dimanche 3 août 2008

Les dix romans finalistes Prix des cinq continents de la Francophonie 2008 (7ème édition)

Le Prix des cinq continents de la Francophonie qui récompense tous les ans un roman d’expression française a révélé les 10 ouvrages finalistes qui ont été sélectionnés par les comités de lecture


Skander Kali (France) Abreuvons nos sillons Editions du Rouergue

Lorsque le roman s'ouvre, Cissé, un jeune homme d'origine africaine, meurt lynché lors d'une mutinerie en prison, pour avoir tenté de protéger le directeur.
Nous sommes durant l'été caniculaire de 2003, et les «crevards» comme il appelle les prisonniers et donc lui-même, ont pris pour quelques heures le pouvoir.
Sa mort est donc la conséquence de la plus nos «mauvaise idée de sa vie» : sauver un être humain. Car sa vie, comme on va le découvrir dans le flash-back que constitue ce roman, n'a été placée que s (...)
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Minh Tran Huy (France-Vietnam) La Princesse et le Pêcheur Actes Sud

Jamais un conte n'est vraiment innocent, ni tout à fait dénué de cruauté.
En la personne de Nam, jeune Vietnamien depuis peu réfugié en France, la narratrice croit reconnaître le prince charmant. Ils sympathisent, se revoient, se confient, s'inventent un territoire secret.
Mais quelque chose éloigne les gestes de l'amour : le beau garçon la traite comme une petite sœur.
A quelque temps de là, elle accompagne ses parents au Viêtnam, où ils retournent pour la première fois. Devant elle, née en France, élevée et protégée comme une fille unique, le rideau se déchire.
Les secrets affleurent, les rencontres dévoilent les tragédies qu'ont connues les siens. Que Nam a laissées derrière lui, peut-être... La Princesse et le Pêcheur dessine une vietnamité aussi réelle qu'impartageable, un pays immatériel que Minh Tran Huy imprègne d'une fausse candeur toute de retenue, qui cache une mélancolie profonde. Elle y inscrit la présence de l'ami si difficile à retrouver, parce que l'Histoire est passée par là. Ou simplement le temps. Plus violent que les contes...
Biographie de l'auteur née n 1979 et Clamart, Minh Tran Huy est rédactrice en chef adjointe au Magazine littéraire et chroniqueuse aux Mots de minuit, l'émission culturelle de Philippe Lefait (France 2). La Princesse et le Pêcheur est son premier roman.
Nathacha Appanah (Maurice) Le dernier frère Editions de l'Olivier
Lorsque David lui apparaît en rêve, Raj se retrouve projeté dans son enfance : les champs de canne, un père à la violence prévisible, la tendresse maternelle, les jeux près de la rivière avec ses frères, le soleil brûlant, les pluies diluviennes.
Un bonheur précaire balayé par un cyclone, et l'installation de la famille près de la prison où vivent de mystérieux réfugiés.
Le 26 décembre 1940, l'Atlantic accoste à Port-Louis avec, à bord, quelque 1500 Juifs, refoulés de Palestine et déportés à l'île Maurice, alors colonie britannique.
À cette époque Raj ignore tout du monde et des tragédies qui s'y déroulent. Au soir de sa vie, il est rattrapé par le souvenir de ces événements qui l'ont marqué au fer rouge. Et par la honte d'être un homme.
Biographie de l'auteur
Nathacha Appanah est née en 1973 à Mahébourg (île Maurice). Elle vit à Paris et travaille pour une ONG.En trois romans parus chez Gallimard - Les Rochers de Poudre d'Or (2003, prix RFO 2003) ; Blue Bay Palace (2004, grand prix littéraire des océans Indien et Pacifique) ; La Noce d'Anna (2005, prix grand public du Salon du livre) - Nathacha Appanah a imposé une œuvre puissante, proche d'Arundhati Roy et de J.M. Coetzee.
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Gilbert Gatore (Rwanda) Le Passé devant soi : Figures de la vie impossible Tome 1 Editions Phébus

Isaro, enfant d'Afrique adoptée en France, est une étudiante belle comme le jour qui voit son insouciance se fêler le jour où les nouvelles terrifiantes de son pays d'origine se mettent à tonner trop fort.
Niko est un simple d'esprit au corps aussi harmonieux que sa dentition est monstrueuse. Depuis la fin de la guerre civile qui a ravagé son village, il vit caché dans la grotte peuplée de grands singes qui surplombe le lac.
L'une voudrait comprendre ce que l'autre souhaiterait seulement oublier...
Deux personnages fragiles, facettes d'une même médaille, font vibrer ce magnifique premier roman : la victime et le bourreau, confrontés chacun à la question de la rédemption et de la renaissance.
L'écriture, éblouissante, épouse les contours de rêves aux couleurs aussi violentes que sensuelles et de contes ancestraux où des hirondelles trop fières d'elles paient du prix de leur vie les défis qu'elles lancent à de malheureux crapauds.
Biographie de l'auteur
Gilbert Gatore est né en 1981 au Rwanda. Durant la guerre, il entame un journal intime dont il doit se séparer au moment de fuir. C'est dans une tentative de reconstituer ce journal perdu qu'il se découvre amoureux des mots. Lauréat du Prix universitaire de la nouvelle et diplômé de Sciences Po puis HEC, il vit à Paris.
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achir Hadjadj (France-Algérie) Les voleurs de rêves : Cent cinquante ans d'histoire d'une famille algérienne Albin Michel

" Ce livre-là, nous étions nombreux à rêver qu'on l'écrive, depuis bientôt un demi-siècle, sitôt qu'a pris fin le sanglant corps à corps franco-algérien, le 19 mars 1962.
Et la voilà enfin, l'autobiographie d'une famille depuis l'époque antérieure à la conquête, à travers trois périodes : la turque, la française, l'algérienne proprement dite, manifestant la continuité profonde d'un peuple, assurée par l'islam au travers des immenses bouleversements provoqués par les guerres et cent trente ans de colonisation impérieuse.
L'extraordinaire intérêt du livre de Bachir Hadjadj réside dans la sincérité du ton, dans l'intrépidité du témoignage (...) Ce qui donne tant de saveur à ce mémorial, c'est le portrait brossé par l'auteur d'une collectivité familiale du Nord-Constantinois, du berger des hauts plateaux au "mauvais garçon" de la rue de Sétif et du caïd enrubanné de Légion d'honneur à l'étudiant grenoblois passé au maquis de la frontière tunisienne - lui-même. " Jean Lacouture

Corinne Hoex (Belgique) Ma robe n'est pas froissée Les Impressions nouvelles

La Mer du Nord. Une villa à colombages. Des dunes. Une femme.
En trois actes, nous assistons au récit d'une dévastation, à la manipulation d'un père, d'une mère, d'un fiancé qui enferment la narratrice dans un piège de violence.
Un texte dérangeant, une écriture âpre, des portraits au scalpel mis au service d'une démonstration implacable, accusant l'entreprise de négation d'un être.
Biographie de l'auteur
Corinne Hoex vit à Bruxelles. Elle a publié en 2001 aux Editions de l'Olivier un premier roman, Le Grand Menu, qui a bénéficié d'un accueil médiatique enthousiaste. Elle poursuit une dénonciation aiguë de l'abus de pouvoir.

Gaston-Paul Effa (France-Cameroun) Nous, enfants de la tradition Editions Anne Carrière

C'est un fait dont on parle trop rarement: au moins un Africain émigré sur deux adresse les trois quarts de son salaire à sa famille restée sur le continent afin d'assurer sa subsistance.
Osele, l'aîné de trente-trois enfants, est envoyé en France, où il fait de brillantes études d'ingénieur. Marié à une Française, père de deux enfants, il expédie tout son salaire en Afrique, ce qui le mène à la rupture conjugale.
Le narrateur n'a de cesse de se justifier en remontant le cours de sa mémoire, dégageant peu à peu le modeste gisement d'une existence vouée au respect de la tradition. Cet homme dénué d'agressivité, qui n'élève jamais la voix, avec quel acharnement il dénonce la perpétuation d'un héritage !
Souvent, il invoque la peur, sa peur. Au fil des mots, il redessine le trajet de sa vie, à laquelle il offre un contour neuf, une nouvelle dignité. Mais un homme seul peut-il s'opposer à un peuple conservateur qui a tout intérêt à entretenir une telle dépendance ? Menacé de mort, frappé par la maladie, Osele exprime la dérision d'un combat inégal.
Biographie de l'auteur
Enseignant de philosophie et écrivain, Gaston-Paul Effa vit en Lorraine, où il préside le prix Erckmann-Chatrian. Il participe à la rubrique littéraire du Républicain lorrain. Il a publié aux Éditions Anne Carrière A la vitesse d'un baiser sur la peau (2007).

Hubert Haddad (France-Tunisie) Palestine Zulma

Quelque part en Cisjordanie, entre la Ligne verte et la " ceinture de sécurité " une patrouille israélienne est assaillie par un commando palestinien.
Un soldat tombe sous le feu, un autre est enlevé par le commando bientôt en pleine déroute... Blessé, sous le choc, l'otage perd tout repère, en oublie son nom. C'est, pour lui, la traversée du miroir.
Seul survivant, sans papiers, en vêtements civils et keffieh, le jeune homme est recueilli, soigné puis adopté par deux Palestiniennes. Il sera désormais Nessim, frère de Falastin, étudiante anorexique, et fils d'Asmahane, veuve aveugle d'un responsable politique abattu dans une embuscade.
C'est ainsi que Nessim découvre et subit les souffrances et tensions d'une Cisjordanie occupée... Dans ce bouleversant roman, Hubert Haddad transfigure avec Falastin - moderne Antigone - toute l'horreur du conflit en une tragédie emblématique d'une grande beauté.
Biographie de l'auteur
Né à Tunis en 1947 d'un père tunisien alors tailleur de pierre et d'une mère d'origine algérienne, Hubert Abraham Haddad n'a rien oublié de ses origines judéo-berbères. Depuis Un rêve de glace, son premier roman, jusqu'aux interventions borgésiennes de l'Univers, étonnant roman-dictionnaire - sans oublier le Camp du bandit mauresque, récit d'enfance, le Nouveau Magasin d'écriture ou Oholiba des songes, autre fiction déjà hantée par le conflit du Proche-Orient -, Hubert Haddad nous implique magnifiquement dans son engagement d'intellectuel et d'écrivain.

Mohamed Mokeddem (Algérie) Paris, l'autre désert Les Editions Mokeddem

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Bensimon Philippe (Québec) Tableaux Maudits Triptyque
Berlin, 1935. «Faisant partie de la longue liste des dépravés de l'art, cubistes, dadaïstes, futuristes et autres cliques de saboteurs [...] David Steinman fut momentanément épargné grâce à son talent de copiste.
Ayant rapidement pris conscience de l'atmosphère funèbre qui s'abattrait sur l'Europe et que lui, comme tous les autres, disparaîtrait sans jamais laisser de trace, il s'est mis à écrire et à peindre.»
Roman noir à la lisière du fantastique, Tableaux maudits remonte le labyrinthe du temps jusqu'à la nuit nazie à travers l'histoire hallucinante d'un faussaire, rescapé des camps de la mort, qui d'un coup de pinceau pris sa revanche sur l'histoire.
Une sorte de testament Avraham Guntzberg, spécialiste d'oeuvres d'art, se définit comme apatride, sans famille ni religion.
Il a pour confident un ange assis au pied d'un chêne immémorial sorti droit d'une nature morte de Carl Gustav Carus (peintre romantique allemand). Il n'a qu'un seul ami, David Steinman, un vieux marchand d'art avec qui il lui arrive de discuter la nuit, pendant des heures, de la finitude de l'homme, de son besoin d'absolu. Ensemble, ils n'abordent jamais l'indescriptible...
Emmuré dans une démence depuis plus d'un demi-siècle, Steinman confie un jour à son ami quelques toiles pour illustrer l'ouvrage qu'il prépare sur les expressionnistes allemands. Puis il se jette dans la cage de l'escalier de son immeuble. Clin d'oeil à Primo Levi.
Héritier bien malgré lui de ces tableaux, se fiant à son ange protecteur qui frémit à la seule vue des faux en tous genres, Guntzberg décide d'en avoir le coeur net. Ce qu'il découvre avec l'aide de différents experts le stupéfie. La surface des tableaux en cache une autre.
Sous les couches d'huile des tableaux apparaissent des croquis de bâtiments, des dessins des fours crématoires, un journal des abominations rédigé dans une écriture minuscule, presque illisible, des centaines de noms juifs et celui, en lettres capitales, du collectionneur d'art «broyeur d'os» qui a commandé à Steinman les faux tableaux, désireux de garder pour lui les oeuvres d'art rares pillées aux juifs. Disséminés à travers le monde, les tableaux maudits sont estimés à 700 millions de dollars.
Guntzberg a l'impression qu'il va s'évanouir. «Ce n'étaient pas des pinceaux qui avaient peint tous ces tableaux, mais des clous gravant la mémoire.» Une sorte de testament.
Dans sa mémoire, un film en noir et blanc, nuit et brouillard. Une cohorte de spectres voûtés, difformes, presque transparents, défile. Puis, un élancement. L'image d'une femme avalée par la terre cannibale. «Dans le creux de son épaule, j'avais un pays. En l'humant, je n'avais plus faim ni soif. Parfois il m'arrive de la chercher à travers d'autres visages, d'autres corps, à ouvrir la porte dans le noir dans l'espoir qu'elle soit derrière, même si je sais que je ne la reverrai plus.» Narration stratifiée Démêler le vrai du faux s'annonce une quête hasardeuse.
Soulever des décombres des crématoires une page jusque-là inconnue, faire connaître une vérité historique, s'avère dangereux. Un monde ubuesque et sans issue, parce que sans fin, attend Avraham Guntzberg: l'art du faux lié à la marchandisation de l'art.
Faux, vrai, demi-faux, demi-vrai. Il faut avouer que ce n'est pas toujours facile de se retrouver dans Tableaux maudits. Le contenu et la construction n'apparaissent pas toujours intelligibles à première vue. Le lecteur doit constamment décaper la narration qui se stratifie en couches.
Cela dit, les multiples références aux maîtres de la peinture européens qui jalonnent le récit, les clins d'oeil à Gaston Bachelard (La Formation de l'esprit scientifique), au compositeur polonais Krzysztof Penderecki et à plusieurs autres artistes sont intellectuellement très stimulantes.
Docteur en criminologie, Philippe Bensimon a une connaissance approfondie de l'art des apparences. Il a publié en 2000 Les Faux en peinture (Éditions du Méridien). Tableaux maudits est son premier roman. Certainement pas le dernier. Car l'auteur a un indéniable talent d'écrivain. (source : http://www.ledevoir.com/2007/11/24/165746.html)



Le Prix sera remis le 13 octobre à Québec, par Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, en marge du XIIe Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement de la Francophonie. Le prix est doté d’un montant de 10 000 euros.

Note :
Pour avoir déjà lu Le dernier frère je peux vous affirmer que ce livre est vraiment boulversant.

choisi pour une prochaine lecture Nous, enfants de la tradition, tout simplement parce que je connais par une lecture précédente, que j'ai beaucoup aimée.
et également Tableaux Maudits , dont l'histoire me semble intéressante.

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