu jeune homme.
John a échappé à sa famille étriquée.
Étudiant en mathématiques, il dévore la littérature mondiale pour réaliser son grand projet : quitter l'Afrique du Sud au bord de la révolution et se consacrer à l'art et à l'amour qui fera crépiter la flamme de la création.
Mais Londres, c'est sa saison en enfer. Dans la ville cruelle où il reste un étranger, il fait l'amer constat que le malheur est son élément : manque d'aplomb, d'ardeur, d'élan, manque de cœur.
Cet autoportrait de l'artiste comme jeune homme crispé et méfiant éclaire la genèse de l'œuvre de J.M. Coetzee par l'évocation de ses découvertes en littérature, en musique et en peinture contemporaines.
Célèbre pour sa réticence à se livrer, il confesse ici avec une impitoyable lucidité ses rêves, ses interrogations, ses épreuves. Mais au-delà de l'échec du poète féru de Pound, de Neruda, de Brodsky, se profile le romancier qui donnera Terres de crépuscule et Disgrâce : l'Afrique du Sud, blessure qui n'en finit pas de faire mal.

L'Âge de fer
En 1986, au Cap, Elizabeth Curren se meurt d'un cancer, et elle est brutalement confrontée à l'explosion de rage que le système de l'Apartheid a engendrée.
Dans une longue lettre à sa fille exilée en Amérique, Elizabeth relate les événements qui ponctuent ses derniers jours.
Témoin de l'émeute et de la répression dans un township voisin, elle découvre le corps criblé de balles du fils de sa domestique noire, et assiste à l'exécution par la police d'un autre adolescent...
Parvenue au terme de son existence, avec pour ange de la mort et confident un clochard réfugié chez elle, Elizabeth tentera de faire sa paix avec le monde.
Avec ces quelques jours dans la vie d'une vieille dame qui prend conscience des revendications de la jeunesse noire, J. M. Coetzee nous offre à sa manière grave, lancinante, un chef d'œuvre.

Disgrâce

David Lurie est enseignant au Cap, en Afrique du Sud, passionné par les œuvres de Byron et de Wordsworth. Il a 52 ans, il est père et a deux fois divorcé.
Dans son genre, c'est un Casanova. La question de sa vie sexuelle est facilement résolue : il paye une femme légère et chaque jeudi de la semaine est "une oasis de luxe et de volupté".
Sur le chemin des écoliers, il croise l'une de ses étudiantes, Mélanie Isaacs. Il la séduit.
Mais cette relation a tôt fait de faire scandale. Le professeur est démissionné pour "harcèlement sexuel".
Pour éviter le regard critique de la ville, il se rend chez sa fille, Lucy, propriétaire d'une petite exploitation agricole en province. Là, il assiste aux tâches quotidiennes de la campagne, des ventes de fruits et légumes à la protection des animaux, à la violence aussi, qui monte depuis la ville, partagée entre le vol et le viol…

INÉDIT
Décoloniser le roman
*
Ce texte de John Maxwell Coetzee, inédit en français, a été publié par la revue Upstream, Rondebosch, Afrique du Sud, 1988.
Par John Maxwell Coetzee
*
Je voudrais parler du roman et de l’histoire dans l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, et en particulier de ce qui me semble une tendance, une tendance forte, peut-être même dominante : placer le roman en dessous de l’histoire, lire les romans comme ce que j’appelle vaguement des investigations imaginatives des véritables forces et des véritables circonstances historiques ;
et inversement traiter comme manquant de sérieux les romans qui ne se livrent pas à ce travail d’enquête (...).

En des temps de pression idéologique intense comme aujourd’hui, lorsque l’espace au sein duquel le roman et l’histoire coexistent ­ comme deux vaches dans le même pré, chacun s’occupant de ses propres affaires ­ se réduit à presque rien, le roman, me semble-t-il, n’a que deux options : la complémentarité ou la rivalité. Si le roman entend fournir indirectement au lecteur des expériences de vie de première main dans une période historique donnée en exprimant des forces en lutte à travers des personnages en lutte et en remplissant notre expérience grâce à une certaine densité d’observations, si tel est son but, pour le reste ­ pour ce que j’appellerai sa structuration principale, en fonction de son modèle historique ­, sa relation à l’histoire est de toute évidence une relation secondaire.
Que signifierait, par contraste, un roman qui occuperait une place autonome, que je définis comme rivale de l’histoire ? Il s’agit (...) d’un roman ayant ses propres règles, ses propres thématiques dans le cadre de propres conclusions, pas d’un roman qui fonctionne selon les règles de l’histoire et aboutit à des conclusions qui peuvent être vérifiées par l’histoire (comme le travail scolaire d’un enfant est vérifié par la maîtresse d’école).
Je pense à un roman qui élabore ses propres paradigmes et ses propres mythes, dans un processus (et c’est peut-être le point où commence la véritable rivalité, voire l’hostilité) qui va jusqu’à démasquer le statut mythique de l’histoire ­ autrement dit, démythifier l’histoire. Puis-je être plus explicite ?
Oui : un roman prêt à se bâtir en dehors des termes de lutte des classes, de conflit racial, de bataille des sexes ou de toute autre opposition à partir desquelles l’histoire et les disciplines historiques se construisent.

Pourquoi un romancier ­ moi-même ­ parle-t-il ici en termes d’hostilité au discours de l’histoire ? Parce que, comme je le suggérais plus haut, en Afrique du Sud la colonisation du roman par le discours historique avance à une vitesse alarmante.
C’est pourquoi je m’exprime ­ pour utiliser une image ­ en tant que membre d’une tribu menacée par la colonisation, une tribu dont certains membres ont été trop heureux ­ et c’était leur droit ­ d’embrasser la modernité, d’abandonner leurs arcs et leurs flèches ainsi que leurs huttes et d’emménager sous la voûte spacieuse des grands mythes historiques.-http://www.monde-diplomatique.fr/2003/11/COETZEE/10662

Note :
Contente de retrouvé l'un de mes auteurs favoris...
lu le premier chapitre, et déjà... hate de continuer.
Avec un auteur comme Coetzee, le plaisir de la lecture prend tout son sens.
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