vendredi 29 août 2008

Joyce Carol Oates - La fille du fossoyeur

Rentrée littéraire septembre 2008
Envie de lire

En 1936, une famille d'émigrants fuyant désespérément l'Allemagne nazie,

les Schwart, échoue dans une petite ville du nord de l'état de NY où le père, un ex-professeur de lycée ne se voit offrir qu'un seul job : celui de fossoyeur-gardien de cimetière.

Humiliation, pauvreté, frustrations quotidiennes portent en elles les germes de l'épouvantable tragédie dont Rebecca la benjamine des trois enfants sera le témoin.

Prémices de l'étonnante aventure à multiples rebonds que va devenir très vite la vie de Rebecca, contrainte à une fuite en avant pour échapper entre autres à un mari abusif et dangereux, et protéger son petit garçon ;

mais une fuite qui est aussi une quête émouvante née du désir profond, quoique inconscient chez la jeune femme, de retrouver une sorte d'appartenance à ce même cruel passé, de se rattacher en fin de compte à sa véritable identité. Ce que le destin ne lui permettra qu'au terme d'une existence d'intranquillité.

L'apprentissage des hommes, du mariage, de la maternité, le combat d'une femme pour son indépendance dans la société américaine de l'après-guerre font de ce livre le plus magnifique des hymnes à la survie et à la résilience humaine.


Peut-être l'inspiration exceptionnelle qui anime ces pages est-elle due en partie à Blanche Morgensten, la grand-mère de l'auteur, qui a servi au départ de modèle à l'héroïne.

Comme Rebecca en effet, Blanche était la fille d'un immigrant juif allemand devenu fossoyeur qui, un beau jour, attaqua brutalement sa femme avant de se tirer une balle dans la tête.

Et comme Rebecca, Blanche mariée en premières noces à un ivrogne qui la battait, s'était retrouvée seule à élever son fils, le père de JCO.

Le reste de cet extraordinaire roman n'étant plus alors que (superbe) littérature...




biographie

Joyce Carol Oates a commencé à écrire dès l'âge de quatorze ans.

Elle enseigne la littérature à l'université de
Princeton où elle vit avec son époux qui dirige une revue littéraire, la Ontario Review.
Depuis
1964, elle publie des romans, des essais, des nouvelles et de la poésie.

Au total plus de soixante-dix titres.

Elle a aussi écrit plusieurs romans policiers sous les pseudonymes de Rosamond Smith et de Lauren Kelly.

Elle s'intéresse aussi à la boxe.

Son roman
Blonde inspiré de la vie de Marilyn Monroe est publié pratiquement dans le monde entier et lui a valu les éloges unanimes de la critique internationale.
Elle a figuré deux fois parmi les finalistes du Prix Nobel de littérature.
*

Revue de presse sur Joyce Carol Oates pour Mère disparue - & Les Femelles Editions Philippe Rey 2007 /

Mais comment la presque septuagénaire Joyce Carol Oates a-t-elle réussi à écrire autant (un bon millier de nouvelles, une cinquantaine de romans, des essais, des pièces de théâtre ou encore des poèmes)?

Là n’est pas la question, répond souvent la célèbre Américaine, indiquant qu’il serait plus pertinent de lui demander pourquoi elle maintient un tel rythme de production.

L’écriture, avoue-t-elle, demeure une drogue irrésistible et épuisante.

Impensable donc de ralentir.

Qu’en est-il de sa virtuosité littéraire et de son incroyable imagination dans les deux opus parus récemment, un recueil de nouvelles Les Femelles et un roman Mère disparue ?

Toujours très convaincante dans son analyse vénéneuse de l’Eternel féminin, la romancière l’est nettement moins lorsqu’elle aborde un sujet plus personnel, à savoir le travail de deuil qui suit pour une fille la mort de sa mère.

«Je raconte ici comment ma mère me manque. Un jour, d’une façon qui ne sera qu’à vous, ce sera aussi votre histoire.»

Ainsi parle Nikki Eaton, la narratrice de Mère disparue au tout début du roman que Joyce Carol Oates a dédié à sa mère, Carolina, décédée en 2003.

Alternant scènes de vie, souvenirs et passages plus introspectifs, une fragmentation qui reflète bien son état psychique, Nikki raconte donc son année de reconstruction après l’assassinat sauvage de sa mère.

L’indicible souffrance, la colère, les regrets et la lente métamorphose d’une trentenaire, un tantinet dévergondée et provocatrice qui peu à peu mûrit, découvre qui sa mère était et devient ce que cette dernière aurait souhaité qu’elle fût.

Malheureusement, le cheminement en soi très intéressant est noyé dans un flot de détails inutiles car Joyce Carol Oates ne se limite pas à son projet initial que le titre américain Missing Mom exprimait clairement, donnant à plusieurs personnages de la famille une importance démesurée (en particulier à Clare, la grande sœur, une bourgeoise rangée qui peu à peu se rebelle et suit donc une trajectoire inverse à celle de Nikki ou à son mari, qui ne peut s’empêcher d’en pincer pour sa belle-sœur).

On glisse vite de la description d’une douleur intime au tableau d’une famille américaine typique, frappée par un deuil. La lecture est agréable certes mais l’essentiel n’est pas traité. L’évènement de départ étant un meurtre, la romancière effleure un thème qui lui est cher, celui du mal, qu’elle choisit par contre de ne pas explorer.

C’est là pourtant que Joyce Carol Oates parvient toujours à étonner, la fascination du mal demeurant la force motrice de son œuvre de fiction. Nouvelle preuve en est donnée avec Les Femelles.

Adepte de l’intertextualité, Joyce Carol Oates joue souvent avec les textes d’autres grands auteurs, Henry James, Edgar Allan Poe ou encore D.H Lawrence par exemple.

Le titre de ce recueil de neuf nouvelles fait explicitement référence au poème de Rudyard Kipling, The Female of the Species, qui explique que la femme porte en elle la mort, davantage que l’homme.

Dans Les Femelles, la perversité de l’essence féminine se décline de multiples façons. Le sexe faible s’y montre certes sans pitié mais Joyce Carol Oates n’émet aucun jugement critique, s’interrogeant sur les raisons qui font basculer une femme dans la folie meurtrière.

De la petite fille à la femme d’âge mûr, toutes constatent le mal qui les entoure et celui qu’elles portent en elles. Violence, sexe, pensées malsaines, le cocktail est explosif.

D'une grande diversité narrative, Les Femelles l'est aussi dans les portraits proposés - une Lolita que son (beau) père prostitue dans «Poupée» et qui se venge en assassinant certains clients, une petite fille animée de mauvaises intentions à l'égard d'un bébé dans «Banshee» ou tourmentée par d'affreux cauchemars dans «Obsession», une fragile manipulatrice dans «Ange de colère», une épouse frustrée, victime d'un désir compulsif pour un beau jeune homme bien peu recommandable dans «Faim» ou assez repoussant dans «Dis-moi que tu me pardonnes», une victime qui se transforme en bourreau dans «Avec l'aide de Dieu» ou encore deux infirmières qui dans «Ange de miséricorde» allègent radicalement les souffrances de leurs patients en fin de vie.

Seul point commun entre ces héroïnes : elles opèrent un choix qui s'avère irréversible.

Décision majeure qui entraîne la mort. Mention spéciale à «Madison au guignol», petite perle gore et absurde à souhait, tout à fait réjouissante ! Dans le domaine de la nouvelle gothique Joyce Carol Oates reste décidément fort inventive !

source de l'article -Florence Cottin( Mis en ligne le 14/12/2007 )http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=1&srid=121&ida=8823


Note :

Vu le nombre de livres de l'auteur, comment ai-je bien pu faire pour passer à côté ?

Enfin, je pense lire "la fille du fossoyeur", le thème m'intéresse...

*

et probablement quelques autres, vu ce que je viens de lire de l'article ci-dessus.
*


en attendant, j'ai sous la main "solstice" que j'ai trouvé chez mon bouquiniste.

Deux femmes se rencontrent lors d'une soirée en Pennsylvanie. Tout les oppose.

Monica est blonde, sage, fragile, divorcée, professeur dans un collège privé.

Sheila, veuve d'un sculpteur célèbre, est brune, riche, bohème, sauvage et suicidaire, elle s'adonne à la peinture et demeure écorchée vive, meurtrie par l'abus de l'alcool et des amphétamines.

« Un oiseau de proie », pense d'elle Monica.

L'histoire d'une amitié ? Non, d'une passion amoureuse, le temps du moins qui s'écoule entre deux solstices et qui va voir leur « liaison » naître, s'épanouir et se fracasser.

Par la faute de qui ? Est-ce Monica l'ange et Sheila le démon, ou le contraire ?

Joyce Carol Oates qui, depuis des années, vit, écrit et enseigne à l'université de Princeton, se garde de trancher. Rien ne l'intéresse davantage que la complexité des êtres et l'ambiguïté des sentiments. Aucun lien vraiment physique ne s'établira entre ses héroïnes. Et pourtant tout dans leur affrontement sera physique. Jusqu'à l'épuisement. Peut-être jusqu'à la mort.

Ce livre, l'un des plus importants de Joyce Carol Oates, a été publié aux Etats-Unis en 1985. Depuis, la grande romancière américaine a multiplié les chefs-d'oeuvre, comme Blonde, son roman-biographie consacré à Marilyn Monroe et salué par le public et la critique.







2 commentaires:

Florence Bee a dit…

Très flattée de retrouver cette chronique sur votre blog que j'apprécie beaucoup.
à bientôt j'espère,
florence cottin

mazel a dit…

Bonjour Florence,
J'essaie de me faire une idée plus précise de certains auteurs et cela passe par la lecture de beaucoup de chroniques...

La votre était la plus intéressante...

Je pense que mes amis du club de lecture seront du même avis.

bonne journée
amitié