rentrée littéraire septembre 2008
littérature étrangère
Ernest travaille dans le restaurant d’un palace à Giessbach, en Suisse. C’est un garçon parfait, aussi strict dans le travail que dans la vie.
Mais cette dignité imperturbable cache la blessure jamais guérie de la violente passion qu’il a connue pour Jacob, un garçon parfait comme lui, Jacob qui l’a abandonné pour suivre en Amérique Julius Klinger, le grand écrivain allemand.
C’était après 1933, dans ces années troublées où beaucoup de clients, fuyant l’Allemagne nazie, venaient trouver refuge, avant les rigueurs de l’exil, dans ce luxueux hôtel qui avait si souvent abrité leurs insouciantes villégiatures.
Mais rien n’était plus pareil et Sulzer rend palpable la peur obscure qui hante désormais ces salons trop rassurants et tisse avec subtilité les fils des drames intimes et ceux de la tragédie historique. Il faudra la fin de la guerre et le retour d’exil de Klinger pour que s’affrontent deux mémoires dans l’ultime combat d’une rivalité amoureuse. C’est ce qui prête au roman une tension dramatique qui va crescendo et tient jusqu’au bout le lecteur en haleine.
Tiroirs secrets
Un matin de septembre 1966, Ernest reçoit de New York une lettre envoyée par Jacob Meier, un ami complètement perdu de vue depuis belle lurette.
Employé fiable, jamais absent et jamais malade, réputé «aussi solide qu'un rocher dans le ressac», le héros impénétrable d'Un garçon parfait travaille depuis trois décennies comme serveur dans le restaurant d'un palace suisse à flanc de montagne, le Grand Hôtel de Giessbach, où il est responsable de la salle bleue.
Libre et indépendant, cet Alsacien, dont personne ne se soucie de la vie privée, habite un petit meublé de deux pièces, ne cédant jamais à la tentation de vivre au-dessus de ses moyens.
Voici un homme solitaire, sans famille hormis une cousine à Paris, sans âge, quelque part au-dessus de quarante ans et en dessous de soixante, qui aime boire dans les bars le samedi soir après son service.
En 1936, il vit débarquer devant lui un jeune homme de vingt ans, ce Jacob qui était le fils unique d'une veuve.
D'emblée, Ernest n'eut de cesse de le modeler à sa guise, d'en faire un «garçon parfait», un serviteur aussi zélé que son professeur.
Leurs routes devaient alors croiser celle de Julius Klinger, grand poète, marié et père de deux enfants, qui serait lui aussi bien incapable de résister à la séduction de Jacob....
Premier roman traduit en français de l'écrivain suisse-allemand Alain Claude Sulzer dont on sait qu'il est né en 1953 et réside à Bâle, Un garçon parfait est un bijou néoclassique aux coutures impeccables.
Un superbe livre à tiroirs, gorgé de secrets et de non-dits, où la vérité finit par éclater aux toutes dernières pages.
*voir également : Libération : jeudi 3 avril 2008. Par CLAIRE DEVARRIEUX.
*biographie
Alain Claude Sulzer est né en 1953 et vit à Bâle. Il a publié plusieurs romans. Un garçon parfait est le premier à paraître en français.
Le Giessbach est un torrent de montagne avec d'imposantes chutes, les chutes de Giessbach, à l'est du lac de Brienz en Suisse.
Les chutes sont une attraction touristique connue dans le monde entier.
Quatorze chutes réparties sur un dénivellé de 500 mètres se trouvent sur le cours du Giessbach qui se jette ensuite dans le lac de Brienz.
Au pied des cascades, le Grandhotel de Giessbach domine le lac avec une vue imprenable sur ses rives et les montagnes aux alentours.
Un funiculaire, le Giessbach-Bahn qui est le plus vieux d'Europe (1879), relie le bord du lac (566 mètres) à une station proche de l'hôtel (656 mètres).
Dans la fiction audiovisuelle, Grandhotel apparaît dans le dernier épisode de « Frères d'armes » même si le récit ne se déroule pas en Suisse.
Dans la littérature, le Grandhotel est l'un des lieux principaux de l'intrigue du roman « Un garçon parfait » (2004, traduction française 2008) du Suisse Alain Claude Sulzer.
thème et période historique du roman m'intéresse.
Ma liste de lecture devient terriblement longue...
voir nouveautés chez l'éditeur : http://www.actes-sud.fr/nouveautes.php?groupe=11.
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